Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
17 décembre 2014 3 17 /12 /décembre /2014 11:03
 
 
Samedi 21 juillet 2012 : Serijai - Trakai (119,5 km)
 
  2.-Ciel-menacant-sur-les-champs-de-Lituanie.jpg   1.-Vieille-dame-sur-sa-charette.jpg
 
J’ai complètement oublié l’heure de décalage positive entre la Pologne et la Lituanie. De toute façon, à cause de la quantité incroyable d’insectes dans le auvent de la tente, je ne traîne pas à quitter les lieux. Mon itinéraire ondule encore dans les collines, principalement couvertes de forêts et de prairies. Les quelques rayons matinaux furent de courte durée. En effet à l’approche d’Alytus, le ciel se couvre déjà de nuages bien inquiétants. Cela devient habituel ! La ville ne propose rien de bien intéressant. Toutefois, l’accueil de la dame à l’office du tourisme est vraiment aimable. Elle me renseigne sur les campings proches de la capitale lituanienne. A ma grande surprise, le trafic routier est quasi-inexistant sur la petite nationale en direction de Vilnius. Elle traverse de jolis villages renfermant de nombreuses maisons en bois. A l’entrée de Pivasiunai, une grosse averse locale me tombe dessus. J’ai à peine le temps de me jeter sous un abri, à côté du cimetière. Des chants religieux pour des funérailles émanent au milieu des tombes. Comme cela n’a pas l’air de vouloir se calmer, j’en profite pour manger un morceau. Quelques centaines de mètres plus loin, à la sortie d’une boutique d’alimentation, je reprends une deuxième saucée ! Aussitôt, la propriétaire me rappelle dans son magasin. Irena m’offre même le café avec quelques gâteaux. Vraiment sympa, et bien jolie en plus ! Mais elle refuse de se faire photographier ! Avant de reprendre mon chemin, je jette un coup d’oeil à l’église blanche du village, perchée sur une petite colline. Le chemin de croix pour y monter est jalonné de belles stèles en bois sculptées. A Onuskis, un vieux couple part faire leurs courses en charrette tirée par un cheval. C’est vraiment l’atmosphère des pays de l’Est que j’apprécie ! Comme il n’est pas tard, je décide de pédaler la grosse vingtaine de kilomètres jusque Trakai. La ville possède un splendide château en briques du 15ème, bâti sur une île au milieu du lac Galve. Le coin est par contre archi-touristique. Sur la digue, je discute longuement avec un couple germano-russe, époustouflé par mes aventures cyclistes à travers le monde. En attendant les derniers rayons du soleil, je change un maillon de chaîne sur Tornado qui commence à grincer bizarrement. Je rejoins ensuite le camping Slènyje, situé à quelques kilomètres sur la rive Nord de l’étendue d’eau.
  3.-Le-chateau-de-Trakai-copie-1.jpg
     
Dimanche 22 juillet : Trakai - Vilnius (58,3 km)
   
 1.-La-tour-en-briques-de-Vilnius.jpg
Incroyable, le ciel est complètement bleu ! Tout sèche rapidement avec le soleil ! Je rejoins alors Trakai pour approfondir la visite. La petite ville possède entre autres de belles maisons en bois, un vieux monastère du 18ème et deux banales églises. L’édifice orthodoxe est de plus en pleine restauration. Les vieilles ruines d’un château du 14ème subsistent également sur une petite presqu’île. La route pour rallier Vilnius n’a vraiment aucun intérêt. Je finis même par rouler sur une voie rapide à grande circulation, à l’entrée de la capitale. Pas franchement rassurant ! Il ne fallait pas rêver les nuages envahissent immanquablement le ciel. Non sans frayeur, j’aboutis sur la place de la cathédrale toute blanche. Elle est décorée de statues de Saints, d’Apôtres et de ducs lituaniens. Plusieurs chapelles se succèdent à l’intérieur. Celle de St Casimir est de style baroque. Ses murs sont revêtus de marbre et de granit, ornés de sculptures et de fresques relatant la vie du Saint. Je pique-nique rapidement à côté de l’édifice eligieux, avant de poursuivre la visite. A proximité, le palais royal est inaccessible pour restructuration. Il est dominé par une vieille tour en briques perchée sur la colline Gediminas. Je déambule ensuite dans les rues étroites du vieux Vilnius. De nombreux édifices religieux jalonnent mon parcours. L’église gothique Ste Anne est l’une des plus spectaculaires. Elle présente de nombreux pinacles, construits avec des briques de teintes différentes. Au Sud de la place de l’hôtel de ville, l’église St Casimir possède une splendide façade baroque. L’intérieur est également richement décoré. Aussi par hasard, je retrouve le couple germano-russe rencontré la veille à Trakai. Plus loin, le modeste monastère de Basilian fait face à deux autres sanctuaires : l’orthodoxe St Esprit (qui contient trois corps de martyrs du 14ème S) et la catholique Ste Thérèse (malheureusement fermée). Au bout de la rue, la porte de l’Aurore comprend une chapelle au-dessus d'une arche. D’ailleurs, de nombreux fidèles viennent y prier. Je me balade ensuite autour de l’université de Vilnius, accessible par de nombreux passages et portes. Elle est devenue l’un des plus grands centres d’apprentissage du polonais au 19ème. Elle renferme également la plus vieille bibliothèque de Lituanie. De somptueux monuments sont encore disséminés un peu partout dans la ville. Toutefois, il est impossible de tout visiter en une seule journée ! De plus, je pense avoir un bon aperçu de la capitale lituanienne ! Je me désaltère à la terrasse d’un café, avant de rejoindre le camping de la ville. Il est situé plus à l’Ouest, non loin de la haute tour de la télévision. Il est assez rudimentaire, mais bon marché. Aussi, je suis encore indécis, quant à mon itinéraire de demain.
 2.-La-place-de-la-cathedrale.jpg
 
Lundi 23 juillet : Vilnius - Pasiliai (115,2 km)
         
1.-Vue-sur-Vilnius-depuis-la-tour.jpg 2.-Le-cycliste-devant-la-cathedrale-de-Vilnius.jpg
La journée ne commence pas très bien ! Le propriétaire du camping me réclame de l’argent pour la connexion internet. Le gars est vraiment de mauvaise foi, car il a omis de m’indiquer hier soir que le service était payant. Franchement pas honnête ! Assez agacé, je retourne au centre de Vilnius. Finalement, je ne peux résister de monter à la vieille tour en briques, dominant la place de la cathédrale. Il me faut alors pousser Tornado sur le raide chemin pavé de gros galets. Depuis le sommet, la vue sur la ville est splendide. D’autant plus que le soleil brille de mille feux ! Je quitte ensuite la capitale en direction du Nord, toujours indécis quant à mon itinéraire. Après quelques kilomètres, j’aboutis sur une grosse nationale avec une folle circulation. Fort heureusement, elle est bordée de pistes cyclables. Du coup, c’est beaucoup moins périlleux que mon arrivée d’hier ! J’emprunte ensuite une petite route plus tranquille en direction de Moletai. Au village de Pikeliskes, je casse tranquillement la graine à l’ombre d’un arbre en bordure de la chaussée. Mon parcours s’enfonce à nouveau dans de douces collines, parsemées tantôt de vastes prairies et de champs, tantôt de petites forêts. Aussi, Tornado commence à faire d’inquiétants bruits, qui me rappellent un peu ceux de mes déboires en Australie. Je stoppe alors à Giedraiciai pour tenter de remédier au problème. En effet, le moyeu de la roue arrière commence à montrer de gros signes de faiblesse. C’est navrant, car c’est quasiment la seule partie du vélo que je n’ai pas changée avant mon départ ! Quelques vieux villageois intrigués viennent à ma rencontre. Mes gaillards n’ont pas l’air de toute première fraîcheur ! Ils ne tardent pas à m’offrir un verre de mauvaise vinasse. Le geste est en tout cas bien sympathique ! Toujours sous le cagnard, je rejoins Moletai situé en bordure d’une région de grands lacs. Finalement, je préfère poursuivre mon chemin en direction d’Anyksciai. On verra bien la suite de l’itinéraire après ! Je traverse encore des petits villages aux maisons de bois, en faisant le yoyo dans des collines parfois boisées. Avant Alanta, la pente atteint même les 11% ! Mais rien de bien méchant en général ! Après une grosse trentaine de kilomètres, j’installe le bivouac dans une petite clairière à l’orée d’une forêt. Au coucher du soleil, le bruit agaçant du vol des moustiques virevoltant au-dessus de la tente finit par me bercer.
 
 3.-Pas-si-plates-les-routes-en-Lituanie--.jpg
Mardi 24 juillet : Pasiliai - Birzai (121,4 km)
  
1.-Cigognes-en-vol.jpg 2.-Marecages-pres-des-champs.jpg
Le coin pullule d’insectes en tous genres ! Comme les moustiques, de grosses mouches collantes se chargent de piquer la moindre surface de peau. Vraiment agaçant ! Je remballe ainsi très rapidement le matériel, et prends la direction d’Anyksciai. Aucun nuage ne vient tacheter le magnifique ciel bleu du jour. La petite ville est assez quelconque. Toutefois, elle est idéalement blottie à la confluence des rivières Sventoji et Anyksta. Finalement, je décide de rejoindre Riga en Lettonie sur de paisibles routes comme initialement prévu, plutôt que de faire le détour vers la colline aux Mille Croix à proximité de Siauliai. Il est vrai que le site m’intéresse (d‘autant plus que j‘avais vu un reportage à la télé dans l‘émission « Faut pas rêver ! »), mais il m’oblige à rallonger l’itinéraire d’une journée en empruntant parfois de grosses nationales déplaisantes. La route traverse alors durant de nombreux kilomètres une dense forêt, avant de retrouver la campagne complètement plate. De vastes prairies et de grands champs s’étendent à perte de vue. En chemin, j’aperçois lointainement un élan qui semble déboussolé, puis une biche surprise de ma présence. Il est évident que le bruit minime du vélo permet d’observer plus facilement la faune locale ! A l’heure du midi, je casse la croûte sur un banc, à l’ombre des arbres d’un grand parc de Kupiskis. Il fait une chaleur torride, et la température flirte avec la trentaine de degrés. Mon parcours se poursuit sur d’invariables petites routes champêtres. Un nombre incroyable de cigognes en quête de nourriture attendent à proximité des paysans, qui s’activent à ramasser le foin. Il est également bien difficile de remplir mes gourdes. En effet, les maisons des typiques villages sont alimentées par de simples puits, pas toujours très propres. Je quémande le précieux liquide à un habitant de Vabalninkas, qui me fournit de l’eau minérale en bouteille. Sympa ! En début de soirée, j’atteins la petite ville de Birzai en bordure d’un gros lac. Après quelques courses, je reviens sur mes pas pour planter la tente dans une minuscule pâture, située derrière une voie de chemin de fer abandonnée.
 
  3.-Paysan-ramenant-son-lait.jpg
 
Mercredi 25 juillet : Birzai - Riga (LV) (117,3 km)
 
 1.-Barque-inondee-sur-le-lac-de-Birzai.jpg  2.-Paysanne-avec-sa-vache.jpg
C’était trop beau, le ciel est redevenu gris. Au moins, il n’y a pas de pluie, c’est déjà ça ! Aussi durant la nuit, des dizaines de petits escargots se sont agglutinés sur la toile de tente. Vraiment bizarre ! Avant de prendre la direction de Riga en Lettonie, je me rends au centre de la ville de Birzai, qui n’a pas réellement de charme. Le paysage complètement plat reste quasiment identique à la veille. Champs et prairies se succèdent encore et encore ! Après une bonne vingtaine de kilomètres, j’atteins la frontière avec le pays balte voisin. Au poste, toujours pas de contrôle ! Europe oblige ! De plus, il n’y a aucun bureau de change. Du coup, je n’ai aucun lats sur moi (la monnaie locale) ! Je pique-nique un peu plus loin, à proximité de l’église du village de Barbele. Puis, la petite route bitumée traverse une région beaucoup plus forestière. Les pistes transversales sont par contre toutes gravillonneuses. Etrangement, la circulation se fait aussi plus dense. De nombreux poids lourds me dépassent en me rasant de très près. A part une vieille tour et quelques modèles réduits de monuments dans un jardin, il n’y a vraiment rien de bien captivant sur cet itinéraire. En ce milieu d’après-midi, le soleil refait enfin son apparition. Comme souvent, la circulation s’intensifie à l’approche de la capitale. N’ayant pas d’autres choix, je pédale sur des voies rapides pour atteindre le Vieux Riga qui borde la rivière Daugava. Forcément, je profite de la lumière du soir pour tirer quelques clichés des différents monuments. Aussi, le gars à l’office du tourisme m’apprend qu’il n’y a aucun bateau qui fait la liaison entre Ventspils sur la côte Ouest et l’île estonienne de Saaremaa. Il va bien falloir changer mes plans ! Moi qui pensais varier le paysage en respirant l’air marin, c’est plutôt raté ! Puis, je retraverse le cours d’eau pour me rendre au camping de la ville, situé sur l’île de Kipsala. Un service assure la sécurité du terrain, ce qui paradoxalement ne me rassure pas des masses ! Lors du montage de la tente, un arceau casse net ! "Ce n’est pas possible, je vais finir par mettre en doute la solidité du matériel de chez Vaude !" J’ai comme l’impression d’avoir déjà vécu cela au Moyen-Orient et en Australie ! Dans la soirée, je discute longuement avec un militaire finlandais de retour de vacances. Intéressé par mon aventure, il m’offre même quelques bières. En tout cas, bien sympa le gars !
 3.-Le-cycliste-a-la-frontiere-de-la-Lettonie.jpg  4.-Vue-d-ensemble-de-Riga.jpg
Jeudi 26 juillet : Riga - Judazi (82,7 km)
 
1.-Jolie-musicienne-dans-les-rues-de-Riga.jpg 2.-Le-cycliste-sur-la-place-de-Ratslaukums.jpg
Ma nuit fut bien courte ! Le soleil matinal fait grimper la température dans la tente qui devient vite étouffante. Avant de partir en ville, je démonte le moyeu de ma roue arrière qui grince de plus en plus. Je graisse l’ensemble, espérant sans conviction remédier au problème. En fin de matinée, je peux entamer une visite plus approfondie de la capitale lettone. Elle possède un vieux château jaunâtre assis au bord de la Daugava, dont les fondations datent du 14 ème S. La rue Torna Iela est bordée par de jolies demeures, par la vieille porte datant de l’occupation suédoise du 17ème S, et par la tour de Poudre (seule rescapée de l’ancienne enceinte de la cité). Plus loin, la colonne du Monument de la Liberté est surmontée d’une statue féminine dorée, portant trois étoiles dans ses mains. Ces dernières représentent les régions culturelles de la Lettonie. Curieusement, elle ne fut pas détruite durant l’ère soviétique, et fut rebaptisée Mère de la Russie. A quelques centaines de mètres, la place Liva Laukums est envahie de nombreuses terrasses. Elle est entourée de charmantes maisons du 18ème, de deux bâtiments gothiques ayant servi pour le commerce au 14ème S, et de quelques demeures Art nouveau dont l’une comporte des statuettes de chats sur son toit. Non loin, la plus grosse église de la Baltique (Doma Baznica) datant du 13ème est malheureusement bâchée pour rénovation. Une splendide maison, nommée les Trois Frères (pas le film des Inconnus !), borde une mignonne rue pavée de galets. Aussi, je rencontre une famille de Français en croisière sur la Baltique. Nous discutons longuement de mes voyages à bicyclette à travers le monde. Une autre place, la Ratslaukums, comprend l’hôtel de ville et une autre jolie maison (Melngalvju nams) à la façade richement décorée. Le clocher de l’église baroque St Pierre, vieille de 800 ans, domine le quartier du haut de ses 120 mètres. Elle fut reconstruite à l’identique après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Je déambule encore dans les rues pavées à la découverte d’autres monuments remarquables, puis pique-nique dans le parc Bastejkalns. La chaleur étouffante de la ville ne donne vraiment pas envie de pédaler ! Et pourtant vers 14 h, je quitte Riga en prenant la direction de l’Est avec une infernale circulation. Je compte ainsi rejoindre Sigulda avant la tombée de la nuit. A la sortie de la capitale, mon itinéraire zigzague à travers de vastes forêt, afin d’éviter les grosses nationales et autoroutes qui rejoignent directement la petite ville. Ma réparation de fortune n’aura pas servi à grand-chose, car Tornado grince de plus belle ! Ce qui a le don de m’énerver ! Du coup, je suis quitte à racheter une nouvelle roue à Tallin ou à Helsinki. Puis, je marque une longue pause à Ropazi tellement la chaleur est lourde. En effet, je préfère attendre la fraîcheur de fin d‘après-midi pour pédaler. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, à la sortie du village de Judazi, je plante discrètement la tente dans une pinède. Il me faut absolument une bonne nuit réparatrice, car je suis complètement exténué !
   
 3.-L-hotel-de-ville-de-Riga.jpg  4.-Maisons-traditionnelles-sur-la-route-d-Allazmuiza.jpg
 
Vendredi 27 juillet : Judazi - Valmiera (101,2 km)
 
1.-Le-chateau-de-Turaida.jpg 2.-Les-graffitis-de-la-grotte-de-Gutmana.jpg
Une agréable odeur de pin embaume l’air autour du bivouac. Je pédale rapidement les quelques kilomètres qui me séparent de Sigulda. La petite ville est située en bordure du parc national de la Gauja. La fille à l’office du tourisme m’indique un itinéraire cyclable pour découvrir les différentes curiosités du coin. Comme la région est bien jolie, je décide d’y passer la matinée. A ma grande surprise, la route plonge fortement dans la vallée de la petite rivière. J’emprunte alors le sentier forestier qui oscille dans les collines bordant le cours d’eau. Toutefois, il s’avère rapidement impraticable pour les vélos chargés. A moins de pousser durant de nombreux kilomètres ! Je rebrousse donc chemin, et franchis le pont pour joindre Turaida sur les hauteurs. La pente sur la fin de la montée atteint les 11%. Le village possède un joli château médiéval en briques du 13 ème S, posé sur un éperon rocheux dominant toute la vallée. Malgré un accès assez onéreux, j’entame la visite du site. Un musée dans les bâtiments retrace l’Histoire de la Lettonie. Je grimpe au sommet du donjon pour jouir du magnifique paysage forestier alentour. Le somptueux parc à proximité de la forteresse renferme une belle église en bois, et quelques sculptures éparpillées dans les jardins fleuris. Une pierre commémore également la légende de Maija Rose, confirmée par des écrits. A l’époque du Moyen-âge, une jolie fille courtisée par de nombreux hommes fut enlevée par un chevalier. Elle tenta de retrouver la liberté, en prétendant avoir des pouvoirs magiques qui la protégeaient. Finalement, le coup d’épée de son agresseur fut mortel. Après cette intéressante visite, je redescends dans la vallée pour admirer les centaines de graffitis gravés dans la roche orangée de la grotte de Gutmana (lieu de la fameuse légende !). Certains datent même du 16ème S ! Un peu plus loin, je casse la graine sur un banc à proximité de la grotte de Maza. J’abandonne ensuite Tornado un court instant pour monter au sommet de la colline, afin de découvrir les maigres ruines du château de Krimulda. De retour sur l’autre rive, je grimpe à vélo la côte pour retrouver Sigulda, tout en jetant un coup d’oeil lointain sur le manoir de Krimulda perché sur les hauteurs. Le village renferme également deux châteaux côte à côte, l’un médiéval datant du 13ème S, l’autre plus récent du 19ème. En début d’après-midi, je reprends mon parcours sur une nationale à grosse circulation. L’horreur ! Elle longe le Sud du parc durant une grosse vingtaine de kilomètres. De plus, il fait une chaleur de bête ! Je bifurque ensuite à travers les forêts en direction de Cesis. La grosse bourgade possède également un splendide château moyenâgeux, dominant un petit lac. Je reprends quelques forces avec ma boisson mousseuse préférée, avant de poursuivre mon chemin vers Valmiera. Le paysage ne varie pas beaucoup. Forêts, forêts, et encore forêts ! Fort endommagée durant la Seconde Guerre mondiale, la petite ville ne propose pas grand-chose architecturalement. Seuls l’église St Simon et quelques rares vestiges du vieux château méritent un quelconque intérêt. Puis, j’installe le bivouac dans une forêt, à l’écart de la localité. L’endroit est de nouveau infesté de moustiques, qui s’attaquent comme des furieux à mes gambettes !
   
3.-Le-chateau-de-Cesis.jpg 
 
 
Samedi 28 juillet : Valmiera - Viljandi (EST) (105,2 km)
 
 1.-La-campagne-lettone-avant-Rudiskes.jpg  2.-Le-cycliste-a-la-frontiere-de-l-Estonie.jpg
Cette nuit, des bestioles non identifiées ont rampé sous la toile de tente. De plus au réveil, les moustiques me font déguerpir précipitamment. Je prends alors la direction de Rujiena, sur une route secondaire qui traverse pareillement champs, prairies et forêts. Après une petite quarantaine de kilomètres, je préfère faire un crochet dans la petite ville, afin de me réapprovisionner en eau, et de liquider mes dernières pièces de monnaie en lats. Je pique-nique à l’ombre de grands arbres, dans un petit parc aménagé, pour me protéger du soleil qui tape une nouvelle fois sec. D’ailleurs, le goudron de la chaussée se met à fondre. Le paysage devient ensuite un peu plus vallonné. Je rejoins ainsi l’Estonie au village de Lilli. Comme je m’y attendais, il n’y a pas de bureau de change à la frontière ! Il va falloir tracer jusque Viljandi avant la fermeture des banques. La route est vraiment tranquille, sans grosse circulation. Elle plonge vers le petit lac de Karksi-Nuia, avant de regrimper aussitôt. J’effectue encore quelques kilomètres, lorsque ma roue arrière se met à tanguer avec un grincement effroyable. Je stoppe alors sous un abri de bus pour vérifier l’état du moyeu. Il est complètement cassé et irréparable. C’est d’autant plus désolant qu’il ne reste qu’à peine 200 km pour rallier Tallin ! Je tente bien de pédaler doucement, mais rien n’y fait, il va falloir pousser le vélo jusque Viljandi ! De plus, la roue libre se bloque, causant l’entraînement du pédalier. J’essaye de garder mon calme, en me disant que je suis déjà sorti de situation bien plus périlleuse. Sous une nuée d’insectes piquants, je marche alors des heures sur le bord de la route, espérant vainement qu’un automobiliste ait pitié du pauvre voyageur à vélo. La chaleur écrasante me fait boire plus que la normale. Fort heureusement au village de Sutsi, une vieille dame me fournit de l’eau sortie directement de son puits. Puis, je constate qu’il n’y aucun camping dans la ville. Après plus d’une grosse vingtaine de kilomètres de marche, je plante alors la tente dans de hautes herbes, sur un terrain à l’orée d’un bois. Viljandi est à portée de vue. Demain, il faudra impérativement trouver un magasin de vélo pour racheter une roue neuve. Aussi, à l’heure que j’écris ces lignes, je me rends compte qu’aujourd’hui c’est samedi, et que toutes les boutiques risquent d’être fermées. Bref, c’est la poisse !
 
  3.-Les-forets-en-Estonie.jpg
 
Dimanche 29 juillet : Repos à Viljandi (14,7 km)
 
1.-Les-ruines-du-chateau-de-Viljandi.jpg
Il me faut encore une bonne heure de marche en poussant le vélo, pour faire les 6 km qui me séparent de Viljandi. Malgré l’heure matinale, il fait toujours aussi lourd ! J’atteins alors le centre-ville en transpiration. Mon hygiène laisse vraiment à désirer. Mes vêtements sont poisseux, et je suis crasseux à cause des réparations sur Tornado. Dès mon arrivée, je remarque une boutique de vélo assez achalandée. Comme je m’y attendais, elle est fermée le dimanche ! Par contre, je suis tout surpris que l’Estonie soit passé à l’euro. Et dire qu’hier, je me suis privé de bière ! Spontanément, un vieil homme m’aide dans mes recherches. Toutefois malgré les démarches conciliantes de Viktor, il va falloir attendre le lendemain pour acheter une roue neuve ! J’ai ainsi toute la journée pour visiter la ville. Il ne reste plus grand-chose du vieux château médiéval du 13 ème S. Cependant, c’est à partir des ruines qu’on a la meilleure vue sur le beau lac qui s‘étend au pied des collines boisées. Aussi, la mignonne église St Jean de couleur blanche est édifiée à proximité. Plus loin, le vieux quartier de Viljandi se compose d’un hôtel de ville du 18ème S, de plusieurs maisons en bois, de quelques imposantes villas, et d’un curieux château d’eau coloré. L’enceinte de la forteresse est toutefois occupée par de nombreuses scènes de concerts. En effet, c’est la période du festival Folk qui dure depuis plusieurs jours. C’est le plus grand de toute l’Estonie, et une foule immense vient assister aux différents spectacles. Une nouvelle fois, je fais fureur avec le vélo chargé. Plusieurs personnes cherchent encore à me venir en aide, notamment un journaliste suédois venu couvrir l’évènement. Peeter finit même par m’inviter à manger à la terrasse d’un café. Puis, je passe le reste de l’après-midi à flemmarder, bercé par la musique traditionnelle des différents concerts. Quelques-uns sont gratuits, sauf forcément pour les groupes ayant une certaine notoriété. Franchement, j’aurais pu tomber plus mal ! En bordure du lac, un terrain est aménagé sommairement pour les campeurs assistant au festival. Le prix pour la nuitée étant dérisoire, je m’y installe en début de soirée. Par contre, la douche n‘est pas encore pour aujourd‘hui ! Au crépuscule, la lune gibbeuse illumine magnifiquement l’étendue d’eau. Désormais, j’espère trouver une roue adéquate demain au magasin de vélo !
 
 2.-Le-festival-Folk.jpg
         
Lundi 30 juillet : Viljandi - Luige (160,5 km)
 
1.-Etang-sur-la-route-de-Vohma.jpg 2.-Locomotive-sovietique-a-Turi.jpg
Qu’il est agréable de se lever sans être assailli par les moustiques. ! Comme la veille était le dernier jour du festival, les organisateurs commencent déjà à démonter les équipements. Je rejoins directement le magasin de vélo à l’entrée de la ville, ouvrant à 10 h. Le type me fournit une nouvelle roue de marque inconnue. De toute façon, je n‘ai pas vraiment le choix ! Il effectue également quelques réglages sur Tornado, le tout pour un prix raisonnable. Je prends ensuite la route, avec à l’esprit de me rapprocher au maximum de Tallin. Elle traverse la plate campagne environnante jusque Türi. La circulation est assez considérable, mais de larges bandes d’arrêt d’urgence assurent ma sécurité. Dans la petite ville, je mange un morceau sur un terrain herbeux à l’ombre des arbres. Une grosse locomotive datant de l’époque soviétique rouille à proximité. Le paysage devient ensuite beaucoup plus marécageux et forestier. Le trajet devenant assez monotone, je pédale à grande allure jusque Rapla. Le vent d’Ouest amène de nombreux nuages gris, masquant le soleil de la journée. D’ailleurs, je dois rapidement m’abriter de la pluie dans un petit supermarché. J’en profite pour goûter la boisson nationale Kali, une sorte de bière non fermentée avec une teneur en alcool très faible. Bof ! Après une petite trentaine de minutes, je reprends mon chemin malgré l’averse orageuse incessante. A l’approche de Kohila, le mauvais temps se calme enfin. Comme je me sens dans une forme olympique, j’effectue encore une bonne vingtaine de kilomètres, malgré la longue distance déjà parcourue. Les bas-côtés de la chaussée sont malheureusement jonchés de nombreux cadavres d’animaux percutés par les automobilistes (renards, passereaux, hérissons et autres). Le plus désolant, ce sont les centaines de grenouilles écrasées qui sortent avec la pluie ! Un vrai carnage ! Par sécurité, je plante la tente dans une forêt à proximité du village de Luige. Je ne tiens pas à rejoindre le camping de Tallin dans l’obscurité avec cette circulation ! En effet, la capitale estonienne n’est qu’à quelques kilomètres. Aussi, les moustiques s’attaquent à la moindre surface de peau visible. Vraiment agaçant ces bestiaux ! A l’heure du dodo, quelques gouttes se remettent à tomber. J’espère un meilleur temps pour la visite de Tallin demain !
 
 
 
Mardi 31 juillet : Luige - Tallin (33,9 km)
 
 1.-Maisons-de-marchands-dans-la-rue-Pikk-de-Tallin-copie-1.jpg  2.-Vue-sur-Tallinn-depuis-la-tour-de-l-eglise-St-Olaf.jpg
     
Ils sont là, prêts à se ruer sur moi pour me piquer ! Du coup, je déguerpis de cet endroit inhospitalier, pour rallier précipitamment la vieille ville de Tallin. Après quelques kilomètres, j’aboutis à la Grande Porte des remparts, jouxtant le bastion Fat Margaret qui protégeait la cité du côté de la mer Baltique. Par chance, le temps s’est remis durant la nuit. Le soleil brille de nouveau ce matin. Je déambule dans les rues Pikk et Lai, bordées de somptueuses maisons de marchands datant parfois du 15ème S. Certaines ont leur façade magnifiquement agrémentée de statues, de peintures et de sculptures. Depuis les 124 mètres de la tour de l’église St Olaf, je jouis d’un splendide panorama sur la capitale et ses alentours. Plus loin, l’imposant hôtel de ville gothique, datant du début du 15ème, possède une haute tour ressemblant à un minaret. De belles demeures colorées et la modeste église du St Esprit bordent également la place Raekoja. L’édifice religieux de couleur blanche présente la plus vieille horloge d’Estonie sur son mur extérieur. Je grimpe ensuite sur la colline de Toompea, dominée par la belle cathédrale orthodoxe Alexander Nevski, ainsi que par l’église luthérienne Toomkirik. Au sommet, le château mêle les architectures baroque du 18ème et médiévale du 13ème. La colline offre aussi de jolis points de vues sur la ville basse et les tours moyenâgeuses qui la ceinturent. Je pique-nique rapidement sur un banc, avant de redescendre vers la rue  Vene. Elle est bordée de maisons de marchands russes datant du 15ème S. Aussi, plusieurs arcades en briques surplombent le joli passage de Catherine. Comme hier, les nuages envahissent le ciel en milieu d’après-midi, mais pas de pluie ! Je me balade ensuite plus au Nord, à proximité des remparts et des nombreuses tours médiévales. Puis, je discute un bon moment avec un couple de missionnaires français qui semble intéressé par mes voyages à vélo. Il y a également de nombreuses personnes qui me tirent en photo. Une vraie vedette ! Comme il commence à se faire tard, je rejoins le camping à  l'Est de la ville, proche du rivage de la mer Baltique. Il est bizarrement coincé entre des d’entrepôts et de hauts appartements. Le tarif n’est également pas donné ! Cette fois, la découverte des pays-baltes touche à sa fin ! En effet, j’ai réservé le ferry pour la Finlande, demain après-midi !
 
 3.-L-hotel-de-ville-de-Tallinn.jpg  4.-Les-remparts-de-la-Vieille-Ville.jpg
 
  
Partager cet article
Repost0

commentaires

M
Salut Vincent<br /> C'est avec plaisir que je te suis de loin sur ta route estonienne.<br /> J'ai même un bon souvenir de Viljandi et Tallin où je suis arrivé à vélo sur une autoroute en rénovation.<br /> Bonne route en Finlande où te ne devrais pas avoir de problème de camping près des lacs, sauf pour les moustiques<br /> Porte toi bien.<br /> Micchel
Répondre
G
Salut Vincent,<br /> Je vois que tu as déjà bien avancé depuis notre dernière conversation téléphonique.<br /> Tes photos sont toujours aussi belles.<br /> De notre côté, on se prépare également à partir en vacances dans le Sud ..... de la Haute-Marne : beaucoup moins dépaysant (quoique !!!), mais Adrien et Anaëlle sont excités comme des puces à<br /> l'idée d'y retrouver Hugo.<br /> Bonne route à toi.<br /> Anaëlle, Adrien, Guillaume et les parents
Répondre
B
hello vince et bravo pour les belles étapes. pense quand même à t'hydrater...enfin pas trop...<br /> bon courage loulou, biz<br /> benjamin et aurélie
Répondre
C
Salut, on suit tes aventures même du lieu de nos vacances (au Pays Basque... et non Baltes !) et malgrès tes galères avec Tornado tu as l'air de bien avancer quand même. Alors quelle capitale as-tu<br /> préféré ? Elles sont toutes les 3 superbes mais j'avais eu une préférence pour Riga...<br /> On te souaite une bonne continuation en Finlande. Bises de nous 3 et n'oublie pas "Take care". Céline, Jérôme et Hugo
Répondre
X
Bonjour Vincent<br /> c'était en effet une surprise de rencontrer un cycliste Français à Tallinn ! ;-)<br /> Le petit drapeau sur le porte bagage du vélo m'a attiré l'oeil.<br /> Rencontrer un Français de votre trempe, était une sacrée surprise ;-) Notre discussion a été très cool !<br /> Nous étions à Tallinn pour 1 semaine avec nos collègues de la mission Agapé France dans le but aussi de partager notre foi, mais aussi de les aider matériellement et concrètement.<br /> Voici quelques infos sur mon site pour se faire une idée : www.xavierlespinas.com et aussi www.atoi2voir.com<br /> Je vous souhaite une bonne continuation d'autant que j'ai vu sur la carte que vous avez encore du chemin ;-)<br /> Nous vous suivrons de loin ;-) bonne route et bonne aventure !<br /> si vous souhaitez la photo prise sur la place, envoyez moi un email ;-)<br /> <br /> Xavier et Chrystèle
Répondre