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24 janvier 2015 6 24 /01 /janvier /2015 10:08

Samedi 13 novembre 2010: Visite d’Istanbul

 1. La mosquée bleue à Istanbul 

 

Je prends le déjeuner en terrasse de l’hôtel Sur, avec vue sur la mer de Marmara. Je goûte notamment une succulente confiture de roses. La visite d’Istanbul commence forcément par la mosquée Bleue. En effet, ma chambre ne se trouve qu’à peine à 300 mètres de l’édifice ! Elle comporte sept minarets élancés. A l’entrée, on fournit un sac plastique pour mettre ses chaussures. L’intérieur est décoré d’une multitude de faïences bleutées, représentant des motifs floraux. D’où son nom ! Le dôme central repose sur quatre énormes piliers. Je déambule ensuite autour de l’hippodrome romain. Du moins, ce qu’il en reste ! Seules deux obélisques et une colonne serpentine sont encore érigés. La mosquée Ste Sophie n’est qu’à deux pas. Initialement basilique, elle fut transformée par le sultan Mehmet II au 15ème S. Le prix d’entrée est élevé, mais le monument vaut vraiment le coup. Quatre minarets entourent l’énorme dôme construit en briques roses. L’intérieur renferme notamment plusieurs mosaïques byzantines. Celle de la Vierge et l’Enfant est sertie de pierres précieuses. Malheureusement, elle est en partie cachée par un haut échafaudage. D’autres aussi belles se trouvent dans les tribunes surplombant la gigantesque nef centrale. Juste à côté de la mosquée, je descends dans la citerne-basilique qui alimentait le Grand Palais des sultans. Des centaines de colonnes supportent l’édifice. Certaines sont même sculptées, représentant des têtes de méduse baignat dans l'eau. Je prends ensuite la direction du palais de Topkapi. Ce fut durant des siècles la résidence principale des sultans. Une nouvelle fois, l’accès est assez onéreux. Pavillons, hammams, fontaines, bibliothèques et cuisines composent ce merveilleux ensemble architectural, répartis dans quatre cours intérieures. La salle du Trésor renferme de splendides bijoux, notamment le poignard Hancer (rendu célèbre par le film de Jules Dassin) et le fameux diamant Kasikci de 86 carats. Des reliques saintes musulmanes sont également exposées dans une autre pièce. Par contre, il est déjà trop tard pour visiter le harem. De toute façon, il faut de nouveau payer pour y accéder, alors que l’entrée du palais coûte déjà de nombreuses livres turques. Si ça, ce n’est pas de l’arnaque touristique ! Je rejoins le quartier proche de l’hôtel, afin de trouver un petit restaurant de cuisine turque (Cesme Restaurant). Je mange en terrasse un plat de kebab de mouton, avec une bouteille de pinard du pays. Puis, je déguste quelques baklavas en guise de dessert. Le plat consistant est assez bon. Par contre, le vinaigre est difficile à avaler. De plus, la facture s’élève horriblement à cause du breuvage. Bref, je suis déjà vacciné du vin turc !

 2. Vue sur la Corne d'Or depuis le palais de Topkapi 

 

Dimanche 14 novembre : Visite d’Istanbul

 

 1. Etal d'épices dans le bazar égyptien

 

Je poursuis la découverte d’Istanbul dans des rues adjacentes moins fréquentées, autour des mosquées de la Petite Ste Sophie et de Sokollu Mehmet Pasa. Beaucoup de maisons en bois sont cependant délabrées. Je prends ensuite la direction du Grand Bazar. Malheureusement, il est fermé le dimanche ! En fait, j’ai perdu complètement la notion du temps ! Je visite quand même les mosquées Beyazit, Kalender et Sehzade, aux alentours de l’université et du marché aux livres. Plus loin, celle de Soliman le Magnifique est immense, mais l’entrée est momentanément interdite pour cause de rénovation. Seuls les mausolées du sultan et de son épouse sont accessibles. Un gamin me suit soudain en réclamant de l’argent. A cause de mon refus, il finit par me jeter quelques cailloux, avant de fuir rapidement. Puis, je me balade longuement dans le Bazar égyptien, à côté de la mosquée Rüstem Pasa. Les ruelles grouillent de monde. Il est d’ailleurs bien difficile de progresser dans cette cohue ! On vend tout et n’importe quoi dans un vacarme assourdissant. Tout le monde marchande leurs produits en criant. Aussi, d’agréables odeurs d’épices et de confiseries se dégagent des nombreux étals colorés. J’assiste ensuite pendant quelques minutes à la prière dans la mosquée Neuve. Plusieurs fidèles s’agenouillent et se lèvent à l’appel du muezzin. Puis, j’emprunte le pont de Galata pour joindre l’Istanbul moderne. Un nombre incroyable de pêcheurs s’étalent le long de l’édifice enjambant le cours d’eau. Sur l’autre rive, je renonce à grimper au sommet de la tour de Galata, à cause de la grosse file d’attente. Je préfère alors me balader dans la longue rue commerçante Istiklal Caddesi, pour découvrir les différents palais, édifices religieux et passages qui la bordent. Le quartier est noir de monde ! Il reste d’ailleurs vivant une bonne partie de la nuit. Dans la soirée, après de nombreux kilomètres de marche, je mange un Tavuk Sis dans une petite échoppe du quartier. Il s‘agit de morceaux de poulet épicés avec quelques légumes, disposés dans du pain. Je rentre finalement à l‘hôtel, tout en flânant dans les ruelles.

 2. La mosquée neuve et les pêcheurs sur le pont de Galata 

 

Lundi 15 novembre : Visite d’Istanbul

 

1. Escalier en colimaçon dans l'Istanbul moderne 

Après un déjeuner copieux, je rejoins rapidement l’Istanbul moderne pour poursuivre la visite. Je peux monter enfin dans la tour de Galata, sans perdre de temps. Malgré le temps couvert, la vue depuis le sommet est spectaculaire. Sur l’autre rive de la Corne d‘Or, les mosquées, l’université et le palais de Topkapi se détachent derrière le voile de brume. Aussi, le trafic maritime sur le Bosphore est toujours incessant. Je retrouve ensuite la rue commerçante Istikdal Caddesi. Les ruelles adjacentes sont peu fréquentées par les touristes. Et c’est tant mieux ! Elles descendent abruptement dans des coins plus populaires, recélant quelques monuments intéressants. Le quartier des Antiquaires est notamment animé. Les habitants étalent leurs objets à même le trottoir, attendant un éventuel acheteur. Et ça papote tout en buvant du thé, boisson fortement consommée par les Turcs ! Je déambule ensuite autour de la tour de Galata, avant de traverser sur le pont du même nom. Je coupe ainsi par le Bazar égyptien pour rallier le Grand Bazar. A cause de la foule oppressante, il est bien difficile de progresser. C’est vraiment du délire ! Les entrées du bâtiment sont toutes surveillées par la police. Le lieu semble beaucoup plus touristique, perdant ainsi de son authenticité. Du coup, cela me plaît beaucoup moins que l’atmosphère du Bazar égyptien ! Sur la place Beyazit, je goûte au fameux çay (thé turc) à la terrasse d’une petite échoppe. En rentrant à l’hôtel, je croise Lance, un Anglais qui sillonne l’Europe à vélo. Pour lui, c’est fini car Istanbul est le terminus de son parcours! Le soir, dans le quartier de Sultanahmet, j’avale du kebab enroulé dans une galette fine, avec quelques pâtisseries locales. La vie trépidante d’Istanbul me plaît vraiment, mais la route m’appelle pour poursuivre l‘aventure. Demain, je traverse la mer de Marmara pour m‘attaquer au plateau d‘Anatolie.

 2. Le viel Istanbul depuis la tour de Galata 

 

Mardi 16 novembre : Istanbul - Orhangazi (20,2km)

 Le cycliste devant la mosquée Ste Sophie d'Istanbul

 

Pour éviter le trafic routier à la périphérie d’Istanbul, je préfère prendre le bateau qui traverse la mer de Marmara vers Yalova. Par hasard, je retrouve Lance qui me souhaite bonne chance pour la suite de mes aventures. Après un dernier cliché devant la mosquée de Ste Sophie, je rejoins l’embarcadère de Yenikapi. A ma plus grande surprise, on m’annonce qu’il n’y a plus de place avant 15 h. Il aurait fallu réserver auparavant ! Encore fallait-il que je le sache ! Par conséquent, ma journée de pédalage risque d’être bien courte. J’occupe alors mon temps à bouquiner à la terrasse d’un çay bahçesi. Ce type d‘établissement ne servant pas d‘alcool, je bois comme tout le monde du thé et du sahlep. Il s'agit d'une boisson laiteuse chaude, à base de racines d‘orchidées et de cannelle. Franchement, ce n’est pas mauvais ! Sans billet pour le vélo, le contrôleur à l’embarquement me laisse gentiment passer. Le bateau est une sorte de grosse vedette qui fait la traversée rapidement en une heure. Tout le monde doit d’ailleurs rester assis. Il est alors bien tard lorsque j’accoste à Yalova. Je décide de prendre quand même la route jusque la tombée de la nuit. Dès le début, elle grimpe dans de basses montagnes jusque 250 mètres environ. Avant la descente sur Ohrangazi, je m’arrête pour planter la tente dans une humide prairie, à l’écart des habitations. Tout à coup, des éclairs jaillissent. Les quelques gouttes qui tombent suffisent à tremper mes affaires. Quelle poisse, tout s’est joué à un quart d’heure près ! Enfin, il ne faut pas longtemps pour que je trouve le sommeil.

 

 

Mercredi 17 novembre : Orhangazi - Bayirköy (102,7 km)

 1. Enfants d'Iznik

 

Je reprends le rythme de me lever à 6 h, pour profiter au maximum de la lumière du jour. La route plonge agréablement vers Orhangazi, dans les montagnes boisées. Mon itinéraire borde ensuite la rive Nord du lac d’Iznik, à travers les plantations d’oliviers. La chaleur du soleil forme une fine brume au-dessus de la grande étendue d’eau. Par conséquent, le paysage se retrouve en partie masqué. La petite ville est célèbre pour ses faïences depuis le 16ème S. Beaucoup de monuments en Turquie en sont décorés. Je visite l’église Ste Sophie, transformée en mosquée. Il ne reste quasiment rien à l’intérieur. Ce qui rend le prix d’entrée un peu excessif à mon goût ! Iznik possède également d’épais remparts avec des portes fortifiées, des ruines d’un théâtre romain, ainsi qu'une mosquée avec un minaret de faïences vertes. Pendant le pique-nique, je partage un peu de pain et de fromage avec un vieux Turc démuni. Je finis par décamper lorsque quelques adolescents commencent à toucher un peu trop à ma bicyclette. La route remonte doucement durant une petite vingtaine de kilomètres. Après la bifurcation pour Osmaneli, la pente s’accentue terriblement à plus de 12 %. Fort heureusement sur une courte distance ! Dans la descente, deux jeunes en scooter me suivent à la trace. Mes gaillards semblent un peu louches. En effet, ils ne tardent pas à me réclamer de l’argent. Comme je feins de ne pas comprendre, ils me lâchent au bout de plusieurs kilomètres. Je rejoins ensuite une nouvelle route sur quatre voies, non précisée sur ma carte. La circulation devient forcément plus dense. Au village de Bayirköy, un homme m’invite à m’attabler à une terrasse avec un petit groupe. Je passe par l’intermédiaire d’un Stambouliote pour converser en anglais. Je deviens vite l’attraction du coin. Tout le monde me pose des questions, mais mon turc est plus que limité. On m’offre même thé, pain, confiseries et légumes. Après un long moment dans la bonne humeur, je quitte la troupe les sacoches pleines. Juste à la sortie du village, je bivouaque dans une prairie surplombant la nationale. Aujourd’hui, c’est le jour de mon anniversaire. Il coïncide avec la fête du sacrifice (Kurban Bayrami), qui est très important pour les musulmans. Moi, je fais kermesse tout seul avec mon vélo !

 

2. Minarets des mosquées d'Iznik 

 

Jeudi 18 novembre : Bayirköy - Cukurhisar (84,4 km)

 

 1. Les montagnes à Bilecik 

 

La rosée a une nouvelle fois complètement trempé la tente. Lorsque je démarre l‘étape, le soleil commence à peine à percer la brume matinale. Après le village de Vezirhan, je préfère bifurquer sur l’ancienne route, afin d’éviter la circulation. Elle grimpe en lacets dans les montagnes pour joindre Bilecik. Le paysage est malheureusement défiguré par de nombreuses carrières. A l’entrée de la petite ville, un gendarme m’aiguille spontanément sur la direction à prendre. Un peu plus loin, je rencontre un groupe de trois Anglais qui voyage également à vélo. La route replonge ensuite vers la fameuse nationale à quatre voies. Le tronçon qui suit n’est vraiment pas plaisant. En effet, les montagnes sont creusées pour élargir la voie. De plus, la rivière est canalisée par de gros blocs de béton. Bref, cela devient vite lassant et épuisant ! Quelques kilomètres avant Bozüyük, je retrouve le petit groupe de cyclistes anglais. Dan et Tim ont quasiment suivi le même itinéraire que moi depuis l‘Angleterre. Russ les a rejoint en Turquie. Dans une petite boutique de la ville, nous mangeons ensemble du gözleme, sorte de crêpe à la viande hachée, avec quelques baklavas en dessert. La route devient ensuite un peu plus agréable. Elle traverse des collines plus arides, à une altitude de 700 mètres en moyenne. En chemin, nous faisons quelques courses au village de Cukurhisar. Forcément, quatre cyclistes avec des vélos chargés ne passent pas inaperçus. Tout d'abord, le patron du commerce nous offre gentiment le thé. Puis, c’est un autre qui nous sert un verre de limonade. Bref, tout le monde cherche à discuter avec nous. Nous finissons par refuser plusieurs invitations, en prenant la fuite. En effet, il commence à faire tard. Quelques kilomètres plus loin, nous plantons les tentes au sommet d’une colline. Nous ne sommes pas seuls à fréquenter le coin. De nombreuses petites souris nous tiennent compagnie, en poussant des cris stridents. Avant le souper, nous assistons au coucher du soleil, tout en sirotant une bière.

 

2. Arbre isolé dans les collines de Bozuyuk 

 

Vendredi 19 novembre : Cukurhisar - Sükranli 76,2 km)

 

 1. La troupe anglaise et moi même à Eskisehir

 

A 6 h, je suis réveillé par l’appel à la prière du muezzin du village voisin. Mes compagnons préparent un déjeuner à l’anglaise avec les moyens du bord. Puis, nous repartons ensemble jusque Eskicehir. Dans une rue commerciale, nous nous attablons à une petite terrasse pour manger à nouveau du gözleme. Nos chemins se séparent ici ! Dan, Tim et Russ veulent rejoindre directement la Cappadoce vers l’Est, alors que je préfère prendre la direction du Sud vers la vallée Phrygienne. Peut-être que l’on se croisera à nouveau en Turquie ! «Cycling safe» me disent-ils lorsque je repars. A quelques centaines de mètres, un taxi me coupe littéralement la route. Ma roue dérape en freinant, et le vélo se couche sur la chaussée. Rien de bien méchant, juste quelques égratignures au mollet en évitant la chute ! Avant de quitter la ville, je me balade rapidement dans le quartier Kursunlu, qui renferme une jolie mosquée et plusieurs maisons ottomanes colorées. La route oscille ensuite dans des collines désertiques de l‘Anatolie occidentale. Le paysage est vraiment surprenant. Aussi, je profite de l’ombre d’un arbre isolé pour casser la graine. A 1000 mètres d’altitude, le soleil cogne fort sur le plateau ! Puis, je rejoins Seyitgazi en milieu d’après-midi. Une mosquée du 13ème S domine le petit village. Quelques autochtones cherchent à nouveau à discuter avec moi. Mon turc n’a cependant pas beaucoup progressé depuis hier ! Je bifurque ensuite sur une petite route délabrée, en direction de la vallée Phrygienne. Il n’y a quasiment pas de circulation ! Les rares villages traversés possèdent encore de belles maisons en pierres. Malheureusement, la plupart semblent à l’abandon. Quelques côtes me donnent du fil à retordre. En plus, le coin est peuplé de gros chiens de berger, qui se mettent à aboyer à mon passage. Pas vraiment rassurant ! Au sommet d’une colline, juste avant le village de Sükranli, j’installe le campement dans une forêt de résineux. Le froid se fait sentir dès le soleil couché. A plus de 1200 mètres, ce n’est pas étonnant !

  2. Le plateau d'Anatolie avant Seyitgazi 

 

Samedi 20 novembre : Sükranli - Gazligöv 67,9 km)

1. En route pour la vallée phrygienne 

 

Il fait encore frisquet ce matin. Fort heureusement, le soleil réchauffe rapidement le milieu ambiant. L’écart de température entre la nuit et la journée est énorme ! Je traverse des villages pauvres, complètement isolés. De nombreuses formations rocheuses sont disséminées tout autour de la vallée. Certaines ont de curieuses silhouettes, d’autres renferment des grottes ou des temples phrygiens. J’emprunte d’ailleurs la piste jusqu’à celui du site de Mezar Aniti, complètement taillé dans la roche. Celui de Küçük Yazilikaya est beaucoup moins impressionnant. Quelques kilomètres plus loin, un immense bloc rocheux, appelé par les archéologues Midas Sehri, surplombe le minuscule village de Yazilikaya. Le gardien du lieu me fournit gentiment une brochure explicative. De plus, il me laisse entrer gratuitement ! La façade d’un gigantesque temple est sculptée dans la montagne. A côté, de nombreuses cavités sont creusées dans une forteresse rocheuse. L’une d’elles a même été aménagée en un petit monastère. Plus loin, des escaliers abrupts permettent de descendre aux citernes qui alimentaient l’acropole au sommet. Je me balade longuement dans le site, tellement le décor est somptueux. Quelques kilomètres plus loin dans la descente, de nombreux bergers font paître leurs moutons dans les prairies environnantes. Malgré l‘aide des habitants, je perds facilement une bonne heure à chercher du pain dans les villages de Yapildak et Kümbet. Ce dernier possède un temple phrygien avec des lions taillés sur sa façade, ainsi qu‘une sépulture seldjoukide. Je pique-nique à côté du site à une heure déjà bien avancée. Je rejoins ensuite la route en direction d’Afyon. A ma grande surprise, elle grimpe dans des montagnes boisées de résineux. J’atteins ainsi le col de Karayollari, situé à plus de 1300 mètres. La route plonge ensuite dans des collines plus désertiques, parsemées d’étranges blocs rocheux. Malgré l’imminence du soleil couchant, je bifurque vers Ayazini à quelques kilomètres. De nombreuses maisons troglodytes creusées dans la pierre jalonnent le parcours. Le village est composé principalement de vieilles maisons délabrées, construites en pierres et en torchis. La lumière est cependant bien trop faible pour tirer des clichés ! De toute façon, tout le monde semble me dévisager, ce qui me met mal à l’aise ! Je reprends ensuite le même chemin en sens inverse, pour retrouver la route d’Afyon. Juste avant Gazligöv, je m’installe au sommet d’une colline, à côté d’une maison en construction. A nouveau, ce fut une splendide journée !

 3. Bergers turcs dans la vallée

 

  2. Le site de Midas Sehri 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dimanche 21 novembre : Gazligöv - Yakasenek (88,6 km)

 

 1. Maisons ottomanes devant la citadelle perchée d'Afyon

 

La brume a complètement envahi la région. La température ambiante est par conséquent très basse. Il fait environ 3°C ! Comme la visibilité est très réduite, je pédale machinalement jusque Afyon. Le soleil commence à percer lorsque j’atteins la petite ville. Sur la place centrale, une grande statue commémore la victoire des Turcs sur les Grecs en 1922. Aussi, une monumentale citadelle est perchée sur un massif rocheux isolé, de plus de 200 mètres de hauteur. Vraiment impressionnant ! Je visite également la mosquée seldjoukide Ulu Cami. Elle possède de nombreuses colonnes en bois, avec des chapiteaux sculptés. Le quartier renferme de jolies maisons ottomanes aux couleurs vives. Plus loin, la mosquée Mevlevihane Cami est fermée ce dimanche. Au centre-ville, Imaret Cami possède un minaret en forme de spirale, décoré de faïences bleues. L’accès est momentanément défendu pour cause de funérailles. Je quitte ensuite la ville sur une grosse nationale à quatre voies, en direction de Konya. Elle reste relativement plate, parcourant le plateau à une altitude de 1000 mètres. Fort heureusement, le bas-côté est assez large pour m’écarter du trafic routier. A la sortie d'Afyon, je mange un morceau à proximité d’un champ, tout en faisant sécher la tente au soleil. Sur mon parcours, de nombreuses personnes m’interpellent pour boire le fameux thé turc. Je ne peux cependant m’arrêter à chaque proposition ! De plus, je préfère largement une autre infusion à base d’orge et de houblon ! Aussi à Cay, je perds mon temps dans plusieurs commerces pour faire les courses. Puis, la route passe au pied de la chaîne montagneuse Sultan Dagla. Quelques kilomètres plus loin, je bivouaque dans une plantation d’arbres fruitiers, juste avant le village de Yakasenek. Le froid se fait sentir dès le soleil sous l’horizon.

  2. Muret de pierres devant les montagnes de Sultan Daglari 

 

Lundi 22 novembre : Yakasenek - Orhaniye (100,9 km)

 

  Rivière asséchée après Yakasenek

Encore des températures négatives cette nuit ! Il fait -3°C, lorsque je me lève. La tente est une nouvelle fois givrée. Les montagnes sont toutes envahies par la brume. Les lacs Eber Gölü et Aksehir Gölü sont invisibles depuis la route. Je traverse rapidement la ville d’Aksehir qui ne présente vraiment aucun intérêt. Les montagnes s’éloignent peu à peu, laissant place à des collines parsemées de champs et de prairies. L’herbe rase est partout brûlée par le soleil. Les travaux de rénovation de la chaussée m’obligent à rouler dans les gravillons durant de nombreux kilomètres. En plus de la circulation, cela devient vite pénible ! Je pédale encore et encore, la tête dans le guidon. De toute façon, il n’y a que cela à faire ! Je mange au bord d’un sentier de campagne, juste avant la ville d’Argithani. Ma tente, en train de sécher au soleil, s’envole d’un coup à cause d’une bourrasque. C’est vraiment étrange, car le vent n’était pas du tout violent jusqu’alors ! Le paysage reste semblable jusque Ilgin. Pendant les courses, je fais une nouvelle fois fureur dans la petite ville. Les gens s’attroupent autour de ma bicyclette. Un jeune commerçant m’invite même à boire un verre de coca dans sa boutique. J’ai beau lui expliquer que je n’apprécie pas la boisson, rien n’y fait ! Comme je ne veux pas le froisser, je finis par céder. Aussi, il est bien difficile de trouver un emplacement discret dans le coin. Le moindre lopin de terre est exploité, et les arbres se font rares. Après de longues recherches, je plante finalement la tente au sommet d’une colline, juste à côté d’une antenne de télécommunications. Le terrain fraîchement labouré est rempli de grosses pierres. De plus, mon campement n’est vraiment pas discret sous la pleine Lune. Au loin, les cheminées de l’usine sucrière d’Ohraniye crachent leurs fumées polluantes. Juste devant le bâtiment, il y a une file incroyable de camions et de tracteurs chargés de betteraves.

 

 

Mardi 23 novembre : Orhaniye - Konya (80,3 km)

 

  1. Paysage des montagnes Bozdag 

 

La température est un peu plus clémente aujourd’hui, mais je ne sortirais quand même pas le short et le tee-shirt ! Je poursuis mon parcours dans les collines dénudées de végétation. Le temps est instable. Le soleil se cache derrière une fine brume qui a bien du mal à se dissiper. Dans les villages traversés, de nombreuses paysannes ramassent les pissenlits poussant dans les fossés remplis de détritus. Pas franchement appétissant, mais quant on n’a pas le sou ! La première difficulté de la journée intervient après le village d’Halici. La route grimpe de plus de 300 mètres dans la chaîne montagneuse Bozdag. Elle tourne autour de la montagne Atagri Tepe, qui culmine à 2129 mètres. Comme je pédale déjà à une bonne altitude, le sommet ne paraît pas si élevé. Je grignote mon banal casse-croûte en bordure d‘une récente plantation d‘arbres. Puis, je redescends doucement sur Konya, peuplé de plus d’un million d’habitants. Les abords de la grosse ville sont truffés de buildings disgracieux. De plus, la circulation est encore démentielle. Les dolmus, sorte de mini autocars, sont les plus dangereux. Je m’en méfie comme de la peste ! Ils roulent à grande vitesse, s’arrêtent n’importe où, sans se soucier de la signalisation. Après une bonne quinzaine de kilomètres, j’atteins sain et sauf le centre-ville. Je décide alors de passer une nuit dans le petit hôtel Ulusan, pour recharger les batteries du matos et du bonhomme. En milieu d’après-midi, je me balade autour de la mosquée d’Alâaddin, située au sommet d’une basse colline. Elle renferme notamment un mihrab en bois sculpté, et de nombreuses colonnes surmontées de chapiteaux. Je découvre ensuite les jolis portails des médersas Büyük Karatay et Ince Minare. Ces édifices servaient autrefois d'écoles coraniques. Konya est également la capitale des célèbres derviches tourneurs, qui prônent la danse et la musique pour prier. Le soir venu, dans une petite échoppe d’une rue commerçante, je mange du kebab de poulet avec un verre d’ayran. Il s’agit d’une boisson composée de yaourt, d’eau et de sel. Assez spécial, mais il fallait bien tester ! Plus loin dans une pâtisserie, je me gave de spécialités turques fortement sucrées. Je retrouve ensuite ma petite chambre, pour me décrasser après ces nombreuses nuits de camping sauvage.

 

 2. Portail éclairé d'une médersa

 

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commentaires

A
<br /> Salut mec.<br /> Je me suis penché un peu plus sur ton blog, ça fait vraiment plaisir. Si je peux me permettre de te faire qqs remarques (avec notre expérience et notre recul). Moi je mettrais plus de<br /> photos(réduites avec images resizer)car elles sont très biens et en plus les gens c'est ce qu'ils regardent le plus et ça aère le texte.<br /> Si tu peux c'est aussi mettre des cartes de chaque pays avec l'itinéraire pour que l'on se rende compte de tout ton parcours.<br /> Enfin tient bon, c'est super fastidieux et contraignant de faire tout ca mais quel bonheur pour nous de l'autre coté du monde et après pour toi au retour.<br /> Bisous, bon pédalage et profites bien pour nous tous pour qui les jours se ressemblent.<br /> Au fait quand tu reviendras, on sera 3 et j'espère que l'on aura l'occasion de se revoir.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Salut gd vince juste pour te dire que je t'admire, quel courage mais surtout quel mental! Bref j'ai que tu reviennes et que tu nous raconte ton aventure de vive voix même si à l'écrit s'est super!<br /> Bisous et bonne continuation. Auré.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> salut vince, j'espère que tu vas bien, le morale aussi. tu avances a vitesse grand V. fais quand meme attention a la circulation, cela risque d'etre de pire en pire( hallah wek bar)lol. bonne<br /> visite pour la syrie tu dois y etre. le pays est top il parait( si tu peux fait palmyre, alep,krak des chevaliers, chateau de saladin, surtout damas et dosra au sud juste avant le jordanie) voici<br /> une adresse a damas, c super chere 112 dollars la nuit mais c'est top: antique khan hotel( en plein centre). pour la jordanie ne manque pas jerash( incruste toi dans un groupe de touriste francais<br /> et negocie avec le guide et le groupe pour faire le tour avec eux, ca doit passer)oublie amman. madaba n'est pas top, juste une petite eglise byzantine st george tres jolie avec une superbe<br /> mosaique de la terre promise mais tu peux reprendre la route vers le mont nebo(superbe vue sur la mer morte et ainsi descendre vers elle).la mer morte est top, le long de la route il y a le wadi<br /> mudjib ( cela prend 2h et c super, canyoning) un peu plus loin tu peux reprendre la route vers le chateau de kerak (la route des rois), le chateau de shaubak ensuite petra, n'oublie pas le wadi rum<br /> ( il y a des personnes qui proposent des tours en dromadaire et meme de dormir dans leur camp privé devant le centrer tourist, regarde bien les prix sur le tableau avant car cela peut etre plus<br /> chere si tu ne fais pas attention, sinon les mecs sont correctes). bref tu n'es pas encore la, alors bon courage ma poule et encore bravo.au passage, j'espère que ta selle est vraiment confortable.<br /> biz ma grande<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Salut Vince<br /> Bien sur qu'on se souvient de notre chti. On savait par Pushkar que tu avais pris la route, c'est génial que tu aies réussi à accomplir aussi ton rêve. En tout cas, nous on ne regrette rien, chaque<br /> jour a été exceptionnel, profites bien de tout. Bravo pour ton blog et les photos. Pour nous, le retour se passe plutôt bien mais on a qu'une seule envie repartir.<br /> Pour les infos plus personnelles et si tu as besoin d'infos sur des pays qu'on a visités, n'hésite pas à nous envoyer un mail.<br /> On continue à voyager avec toi, on t'embrasse<br /> Bonnes bières<br /> Astrid et Arnaud<br /> <br /> <br />
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C
<br /> ALLEZ TONTON, ALLEZ TONTON, ALLEZ... !! Gros bisous. Hugo<br /> <br /> <br />
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