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1 janvier 2015 4 01 /01 /janvier /2015 11:56

Lundi 25 juillet 2011 : Ayacucho - Environs d’Ayacucho (35,5 km)

 

1.-La-place-d-Armes-d-Ayacucho.jpg

 

Forcément après la soirée d’hier, je me lève plus tard, et un peu vaseux. Je consacre toute ma matinée à la découverte à pied d’Ayacucho. Plus d’une trentaine d’églises sont éparpillées dans la ville. Du coup, j’en sélectionne quelques-unes, car je ne peux toutes les visiter. Malheureusement, elles sont quasiment toutes fermées. Les rues sont envahies par une foule immense. La grande place d’Armes est bordée par la jolie cathédrale et par de beaux bâtiments administratifs. La préfecture et le palais de justice renferment notamment de mignonnes cours cloîtrées. Puis, je salue une dernière fois Luis et Mario, avant de quitter l’hôtel. Je mange copieusement dans un petit resto populaire, puis prends la route. L’étape risque d’être très courte, car il est déjà presque 14 h. En ce début d’après-midi, le soleil cogne bien fort ! Je transpire les mille gouttes ! Immédiatement, la route grimpe dans la montagne. Et une nouvelle fois, cela va durer pendant plusieurs dizaines de kilomètres ! De plus, les travaux de rénovation de la chaussée me font perdre un temps précieux. Après une petite trentaine de kilomètres, je n’ai toujours pas traversé un seul village ! Je cherche alors un coin pour planter la tente. Cependant, les versants pentus des montagnes me rendent la tâche bien difficile. Finalement, un homme miséreux m’autorise à bivouaquer à proximité de son baraquement délabré. Il cohabite avec d’autres ouvriers agricoles dans cette frêle bâtisse. Le coin est jonché de détritus, mais je n’ai pas vraiment le choix. Mon kilométrage s’élève aujourd’hui à plus de 20 000 km, depuis le début de mon aventure !

2.-Luis-et-Mario.jpg

 

 

Mardi 26 juillet : Environs d’Ayacucho - Chumbes (89,7 km)

 

1.-Le-plano-juste-avant-Ocros.jpg

 

C’est peut-être psychologique, mais je passe souvent des mauvaises nuits à de hautes altitudes. J’ai toujours l’impression d’étouffer ! D'ailleurs, cela s’est déjà produit durant mon trek au Népal. A mon réveil très matinal, toute la troupe est regroupée autour de la tente, observant mes moindres faits et gestes. D’un seul coup, ils partent tous travailler dans les champs en contrebas. Comme un imbécile, j’ai oublié de me réapprovisionner à Ayacucho ! Le ventre vide, je continue ma lente ascension dans la montagne. De nouveau, des travaux me coupent dans mon élan. Cela commence sérieusement à devenir pénible ! A mon grand étonnement, la route se transforme en une piste caillouteuse. Ma carte indique pourtant du bitume ! En fait, ce ne sont pas des travaux de rénovation, mais plutôt de recouvrement de la piste. En plus des odeurs nauséabondes de goudron et de gaz d’échappement, je respire les nuages de poussière soulevés par les bus et les camions. Certains passages ne sont même pas damés, ou seulement recouverts de grosses pierres. Il me faut alors pousser péniblement le vélo. Après une bonne trentaine de kilomètres, j’atteins ce que je pense être le sommet. J'estime le dénivelé à plus de 1400 mètres depuis Ayacucho. Cependant, la piste continue de monter et descendre. Elle serpente longuement sur un vaste plateau entouré de montagnes dénudées, à une altitude évaluée à 4200 mètres. Le nombre de virages en épingle à cheveux est incroyable ! Au vu du peu de différence de hauteur, c’est à se demander pourquoi ne pas avoir coupé plus directement ! Aussi, la fringale n’est pas loin, et le coin est complètement désertique ! J’arrête alors un camion, afin de me renseigner sur les possibilités de restauration sur mon parcours. Le chauffeur me rassure en m’indiquant un restaurant au prochain village dans quelques kilomètres. La passagère s’apitoie sur mon sort, et m‘offre même une orange. Après avoir parcouru 25 km sur le plateau, j’amorce enfin l’impressionnante descente. Le paysage est vraiment sensationnel ! Les virages se succèdent longuement sur les parois abruptes des montagnes jusque Ocros. La mignonne petite place est entourée de bâtiments colorés, qui resplendissent sous le soleil. Je me jette alors dans le restaurant, complètement affamé. En effet, il est presque 15 h, et je n’ai rien mangé depuis hier soir. Puis, la piste poursuit sa folle dégringolade jusque Chumbes. Par malchance, un gros caillou casse net mon garde-boue avant. Après un moment de relaxation dans un bar, je m’installe dans un modeste hôtel situé dans une ruelle bien sombre. Une panne électrique générale fait tomber le village dans le noir total. Seul un restaurant routier, fonctionnant sur un groupe électrogène, est éclairé. Du coup, j’en profite pour casser la graine. Force est de constater que les kilométrages sur ma carte routière sont complètement erronés. Google Maps sur internet ne vaut pas beaucoup mieux ! Cela m’inquiète pour le rendez-vous à Cuzco avec mes deux amis ce samedi ! Même si ce n’est pas dans mes habitudes, il va peut-être falloir prendre le car !

2. Le village d'Ocros   3. Le cycliste sur la piste-

 

 

Mercredi 27 juillet : Chumbes - Chincheros (36 km)

 

    1. Cactus dans la descente

Je me réveille aux aurores de manière à faire une grande étape. La piste continue de descendre sur une bonne dizaine de kilomètres, jusqu’au fond de la vallée de la rivière Pampas. J'ai ainsi chuté de 2200 mètres environ, par rapport au sommet sur le plateau ! En chemin, je croise mes premiers cyclos au Pérou. Annelies et Hannes sont deux Autrichiens circulant à vélo depuis deux ans, principalement en Amérique du Sud. Nous discutons longuement sur le bas-côté, s’échangeant quelques conseils. Ils me confirment qu’atteindre Cuzco en trois jours est quasiment impossible avec tous les dénivelés. Je longe ensuite le magnifique cours d’eau, traversant quelques villages typiques. Il est à peine 11 h, mais je préfère m’arrêter à Ahuayro pour manger dans un petit restaurant. En effet, je ne tiens pas à avoir le même coup de fringale qu’hier ! La cuisinière ne peut malheureusement me servir que dans une bonne demi-heure. Dans la rue, des enfants s’apprêtent à défiler pour une fête d’école. Ils sont tous intrigués par Tornado chargé comme un baudet. Je repars sous le coup de midi, sous un soleil écrasant. La piste devient bien meilleure. Un vieux bitume délabré remplace les cailloux et la poussière. C’est en tout cas beaucoup plus roulant ! Elle s’enfonce dans la montagne avec des pentes raisonnables. Après une bonne dizaine de kilomètres, je crève par malchance de la roue arrière. Les pierres acérées de la piste ont eu raison de mon pneu ! Après plus de 20 000 km, il s’est arraché sur la bande de roulement. Fort heureusement, j’ai toujours celui que Gilles m’a laissé au Laos ! Je répare l’ensemble sous le regard curieux d’un vieux paysan quechua et de quelques enfants. Aussi, de nombreux moucherons me piquent désagréablement partout sur le corps. Ce petit pépin me fait perdre un temps fou ! Je poursuis ensuite l’ascension sur quelques kilomètres jusque Chincheros. Après de longues hésitations, je décide de m’installer dans le petit hôtel San Jorge. En effet, l’après-midi est déjà bien avancé ! Du coup, je n’ai parcouru que très peu de distance aujourd‘hui. Je cherche vainement une connexion internet, puis soupe dans un resto populaire. Il faut absolument que demain je donne des nouvelles à mes amis Aurélie et Ben, afin de ne pas se rater à Cuzco ! Par malchance, mon téléphone ne capte aucun réseau au Pérou. Cela tombe toujours dans les moments primordiaux !  

2. La vallée de la rivière Pampas  3. Paysan sur la route de Chincheros  

 

 

Jeudi 28 juillet : Chincheros - Andahuaylas (89,5 km)

 

1. Mon pneu entaillé  2. Le plano avant la descente sur Andahuaylas 

La première règle à suivre au Pérou est de ne pas prendre au pied de la lettre ce que les gens vous disent ! Hier, un policier m’avait estimé le col à une petite dizaine de kilomètres. Au bout du compte, il m’aura fallu plus de 4 heures pour gravir les 30 km de montée. De plus, on m’avait dit ne rien trouver à Uripa, situé sur les hauteurs de Chincheros ; alors que de nombreux commerces et quelques hôtels s’agglutinent au centre du village. Tout ceci me fusille le moral, déjà que j’ai les jambes bien lourdes ! Pour rajouter une couche, un camion humidifie la piste afin de limiter la poussière. La boue s’accumulant sur mes pneus ralentit encore plus ma progression. Je mouline alors péniblement jusqu’au sommet, situé à nouveau aux alentours de 4200 mètres. Malheureusement, une brume de chaleur voile en partie le magnifique paysage montagneux. Sur le plateau d'altitude, les cailloux de la piste cèdent la place au goudron fraîchement appliqué. Comme je n’ai pas prévu de provisions à cause de la soi-disant courte ascension, mon repas du midi se limite à une pomme et une orange. La route serpente facilement sur le plano, puis plonge vers Andahuaylas. Plus de 40 km de descente ! Je me laisse griser un moment par la vitesse de mon bolide, qui file à plus de 50 km/h. Puis, je suis freiné par de très nombreux travaux pour le goudronnage de la piste. Je renoue alors avec la poussière et les odeurs nauséabondes. Le chantier est titanesque, employant un nombre incalculable d’ouvriers qui ne manquent pas de me saluer au passage. En fin d’après-midi, j’atteins Andahuaylas, tout au fond d’une vallée. J'ai ainsi reperdu près de 1300 mètres d'altitude ! Je trouve à loger dans le miteux hôtel La Palmera, puis soupe dans un modeste snack. Il faut se rendre à l'évidence, il m’est impossible de rallier Cuzco avec un vélo chargé en deux jours. D’autant plus que le dénivelé n’est pas en ma faveur ! Ce n’est pas dans mes habitudes, mais je vais devoir prendre le car afin de ne pas rater le rendez-vous prévu avec Aurélie et Ben. Après un an de voyage, cela va vraiment faire plaisir de retrouver leurs bouilles !

 

  3. Les montagnes dans la descente

 

 

Vendredi 29 juillet : Andahuaylas

 

  La place d'Andahuaylas

Malgré que ce soit une journée de repos, je me lève assez tôt pour ne pas être farcé avec l’achat du billet de bus. La compagnie Celtur propose un trajet au même prix que ses concurrents, mais sans supplément pour le vélo. Je reste quand même assez perplexe ! Les billets en poche, je me rends sur la place d’Armes de la ville qui s’avère peu intéressante. La cathédrale ressemble plus à une grosse église ! Je déambule ensuite au hasard des rues. La ville est malheureusement en pleins travaux de rénovation. Les corps de métiers sont regroupés par quartiers : d’un côté les coiffeurs, de l’autre les services médicaux… A midi, je mange dans un modeste petit resto à proximité de l’hôtel. Il jouxte le mercado, un large bâtiment sur deux étages renfermant un grand marché bien organisé. Les étals de viande et de légumes sont au rez-de-chaussée, tandis que les autres commerces se situent au niveau supérieur. Il est à peine 13 h, et je commence déjà à tourner en rond ! C’est pourquoi je rentre à l’hôtel pour classer notamment mes photos. J’ai tellement tiré de clichés depuis mon arrivée en Amérique du Sud, que cela me prend la majorité de l’après-midi. En début de soirée, je pars souper dans une petite cantine populaire. Le monde se presse à l’entrée du bâtiment. Le service a d’ailleurs bien du mal à suivre. Je rentre ensuite tranquillement dans ma chambre froide, pour tenter de dormir un peu. En effet, le car part demain à 7 h du matin !

 

 

Samedi 30 juillet : Transport en car pour Cuzco (5,5 km à vélo)

 

Ma nuit a été très courte ! A l’aube, je me rends au terminal de la compagnie Celtur. Par précaution, je surveille le chargement du vélo et des bagages dans la soute. Vers 7 h, le car s’élance enfin vers Cuzco. Je suis placé à côté d’un vieux Péruvien assez sympathique. A la sortie de Andahuaylas, la piste grimpe longuement dans les montagnes alentour. La température extérieure augmente rapidement dès le levé du soleil. Le car plonge ensuite durant de nombreux kilomètres dans une large vallée. Il rejoint ensuite Abancay situé sur l’autre versant, par la grosse nationale bitumée en provenance de Lima. Comme beaucoup de passagers, je dîne dans un restaurant routier à l‘entrée de la ville. Une heure plus tard, nous reprenons le chemin de Cuzco. La route s’élève à nouveau de 2000 mètres, avant de replonger d’autant. Durant la dernière montée, le conducteur a bien du mal à passer ses vitesses. Il arrête plusieurs fois son véhicule sur le coté, créant quelques embouteillages. L’embrayage et la boite font de bien étranges bruits. Nous effectuons d'ailleurs les derniers kilomètres au ralenti. Comme personne ne donne d’explication, les gens finissent par s‘impatienter. Le car arrive au terminal de Cuzco avec presque 3 heures de retard. Je pédale alors rapidement dans l’obscurité jusque la place d’Armes, lieu de rendez-vous avec Aurélie et Ben. Avec tous ces déboires, ils m’attendent depuis deux bonnes heures. Du coup, nous cherchons tardivement un logement dans la ville. Finalement, nous trouvons difficilement une chambre commune dans l’auberge municipale, située sur les hauteurs de la ville. Ils m'amènent dans leurs bagages une toute nouvelle tente, envoyée gracieusement par l'entreprise Vaude chez ma frangine et mon beauf. Un grand merci à tous pour toutes ces démarches depuis la France ! Puis, nous fêtons les retrouvailles dans le bar Inkaria, avec de la gnôle locale composée de vingt plantes. Après avoir soupé dans une pizzeria proche, je bois un dernier verre avec Ben dans un bar à la musique branchée.

 

 

Dimanche 31 juillet : Cuzco

  La place d'Armes de Cuzco depuis l'auberge

Nous partons ensemble déjeuner dans un petit restaurant, avec vue sur la place d‘Armes depuis les balcons. Le tarif est bien onéreux pour le maigre repas proposé. Au Pérou, il faut vraiment prêter attention à l'argent remis, car de nombreux faux billets sont en circulation. Nous partons ensuite réserver les billets pour l’entrée du Machu Picchu au bureau de l’Institut National de la Culture. Comme je n’ai pas mon passeport pour l’enregistrement, nous retournons gaiement gravir les marches jusque l’auberge. A notre retour, les portes de l’établissement sont malheureusement closes. La fille nous avait pourtant annoncé la fermeture bien plus tard. Elle s’est vraiment foutue de nous ! Nous dînons alors dans un petit resto populaire donnant sur la place San Francisco. Les bureaux étant toujours fermés, nous passons l’après-midi à tenter de réserver nos billets via internet. En vain ! C’est pourquoi nous faisons plusieurs allers-retours jusque l’auberge. Le trekking du Salkantay semble bien compromis pour demain ! Il est presque 17 h, lorsque nous visitons expressément l’église de la Compania et la cathédrale. Lors d’une énième tentative, nous obtenons finalement nos billets pour le Machu Picchu. L‘esprit libéré, nous soupons dans un restaurant bourré de peluches. Nous finissons la soirée dans le même troquet que la veille, avec une bouteille de gnôle anisée. Aussi, j’ai malheureusement perdu ma petite sacoche avec toutes les piécettes étrangères, que je traîne depuis le début de mon périple asiatique. Il ne reste que quelques heures de sommeil, avant de prendre le car en direction de Mollepata demain matin.

 

 

salkantay-machu-picchu-map (2)

 

 

Lundi 1er août : 1er jour de trekking : Mollepata - Soreypampa

 

1. Aurélie et Ben au pique-nique  Le sentier partant vers le sommet enneigé duTacarhuay

 

La nuit fut très, très courte ! Un taxi nous emmène dans le quartier d’Arcopata, afin de prendre le minibus de 5 h en direction de Mollepata. Le trajet dure environ trois bonnes heures. Sur les derniers kilomètres, la piste caillouteuse au bord du précipice est assez périlleuse. Nous déjeunons ensuite tranquillement dans le petit village, avant d’entamer la randonnée. Sans le vouloir, nous empruntons le chemin qui grimpe vers le village étalé de Marcocasa. Puis, il zigzague sur le versant montagneux, donnant du fil à retordre à quelques-uns d‘entre-nous. Au sommet, le panorama sur les deux vallées est vraiment grandiose sous le soleil. Nous profitons de ce magnifique décor naturel, pour casser la croûte sur un alpage à l’herbe rase. Malheureusement, de nombreuses petites mouches nous assaillent durant tout le repas. Le sentier reste ensuite plus ou moins en ligne de crête, puis rejoint l’autre itinéraire beaucoup plus fréquenté. Les cimes des montagnes qui se présentent face à nous sont complètement enneigées. Nous marchons dans leur direction, tout en mâchouillant quelques feuilles de coca. A la tombée de la nuit, nous atteignons finalement le rudimentaire campement de Soreypampa. La présence des glaciers rafraîchit considérablement l’atmosphère. La température chute d’un coup, et devient glaciale ! Après avoir installé la tente, nous nous réfugions dans une sorte de cabane de berger pour préparer à souper. La popote n’étant pas prévue pour trois personnes, le repas est une vraie catastrophe ! Les spaghettis se transforment en une plâtrée compacte, peu appétissante. Mais quand on a faim, on ne fait pas la fine bouche ! Puis, les porteurs des groupes de randonneurs nous demandent de quitter brusquement les lieux. Dans la précipitation, un drôle d’individu vide complètement les bouteilles de bière à peine entamées. Merci Ben ! Aussi, le discours d’un guide m’inquiète un peu pour l’étape de demain. En effet, il nous faut franchir le col d’El Paso, perché à 4600 mètres sur les contreforts du Salkantay. A ma grande fierté, cela fait déjà un an que j’ai donné mes premiers coups de pédale !

 3. Le Tacarhuay enneigé

 

 

Mardi 2 août : 2ème jour de trekking : Soraypampa - Chaullay

 

1. Vendeurs péruviens sur le sentier

2. Petit lac dans la montée  

Pourtant serrés comme des sardines dans la tente, Aurélie et Ben ont quand même eu froid dans leur duvet léger. Il faut reconnaître qu’il fait vraiment frisquet ce matin ! Aussi, un gros caillou sous le tapis de sol m’a complètement détruit le dos. En effet, le matelas autogonflant est resté à l’hôtel, afin de s’alléger au maximum. Le sentier longe un moment la rivière Rio Blanco, puis grimpe abruptement sur les contreforts du Salkantay. Fort heureusement, nos corps se réchauffent rapidement grâce aux efforts fournis. D’autant plus que le soleil montre enfin le bout de son nez ! D’innombrables lacets s’enchaînent sur le raidillon rocailleux. Ben et Aurélie ont bien du mal à progresser, à cause des lourds sacs et de l’altitude. Pour ma part, j’ai plus de facilité grâce à ma condition physique accrue par le vélo, notamment au niveau du souffle. La plupart des autres randonneurs sont accompagnés de porteurs ou de mules. Ils n’ont d’ailleurs pas grand-chose à s’occuper, car les tentes sont montées à leur arrivée, et les repas préparés par les accompagnateurs. Une formule de trekking beaucoup plus aisé ! Nous atteignons alors une petite pampa désertique, dominée par le sommet enneigé du Salkantay culminant à 6271 mètres. Après une dernière pente abrupte, j’atteins enfin le col d’El Paso à 4600 mètres. Le paysage est merveilleux ! Malgré le vent violent, les nuages restent accrochés aux montagnes alentour. Plusieurs minutes après, j’aperçois Aurélie et Ben grimpant péniblement les derniers mètres. Après quelques photos glorifiant l’évènement, nous entamons une longue descente dans un vallon aride. Nous pique-niquons dans un petit pâturage, accompagnés par quelques condors qui virevoltent au-dessus de nos têtes. Le sentier rejoint ensuite la vallée sombre de la rivière Huamantay. Avec la baisse d’altitude, la végétation refait tout doucement son apparition. Nous dévalons à grande vitesse les derniers kilomètres, à cause des mauvais renseignements d’un guide. Finalement, nous atteignons le minuscule village de Chaullay avant la tombée de la nuit. Nous installons immédiatement la tente, avant de partir à la recherche d'un bon repas. La gérante d’un petit commerce rallume même ses fours spécialement pour nous. Vraiment sympa ! De plus, le coût du souper est complètement dérisoire. Finalement, la nuit risque d’être bien meilleure, car la température est sensiblement plus élevée.

3. Les randonneurs au sommet

4. Piton rocheux devant le Salkantay 

 

 

Mercredi 3 août : 3ème jour de trekking : Chaullay - Sahuayaco (La Playa) et minibus pour Santa Teresa

 

  1. Bergeries à proximité de Chaulley

Des chiens ont aboyé toute la nuit ! Une vraie calamité ! Nous poursuivons notre chemin dans la vallée de la rivière Santa Teresa. Notre trek rejoint ainsi celui de Choquequirau. Le début du trajet n’est pas très agréable. Nous marchons sur une piste à flanc de montagne, empruntée par de nombreux véhicules qui soulèvent la poussière. Fort heureusement, quelques kilomètres plus loin, un fragile pont en bois permet de rejoindre le sentier de randonnée qui borde le cours d’eau. La végétation tropicale a totalement envahi la vallée resserrée. Après seulement trois petites heures de marche sous le soleil, nous sommes tout surpris d’atteindre déjà le village de Sahuayaco (surnommé également La Playa). Nous dînons alors en terrasse d’un modeste restaurant au bord du sentier. Après réflexion, nous décidons de rejoindre le village de Santa Teresa par minibus, plutôt que de poursuivre le trekking. Dommage ! De toute façon, la quasi-totalité des randonneurs s’arrête ici ! Après une bonne heure sur une piste chaotique, notre chauffeur nous dépose au centre de la petite ville. Elle se situe au confluent des rivières Santa Teresa et Urubamba. Nous nous installons à l’hôtel Aranibar, tenu par une charmante vieille dame. Une foule de gens se presse pour observer un match de football, qui se déroule en contrebas à proximité du cours d’eau. Plus tard, nous nous attablons dans un restaurant mexicain pour souper. Nous finissons la soirée dans une discothèque à la musique latino-américaine. L’ambiance est assez sympathique, mais le comportement de certains touristes anglais ou américains est carrément pitoyable !

  2. La petite ville de Santa Teresa

 

 

Jeudi 4 août : Santa Teresa - Aguas Calientes

 

1. La voie ferrée pour Aguas Calientes  2. La rivière Vilcanota

La matinée est consacrée à flâner dans les rues de Santa Teresa. De précaires baraquements en tôle ondulée côtoient des habitations en dur pas toujours achevées. Bien souvent, de longues ferrailles dépassent des toits pour la construction d’un éventuel étage. Malgré tout, Santa Teresa reste agréable. Elle possède d’ailleurs des thermes publics assez réputés. La rue principale est bordée par de nombreux cafés et restaurants. La large place abrite également une vieille maison basse décrépie, renfermant le commissariat. Ce qui ne manque pas de nous amuser ! Nous cassons la graine dans un modeste restaurant populaire, où la propreté n’est pas la priorité des propriétaires. Après dîner, un taxi nous conduit au barrage hydro-électrique situé à quelques kilomètres. De ce lieu, un train peut nous emmener ensuite jusque Aguas Calientes. Toutefois, nous préférons longer la voie ferrée à pied jusque la petite ville. Elle s’enfonce dans l’impressionnante vallée de la rivière Urubamba, qui enserre le site du Machu Picchu perché sur les hauteurs. La promenade s’avère beaucoup plus agréable par rapport à ce que j’imaginais ! Grâce à l’humidité ambiante, de nombreuses fleurs colorées et de grands arbres tropicaux jalonnent le parcours. Les montagnes sont également envahies par des nuages bas menaçants. D’ailleurs, une pluie fine se met à tomber en fin de journée. Après plus de 3 heures de marche, nous atteignons finalement Aguas Calientes. A l’entrée, les nombreux hôtels qui se succèdent témoignent de l’aspect hyper touristique de la ville. D’ailleurs, les commerçants ne se gênent pas pour augmenter les prix. Nous trouvons finalement refuge à l’hôtel Inti-Wasi surplombant une petite rivière. Au centre, la rue Pachacutec n’est qu’une succession de restaurants en tout genre. Les rabatteurs n’arrêtent pas de nous assaillir. On ne peut pas faire un mètre sans se faire agripper ! C’est vraiment pénible ! Du coup avec toute cette concurrence, Ben et moi tentons de négocier les tarifs. Après une première tentative dans un établissement au service lent et peu cordial, nous finissons par en trouver un autre relativement correct. J’en oublie même mon appareil photo ! J’ai quand même eu beaucoup de chance de le récupérer ! Demain, une dure journée nous attend avec l’ascension des marches jusqu’au Machu Picchu.

  3. Le train pour Aguas Calientes

 

 

Vendredi 5 août : Visite du Machu Picchu

 

1. Les montagnes dans la brume matinale  2. Les randonneurs au sommet du Wayna Picchu

Nous nous levons aux aurores, de manière à arriver avant les cars de touristes au Machu Picchu. Comme personne n’est présent à l’accueil de l’hôtel, nous sommes peu rassurés de laisser les sacs dans un petit local. Une bonne heure est nécessaire pour gravir les 1716 marches des escaliers menant au site. Autant dire que ce ne fut pas une partie de plaisir ! De plus, la météo ne nous gâte pas, tout est noyé dans la brume ! Je suis complètement abattu ! Notre calvaire n’est pourtant pas fini, car il nous faut à présent monter les raides escaliers de la montagne Wayna Picchu. Seuls deux groupes de 200 personnes y ont accès par jour. Comme par magie, la brume se dissipe subitement durant l’ascension. Les hautes montagnes dominant la vallée de la rivière Urubamba se dévoilent d’un coup. Tous ces efforts valent vraiment la peine ! La vue plongeante sur les ruines incas est tout simplement prodigieuse. Nous profitons un moment du panorama, avant de redescendre par le même chemin. Comme il est interdit d’introduire de la nourriture, nous pique-niquons à l’entrée du site. La construction du Machu Picchu aurait commencé au 15èmeS, sous le règne de l’empereur inca Pachacutec. Il est divisé en deux grands quartiers. La ville haute comprend le mirador, les maisons des agriculteurs et les terrasses cultivées ; tandis que la ville basse renferme de nombreux temples, les greniers et différents quartiers d’habitations. Nous déambulons ainsi une bonne partie de l’après-midi dans ce dédale de rues pavées. A cause du manque d’indications, il n’est pas toujours facile de localiser les différentes curiosités ! Après cette longue visite, nous redescendons les marches gravies durant la matinée jusque Aguas Calientes. Notre retour vers Cuzco semble bien compromis. En effet, le seul train qui part aujourd’hui vers Ollantaytambo coûte la bagatelle d’environ 250 $ US (un peu plus de 210 euros). Ce qui en fait l’un des tronçons de chemin de fer le plus cher au monde ! Les locaux ne payent pourtant que 10 Nuevo Sol pour le trajet, soit un peu plus de 2 euros. « On a pas du tout l’impression de se faire berner ! » Finalement, nous dégottons des billets pour le lendemain matin au tarif de 50 $ US par personne. Contraints et forcés, nous reprenons une chambre au même hôtel. Nous partons ensuite souper dans un petit restaurant de la rue principale, tenu par un mexicain. J’ai vraiment hâte de quitter cette ville qui sent l’arnaque à chaque coin de rue !

 

3. Les ruines du Machu Picchu  4. Vue d'ensemble du Machu Picchu

 

 

Samedi 6 août : Aguas Calientes - Cuzco

 

1. Le village d'Ollantaytambo depuis la forteresse  2. Les terrasses de Moray

Nous embarquons vers 8 h 30 dans un train de luxe de la compagnie Incarail, en direction d’Ollantaytambo. Les fauteuils en cuir, la musique andine, les vitres panoramiques, les petits biscuits et le chocolat ne suffisent pas à faire passer la pilule des 50 $. La voie ferrée évolue le long de la rivière Urubamba, dans un magnifique décor de montagnes aux sommets parfois enneigés. Après presque 2 heures de trajet, nous débarquons dans le charmant village d’Ollantaytambo. Les ruelles pavées sont bordées de belles maisons coloniales, bâties sur les fondations de la période inca. Nous dînons dans une petite gargote, avant d’entamer la visite de la forteresse. Du haut de son promontoire, elle domine les trois vallées alentour. Elle a été le théâtre d’une terrible bataille contre les espagnols. Un raide escalier mène à différentes terrasses cultivées. Au sommet, une série de blocs rocheux constituerait le temple du Soleil. Il faut quand même avoir une sacrée imagination pour deviner une figure géométrique représentant le cycle de la vie ! Puis, nous négocions le trajet en taxi jusque Chinchero, avec quelques arrêts sur différents sites. Une piste poussiéreuse mène à l’ingénieux système de terrasses incas concentriques de Moray. Les spécialistes supposent qu’il s’agirait d’un laboratoire agronomique. Quelques kilomètres plus loin, nous découvrons les surprenantes salines de Las Salinas. Des milliers de bassins ont été creusés dans une petite vallée encaissée. A notre arrivée, plusieurs personnes y travaillent encore pour récolter le sel. Notre chauffeur nous fait ensuite le coup de la panne ! Il nous plante à l’intersection de la route pour Maras. Il nous réclame de surcroît le triple du prix annoncé, prétextant que le tarif était individuel. Il se sauve rapidement, nous laissant en proie à d’autres chauffeurs. Assez énervés, nous décidons alors de prendre le bus direct pour Cuzco. Tant pis pour Chinchero ! De toute façon, le soleil commence déjà à se coucher ! Aussi, j’interpelle une cyclovoyageuse allemande sur le bord de la chaussée. Swinde voyage à vélo depuis la Terre de Feu en Argentine jusqu’en Alaska. Il fait complètement noir lorsque nous atteignons l’ancienne capitale inca. Dans un troquet d’un quartier populaire, nous assistons par hasard à une danse de séduction appelée marinera, rythmée par la musique d’un orchestre. Nous récupérons ensuite nos affaires restées en consigne à l‘auberge municipale, pour s‘installer dans une autre chambre un peu plus exiguë. Puis, nous soupons dans le petit restaurant italien, situé en face de notre bar péruvien Inkaria. Encore quelques cruches d’alcool aux vingt plantes avant un dodo mérité !

 

3. Cactus devant la vallée de la rivière Urubamba  4. Les salines de Las Salinas

 

Dimanche 7 août : Escapade à Pisac dans la Vallée Sacrée

 

1. Tisseuses au marché de Pisac

2. Les terrasses devant les ruines de Pisac

 

La soirée étant un peu trop arrosée, nous décampons plus tardivement que nos prévisions. Un minibus nous emmène en moins d’une heure à la petite ville de Pisac, située à l’extrême Est de la Vallée Sacrée. Un marché coloré se tient sur la place de la Constitution. Nous nous baladons ainsi à travers les nombreux étals de nourriture et de souvenirs pour touristes. Puis, nous dînons dans la petite cour d’un restaurant en bordure de la place. Un taxi nous amène ensuite sur les hauteurs pour la visite du site archéologique inca. La vue sur Pisac à la jonction des deux vallées est vraiment spectaculaire. De nombreuses terrasses descendent à flanc de montagne, cernant les quartiers des maisons en ruines. A proximité, des trous dans la falaise servaient de sépulture aux défunts. Aussi, un sentier escarpé permet de rejoindre à pied la petite ville. Toutefois à cause du manque de temps, nous préférons redescendre en taxi. La longue file d’attente pour le minibus de Cuzco nous fait également changer nos plans. Nous tentons alors de négocier le trajet jusque Tambomachay avec un chauffeur pas très honnête. Tout cela finit par nous énerver ! Au bout du compte, un autre accepte de nous emmener au tarif annoncé. Cependant, sa conduite nous donne quelques frayeurs. Il n’hésite pas à doubler les véhicules dans les virages, sans aucune visibilité. Le site de Tambomachay renferme une source d’eau sacrée inca, qui s’avère décevante. A proximité, les derniers rayons chatoyants du soleil illuminent la forteresse de Pukapukara. Nous embarquons ensuite dans un colectivo pour le site de Q’enco. Il s’agit d’un ancien sanctuaire aménagé dans un gros bloc rocheux. Depuis une sorte d’amphithéâtre,  un petit tunnel mène à un autel servant au sacrifice des animaux. Une brèche en zigzag traverse également le rocher de part en part. Ben et moi cherchons longuement dans l’obscurité le monolithe censé représenter un puma. Nous sommes déçus lorsqu’un guide nous indique un vulgaire rocher pointu. Puis, nous rejoignons le centre de Cuzco, entassés dans un colectivo avec la population locale. Dans la soirée, nous retournons au restaurant de la place San Francisco pour déguster des pizzas géantes. Nous retrouvons ensuite notre endroit fétiche. Ce soir, l’ambiance est particulièrement survoltée. C‘est l‘anniversaire d’un ami du patron, qui ressemble un peu à Jean-Pierre Castaldi en version péruvienne. Les verres d’eau-de-vie aux vingt plantes (coupée au Sprite !) défilent, et se boivent cul sec jusque tard dans la nuit !

 

 3. Dame péruvienne avec son lama

 

 

Lundi 8 août : Visite de Cuzco

 

1. La cathédrale derrière les colonnes  2. L'église de la Compania sur la place d'Armes de Cuzco  

Après cette folle soirée, le réveil est difficile pour tout le monde. Surtout pour Aurélie qui a bien du mal à émerger ! Après un rapide déjeuner, nous entamons la visite de Cuzco par la cathédrale. Des audioguides en français sont à disposition pour mieux découvrir les richesses de l’édifice. Deux églises jouxtent les côtés latéraux de l’imposant bâtiment religieux. Elles possèdent de nombreux autels baroques et rococo, décorés de nombreux miroirs. La « Croix de la Conquête » apportée par le conquistador Pizarro est également exposée. La cathédrale proprement dite date de la fin du 16ème S. Elle possède trois grandes nefs renfermant des centaines de toiles, notamment du célèbre peintre Marco Zapata. Nous découvrons entre autres l’image vénérée de la Vierge de la Linda, ainsi que le calvaire du Christ des Tremblements noirci par la fumée des bougies. Porté en procession, il aurait fait cesser le tremblement de terre de 1650. Le maître-autel possède également un splendide retable en argent. Un autre en bois, tout aussi remarquable, est situé juste derrière. De magnifiques stalles baroques, ainsi qu’une belle chaire, trônent au milieu de l’édifice religieux. Nous enchaînons rapidement avec l’église jésuite de la Compania, qui présente une jolie façade baroque. Pour ne pas concurrencer la cathédrale, l’édifice ne possède qu’une seule nef. Elle renferme également de splendides tableaux religieux et un gigantesque maître-autel finement décoré. Nous jetons ensuite un œil dans le cloître de l’université. Puis, nous retournons au restaurant populaire de la place San Francisco. Cette fois-ci, le repas n’est vraiment pas fameux ! Le service est d’ailleurs complètement dépassé par les évènements. Nous déambulons ensuite jusqu’au mercado San Pedro, pour déguster un succulent jus de fruit frais. Ce marché couvert propose une grande variété de produits alimentaires (pommes de terre déshydratée, œufs de poissons, algues…). Nous nous baladons ensuite dans les rues commerçantes de la ville pour rejoindre le musée de l’Art Religieux, situé de l‘autre côté de la place d‘Armes. Il est installé dans une magnifique demeure coloniale, renfermant un joli petit cloître. Il présente de nombreuses œuvres religieuses de l’école de peinture de Cuzco, mélangeant les styles colonial et inca. Les plafonds de la chapelle et le maître-autel doré à l’or fin sont également de toute beauté. Nous passons ainsi un long moment dans les différentes salles, avec l’audioguide sur les oreilles. A l’extérieur, la célèbre pierre à douze angles est visible dans les soubassements du bâtiment. Comme il commence à être tard, nous accélérons la visite jusque l’église du quartier de San Blas. Ciselée dans du bois de cèdre, la chaire baroque est un véritable bijou. Elle est démesurément décorée de personnages religieux, d’anges, de colonnes et même de fruits. L’édifice renferme également un merveilleux retable, ainsi qu’un christ noir avec les bras et les jambes amovibles. La nuit commençant à tomber, nous rentrons tout doucement à l’auberge. Quelques heures plus tard, nous revenons dans le quartier pour souper dans un restaurant. Malgré l’heure tardive, le propriétaire accepte de nous servir. Comme de coutume, Ben et moi repartons au bar Inkaria pour fêter notre dernière soirée ensemble. 

3.-Le-musee-de-l-Art-Religieux.jpg  4. La célèbre pierre à douze angles  

 

Mardi 9 août : Visite de Cuzco

 

1. La forteresse inca de Sacsayhuaman  2. Le monastère de Santo Domingo  

Après une dizaine de jours passés ensemble, c’est déjà l’heure des séparations ! En effet, Aurélie et Ben reprennent l’avion ce matin pour Lima. En tout cas, cela m’a fait vraiment plaisir de les retrouver ! Je pars ainsi seul jusqu’au site de Sacsayhuaman, perché sur une colline dominant Cuzco. L’ancienne forteresse inca a été en partie détruite par les espagnols. Toutefois, les blocs les plus lourds sont restés en place, parfaitement ajustés les uns aux autres. Depuis le promontoire, la vue sur la ville est également époustouflante. Je redescends par le même sentier rocailleux pour joindre le centre historique. Je visite alors le monastère de Santo Domingo, construit par les espagnols sur le temple de Qorikancha. Les bâtisses incas furent conservées pour bâtir l’église et le cloître des Dominicains. Par conséquent, le lieu forme un mélange assez curieux. Une galerie, installée dans une aile du monastère, expose quelques toiles religieuses de l’époque coloniale. Comme pour tous les édifices religieux de Cuzco, les photos sont interdites à l’intérieur. L’ensemble est également entouré de jolis jardins fleuris. Par contre, l’intérieur de l’église reste assez sobre. Je me rends ensuite au couvent de Santa Catalina, construit également sur un site inca. Une partie de l’édifice religieux a été transformée en musée. Plusieurs objets liturgiques et toiles religieuses sont présentés dans les différentes salles, notamment une surprenante crèche pliante. Les murs de la sacristie sont décorés par de belles fresques, représentant grosso modo le Bien et le Mal. A l’étage, la vie monastique des dominicaines a été reconstituée. Puis, je mange rapidement dans un bouiboui à proximité, avant de poursuivre la visite de la ville. Le monastère de la Merced possède un superbe cloître sur deux étages. Les plafonds en bois sont magnifiquement sculptés, et les murs sont décorés de grandes fresques datant de l’époque coloniale. Le père Francisco Salamanca vécut cloîtré dans une petite cellule, durant onze longues années. Les murs sont remplis de surprenantes fresques, représentant d’un côté le Paradis, de l’autre l’Enfer. Un petit musée expose également quelques belles pièces en or et en argent, notamment un splendide ostensoir serti de pierres précieuses. D’autres toiles religieuses sont exposées dans une galerie à l’étage. Malheureusement, l’église et une partie du monastère sont fermées au public. Je déambule ensuite dans le quartier bohème de San Blas, pour tirer quelques clichés. Les ruelles escarpées sont bordées de maisons toutes blanches, avec des balcons colorés. Le temps se dégrade d’un coup. Un vent glacial se met soudainement à souffler. Je rejoins alors l’église San Cristobal, à proximité de l’auberge municipale. Une fête populaire religieuse s’y déroule depuis quelques jours. Un orchestre joue régulièrement de la musique latino-américaine, entrecoupée par le claquement des nombreux pétards. Des stands sous tente proposent toute sorte de nourriture et de boissons. C’est ainsi que je goûte au fameux cuy grillé, c’est-à-dire du cochon d’Inde. La viande est assortie d’une sorte de pain de mais, d’algues, d’œufs de poisson, de fromage de brebis et de bien d’autres choses non identifiées. Le goût est assez fort, mais pas mauvais. La bière coule également à flots. Un ivrogne complètement saoul me cherche même la cogne ! Aussi, de nombreux clients sans complexe n’hésitent pas à uriner dans les escaliers. Bonjour les odeurs ! Quelques heures plus tard, je retourne à proximité du centre historique pour souper dans un restaurant végétarien. Je passe le reste de la soirée dans ma chambre, pour commencer à mettre à jour le blog. En effet, un retard considérable s’est accumulé durant ces derniers jours !

 

3. Le monastère de la Merced  4. Cochons d'Inde grillé  

 

Mercredi 10 août : Cuzco

 

1. La fontaine sur la place d'Armes de Cuzco

Encore une journée peu passionnante ! Je passe toute la matinée à taper le récit de ces dernières journées. Vers l’heure du midi, je pars en ville pour dîner dans une petite gargote à l’arrière d’une cour délabrée. Le cordial propriétaire s’intéresse énormément à mon aventure. Cela fait toujours plaisir ! Je fais ensuite quelques boutiques pour l’achat de nouvelles chaussures. Les anciennes ont rendu l’âme après avoir supporté les chaleurs des déserts du Moyen-Orient, l’humidité de l’Asie, et les rudes hivers d’Europe centrale et d’Australie. Puis, je retourne au boulot durant quelques heures. Je soupe ensuite dans un minuscule boui-boui, un peu à l’écart du centre. Le repas ne coûte même pas un euro ! Comme toujours, je finis la soirée à l’Inkaria. Fréquenté uniquement par des Péruviens, cet endroit me plaît vraiment ! La décoration désordonnée lui donne un côté chaleureux. Des paquets de cigarettes et des cartons de bière sont accrochés au plafond. Tout comme un grand drap représentant les positions du kamasutra ! De même, les murs sont tapissés de vieilles affiches usées, et de grosses bombonnes d’alcool trainent un peu partout. Je bois encore quelques verres avec Lucho, le sympathique patron, et ses acolytes. Ses bouteilles aux vingt plantes se vendent toujours à grande vitesse. C’est vraiment incroyable !

 

 2. Les maisons aux balcons colorés de la place d'Armes

 

 

Jeudi 11 août : Cuzco

 

  1.-Le-monastere-de-San-Francisco-copie-1.jpg

Au vu du travail encore à accomplir pour rattraper mon retard, je m’accorde une journée supplémentaire à Cuzco. Je passe à nouveau toute la matinée à taper le texte pour le blog, et faire quelques recherches sur internet. A l’heure du midi, je pars en ville pour casser la graine dans la même gargote de la veille. Le sympathique propriétaire se rappelle même de mon prénom ! Pour me changer les idées, je décide de visiter l’église et le monastère de San Francisco. Le cloitre renaissance sur deux étages est le plus vieux de Cuzco. Seulement, je suis obligé de suivre un guide peu accueillant pour visiter le bâtiment. Les explications étant en espagnol, je passe par l’intermédiaire d’un jeune allemand pour avoir la traduction en anglais. Les plafonds du cloître sont magnifiquement peints. L’édifice renferme quelques belles peintures religieuses, notamment une immense toile représentant l’arbre généalogique de l’ordre franciscain. L’acoustique est également étonnante. Le guide me place face à un mur, alors que mon interprète se situe à l’opposé. Les paroles chuchotées sont parfaitement audibles. Elles se transmettent par l’intermédiaire des voûtes de la pièce. A la fin de la visite, le désagréable guide a le culot de réclamer une donation. Je retourne ensuite à l’auberge pour finir mon déplaisant travail. En début de soirée, je rencontre Benoît, un jeune auvergnat voyageur. Nous soupons ensemble dans un petit restaurant à proximité de la place d’Armes. Je commence à avoir des fourmis dans les jambes, il faut absolument que je prenne la route demain.

 

  2. La place d'Armes illuminée

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commentaires

C
<br /> Salut Vincent<br /> Le temps du club "Quasars" est bien lointain (pour toi comme pour moi :) mais j'ai encore en mémoire cette grande époque et nos excursions sidérales (même quand elles étaient un peu foireuses !).<br /> Depuis, j'avoue avoir perdu le contact avec tout le monde. Aussi, quelle surprise d'avoir de tes nouvelles dans un vieux Nord-Eclair traînant chez mes parents à NeF ! Je n'ai pas encore eu le temps<br /> de lire en détail le compte-rendu de tes aventures, mais je reste quand même admiratif. Ton trek péruvien m'a rappelé mes vacances d'il y a 2 ans, 3 semaines géniales dans ce pays magnifique...<br /> même si c'était comme "touriste baladé" (avec un peu de trek malgré tout) et non en cycliste-aventurier comme toi :)<br /> Observes-tu encore le ciel nocturne ? Sur le site de Huchuyqosqo, dans la Vallée Sacrée, on peut camper sur place au dessus des ruines incas. J'avais réussi (en insistant) à y dormir à la belle<br /> étoile - et c'est vrai qu'elles étaient bien belles ! En même temps, ce ne sont pas les occasions d'observation qui doivent te faire défaut !<br /> En tout cas, je te souhaite une très bonne route, et j'aurai plaisir à suivre ton blog !<br /> @+<br /> Christophe A.<br /> <br /> <br />
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<br /> <br /> Salut Christophe<br /> <br /> <br /> En effet, le club Quasar est bien loin maintenant. J observe beaucoup moins les etoiles actuellement, mais je ne manque pas d y jeter un coup d oeil quand le temps le permet. J ai quand meme avec<br /> moi un petit planisphere de l hemisphere Sud.<br /> <br /> <br /> En tout cas, ton message m a bien fait plaisir.<br /> <br /> <br /> Logiquement, mon aventure a velo devrait prendre fin au mois de novembre. Apres Buenos Aires, je devrais rejoindre le Nord a velo depuis Madrid.<br /> <br /> <br /> Tout comme toi, je n ai plus beaucoup de contact avec les adherents du club d astro. Je vois rarement Michel, qui habite pourtant a deux pas de chez moi. En effet, j habite maintenant au centre<br /> de Neuville. D ailleurs tu es le bienvenu si tu passes dans le coin, des mon retour.<br /> <br /> <br /> A+<br /> <br /> <br /> Vincent<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> salut grand vince je viens de voir les photos de toi et benjamin, bon courage dans ton périple qui touche bientot a sa fin mai a une autre a celle ou tu devra tout nous epliquer... bon courage mon<br /> grand est a ton retur en novembre....Quentin semet<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Salut Gd Vince, contente d'avoir partager un bout d'aventure avec toi. Ca m'a fait plaisir de voir que tu allais bien. Tu as pu enfin goûter le cuy!! dommage que cela s'est fait sans nous ainsi que<br /> du 20 plantes!!! Un peu de nostalgie en lisant mais que des bons souvenirs!! Merci!!! Bon courage pour la suite et à dans 4 mois normalement. Gros bisous. Aurélie.<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Hello vince<br /> Je suis très content de t'avoir eu au téléphone le semaine dernière.<br /> J'espère que nos deux gai luron ton mis du baume au coeur apparemment oui ;) en tout cas eux sont rentré avec la banane sur le visage :) et la tête pleine de souvenirs de ce superbe voyage et cette<br /> magnifique aventure avec toi .<br /> Bon courage l'ami à bientôt ;)<br /> el grego<br /> <br /> <br />
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M
<br /> et bien quel beau perriple est que de courage ,on vennait de voir à la télé un reportage sur le treck que tu viens de faire dans l emission de nicolas hulot c etait magnifique,bonne soiree et<br /> encore bon courage bisous<br /> <br /> <br />
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