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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 12:56

  

Samedi 23 octobre 2010 : Visite de Dubrovnik

    1. Le Stradun de Dubrovnik 

Aujourd’hui, c’est une journée de repos. Enfin presque ! Je fais à pied les 3 km qui séparent la vieille ville du camping. Comme hier, le soleil est de la partie. La cité est interdite aux voitures. Et c’est bien plus agréable ! Elle est entourée par d’épais remparts médiévaux. Plusieurs tours et bastions furent construits au 14ème et au 15ème S pour la protéger contre d'éventuels envahisseurs. Deux portes fortifiées permettent d’accéder à la longue avenue Stradun pavée de marbre. Une foule énorme de touristes flâne autour des boutiques, des cafés et des restaurants. De nombreux édifices historiques ont souffert des bombes et des obus, durant le siège de 1991. D’ailleurs, des panneaux ne manquent pas de le rappeler. Fort heureusement, tout a été reconstruit à l’identique. Les églises et la cathédrale sont ouvertes au public. St Ignace renferme notamment de belles fresques murales et une surprenante reproduction de la grotte de Lourdes. Quant à l’église St Blaise, elle est fermée pour rénovation. Par contre, les différents palais et monastères sont payants. Je me contente de visiter celui des Dominicains, qui recèle un joli cloître et de belles peintures religieuses du 15ème et 16ème S. Comme en Italie, la tour de l’Horloge de la place Luza possède deux statues de bronze qui sonnent les heures. Aussi, j’ai bien du mal à trouver la vieille synagogue dans les ruelles étroites aux raides escaliers. La célèbre fontaine d’Onofrio se situe à proximité de l’accès aux remparts. Je suis surpris qu’il faille une nouvelle fois payer. Vraiment, on fait de l’argent avec tout ! D’une longueur de 2 km, la muraille offre de splendides vues sur la cité. Les habitations reconstruites après la guerre sont reconnaissables à la couleur rouge des tuiles plus criarde que les autres. Je retourne ensuite au camping, vers la fin d’après-midi. Dans un jardin, un mariage est célébré avec des chansons slaves jouées par un accordéoniste, que tout le monde reprend en chœur. Je retrouve ensuite Fred, le Canadien, qui a changé ses plans à cause d’un ennui technique sur son vélo. Il compte rejoindre Sarajevo par bus demain, pour trouver la pièce défectueuse. Puis, nous finissons la soirée ensemble à boire de la bière dans un bistrot.

    2. Le cycliste devant la ville de Dubrovnik 

 

Dimanche 24 octobre : Dubrovnik - Zelenika (MNO) ( 63,6 km)

 

  1. Attention au serpent sur la route

Après quelques rafistolages, je prends la route tardivement vers 11 h. Cette journée de repos m’a redonné de l’allant ! Par contre, les nuages gris et noirs ne présagent rien de bon. Je retourne dans la vieille ville de Dubrovnik, pour immortaliser l’évènement avec une photo. Mon vélo a bien du succès. D’ailleurs plus que moi ! Les gens interloqués m’abordent en me posant un tas de questions sur mon voyage. Bien souvent, ils me prennent pour un étudiant. Cela fait toujours plaisir, mais la casquette joue beaucoup en ma faveur ! Je regrimpe ensuite vers la nationale qui longe la côte. En Croatie, il y encore beaucoup de 4 ailes et de vieilles Skoda (comme celle d’un ami supporter lensois !). Souvent sur les bas-côtés des chaussées, de nombreuses croix et calvaires témoignent des accidents de la circulation. Après quelques kilomètres, je bifurque vers Cavtat. La petite route descend jusqu’au niveau de la mer, me faisant perdre ainsi tout ce que je venais de monter. Le village possède un joli port, un monastère et un mausolée sculpté d’une riche famille. Je profite des quelques rayons de soleil pour casser la graine. Puis, je retrouve ma fameuse nationale en prenant le même chemin en sens inverse. Elle s’enfonce dans une petite vallée, cernée par des montagnes parsemées de cyprès effilés. La circulation se fait de plus en plus rare, au fur et à mesure que j’approche de la frontière monténégrine. Au passage à la douane, je fais une nouvelle fois fureur avec mon vélo chargé. Je plonge ensuite vers Igalo, alors que la nuit commence à tomber. C’est quand même assez pénible de s’arrêter de pédaler à 17 h ! Au premier abord, le Monténégro ne me fait pas grosse impression. Ce n’est qu’une succession de gros buildings délabrés. Le ciel sombre menaçant n’arrange rien ! En faisant quelques courses, je suis surpris que la monnaie du pays soit passée à l’euro. A Herceg Novi, je cherche vainement un coin pour loger. A mon grand malheur, toute la côte est urbanisée. Pas un petit morceau de terrain pour planter la tente ! Finalement à l’entrée de Zelenika, je trouve un camping très rudimentaire pour pas cher. Il est tenu par un petit vieux bien sympa, qui parle un peu français. Le terrain est parsemé de centaines de châtaignes tombées des arbres. Dans la soirée, il tombe des cordes. Cela ne se goupille pas très bien pour demain dans les Balkans !

    2. A la frontière du Monténégro

 

 

 

Lundi 25 octobre : ZeleniKa (Visite d'Herceg Novi) 

 

  La place d'Herceg Novi

Comme je le présageais, la pluie ne s’est pas arrêtée. C’est le vrai déluge, avec de fortes bourrasques ! Du coup, j’attends une accalmie toute la matinée qui ne viendra jamais. Pédaler sous ce temps est complètement insensé ! C’est pourquoi je pars à pied jusque la ville de Herceg Novi pour une visite très humide. En effet, je ne tarde pas à être trempé des pieds à la tête. La vieille ville possède encore quelques tours des anciennes fortifications. Malheureusement, les grilles sont fermées. Au centre, la tour de l’Horloge domine une petite place piétonne. Dans les ruelles, l’eau ruisselle de partout. A proximité, l’église de l’Archange St Michel mélange les styles byzantin et baroque. Dans le quartier de Topla, l’église St George renferme normalement un bel icône. Cependant, je fais marche arrière à la vue d’un cercueil trônant au milieu de l’édifice. Puis, je cherche longuement la forteresse de Spanjola. Sans succès ! Sur le chemin du retour, je visite le monastère de Savina. Trois églises sont édifiées sur une petite colline boisée. Les deux édifices religieux de la Vierge de la Dormition renferment de superbes fresques et iconostases orthodoxes. Il pleut encore et toujours ! Tant et si bien que je décide de rester sur place pour la nuit. Au camping, le terrain est complètement noyé. Fort heureusement, ma tente a survécu au naufrage. Dans la soirée, je reçois un SMS inconnu, qui m’annonce du mauvais temps pour demain. Bizarre !

 

 

Mardi 26 octobre : Zelenika - Route Serpentine (61,8 km)

 

    1. Les baies de Perast et Kotor sous les nuages 

 

Le ciel est de nouveau menaçant. Cependant, il s’est arrêté enfin de pleuvoir ! J’enfourche alors mon vélo pour poursuivre l’aventure. La route longe agréablement la côte, sans aucune difficulté. Après quelques kilomètres, j’atteins le détroit de Verige. Il relie la baie de Tivat avec celles de Risan et de Kotor. D’ailleurs au débouché, la vue est superbe. Les montagnes encombrées de nuages plongent dans les eaux limpides. L’abbaye St Georges et l’église Notre-Dame du Récif sont érigées séparément sur deux îlots au milieu de la baie. Il se met à pleuvoir lorsque j’arrive à Risan. Le temps d’enfiler mes vêtements, et la pluie s’arrête ! C’est vraiment pénible ! A la sortie du village, le monastère de Banja s’étage sur le flanc d’une montagne parsemée de cyprès. Plus loin, Perast renferme un grand nombre de palais et d’églises. Le haut clocher de St Nicolas domine le centre du village. Je me balade un moment dans les ruelles pentues à proximité. La route traverse ensuite Dobrota et ses nombreux palais. Il est par contre dommage que certains soient à l’abandon. Je mange un morceau au bord de l’eau, juste à l’entrée de Kotor. La vieille ville ceinturée de remparts est interdite aux automobilistes. Et c‘est tant mieux ! En franchissant la porte de la Mer, je débouche sur la place d’Armes. Elle recèle notamment la tour de l’Horloge et le palais du Prince avec son long balcon. Kotor fourmille également de palais et d’églises. Je pénètre dans la cathédrale St Tryphon. Elle possède entre autres des fonts baptismaux sculptés, un superbe ciborium gothique, et une belle chapelle décorée de marbre renfermant les reliques du Saint. Tous les autres édifices religieux sont fermés. J’attaque ensuite la fameuse montée du Lovcen par les lacets de Skaljari. La route «Serpentine» décrit une trentaine de virages en épingle à cheveux dans la montagne sur 17 km. Elle offre de superbes vues sur les baies de Kotor et Tivat. Comme les pentes ne sont pas trop élevées, la grimpette est assez aisée. Mais j’ai également déjà plus de 3000 km dans les jambes depuis mon départ ! Dans l’ascension, les rares automobilistes m’encouragent en klaxonnant. Au loin, un orage projetant de violents éclairs se rapproche tout doucement. Le ciel finit par se couvrir de nuages bien menaçants. La pluie se met à tomber, alors qu’il commence à faire bien noir. L’environnement semble complètement irréel ! Il me faut vite trouver un endroit pour bivouaquer. Les flancs escarpés de la montagne rendent bien difficile ma recherche. Finalement après plusieurs kilomètres, je trouve un bout de terrain relativement plat sur les hauteurs. Cependant à 850 mètres d’altitude, je ne suis pas rassuré de la présence de l’orage. Je domine les bouches de Kotor avec ses rives complètement illuminées. Vraiment grandiose !   

 

 

  3. La route Serpentine dans la baie de Kotor2. Porche d'une ruelle de Kotor 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mercredi 27 octobre : Route Serpentine - Podgorica (79,1 km)

 

    1. Couleurs d'automne dans les montagnes de Lovcen 

 

C’est l’une des nuits sous tente les plus terribles que j’ai vécues. Pour commencer, une bête a rôdé autour de la tente. C’était peut-être un chien errant, mais il n’y a aucune habitation aux alentours qui puisse expliquer sa présence. J'ai pensé alors à un loup, voire un ours noir. En effet, ces animaux peuplent le parc national de Lovcen à proximité. Donc, je suis resté sur mes gardes un bon moment avant de m’endormir. Puis, un orage a éclaté juste au-dessus de mon bivouac. Des trombes d’eau se sont abattues d’un coup avec de violents éclairs. Le vent était tellement déchaîné que la tente a été secouée dans tous les sens. J’ai même eu peur qu’un arceau finisse par casser. Et pour parachever le tout, c’est la grêle qui tombe ce matin. Pendant une petite accalmie, je démonte la tente trempée en compagnie de ma bête féroce. Au final, ce n’est qu’un chien perdu ou abandonné ! Je poursuis alors ma grimpette avec le vent de face. La passe de Krstac n’était qu’à peine à deux petits kilomètres ! J’atteins ainsi un plateau avec des villages complètement isolés. La maison natale de Njegos, grand homme de l’histoire nationale, se situe à Njegosi. Les montagnes alentour sont couvertes de forêts aux couleurs de l’automne. Même sous le ciel gris, c’est vraiment très beau ! Je grimpe à nouveau quelques kilomètres pour atteindre plus de 1000 mètres d'altitude. La route bascule ensuite dans la longue descente pour Cetinje. En arrivant dans l’ancienne capitale du royaume, je suis complètement frigorifié. Heureusement, le soleil commence à faire son apparition. Quelques beaux bâtiments sont dispersés un peu partout dans la petite ville. De nombreuses anciennes ambassades ont été construites autour du palais du Gouvernement. Celle de la France est par contre en rénovation. Tout comme le palais Bleu ! Dans la chapelle du monastère fortifié, plusieurs personnes viennent prier et brûler un cierge. Après avoir mangé un morceau, je reprends mon parcours en direction de la capitale actuelle. A ma grande surprise, la route continue de descendre longuement jusque Podgorica à une altitude de 30 mètres. Les montagnes environnantes sont comme craquelées, certainement à cause de l’infiltration des eaux de pluie. A l’entrée de la ville, un homme en voiture m’interpelle. Raiko est né au Monténégro, mais vit depuis 40 ans en France. Fasciné par mon périple, il m’invite à boire une bière dans un troquet. Lorsque nous nous séparons, le soleil commence à se coucher. J’effectue encore quelques kilomètres pour sortir de la capitale. En effet, Podgorica n‘a pas vraiment d’intérêt ! Dans un quartier isolé, je plante la tente derrière des arbustes au bord d’une prairie. En effet, le vent du Nord souffle à nouveau violemment. C’est pourquoi je fixe quatre tendeurs supplémentaires à mon frêle abri. Je ne tiens pas à avoir le même coup que la nuit précédente !

    2. Rakio et moi devant un café de Podgarica 

 

Jeudi 28 octobre : Podgorica - Kolasin (67,9 km)

 

    1. Le canyon de la rivière Moraca

 

Depuis hier, cela n’a pas arrêté de souffler ! La haie d’arbustes m’a quand même bien protégé ! Je décampe rapidement dans la vallée de la rivière Moraca. Bien sûr, je prends le vent en pleine face. Les bourrasques sont tellement violentes, qu’elles me font poser pied à plusieurs reprises. Une véritable tempête ! Je zigzague ainsi sur plusieurs kilomètres, tentant de maîtriser mon lourd vélo. Tout à coup, un bus me rase de très près. Je décide alors de stopper, jugeant l’entreprise un peu trop périlleuse. Je trouve alors refuge dans un troquet d'un minuscule village (Dromita ?). Tout le monde a l’air surpris qu’un cycliste commande une bière. Spontanément, les trois jeunes clients m’offrent des morceaux de porc et de mouton, avec quelques verres de rakija (une eau-de-vie locale). Cependant, nos conversations restent assez limitées. Seul l’un d’eux parle un tout petit peu l’anglais. Il est midi lorsque je quitte les lieux. En effet, je veux parcourir un maximum de kilomètres, même à vitesse réduite. Dans le défilé de Platije, la vallée se resserre. La rivière se faufile entre les parois abruptes d’un canyon, au pied de hautes montagnes. Sur l’autre rive, la voie ferrée passe sur les hauteurs, au-dessus du vide. Le paysage est vraiment magnifique sous le soleil. Puis, des travaux bloquent la route. En fait dans un des nombreux tunnels, un rocher manque de se détacher. Les ouvriers m’invitent alors dans leur cabane pour que je ne prenne pas froid. Je discute avec l’un d’eux en anglais. Il finit par m’offrir une demi-bouteille de rakija. Les Monténégrins ont vraiment le cœur sur la main. J’aime cette authenticité qui demeure encore dans les pays de l’Est. Du moins, dans certaines régions ! Car de nos jours, tout le monde cherche à faire du profit ! Sympathiquement, les ouvriers me laissent passer avant d’entreprendre les travaux. Par contre, les voitures et les camions en file indienne restent sur place. Par chance, le vent s’est soudain calmé. Sans circulation, je pédale ainsi plus facilement jusqu’au monastère de Moraca, blotti dans les montagnes boisées. Au loin, les hautes cimes enneigées dominent la vallée. Les murs et plafonds des deux églises sont recouverts de splendides fresques. Une belle iconoclaste est également exposée derrière l’autel. Tout cela sous la surveillance d’un moine, car les photos sont interdites dans les édifices. La route commence ensuite à grimper longuement jusqu’à une altitude de 1060 mètres, soit plus de 900 mètres de dénivelé. La pente reste cependant raisonnable, ne dépassant pas les 8 %. Au sommet, certaines parcelles de terrain sont recouvertes de neige. A mon compteur, il fait à peine 1°C ! Du coup, je descends rapidement vers Kolasin. J’ai les mains complètement gelées. A l’entrée de la ville, je plante rapidement la tente sur un bout de terrain, un peu à l’écart de la route. J’espère ne pas avoir trop froid pour cette nuit !

   

 2. Mon vélo et les tunnels de la vallée de la Moraca 

Vendredi 29 octobre : Kolasin - Tunnel de Lokve (90,6 km)

 

    1. Les montagnes enneigées à Kolasin

La toile de tente est complètement givrée. L’eau commence même à se transformer en glace. La température dans la nuit a dû avoisiner les 0°C. Malgré le soleil, je me couvre plus qu’à l’accoutumée, car le froid pique encore ce matin. Kolasin est une station de sport d’hiver, sans réel intérêt. La route descend tout doucement le long de la rivière Tara, serpentant dans les montagnes boisées et encore enneigées localement. A l’entrée de Mojkovac, je croise un cyclo français se prénommant Tom. Nous discutons un moment au bord de la chaussée. Parti depuis le mois de juin, il a déjà sillonné quelques pays européens. Après une bonne côte, je continue de descendre jusque la rivière Lim. Je mange dans une petite cabane isolée, juste à l’intersection de la route pour Berane. La vallée est désormais beaucoup plus évasée, laissant place à des prairies et des champs. Partout, plusieurs meules de foin sont disposées devant les habitations. De nombreuses ruches sont aussi disséminées dans la région. Aussi, les montagnes alentour sont beaucoup plus arrondies. La religion musulmane se fait également un peu plus présente. J’aperçois dans un village une mosquée avec un minaret en construction. Juste à l’entrée de Berane, la rivière traverse de courtes gorges. La ville est peu intéressante. Je préfère donc poursuivre mon chemin vers Rozaje. La route se met à grimper longuement. De nombreux automobilistes et routiers klaxonnent pour m’encourager… ou simplement parce que je gêne. Enfin, je ne sais plus ! C’est une vraie manie dans le coin ! En cette fin de journée, je commence à fatiguer. De plus, je me fais une nouvelle fois rattraper par la nuit. A quelques kilomètres du tunnel de Lovke, je plante la tente sur un terrain plat recouvert de neige, juste à côté de deux chalets de montagne vides. L’altitude de mon bivouac est à plus de 1200 mètres. Il est 19 h, il fait -3°C à l’extérieur. Bref, ça caille sec !

 

   2. Meules de foin et habitation isolée 

 

Samedi 30 octobre : Tunnel de Lovke - Novi Pazar (SRB) (90,8 km)

 

    1. Bivouac enneigé au tunnel de Lovke

Il fait toujours aussi froid. Tout est quasiment gelé ! Je remballe le matériel avec les doigts complètement engourdis. Je poursuis ma grimpette sur 2 km jusqu’au tunnel de Lovke, culminant à 1336 mètres. La petite station de ski semble déserte. Toutes les remontées mécaniques sont figées. Je descends ensuite longuement à travers les montagnes enneigées jusque Rozaje. De nombreux minarets s’élèvent au-dessus de la ville. La route surplombe ensuite les gorges sombres et étroites de la rivière Ibar. Le paysage est vraiment magnifique. Par contre le gros désagrément, ce sont les immondices sauvages. Tout le monde balance ses déchets dans le ravin. Plusieurs personnes viennent d’ailleurs fouiller et brûler les détritus. L’odeur n’est pas toujours agréable ! Après un grand nombre de tunnels, j’arrive à la frontière serbe. Le policier refuse de me tamponner mon passeport. Pas vraiment sympa, j'aurais aimé garder un souvenir ! Un autre m’interpelle pour savoir si j’ai quelque chose à déclarer. L’importation de nourriture est bizarrement interdite dans le pays. Et bien sûr, mes sacs en sont pleins ! « No food, no food… », me dit-on. Ouf, on finit par me laisser passer quand même ! Je fais quelques kilomètres jusque Spiljani, pour m’éloigner un peu de la frontière. Je peux alors manger plus sereinement sur le seuil d’une cabane en bois. Beaucoup d’automobilistes me regardent bizarrement. La rivière continue sa course dans de nouvelles gorges bien jolies jusque Ribarice. Puis, je cherche longuement le monastère Crna Reka. Je m’engage dans un petit chemin délabré avec des pentes élevées. Incertain de l’emplacement du site, je préfère abandonner. Tout cela m’a fait perdre un temps fou ! Aussi, le Kosovo n’est qu’à une poignée de kilomètres. L’apposition du tampon kosovar sur mon passeport m’interdit un retour en Serbie. C’est pourquoi je dois faire un gros détour vers le Nord pour rejoindre la Bulgarie. Du coup, la route grimpe à nouveau à plus de 1000 mètres. J’ai bien du mal à progresser en cette fin d‘après-midi. La descente est par contre vertigineuse avec de nombreux virages. Depuis que le soleil a disparu derrière les montagnes boisées, le froid s’est installé dans la large vallée de la rivière Josanica. J’arrive ainsi facilement dans la ville de Novi Pazar. Avec toutes ces mosquées, j’ai plus l’impression d’être en Orient qu’en Serbie ! Les hauts parleurs des minarets appellent les fidèles à la prière. Après tous ces kilomètres, je décide de passer la nuit dans un hôtel. J’en ai bien besoin après tous ces bivouacs sauvages ! L’accueil de la pension Han est franchement désagréable. De plus, il refuse mon vélo. A quelques mètres de là, je m’installe dans une chambre de l’hôtel Kan, tenu par un gars bien plus sympathique.

    2. Le cycliste devant le tunnel au sommet

  3. La rivière Ibar en Serbie 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dimanche 31 octobre : Novi Pazar - Maglic (85,5 km) 

 

   1. La mosquée de Novi Pazar

Il fait une chaleur de bête dans la chambre ! En fait, mon corps s’est habitué progressivement au froid. Il est déjà bien tard lorsque je quitte l’hôtel. Les ruines d’une ancienne forteresse dominent la place principale de Novi Pazar. Un marché à la mode orientale se tient sur la rive de la rivière Raska. Le vieux quartier musulman renferme des basses maisons sans étage, recouvertes de vieilles tuiles ondulées. Je pénètre ensuite dans la cour intérieure de la mosquée Alem Dzamija. Cependant, un homme me demande poliment de quitter les lieux. A la sortie de la ville, le beau monastère Durdevi Stupovi est juché sur une colline. La route borde la rivière Raska dans une large vallée, propice à la culture et à l‘élevage. Elle se jette dans l’Ibar, au niveau de la ville de Raska. Quelques kilomètres plus loin, je casse la graine sur les marches d’un bâtiment du village de Brvenik. Une petite route assez pentue m’amène aux monastères de Stara et Nova Pavlica. Situé à côté d’un vieux cimetière, il ne subsiste plus grand-chose du premier. Pourtant, l’édifice surplombe gracieusement la vallée. Le second monastère ressemble plus à une grosse église de couleur blanche. De belles fresques du 13ème S sont peintes sur les murs intérieurs. Je retrouve ensuite la route principale en direction de Krajelvo. La rivière traverse un long défilé juste avant le village d’Usce. Dans le coin, personne ne veut me vendre une bouteille de bière, sans que je fournisse une consigne. Vraiment bizarre ! Le soleil commence à disparaître derrière les montagnes. La vallée s’évase de nouveau à l’approche de Polumir. Un coin me tente un moment pour bivouaquer. Pourtant, je préfère poursuivre mon chemin afin de m'avancer encore d'une bonne dizaine de kilomètres. Mauvais choix ! En effet, l’Ibar passe ensuite dans des gorges aux parois abruptes. Donc, impossibilité de trouver un terrain plat ! Tant et si bien que je pédale encore et encore ! La nuit tombée m’oblige à rouler avec la frontale. Je suis d'ailleurs peu rassuré lorsque je croise une patrouille de police. Merveilleusement éclairée, la forteresse de Maglic apparaît d’un coup au détour d’un virage. Je plante enfin la tente en bordure de la rivière, à l’entrée du village. Par chance, il fait largement moins froid que les jours précédents. Perché sur les hauteurs, l’impressionnant château médiéval surplombe mon frêle bivouac. C'est franchement magnifique !

 

   2. Le monastère de Stara Pavlica 

 

Lundi 1er novembre : Maglic - Mackovac (90,3 km)

   1. La forteresse de Maglic 

 

De bonne heure, je grimpe à pied jusque la forteresse médiévale. L’immense château possède sept tours et un grand donjon. Il est édifié dans un méandre de la rivière Ibar. La porte est cadenassée, mais je réussis quand même à me glisser dans la cour intérieure. Des escaliers en bois permettent de monter sur les remparts, pour jouir d’une splendide vue sur toute la vallée. Le vent au sommet souffle terriblement. Après de longues minutes de contemplation, je redescends pour retrouver ma bicyclette. Au fil des kilomètres, les montagnes s’aplanissent de plus en plus. A Progorelica, je bifurque vers le monastère de Zica. En chemin, je pénètre dans l’église de Mataruska Banja, garnie de fresques récentes. Plus loin, le monastère de couleur ocre est juché sur une petite colline. Au 13ème S, c’était le siège de l’épiscopat serbe. Son église possède quelques fresques anciennes. Celles de la voûte à l’entrée ont été endommagées par un incendie durant la période ottomane. Je reprends ensuite la route pour Kraljevo, situé à quelques kilomètres. Pendant mon pique-nique quotidien, une dame farfelue vient à ma rencontre pour m’inviter chez elle. Du moins, je pense car mon serbe est plus que limité ! Dans le doute, je préfère refuser. La ville ne présente pas grand-chose d’intéressant. Seule une petite église baroque renferme un joli iconostase du 19ème. Puis, je me balade dans la rue piétonne Omladinska, à la recherche d’une belle demeure. Tout est écrit en lettres cyrilliques ! Du coup, je finis par abandonner car j’ai un mal fou à m’orienter. Cela promet pour la Bulgarie ! La route plate en direction de Krusevac n'est pas vraiment agréable. Elle longe à distance la rivière Morava Occidentale. La vallée est partiellement tournée vers l’agriculture. Elle s’élargit, alors que les montagnes disparaissent petit à petit. En chemin, la petite bourgade de Trstenik renferme la plus ancienne demeure de Moravie. Malgré l’heure tardive, je traverse la rivière pour rejoindre le splendide monastère de Ljubostinja. A chaque fois, il faut enfiler un pantalon pour pénétrer dans les édifices orthodoxes. Les photos sont malheureusement interdites. Je me fais même rappeler à l’ordre par un gars, alors que je tire un cliché à l’extérieur. Selon lui, je dois acheter les cartes proposées au magasin. Complètement grotesque ! Cela devient un business, voilà la raison ! Je rebrousse chemin pour retrouver ma fameuse nationale au trafic routier infernal. Je pédale encore quelques kilomètres au crépuscule. A l’entrée de Mackovac, j’installe mon bivouac derrière une haie en bordure d’un champ. Quelques engins agricoles s’activent, j’espère ne pas être dérangé en pleine nuit.

   2. Le monastère de Zica 

Mardi 2 novembre : Mackovac - Nis (103,2 km)

 

     1. Paysanne au village de Gaglovo

Je me lève avec une heure de retard sur mes prévisions, car je n'ai pas entendu le réveil sonner. Je prends alors la direction de Krusevac sous le soleil. La petite ville n'est pas trop attrayante. Seules les ruines d’un vieux donjon et l’église Lazarica valent le coup d’œil. Cette dernière est agrémentée de belles sculptures, représentant des plantes ou des animaux. A la sortie de Krusevac, je me fais accoster par une romanichelle. Elle m’avoue mieux se plaire en France qu’en Serbie. Mon itinéraire traverse ensuite des petits villages de campagne blottis dans de douces collines. A Gaglovo, un homme d’origine française vient à ma rencontre pour discuter. Michel vit en Serbie depuis plus de 40 ans. Il est admiratif devant mon projet. La route longe ensuite la rivière Morava Méridionale dans une vallée agricole très évasée. Je traverse ainsi plusieurs villages typiques. Comme un peu partout en Serbie, les maisons ne sont pas toujours achevées. Aussi, la température avoisine la vingtaine de degrés. Il faut avouer que c’est bien agréable au mois de novembre ! Malheureusement, je prends le vent en pleine poire. Et cela commence sérieusement à m’énerver ! Beaucoup de monde s’active dans les champs. Les agriculteurs brûlent leurs parcelles pour les préparer à la prochaine moisson. De nombreuses fumées s’élèvent d'ailleurs dans toute la vallée. A Gornji Ljubes, je casse la croûte sur un banc, sous les arcades d’un vieux bâtiment décrépi. Les autochtones ne sont pas toujours aimables. En effet, je me fais rabrouer par une femme sans raison valable. J’oscille encore quelques kilomètres dans la campagne, avant d’arriver aux portes de Nis. Toutes ces petites routes secondaires ont rallongé considérablement mon parcours. Cependant, c’est bien plus agréable qu’une nationale encombrée de véhicules ! Comme il fait presque nuit, je réserve la visite de la grande ville pour le lendemain. Je déambule quand même autour de la rue piétonne Obrenoviceva. Je découvre ainsi une minuscule mosquée avec son minaret. Plus loin, la cathédrale est enserrée par d’affreux buildings. Elle renferme une iconostase et des fresques contemporaines. Aussi, j’hésite longuement à louer une chambre en auberge de jeunesse ou à l’hôtel. Finalement, je m’écarte de la ville pour tenter de dégoter un terrain isolé. Après de très nombreux kilomètres de recherche, je trouve enfin un endroit au sommet d’une petite colline pour planter la tente.

   

 2. Maison typique du village de Donjiadrovac 

Mercredi 3 novembre : Nis - Pirot (89,2 km)

 

    1. Le mirador du camp nazi Croix Rouge de Nis

Mon bivouac est entouré de quelques tas d’ordures que je découvre de jour. C’est ça les joies du camping sauvage ! Sur la route du centre-ville, je fais une halte au camp de concentration Croix Rouge. Les bâtiments, les guérites, les miradors et les barbelés n’ont pas bougé depuis la Seconde Guerre mondiale. Ils témoignent des atrocités commises par les nazis sur la population serbe, durant cette triste période de l’histoire. Plus loin, la vaste forteresse turque renferme le plus ancien hammam du règne ottoman, ainsi que la mosquée Bali-Beg et quelques ruines romaines. A la périphérie de la ville, une chapelle est édifiée à l’emplacement de la tour aux Crânes. Au début du 19ème, un sultan fait décapiter des centaines d’officiers serbes, en représailles des soulèvements contre l’autorité ottomane. Les crânes sont empilés formant ainsi une tour. Malheureusement, les portes de l’édifice sont fermées. Je reprends alors mon itinéraire en direction de Pirot. Au bout de quelques kilomètres, la route franchit l’obscur et étroit défilé de la rivière Nisava. Les gorges sont magnifiques, mais le passage incessant des poids lourds finit par être déplaisant. Puis, la vallée s’élargit entre de basses montagnes arrondies. Je traverse ainsi quelques villages tournés vers l’agriculture et l’élevage. Lors de mon pique-nique à Bela Palanka, quelques enfants roms sont intrigués par ma bicyclette. Je reste cependant attentif à ce qu’ils ne me chapardent pas quelque chose. Aujourd’hui, je ne suis vraiment pas motivé pour pédaler ! Pendant des dizaines de kilomètres, mon esprit divague sur les bons et mauvais souvenirs du passé. J’arrive ainsi en fin d’après-midi à Pirot. Malgré un joli château médiéval, la petite ville n’est vraiment pas attirante. Les bâtiments en béton datant de l’ère communiste sont bien souvent délabrés. Je m’enfile une bière à la terrasse d’un café, avant de partir à la recherche d’un terrain pour bivouaquer. A la sortie de la petite ville, je m’installe sous de jeunes arbres, juste à l’intersection de la route pour Sofia. En effet demain, j’entre en Bulgarie !

    2. Mon vélo dans le défilé de la rivière Nisava 

 

Jeudi 4 novembre : Pirot - Sofia (BG) (85,3 km)

 

   1. Luc et moi sur la route à Pirot

 

Le passage des trains d’un côté, et la circulation routière de l’autre, ont grandement perturbé ma nuit. Je décampe rapidement pour la frontière bulgare. A peine démarré, un homme m’interpelle sur le bord de la chaussée. Luc est prêtre du côté de Bourg-en-Bresse. Il effectue un pèlerinage à pied jusque Jérusalem. Quasiment le même itinéraire que moi ! Sauf qu’à vélo, on va forcément plus vite ! C’est vraiment agréable de discuter un moment avec lui en français ! Je finis par lui souhaiter bon vent ! Après une vingtaine de kilomètres, je quitte la Serbie pour la Bulgarie. Juste après la frontière, la route se met à grimper doucement dans des montagnes boisées, le long d’un paisible ruisseau. Depuis mon entrée en Croatie, de nombreuses croix et calvaires témoignent des accidents de la circulation. Des fleurs, des bougeoirs et même des bouteilles d’alcool ou de bière sont amenés par la famille ou les amis du défunt. Je casse la croûte à côté d’un lugubre bâtiment de la petite ville de Dragonman. Il fait à nouveau très bon en ce début d’après-midi. Le thermomètre dépasse encore la vingtaine de degrés. J’atteins ensuite un vaste plateau d’apparence désertique. Les prairies sont couvertes d’une multitude de chardons desséchés, et les quelques champs viennent juste d’être fauchés. Ce qui rend le paysage assez monotone ! J’avale ainsi les kilomètres, tout en surveillant les quelques chiens errants qui aboient à mon passage. D’un coup, les hautes tours de la capitale bulgare surgissent à l’horizon. Comme souvent dans les grandes villes, la circulation est complètement hallucinante. Les voitures s’arrêtent n’importe où, et dépassent de tous les côtés. Je rejoins le centre-ville à la recherche d’un endroit pour dormir. Forcément, tout est écrit en cyrillique. Ce qui complique largement ma tâche ! Du coup, j’abandonne l’idée de rejoindre le monastère conseillé par Luc. Je finis par louer une chambre peu onéreuse à l’hôtel Maya, en plein centre de Sofia. La dame ne parle pas un mot d’anglais, ce qui donne quelques situations assez cocasses.   2. Les chardons dans les prairies bulgares 

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commentaires

D
<br /> salut vincent c christophe de la section de wattrelos courage pour ton periple gespere que tout va bien pour toi. realise bien ton reve<br /> <br /> <br />
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R
<br /> bonsoir vincent,pascal demande si la jupi ne te manque pas trop? et si tout va bien a voir tes recis a par la periode de froid que tu viens de traverser on suppose que oui,bon on te laisse bonne<br /> soiree la ou tu te trouve biz et a bientot<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Hello Vincent,<br /> J'avais du retard de lecture dans tes aventures. Tu as bien avançé!!! Bravo plus rien ne t'arrête, ni le froid, ni les jours plus courts, ni la pluie. Tu t'es "fondu" dans le chemin. Continue , ne<br /> t'arrête pas. Roule pour tous ceux qui "bloqués " (?? ;-0) derrière leurs bureaux. ULTREIA<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Hé Vincent, t'es arrivé pile-poil pour le match d'Europa ligue Sofia-LOSC qui avait lieu ce jeudi ! Bravo pour la traversée des Balkans et bon courage pour la suite !<br /> <br /> <br />
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