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27 décembre 2014 6 27 /12 /décembre /2014 13:02

Mercredi 28 septembre 2011 : San Miguel de Tucuman - Monteagudo (95,1 km)

 

1.-Riviere-sur-la-route-de-Simoca.jpg

 

Dans la matinée, je quitte Zumela avec l’intention de faire une grosse étape en direction de Cordoba. Durant ces trois jours, elle m’a accueilli chaleureusement dans son humble demeure, avec grande confiance. Avant de prendre la route, je pique-nique prématurément sur un banc proche de la place Urquiza. Pour sortir de la ville, les nombreux taxis rendent la circulation bien pénible. Sur les conseils de quelques autochtones, j’emprunte la nationale 157 complètement plate qui file vers le Sud. Selon les dires, elle devrait être moins fréquentée par les camions. Elle traverse tantôt de vastes champs labourés, tantôt une végétation composée d’arbustes épineux. Depuis mon entrée en Argentine, de nombreuses chapelles et autels sont parés de drapeaux rouges et d’offrandes. Ils rendent hommage à El Gauchito, une sorte de Robin des Bois du 19ème S vénéré par la population. Le trajet du jour n’est pas bien difficile. La seule véritable difficulté vient de la chaleur étouffante qui ne motive vraiment pas à pédaler ! C’est pourquoi je marque une longue pause au petit village de Simoca, afin d’attendre une légère baisse de la température. En début de soirée, je plante la tente en bordure d’un champ, quelques kilomètres après le village de Monteagudo. Le coin qui semblait tranquille est infesté de nombreux insectes volants. Mon repas du soir est du même coup beaucoup plus protéiné que d’habitude ! De plus, les bébêtes m’assaillent de piqûres. Tout cela me rappelle la même situation dans les tourbières écossaises, plusieurs années en arrière !

  

2.-Chapelle-en-memoire-d-El-Gauchito.jpg

 

 

Jeudi 29 septembre : Monteagudo - Lavalle (78,9 km)

 

Les bestioles sont toujours présentes, mais beaucoup moins coriaces que la veille. Malgré tout, je déguerpis assez rapidement. Au bout d’à peine 3 km, je crève encore de la roue avant. Le paysage est toujours aussi monotone. Les prairies et les champs alternent avec les immenses étendues d’arbustes. La circulation routière est curieusement plus importante que la veille. Je suis carrément soufflé par les camions qui me croisent ou me dépassent. De plus, un vent chaud s’est levé. Et forcément, je le prends en pleine face ! L’air devient également plus suffocant avec la température qui grimpe au fil des heures. J’ai la gorge qui s’assèche constamment, et il n’y a pas beaucoup de troquets sur la route ! Au petit village de Taco Ralo, je pique-nique sur une table à l’ombre d’un arbre. La chaleur et le vent contraire ne donnent vraiment pas envie de reprendre la route. Du coup, les kilomètres ne défilent pas très rapidement. J’ai l’impression de ne pas avancer beaucoup ! La fatigue commençant à se faire sentir, je me désaltère à la terrasse d’un commerce du village de Lavalle. Un cyclo argentin vient tout à coup à ma rencontre. Juan Alberto, qui se surnomme sans modestie Superman, compte pédaler en Amérique du Sud durant une année. Après de longues discussions, nous partageons nos maigres aliments à côté de la station-service toute proche. Il me propose ensuite de camper avec lui derrière le bâtiment. Le petit terrain est cependant rempli de détritus. Il est de surcroît complètement à découvert. Peu rassuré, j‘installe quand même la tente. Avec le passe-passe des bruyants camions au carrefour des deux nationales, la nuit risque d’être bien difficile !

 

 

Vendredi 30 septembre : Lavalle - Recreo (127,9 km)

 

1.-Juan-Alberto-et-moi-au-bivouac-de-Lavalle.jpg

 

Je me lève aux aurores en même temps que mon compagnon. Il me quitte rapidement pour prendre la direction de San Fernando del Valle de Catamarca, plus à l’Ouest. Mon parcours ne varie pas beaucoup par rapport à celui de la veille. La seule différence importante est l’absence du vent. Ce qui n’est pas pour me déplaire ! C’est pourquoi j’envisage de faire une grosse étape, afin de rejoindre plus rapidement Cordoba dans quelques jours. Le ciel bas et nuageux masque en partie les montagnes de la Sierra del Alto. J’aperçois à peine leur silhouette, tellement c‘est brumeux ! J’atteins donc aisément Frias en fin de matinée. Je casse alors la graine sous un arbuste, en bordure de la nationale. Par chance, la couche nuageuse se dissipe subitement, laissant apparaître un beau soleil. Par contre, les camions roulent toujours aussi vite. Certains veulent toute la largeur de la route pour eux, tandis que d’autres klaxonnent par sympathie me faisant un geste de la main. En chemin, un splendide rapace à la tête colorée et plusieurs perruches vertes s’envolent à mon passage. De nombreux nids sont d’ailleurs construits sur les pylônes électriques, qui bordent la nationale de chaque côté. Puis, je stoppe à San Antonio de la Paz pour reprendre quelques forces. Depuis le début de journée, de nombreuses personnes engagent la conversation avec moi. Un petit vieux du village descend même de vélo pour discuter. Toutefois, mon gaillard semble beaucoup plus intéressé par ma bouteille de cerveza, que par mon récit cycliste ! Finalement, je décide de parcourir les derniers kilomètres jusque Recreo. Malheureusement, une énième crevaison stoppe une nouvelle fois ma progression. Cette fois, je monte une chambre à air toute neuve pour être tranquille. J’ai compté pas moins de douze rustines sur l’ancienne ! J’atteins alors le village à la tombée de la nuit. Après plus de 120 km, les jambes commencent à être bien lourdes ! Je discute avec un jeune commerçant bien sympathique, qui m’autorise à m’installer sur l’espace vert devant sa boutique. Le coin est encore très bruyant à cause du passage des camions. Et je ne suis pas beaucoup plus tranquillisé par rapport à la dernière nuit !

 

2.-Ane-tirant-une-charrette-a-Frias.jpg

 

 

Samedi 1er octobre : Recreo - Environs de Quilino (112,1 km)

 

1.-Le-paysage-aride-de-la-Salinas-Grandes.jpg

 

Ma nuit fut fortement perturbée par la circulation nocturne. Du coup, je ne suis pas de très bonne humeur ce matin ! Cependant, les habitants et les automobilistes qui me saluent me redonnent du baume au cœur. Il fait encore une chaleur de bête aujourd’hui ! La température doit avoisiner les 30° C ! Le paysage ne varie toujours pas par rapport aux jours précédents. Toutefois, les arbustes disparaissent petit à petit, pour laisser place à des buissons aux épines acérées. Mes jambes sont d’ailleurs égratignées de partout ! Un fort vent de côté se lève d’un coup, faisant chuter considérablement ma vitesse. A l’approche de la région de Salinas Grandes, la végétation s’éparpille entre des petits bancs de sel. A l’horizon, la grande étendue blanche étincelle sous le soleil. Il est malheureusement impossible de s’en approcher, car tout le coin est clôturé. Comme un peu partout en Argentine d‘ailleurs ! La circulation est toujours infernale. Je surveille constamment mon rétroviseur pour dégager sur le bas-côté caillouteux, lorsque deux camions se croisent à pleine vitesse. Depuis mon départ de Tucuman, tous les villages possèdent de hautes antennes de télécommunications visibles au loin. Ce n’est pas très esthétique, mais cela permet au moins de juger la distance qui reste encore à parcourir ! Comme le village de Totoralejos semble être rayé de la carte, je poursuis jusque Lucio Victorio Mansilla. Avec la chaleur, je consomme énormément d’eau ! Par chance, le vent cesse aussi brusquement qu’il est apparu. Le compteur indique déjà plus de 70 km, lorsque je pique-nique enfin à la terrasse d’un resto routier du village. Je traînaille deux bonnes heures en sirotant quelques bières, avant de poursuivre mon chemin. En fin d’après-midi, j’installe le bivouac derrière quelques arbustes au bord de la nationale. Avec le vacarme de la circulation, le coin est loin d’être idéal ! D’autant plus qu’il est infesté de petites mouches enquiquinantes, ainsi que de nombreux coléoptères qui n‘hésitent pas à pénétrer dans la tente !

 

2.-Tornado-sur-la-route-de-la-Salinas-Grandes.jpg

 

 

Dimanche 2 octobre : Environs de Quilino - Sarmiento (86,8 km)

 

1.-Cactus-devant-la-sierra-Chica.jpg

 

Les mouchettes me font décamper très rapidement. Elles se collent partout sur le visage et le corps. C’est vraiment agaçant, il y a de quoi péter les plombs ! Le soleil tente difficilement de percer les nuages gris qui couvrent le ciel. La route en faux plat montant et le vent de face rendent le pédalage bien pénible. A cela, il faut rajouter la circulation incessante ! Au bout d’une dizaine de kilomètres, je rejoins Quilino, un village non indiqué sur ma carte. Et dire que je me suis rationné en eau toute la soirée d’hier ! Quelques silhouettes de montagnes commencent à se dessiner à l‘horizon. A l’entrée de Dean Funes, je croise un voyageur suédois à vélo. Rasmus entame un périple en Amérique du Sud, au départ de Buenos Aires. Puis, je pique-nique rapidement sur le seuil d’une maison du village. La route poursuit ensuite sa légère ascension entre la Sierra Ambargasta et la Sierra Chica. Les arbustes et les épineux ont totalement disparu, cédant la place à de vastes champs s’étendant jusqu‘au pied des montagnes. Comme je commence à fatiguer, je m’accorde une pause-bière à Avellaneda. Le charmant petit village est complètement désert ce dimanche. Le coin me plaît bien pour passer la nuit, mais je tiens absolument à rejoindre Cordoba demain soir ! Une vingtaine de kilomètres plus loin, je plante la tente au bord de la nationale, au milieu de grandes plantes desséchées. A l’inverse des jours précédents, il fait bien frisquet en ce début de soirée !

 

2.-La-sierra-Ambargasta-sous-les-nuages.jpg

 

 

Lundi 3 octobre : Sarmiento - Cordoba (92,4 km)

 

1.-Le-cycliste-sur-la-piste-au-bivouac-de-Sarmiento.jpg

 

La météo semble être détraquée ! Le ciel est à nouveau couvert de nuages gris, et la température a chuté de plusieurs degrés. Mon bivouac se situe non loin du village de Sarmiento, un peu à l’écart de la route. Après l’embranchement avec la nationale 9, la circulation devient complètement folle. Les camions roulent comme des tarés ! Beaucoup klaxonnent pour me faire dégager sur le bas-côté. Ces conditions dangereuses finissent par sérieusement me taper sur le système ! A l’Ouest, la plaine agricole s‘étend toujours jusqu‘aux basses montagnes de la Sierra Chica. J’atteins ainsi rapidement la petite ville de Jesus Maria. Elle renferme une estancia jésuite du 17ème S, entourée de jolis jardins fleuris. Cette fois, la chance ne me sourit pas, car l’église et le couvent sont fermés le lundi. Avant de reprendre l’infernale route en direction de Cordoba, je pique-nique sur la petite place centrale. Après quelques kilomètres, la chaussée est beaucoup plus sécurisante grâce aux bandes d’arrêt d’urgence goudronnées. A l’entrée de la grosse agglomération, la circulation devient brusquement interdite aux vélos. La bonne blague, je fais comment ? Peut-être faut-il s’envoler ou même creuser pour rejoindre Cordoba ? La ville s’étale interminablement sur des kilomètres. Une longue avenue me mène directement au centre-ville. Je réserve de suite une chambre à l’hôtel Garden. Le tarif est élevé, mais un peu plus de confort ne fait pas de mal après ces nombreuses nuits dans la « brousse » ! Je parcours ensuite les rues illuminées et vivantes, à la recherche d’un endroit pour manger. Je trouve finalement un petit snack populaire bon marché. A mon retour, quelques gouttes de pluie commencent à tomber, mais rien de bien méchant !

 

2.-L-estancia-de-Jesus-Maria.jpg

 

 

Mardi 4 octobre : Visite de Cordoba

 

1.-La-cathedrale-et-le-cadilbo-de-Cordoba--sur-la-place-Sa.jpg  2.-L-eglise-elancee-Sagrado-Corazon-de-Jesus-de-los-Capu.jpg

 

Comme je compte rester deux jours sur place, je démarre la visite de Cordoba prématurément, de manière à voir un maximum de monuments pour être plus relax le lendemain. Les rues piétonnières commerçantes débordent de monde flânant de vitrine en vitrine. A proximité de l’hôtel, la belle cathédrale domine la place San Martin très animée. Les murs intérieurs et le plafond sont recouverts de magnifiques fresques colorées. Je pénètre ensuite dans le musée de la Mémoire. Il est installé dans l’ancien bâtiment de détention et de torture, ayant servi à l’armée durant la dictature des années 70. Un peu comme à Phnom Penh au Cambodge, de nombreuses photographies des victimes sont accrochées aux murs décrépis des cellules. Plus loin, le quartier jésuite forme un grand ensemble uni, appelé Manzana. Il comprend l’église de la Compania de Jesus renfermant un bel autel baroque, l’université national de Cordoba avec son splendide cloître, et le collège national de Monserrat. Derrière l’édifice religieux, le plafond de la chapelle domestique présente de magnifiques fresques sur des peaux de vaches tendues. Je ne peux malheureusement jeter qu’un rapide coup d’œil, car une cérémonie y est célébrée. Dans les ruelles alentour, je découvre de belles demeures coloniales coincées entre de banals buildings, ainsi qu’une crypte jésuite datant du 18ème S. Cette dernière fut redécouverte en 1989, lors de travaux pour le passage de câbles téléphoniques. Dans l’après-midi, je déambule dans le quartier de Nueva Cordoba. Seuls quelques rares bâtiments méritent le détour. Le Paseo del Buen Pastor est une ancienne chapelle transformée en salle de spectacle. Aussi, la façade de l’église élancée Sagrado Corazon de Jesus de los Capuchinos est ornée de splendides sculptures religieuses. Plus loin, le palais Ferreyra est un joli bâtiment datant du début du 20ème S, construit dans un style Louis XVI. Puis, je me balade un moment dans le vaste parc Sarmiento pour tirer quelques clichés. Je retourne ensuite au centre-ville par la rue Belgrano dans le quartier de Güemes. Elle est bordée de nombreuses boutiques d’antiquités et d’artisanat. Je finis la visite par l’église Santa Teresa à la façade rose, puis les cours intérieures du cabildo (l’hôtel de ville colonial). Après cette longue journée, je file manger dans un petit restaurant populaire. Les argentins ont pour habitude de boire du vin rouge bon marché, coupé avec de l’eau gazeuse ou de la limonade. Franchement, il y a très peu de chance que je retente l’expérience !

 

3.-Les-arcades-de-la-cour-interieure-du-cabildo.jpg

 

 

Mercredi 5 octobre : Visite de Cordoba

 

1.-Brasero-dans-la-cour-de-la-maison-colonial-de-Rafael-Nun.jpg  2.-L-eglise-Nuestra-Senora-de-la-Merced.jpg

 

Peu reposé, je poursuis tardivement la découverte de la ville. Je consacre une bonne partie de la matinée à la visite de quelques musées. Plusieurs toiles de peintres célèbres de l’école de Cordoba sont exposées dans le palais Garzon, notamment celles de Genaro Pérez. Comme je ne tiens pas à faire le malin, il faut bien reconnaître que je n’ai aucune connaissance dans ce domaine ! Plusieurs salles sont malheureusement interdites au public, à cause des travaux pour une exposition temporaire. Je retourne ensuite à la chapelle domestique de l’église de la Compana de Jesus, qui reste toujours fermée. Décidemment, la chance n’est pas avec moi aujourd’hui ! Plus loin, je pénètre gratuitement dans la maison coloniale du 18ème S du gouverneur Rafael Nunez. Elle compte de jolies cours, et plus d’une vingtaine de pièces exposant du mobilier et divers objets de l’époque. La façade blanche présente également un superbe balcon en fer forgé. J’occupe ensuite mon début d’après-midi à classer mes derniers clichés, et faire quelques recherches sur internet. Puis, je visite rapidement la basilique Nuestra Senora de la Merced, qui propose un intérieur d’un relatif intérêt. Le soir, je décide finalement de pique-niquer à l’hôtel, pour régler les derniers problèmes avant d’attaquer la dernière ligne droite jusque Buenos Aires.

 

3.-Le-cabildo-et-la-cathedrale-illumines.jpg

 

 

Jeudi 6 octobre : Cordoba - Oliva (89,7 km)

 

1.-Le-cycliste-sur-la-place-San-Martin-de-Cordoba.jpg

 

Comme souvent dans chaque grande ville, je quitte l’hôtel bien plus tard que mes prévisions. En fin de matinée, je rejoins la nationale 9 en direction de Villa Maria. Parallèle à une autoroute, je mise sur une fréquentation plus faible ! De toute façon, je n’ai pas 36 000 possibilités pour atteindre Buenos Aires ! En tout cas, de nombreux travaux sur la chaussée rendent la sortie de Cordoba encore plus pénible. A cause d’une forte secousse causée par un gros trou, la bouteille de bière que je viens juste d’acheter s’explose sur le bitume. Sacrilège ! Cela m’apprendra à ne pas fermer correctement mes sacoches ! Un peu plus loin, je pique-nique dans un petit parc situé dans les faubourgs de la ville. Le paysage alentour est ensuite assez banal ! D’immenses champs céréaliers tapissent la plate pampa. De plus, le vent qui souffle fortement de côté me fait encore des misères. « Il ne me lâchera donc jamais ! ». Sur la chaussée, un serpent vient juste de se faire écraser. Son corps ondule encore nerveusement pour tenter d’avancer. Le trafic routier est par contre moins important que je l’imaginais. Toutefois, l’absence de bandes d’arrêt d’urgence goudronnées rend la circulation à vélo assez dangereuse ! D’autant plus que certains automobilistes roulent comme des cons ! L’un d’eux double même sur le bas-côté herbeux à ma droite, pour esquiver un camion qui freine derrière moi. Si j’avais dégagé pour laisser passer le poids lourd, c’était l’accident assuré ! A quelques kilomètres d’Oliva, je plante la tente derrière quelques arbustes sur une aire de repos. Une bande de chiens n’arrêtent pas d’aboyer, j’espère qu’ils vont la fermer avec la nuit tombée !

 

2.-Serpent-sur-la-route.jpg

 

 

Vendredi 7 octobre : Oliva - Bell Ville (124 km)

 

Ciel-menacant-au-dessus-des-champs-de-Villa-Maria.jpg 

 

Un orage a tourné dans le coin une bonne partie de la nuit. Il a ramené du même coup la pluie. J’attends alors une légère accalmie pour décamper. La malédiction des compteurs frappe encore ! Le nouveau acheté à Salta montre des signes de faiblesse. J’ai d’ailleurs bien du mal à le relancer ! Tous ces petits inconvénients me font démarrer l’étape bien tardivement. Sur la petite place d’Oliva, quelques avions de combat de l’armée sont curieusement exposés. Par chance, le crachin a cessé, mais les nuages gris et noirs restent toujours menaçants. Les champs et les prairies se succèdent continuellement entre les villages. Rien ne change vraiment par rapport à hier ! Des rongeurs, ressemblant à des marmottes de petite taille, détalent dans les fossés à mon passage. De même, il y a un nombre incroyable de variétés d’oiseaux : grandes perruches vertes, passereaux colorés, rapaces et échassiers. Après une bonne soixantaine de kilomètres, je casse la croûte en bordure de la nationale, à la sortie de la petite ville de Villa Maria. Je profite également d’une des rares éclaircies pour faire sécher la tente au soleil. Puis, je pédale encore et encore durant de longues heures. Juste après le village de Bell Ville, je bifurque sur un sentier en terre pour trouver un coin tranquille. Tout est à nouveau clôturé ! Toutefois, j’enjambe les barbelés pour installer le campement derrière quelques buissons. Le coin est rempli de crottins de cheval, mais après un peu de nettoyage, cela fait l’affaire ! Comme la circulation est moins pire que ce que j’attendais, je prends la décision de poursuivre l’itinéraire jusque Rosario.

 

 

Samedi 8 octobre : Bell Ville - Armstrong (109,2 km)

 

Champs-inondes-a-Armstrong.jpg

 

Pour la énième fois, ma roue avant est à plat ! En fait, la chambre à air s’use par frottement avec mon pneu complètement mort. Il va quand même falloir le remplacer pour la dernière partie du voyage ! Après une longue discussion avec un conducteur qui me proposait son aide, je peux enfin prendre la route. Le vent souffle terriblement de trois-quarts face. Il commence sérieusement à me gonfler ! C’est le cas de le dire ! Je pédale ainsi péniblement, sans énormément progresser. Je peste, je râle, je l’insulte… et brusquement, il s’estompe comme s’il m’avait entendu ! Du coup, je profite de l’aubaine, et poursuis mon chemin jusque Leones sans m’arrêter. Ma vitesse augmente alors de plus de 10 km/h. En contrepartie, il s’est mis à pleuviner ! La pampa devient complètement masquée par la bruine. A l’entrée du village, je m’arrête boire un verre à la terrasse couverte d’un commerce. Impressionné par le vélo, un client m’invite à sa table pour discuter. Une vraie pipelette ! Il débite tellement vite en espagnol que je finis par décrocher ! Je préfère même pique-niquer un peu plus loin près de la gare routière, pour être un peu plus au calme. La pluie cesse enfin, mais le ciel reste toujours aussi menaçant. A Marcos Juarez, je tourne longuement pour me ravitailler. Une nouvelle fois, toutes les épiceries sont fermées à l’heure de la siesta. Cela devient pénible ! Quelques dizaines de kilomètres plus loin, au niveau de Tortugas, la circulation est beaucoup moins importante. A mon grand bonheur, de nombreux chauffeurs préfèrent emprunter l’autoroute pour Rosario. Avec toutes ces terres fertiles, les parcs industriels autour des villages sont majoritairement tournés vers l’agroalimentaire (conditionnement de céréales, laiterie, fromagerie et autres). A l’entrée d’Armstrong, je m’écarte de la nationale pour bivouaquer au bout d’un grand champ. Le terrain est assez boueux, mais je n’ai pas d’autres choix ! Malheureusement, la pluie reprend de plus belle à la tombée de la nuit. J’espère seulement que ce n’est que passager, car la tente risque fortement de se retrouver dans une mare d’eau demain matin.

 

 

Dimanche 9 octobre : Armstrong - Rosario (Granadero Baigorria) (120,7 km)

 

Toujours-des-champs-inondes-aux-environs-de-Carcanara--.jpg

 

Avec toute l’eau tombée durant la nuit, les grenouilles sont à la fête ! Je patauge un peu dans la gadoue, mais il faut reconnaître que je m’attendais à bien pire ! Le ciel est toujours grisâtre, et un fort vent s’est levé. Tout cela ne motive pas pour décoller ! Néanmoins, je suis agréablement surpris de constater qu’il souffle quasiment dans ma direction. Comme durant ces derniers jours, le paysage champêtre reste plat comme une crêpe ! Je pédale ainsi très facilement une bonne cinquantaine de kilomètres jusque Carcarana. Je pique-nique alors dans une rue paisible, à peine troublé par quelques chiens errants. A la sortie du village, un automobiliste admiratif demande de m’arrêter pour discuter sur le bord de la chaussée. Tout semble se dérouler sans anicroche, lorsque soudain mon pneu arrière se retrouve à plat. Ce n’est pas possible, je vais devenir fou ! Si ce n’est pas l’un, c’est l’autre ! Forcément à l’approche de Rosario, la circulation s’intensifie. Je traverse les vastes faubourgs jusqu’au centre de la grosse ville. Fascinées par mon vélo lourdement chargé, de nombreuses personnes me félicitent à nouveau. Cela fait toujours plaisir ! Comme il se fait déjà tard, je cherche un logement dans les hôtels du centre. C’est incroyable, il n’y a aucune chambre bon marché disponible ! Du coup, je reviens sur mon idée première, c’est-à-dire rejoindre le camping municipal de Granadero Baigorria, une petite dizaine de kilomètres plus au Nord. En plus du manque d’indications, des travaux m’embrouillent encore plus. Toutefois me fiant à mon sens de l’orientation, je suis fier de rejoindre le terrain sans grande difficulté. Il est situé à proximité du fleuve Parana, le deuxième plus long en Amérique du Sud après l‘Amazone. Comme c’est la fin du week-end, le camping est assez bruyant ! Les gens sont vraiment sans gêne ! Ils mettent la musique à fond, crient, chantent sans se préoccuper des autres. A cela, il faut rajouter les aboiements des chiens, à cause d’un gugusse qui fait mumuse avec sa bruyante moto dans le quartier !

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