Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 11:32

Lundi 20 juin 2011 : Melbourne

 La-gare-de-Melbourne.jpg

Le temps est identique à la veille. Ce n’est pas encore aujourd’hui que je pourrais tirer de beaux clichés de la ville ! Dans la matinée, je me rends dans une agence de voyage afin de régler mon vol en direction de l’Amérique du Sud. En effet, je ne tiens pas à avoir la même farce avec le surplus de poids des bagages comme à Singapour. La fille bien sympathique se démène pendant deux bonnes heures pour me trouver le tarif le moins élevé. Finalement, il m’est impossible de payer avec ma carte bancaire. Encore un pépin de plus ! Je file ensuite retrouver Natacha et Samuel pour pique-niquer sur Federation Square. Puis, j’arpente rapidement les rues pour découvrir quelques anciens bâtiments massifs, notamment le parlement, le Town Hall, la bibliothèque du Victoria et les bains publics. Je rentre ensuite précipitamment chez Rosemary et Dick, pour tenter de régler ce nouveau problème depuis la France. La malchance me poursuit, car la banque est fermée ce jour. Du coup, il me faudra certainement rester une journée de plus à Melbourne ! Je passe ensuite la soirée avec mes hôtes. Dick m’explique sa traversée à vélo de l‘Australie pour une cause humanitaire en Afghanistan. Rosemary a préparé à nouveau un excellent plat. Depuis deux jours, je suis gâté ! C’est certain que cela me change de mes médiocres pâtes quotidiennes !

 

 

Mardi 21 juin : Melbourne

 1.-Sculpture-moderne-devant-l-eglise-St-Patrick.jpg

Encore une journée bien ordinaire ! A cause du décalage horaire de huit heures, il me faut attendre la fin de l’après-midi pour que mon père puisse régler le problème de paiement en France. Généreusement, Rosemary et Dick me proposent de séjourner une nuit de plus dans leur maison. Dans la matinée, je repars vers le centre-ville, en m’attardant un peu plus sur certains monuments moins touristiques. Je pénètre notamment dans la sobre cathédrale St Patrick. Tout comme St Paul, l‘intérieur est assez dénudé. Je me balade ensuite dans les jardins de Fitzroy, comprenant le cottage de style anglais du célèbre navigateur Cook. Puis, je me dirige dans le quartier de Southbank pour découvrir les différents bâtiments consacrés à l‘art et la culture. Le coin ne m‘emballe pas vraiment ! A cause du mauvais temps, je renonce au quartier de St Kilda, situé quelques kilomètres plus au Sud. Je flâne alors au hasard des rues commerçantes du centre. Dans un magasin de photographies, plusieurs centaines d’anciens appareils sont exposés derrière une grande vitrine. Je retrouve d’ailleurs certains de mes vieux boîtiers ! Je retourne ensuite à l‘agence pour le paiement du billet d‘avion. Finalement, seule la moitié de la somme est réglée. Après quelques bières australiennes, je retrouve pour une dernière soirée Rosemary et Dick.2.-Marches-decorees-dans-la-City.jpg

 

 

Mercredi 22 juin : Melbourne - Launching Place (65,7 km)

Rosemary--Dick-et-le-cycliste.jpg

 

Ouf ! La totalité de la somme pour le vol en direction de Lima a pu être réglée à l’agence. En fin de matinée, je peux quitter mes hôtes pour poursuivre l’aventure. Il faut bien reconnaître que j’ai été reçu comme un roi ! C’est d’autant plus généreux, car Dick vient juste de subir une importante intervention chirurgicale du cœur. Je pique-nique très rapidement dans les jardins de Carlton, avant de m’élancer vers 13 h. C’est fou comme l’heure tourne vite lorsque je suis hébergé chez des gens ! Je quitte ainsi Melbourne vers l’Est, traversant des quartiers résidentiels plus aérés. Vraiment rien de bien emballant ! Le temps, déjà bien maussade ce matin, se dégrade encore plus au fil de l’après-midi. Un crachin commence même à tomber, masquant totalement le paysage. C’est pourquoi j’abandonne le parcours cycliste dans les vignobles de la vallée de Yarra. En effet, la région comprend plus de 80 producteurs de vin. Je poursuis alors sur la nationale 34 avec son trafic routier. Elle fait le yoyo dans les basses collines, avec parfois des pentes qui atteignent les 10 %. La pluie ne tarde pas à me tremper des pieds à la tête. Avec la nuit qui tombe, pédaler dans ces conditions devient extrêmement dangereux. Je préfère ainsi stopper à Launching Place, pour me réchauffer dans l’unique pub du hameau. Je suis complètement frigorifié ! Le jeune gérant s’intéresse largement à mon aventure. Il me propose d’installer la tente dans le beer garden, un petit jardin aménagé derrière le bâtiment. Une appellation qui m‘est prédestinée ! Le terrain herbeux est cependant gorgé d’eau. De toute façon, les pâtures alentour sont complètement inondées. Il finit par m’inviter à l’intérieur pour sécher ma carcasse près de la cheminée. Pas radin pour un sou, Brad me fait goûter plusieurs bières australiennes. Il me fournit même du carton paraffiné pour allumer plus facilement le feu. Nous discutons longuement jusqu’à des heures tardives. En effet, il est 2 h du mat, lorsque je rejoins la tente. Aussi, j’espère une meilleure météo pour demain ! Il n’aura fallu qu’une après-midi de pédalage pour retrouver la galère !

 

 

Jeudi 23 juin : Launching Place - Willow Grove (87,5 km)

 1.-La-vallee-de-la-riviere-Yarra.jpg

Les pluies durant la nuit ont rendu le terrain complètement boueux. Un vrai bourbier ! Mon matériel se retrouve rapidement maculé de gadoue. De plus, Brad a fermé tous les accès au jardin. Complètement bloqué, il me faut passer Tornado et les sacoches au-dessus de la palissade. C’est pourquoi je pars plus tard que mes prévisions ! Le ciel bleu du matin va très vite changer de couleur avec l’arrivée de nuages gris. Après Yarra Jonction, la route devient beaucoup moins fréquentée. Pourtant la veille, quelques clients m’avaient mis en garde sur les gros camions qui circulent sur cet axe. De nombreux panneaux rappellent d’ailleurs le danger. Etrangement, je n’en croiserai que très peu ! La route s’enfonce dans les montagnes parsemées d’épaisses forêts. Après l’ancien village minier de Poweltown, elle grimpe progressivement jusque 350 mètres. Elle replonge ensuite jusque Noojee. Les arbres qui bordent la chaussée masquent malheureusement le paysage. Juste avant le village, je découvre le grand pont en bois ferroviaire qui date de la fin du 19ème S. La vue depuis sa hauteur donne sur les forêts alentour. Je casse ensuite la croûte sur une aire de pique-nique du centre, en bordure de la petite rivière Latrobe. Plusieurs entreprises d’exploitation du bois sont implantées dans le coin. Du coup, une odeur de feu de bois embaume l’air ambiant. La météo indécise finit par devenir de plus en plus pourrie. La route suit durant quelques kilomètres le petit cours d’eau. Elle s’élève ensuite fortement dans la montagne jusque 550 mètres d‘altitude. Soit 300 mètres de dénivelé positif ! La pente reste également assez élevée, aux alentours des 10 %. « Fucking mountain to climb… » pour reprendre les termes des clients du pub de la veille ! Je bifurque ensuite à travers une forêt d’eucalyptus. Etrangement, les arbres perdent leur écorce, laissant apparaître des troncs blancs. Il y en a partout sur la chaussée, déjà rendue bien glissante avec la pluie. C‘est pourquoi j‘amorce la descente avec vigilance. Les montagnes boisées font ensuite place à de hautes collines verdoyantes, rendues bien sombres avec le ciel gris et bas. Mon parcours continue à osciller jusque End Hill qui, comme son nom l’indique, marque la fin du relief. Je plonge alors jusque Willow Grove dans la lumière crépusculaire. Juste avant le village, j’installe la tente en bordure de la route peu fréquentée. Il ne faut que quelques minutes pour que je tombe de sommeil ! 

 2.-Danger-avec-les-ecorces-d-eucalyptus.jpg

 

Vendredi 24 juin : Willow Grove - Heyfield (82,3 km)

  1.-Le-lever-de-soleil-sur-le-Blue-Rock-Lake.jpg

 

Au réveil, j’assiste au lever du soleil qui embrase magiquement le lac Blue Rock, situé juste en face de mon campement. Par contre, j’ai la désagréable surprise de constater une nouvelle casse d’arceau de la tente. « Tiens, j’ai l’impression de me répéter ! ». Cela devient de plus en plus pénible ! Je vais finir par péter les plombs ! Je poursuis mon chemin avec un agréable vent dans le dos. Afin d’éviter la grosse nationale Princes Highway, j’emprunte de petites routes bucoliques un peu plus au Nord. Elles n’arrêtent pas de monter et descendre dans les collines. Un vrai casse-pattes ! Toutefois, c’est certainement beaucoup plus agréable que la grosse circulation dans la vallée ! D’autant plus qu’elle est encombrée par de nombreuses usines et centrales électriques qui crachent leurs fumées polluantes ! Cependant, mon parcours devient plus fréquenté après la petite ville de Yallourn North. Fort heureusement, la route s’aplanit tout doucement au fil des kilomètres. Je pique-nique ensuite sur une aire de Glengarry, avant de tenter une énième réparation de la tente. Forcément, je perds beaucoup de temps ! Puis, mon itinéraire traverse de grands pâturages occupés par le bétail. Le soleil montre enfin le bout de son nez en milieu d’après-midi. Afin de gagner quelques kilomètres, j’emprunte une piste qui coupe à travers les grandes prairies pour joindre Heyfield. A mon arrivée dans la petite ville, c‘est déjà bientôt la tombée de la nuit ! Du coup, j‘hésite longuement à poursuivre mon parcours. Finalement, je décide de pousser la porte du pub. Les écrans diffusent des courses de chevaux et de lévriers qui passionnent les clients. Plus tard, j’installe la tente dans un bosquet d‘arbustes bourré d‘araignées, à la sortie de la ville. Comme j’ai perdu l’œilleton du viseur de mon appareil photo, je retourne à pied au lieu de mon dernier cliché. En vain ! 2.-Eucalyptus-dans-une-prairie-avant-Heyfield.jpg

 

 

Samedi 25 juin : Heyfield - Bairnsdale (88,5 km)

 

  Veaux-regardant-le-cycliste-en-train-de-pedaler.jpg

 

Après les arceaux, c’est la fermeture éclair de la tente qui déconne ! Surtout, rester calme sinon je vais tout envoyer balader ! Après une bonne heure d‘énervement, je peux enfin quitter Heyfield. La route traverse toujours de grands pâturages sans relief, illuminés par le soleil matinal. A Maffra, je profite de la bibliothèque publique pour résoudre quelques pépins banals sur internet. Je pique-nique ensuite dans un petit parc au centre du village. Avec tous ces problèmes, l’heure est déjà bien avancée, et je n’ai parcouru qu’une vingtaine de kilomètres ! C’est pourquoi je décide de rejoindre Bairnsdale directement par la nationale Princes Highway. Je m’étais pourtant juré de ne pas l’emprunter ! En effet, les routes secondaires au Nord et au Sud rallongent considérablement le parcours. A ma plus grande satisfaction, la circulation n’est pas aussi importante que je me l’imaginais. De plus, il y a très peu de camions qui roulent. J’ai déjà connu bien pire durant mon aventure ! Il reste cependant toujours quelques abrutis qui klaxonnent pour s’accaparer la chaussée. Je pédale ainsi à vive allure à travers les prairies et les maigres forêts, occupées par de majestueux perroquets blancs qui braillent à mon passage. J’atteins alors la ville en fin d’après-midi. Ce n’est qu’une succession de bâtiments industriels et commerciaux en direction du centre ! Comme à mon habitude, je bois un verre au pub. L‘accueil antipathique du patron précipite mon départ. J’installe alors mon bivouac dans un bosquet d’arbres, en bordure d’un grand parc herbu. La nuit risque de nouveau d’être bien froide.

 

 

Dimanche 26 juin : Bairnsdale - Tambo Crossing (64 km)

 

    1.-Maison-en-bois-de-Bruthen.jpg

 

C’est fou ce que je peux perdre du temps pour des futilités ! Je démarre encore l’étape avec une bonne heure de retard sur mes prévisions. Bairnsdale n’est pas très intéressant. La petite ville renferme cependant une église en briques rouges, qui tranche sur le beau ciel bleu. Un grand marché aux puces, rassemblant pas mal de monde, se tient également à la sortie de la localité. Après quelques kilomètres, je quitte enfin la nationale Princes Highway pour la route Great Alpine Road. Elle s’enfonce immédiatement dans les collines couvertes de pâturages, où paissent des milliers de vaches et de moutons. Malgré quelques légères côtes, j’atteins aisément Bruthen. Il est encore relativement tôt, mais je préfère pique-niquer au centre du petit village. Une micro-brasserie se trouve à proximité. L’appel de la bière étant trop fort, je m’en vais goûter la spécialité locale : la Mossiface Pale Ale. Deux retraitées, subjuguées par mon aventure, viennent à ma rencontre pour discuter longuement. Au centre d’informations, la gentille dame ne me renseigne pas vraiment sur l’état des routes. Elle semble complètement dépassée par les évènements ! Je poursuis alors mon chemin en direction d’Omeo. La route s’élève sur les hauteurs jusque 350 mètres, à travers les forêts tropicales. Les pentes restant peu élevées, je prends plaisir à grimper. D’autant plus que le soleil brille de mille feux ! Malheureusement, les arbres au bord de la chaussée masquent le paysage alentour. Je dévale ensuite jusqu’à la mignonne vallée de la rivière Tambo, enserrée par des montagnes couvertes principalement d‘eucalyptus. Elle se faufile jusqu’au village de Tambo Crossing, blotti dans de hautes collines dénudées. Juste avant la tombée de la nuit, j’installe la tente en bordure du cours d’eau, au lieu-dit Haunted Stream qui signifie le ruisseau hanté. Pas très rassurant ! D’autres ont également d’inquiétants noms comme ceux de Snakes Back, Devils Backbone ou Dead Horse Flat. Il est à peine 17 h. Complètement isolé, je m’occupe tant bien que mal durant ces longues heures avant le coucher.

 

  2.-La-riviere-Tambo-dans-la-lumiere-crepusculaire.jpg

 

Lundi 27 juin : Tambo Crossing - Omeo (65,7 km)

1.-La-riviere-Tambo-serpentant-dans-les-montagnes.jpg     

 

Les premiers rayons du soleil réchauffent tout doucement mes mains complètement engourdies par le froid. A cause du poids du vélo chargé, j’ai bien du mal à remonter le talus pour rejoindre la chaussée. La route continue de sinuer agréablement dans la vallée, en suivant approximativement la rivière Tambo. Du coup, le joli paysage montagneux reste assez identique à celui de la veille. Dans une grande prairie, des centaines de perroquets blancs s’envolent majestueusement à mon passage. Je tente bien une chasse photographique, mais j’ai l’impression que les volatiles s’amusent avec moi. A chaque approche, une sentinelle perchée sur un arbre donne l’alerte, et la colonie déguerpit aussi vite. Malins les bestioles ! Je rejoins Swifts Creek pour pique-niquer dans la rue principale. Le petit village possède une usine de transformation de bois en palettes. De nombreux troncs d’arbres sont d’ailleurs entreposés à côté du bâtiment. La route longe encore le cours d’eau sur quelques kilomètres, puis grimpe dans les collines déboisées. La grimpette sous le soleil reste cependant assez aisée. Je reprends ainsi plus de 400 mètres de dénivelé, pour atteindre un plateau perché à plus de 700 mètres. Depuis le sommet, la splendide vue sur la vallée mérite bien ce petit effort ! A cette altitude, le froid se fait plus ressentir. A cause de la transpiration provoquée par la montée, j’atteins Omeo en fin d’après-midi complètement frigorifié. Du coup, je cherche immédiatement un pub pour me réchauffer. A mon grand désespoir, les clients m’apprennent que les routes pour Corryong sont bloquées par la neige. Je suis complètement abattu. Il va certainement falloir changer mon itinéraire. Peut-être même faire demi-tour pour rejoindre la côte et la désagréable nationale Princes Highway ! On verra tout cela demain ! J’espère seulement avoir assez de temps pour attraper mon vol à Sydney ! Alors que la nuit glacée est tombée, je m’écarte un peu du village pour planter la tente sur une butte surplombant la route. 3.-La-vallee-de-la-riviere-Tambo-dans-la-montee-vers-Ome.jpg

  2.-Tornado-ne-fait-pas-le-poids--.jpg

 

Mardi 28 juin : Omeo - Trolley Wheel Gap (72,4km)

 

1.-Brume-matinale-dans-les-montagnes-pres-d-Omeo.jpg

 

Le thermomètre sur mon compteur indique une température d’un petit degré Celsius. De plus, une brume matinale masque le soleil. Bref, ça caille sec ! Toujours indécis, je me rends au bureau du parc national Alpine. La fille me rassure quant à l’état de la route C545 que je voulais prendre. Avec le vélo, ça devrait passer ! Quand je pense aux personnes alarmistes qui me déconseillaient de l’emprunter ! Sans le vouloir, les gens vous mettent dans le doute. Ils vous indiquent une longue distance, ou bien une forte montée. Rien de tel pour saper le moral d’un cycliste ! Je démarre l’étape dans le brouillard. On ne voit rien à plus de 50 m ! A la sortie d’Omeo, la route grimpe immédiatement d’un bon 200 mètres sur le mont Mac Millians. La brume commence à se dissiper lentement dans la montée. Il est vraiment agréable de sentir les premiers rayons réchauffer tout doucement son corps ! A plus de 900 mètres, je découvre le splendide paysage de basses montagnes, couvertes de vastes prairies brûlées par le soleil. J’aperçois également les premiers sommets enneigés au loin. Je plonge ensuite de 200 mètres vers le village de Benambra. Même s'il est encore tôt, je préfère pique-niquer sur place. J’en profite pour faire sécher la tente encore bien givrée. La route suit ensuite le ruisseau Morass Creek sur le plateau d‘altitude. Des panneaux indiquent en effet que le col de Sassafras est fermé pour cause d’enneigement. Tant pis, on verra bien ! Après quelques kilomètres, elle se transforme en une piste bien damée. Elle oscille légèrement, surplombant par endroits le cours d’eau. Malheureusement, la végétation masque bien souvent le paysage. Elle rejoint ensuite la rivière Gibbo, puis grimpe dans la montagne en sinuant. A nouveau, de nombreux perroquets blancs s’envolent en me narguant (des cacatoès à huppe jaune pour les ornithologues !). La montée n’est pas bien difficile. J’atteins aisément le petit col de Trolley Wheel Gap à environ 850 mètres, situé dans l’ascension du Sassafras Gap. J’installe alors rapidement le bivouac, avant que le froid tombe. Puis, je fais un petit feu de bois devant la tente, pour ne pas finir en barquette dans le rayon surgelé d‘un supermarché. Je suis complètement seul en pleine nature, car il n’y a quasiment personne qui emprunte cet itinéraire. J’adore ce genre de situation !

  2.-Feu-de-bois-a-Trolley-Wheel-Gap.jpg

 

Mercredi 29 juin : Trolley Wheel Gap - Corryong (79,1 km)

 

  1.-Le-sommet-enneige-du-mont-Bogong.jpg

 

Forcément à plus de 850 mètres d’altitude, la nuit a été très, très froide ! La température est descendue en dessous de 0°C. La toile de tente est complètement givrée, et l’eau dans les gourdes commence à geler. La piste redescend de quelques dizaines de mètres, puis poursuit son ascension en serpentant dans les montagnes couvertes d’eucalyptus. De nombreux arbres portent encore les traces du terrible incendie qui a dévasté la région en 2003. Aussi, les tronçons à l’ombre sont encore verglacés, tandis que d’autres sont rendus boueux par les rayons chauffants du soleil. Après une petite quinzaine de kilomètres, j’atteins enfin le sommet du Sassatras Gap, à presque 1300 mètres d’altitude. Bizarrement, la piste continue de monter jusque 1342 mètres. Elle oscille ensuite sur la ligne de crête, puis plonge vertigineusement dans la vallée de la rivière Nariel située 900 mètres plus bas. Comme certains endroits sont devenus glissants par le dégel, j’amorce la descente avec prudence. Je ne tiens pas à chuter une troisième fois, d’autant plus que personne ne peut me venir en aide en cas de problème ! Au détour d’un virage, le sommet enneigé du mont Bogong apparaît subitement entre la dense végétation. Après cette folle descente, je stoppe à une aire de pique-nique de Nariel pour reprendre quelques forces. La route redevient bitumée au niveau du village. Elle longe la rivière au fond de la large vallée verdoyante, bordée de basses montagnes couvertes de forêts. Seules quelques fermes d’élevage de bovins brisent l’isolement du lieu. Puis, je retrouve la circulation sur la nationale Murray Valley Highway, à quelques kilomètres de Corryong. J’atteins finalement la petite ville au soleil couchant. Je pénètre dans un pub pour recharger notamment mes batteries d’appareil photo qui se déchargent à vitesse grand V à cause du froid. Faut bien trouver une excuse ! Etrangement, le tarif des bières se joue aux dés dans la bonne humeur. Encore une fois, une dame m’annonce que mon itinéraire dans les prochains jours est extrêmement difficile. Pas vraiment rassurante la bonne femme ! Puis, j’installe la tente dans un bosquet situé dans un parc public.

  2.-Cabane-isolee-dans-la-vallee-de-la-riviere-Nariel.jpg

 

Jeudi 30 juin : Corryong - Barrage de Tooma (64,4 km)

 

Le-mont-Kosciuszko-dans-la-brume.jpg

 

La brume a encore envahi la région. Avant de démarrer l’étape, je me renseigne au bureau d’informations de Corryong, sur la route qui traverse le parc national de Kosciuszko en direction de Cabramurra. Elle est malheureusement bloquée pour cause d’enneigement. On me déconseille vivement de l’emprunter. De toute façon, le paysage est noyé dans le brouillard. Toutefois, je décide de suivre mon itinéraire initialement prévu, et d’aviser en chemin. Après le petit col de Towong Gap à 425 mètres, je traverse de grandes prairies complètement plates, occupées par les vaches et les moutons. En chemin, la province de Victoria cède sa place à celle de Nouvelle Galles du Sud. Puis, un panneau indicateur m’induit en erreur. Trouvant le parcours peu accidenté, j’essaye vainement de me renseigner dans une ferme. Du coup, je préfère faire demi-tour, certain de m’être trompé ! En effet, il indique Cabramurra par un long itinéraire plus au Nord. Je retrouve ainsi la bonne route qui commence à grimper. La brume se dissipant petit à petit dévoile le sommet enneigé du mont Kosciuszko. La plus haute montagne d’Australie culmine à 2229 mètres d’altitude. Puis, je fais un aller-retour vers le village de Khancoban, juste pour tirer un cliché. Comme le beau temps semble s’être installé, j’emprunte cette fameuse route « interdite » dans les Snowy Mountains, malgré les panneaux informant de l’enneigement. Comme c’est passé au col de Sassatras Gap, je tente le coup ! Un gardien me rattrape rapidement après quelques kilomètres. Il me laisse finalement filer après discussion, me prenant sûrement pour un fou. Après le pique-nique sur l’aire de Bradney’s Gap, la grimpette se complique. Elle monte terriblement dans la montagne jusque 850 mètres, à travers les forêts d’eucalyptus. Les pentes atteignent bien souvent les 10 %. Dur, dur ! Je croise quelques ouvriers qui ne m’interdisent pas le passage. Du coup, je continue mon chemin. Après une courte descente, la route poursuit son élévation. La neige et quelques plaques de verglas commencent à apparaître à 1100 mètres, mais rien de bien dangereux ! Avec l’altitude, les arbres disparaissent progressivement. J’atteins alors une grande étendue d’eau à 1250 mètres, retenue par le barrage de Tooma. Avant que le froid ne tombe avec la nuit, j’installe la tente un peu plus loin dans une petite prairie. Puis, j’allume à nouveau un feu de bois. L’eucalyptus brûle vraiment bien ! Je reste cependant vigilant, car l’herbe s’embrase très rapidement. Il y a un superbe ciel étoilé, mais ça caille de trop !

 

 

Vendredi 1er juillet : Barrage de Tooma - Happy Jacks Trail (24,6 km)

  1.-Petit-ruisseau-dans-les-Snowy-Mountains.jpg

 

L’air est glacial dans la tente. Mon compteur indique une température de -5°C. Autant dire que je ne suis pas pressé de sortir de mon duvet douillet ! Par contre avec ce froid, le ciel est complètement dégagé. Pendant le démontage du campement, j’aperçois un majestueux loup blanc (ou un dingo !) se dressant à une cinquantaine de mètres. Il m’observe un moment, puis détale d’un coup. Dommage pour le cliché ! Les hurlements qui suivent me confirment la présence des canidés dans la région. J’ai plus l’impression d’être dans le Grand Nord canadien qu’en Australie ! Puis, la route oscille entre 1300 et 1500 mètres d‘altitude. Je suis d'ailleurs bien surpris que cela monte encore ! La neige se fait également plus présente. Cela commence sérieusement par m’inquiéter ! Forcément plus loin, la route disparaît sous une couche neigeuse. Comme je n’aime pas renoncer aussi rapidement, je m’engage en poussant le vélo. Reste à espérer que ce n’est que pour une courte distance ! J’atteins alors une aire de pique-nique baptisée Bradleys and O’Briens Hut, en ayant parcouru que très peu de kilomètres. Aussi, de nombreuses empreintes d’animaux jalonnent le parcours. Comme le soleil a ramolli la neige, j’hésite longuement à poursuivre. En effet, mes pieds s’enfoncent jusqu’aux chevilles, et les roues de mon vélo s’enlisent continuellement. Cela devient extrêmement épuisant ! Me voilà donc coincé sur une route fermée, complètement esseulé ! Désormais, faire demi-tour s’avère aussi difficile que de poursuivre. Cependant malgré les indications de ma carte, j’ai l’impression de toucher au but. Il faut aussi reconnaître que je suis un peu butté ! Du coup, je délaisse Tornado pour partir en éclaireur, afin de juger de l’état de la route en amont. Au bout de quelques kilomètres de marche, je pense avoir trouvé mes repères. En plus, les traces de pneus d’un véhicule mettent à nu le bitume. Je devrais en toute logique pouvoir pédaler à nouveau ! Je rebrousse alors chemin pour retrouver ma monture. Cependant, il est bien trop difficile de pousser un vélo chargé dans les côtes enneigées. C’est pourquoi je fais plusieurs allers-retours, pour monter mon matériel jusqu’à un endroit repéré pour bivouaquer. Après ce pénible moment, j’installe la tente sur du gravier entre deux plaques de neige, au niveau du sentier Happy Jacks Trail. (Tiens, cela me rappelle une boite de nuit en Belgique !). Pour ajouter un peu plus de piment, un autre arceau de la tente casse net. De plus, il fait quasiment noir ! J’allume ensuite un feu de bois pour sécher notamment mes chaussures complètement trempées. Demain matin, je mise sur la neige encore glacée par le froid nocturne, pour atteindre Cabramurra avant l’heure de midi. J’espère ne pas m’être trompé, car une nouvelle nuit sur cette route m’obligerait à me restreindre sur la nourriture.

3.-Les-Snowy-Mountains.jpg

 

 2.-Faut-pousser-sur-la-route-enneigee--.jpg

 

Samedi 2 juillet : Happy Jacks Trail - Yarrangobilly (70,9 km)

 

1.-Le-campement-dans-la-neige.jpg

 

La nuit a été moins froide que la précédente. Tout est relatif, car il fait à peine 2°C ! Par contre, le ciel est couvert de nuages gris. Comme prévu, je décampe rapidement pour profiter de la neige encore glacée. Il est beaucoup plus facile de pousser le vélo chargé dans ces conditions. Toutefois, je reste sur mes gardes, car de grandes plaques de verglas risquent de me faire chuter à tout moment. Dans la raide descente, je retrouve les fameuses traces de pneus dans la neige qui facilitent ma progression. Les arbres couverts de givre sur les montagnes rendent le paysage féerique. Quelques 450 mètres plus bas, j’atteins le barrage de Tumut Pond dans la vallée de la rivière Happy Jacks. Aussi, je suis heureux de constater que la route est désormais dégagée. Elle s’élève à flanc de montagnes, offrant de splendides vues sur le lac artificiel. De plus, le soleil montre enfin le bout de son nez. Je rejoins alors Cabramurra à 1488 mètres d‘altitude. Le plus haut village d’Australie est plutôt une station de ski bien moche, avec de nombreux chalets modernes alignés au cordeau. Du coup, je ne m’y attarde pas. Je poursuis alors mon parcours qui n’arrête pas de monter et descendre dans les montagnes, entre 1400 et 1500 mètres. Les pentes atteignent même parfois les 10 %. Comme je commence à manquer d’énergie, je mange à côté d’une nouvelle plantation d’arbustes au bord de la chaussée. Après une dernière grimpette, j’atteins un plateau d’altitude dégarni recelant de nombreuses roches affleurant. Avec les températures négatives de ces derniers jours, le petit lac artificiel Three Mile est à moitié glacé. Je rejoins ensuite la nationale Snowy Mountains Highway, au lieu-dit de Kiandra. Après quelques kilomètres, le plateau désertique cède sa place à des prairies et des forêts d‘eucalyptus qui parsèment les montagnes. Aussi, il faut absolument que je me ravitaille, car je n‘ai quasiment plus rien à grailler. Je suis cependant surpris de ne rien trouver à Yarrangobilly. L’ancienne localité a été totalement abandonnée, il y a plusieurs dizaines d‘années. Il ne subsiste d'ailleurs qu’une maison en bois, à côté d’une aire de pique-nique. Je décide alors de poursuivre mon chemin jusque la tombée de la nuit, pour me rapprocher au plus près de Talbingo. Une bonne dizaine de kilomètres plus loin, j’emprunte une piste pour planter la tente dans la forêt. A cause du froid, un nouveau feu de bois s’impose. Je soupe avec quelques maigres restes de nourriture. Le repas n’est pas copieux pour un sou ! 3.-Le-petit-lac-glace-de-Three-Mile.jpg

 

 2.-Le-lac-de-Tumut-Pond-dans-les-Snowy.jpg

 

Dimanche 3 juillet : Yarrangobilly - Tumut (69,4 km)

 1.-Reflets-des-nuages-dans-le-lac-de-Talbingo.jpg

 

Le ciel est couvert de nuages gris bien menaçants. Juste en sortant du sentier forestier, je croise un couple sexagénaire en 4x4. Nous discutons un bon moment de mon aventure. Chaleureusement, Marleen et Ben me donnent quelques aliments pour tenir le coup jusqu’au prochain village. Durant une dizaine de kilomètres, la route reste assez collineuse. Elle finit par dévaler la montagne abruptement de près de 800 mètres, jusqu’au lac artificiel de Talbingo. Le paysage des Snowy Mountains est encore époustouflant ! Le village se trouve cependant un peu à l’écart de la nationale. Aussi, les prix appliqués dans la superette sont exorbitants ! C’est pourquoi je me ravitaille avec le strict minimum. Puis, mon parcours se poursuit le long de l’étendue d’eau enserrée par les montagnes. Il y a malheureusement un nombre incroyable de kangourous qui gisent sur le bord de la chaussée, percutés certainement par les véhicules. Une odeur désagréable de charogne empeste d’ailleurs l’atmosphère. Je casse la graine au bord de l’eau, sur une aire occupée par de nombreux pêcheurs. Au bout du lac, la route s’élève encore d’une bonne centaine de mètres, puis plonge dans la vallée de la rivière Tumut. Elle suit ensuite approximativement le cours d’eau jusqu’à la petite ville du même nom. Les montagnes sont désormais plus basses, parsemées par quelques arbres isolés. Il n’est que 15 h, mais je préfère m’arrêter au camping de Tumut. Le tarif pour la nuitée est assez élevé (25 $ AU, soit un peu moins de 20 euros). C’est vraiment cher pour juste recharger ses batteries et prendre une douche ! Cependant, cela devient indispensable, car il y a plus d’une dizaine de jours que je n’ai senti l’eau chaude couler sur mon corps. Dans la soirée, une vieille dame randonneuse vient sympathiquement m’apporter un bol de soupe pour me réchauffer. Elle est stupéfaite de savoir que j’ai traversé les Snowy en plein hiver. La pluie s’est mise à tomber abondamment. Reste à espérer que ce n’est que passager !2.-Toujours-le-magnifique-lac-de-Talbingo--.jpg

Partager cet article
Repost0

commentaires

K
<br /> Hello Vincent - sorry I could not read your blog, but your photos are fantastic. I think you could just publish a book of photos. What a fantastic journey you have had, just amazing. Great to meet<br /> you and best wishes for the rest of your journey - stay safe. Kerri-ann (Crookwell Library)<br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> Salut le voyageur,<br /> <br /> et bien, on voit que tu avances bien ! Finalement, tu as tente les snowy Mountains ! J'espere que tu avais equipe ton velo de pneus neige...car d'apres les photos, c'etait effectivement snowy.<br /> Pour nous, c'est grand ciel bleu et temperature clemente a Alice Springs. Le trek etait super beau, Uluru etait magique. Par contre, on ne peut plus revenir sur Melbourne, la faute a Tiger Air qui<br /> est interdit de vol !<br /> Du coup, on va filer sur Darwin pour gagner encore quelques degres et decouvrir une nouvelle region.<br /> <br /> A la prochaine.<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> Hello vince tu as manqué à mon anniversaire:( ce n'est que partie remise ;),par contre je t'attend pour le saut en chute libre :)<br /> Bon courage l'ami à bientôt :)<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> oh lala de la neige mais quel horreur,aller courage biz<br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> tu es en avance sur le tour de france tu es déjà en montagne et les coureurs ne sont qu'en plaine!!! alleza courage et bonjour à tornado le courageux<br /> <br /> <br />
Répondre