Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 10:08

Mercredi 13 juillet 2011 : Vol vers Lima (Pérou)

Voiture-de-police-a-l-aeroport-de-Los-Angeles.jpg

 

C’est le jour le plus long ! Vers 4 h, les portes de l’aéroport de Sydney s’ouvrent enfin ! Je vais pouvoir me réchauffer un peu. Aussi, il me reste encore plus de 6 heures avant d’embarquer. Du coup, j’ai tout mon temps pour démonter Tornado, afin de le caser dans sa minuscule boite en carton. En effet, je reprends la même compagnie aérienne qu’à l’aller pour quitter l’Australie. Il faut dire que Quantas a quasiment le monopole sur la terre de Skippy le kangourou ! Cette fois-ci, il ne devrait pas y avoir de problème ! Pour les états américains, j’ai droit à deux bagages de 23 kg. Va comprendre ! Toutefois, je préfère prendre mes précautions en m’habillant chaudement pour les alléger au maximum. Le gars à l’enregistrement est beaucoup plus sympathique que son collègue de Singapour. Etonnamment, cela passe tout juste ! Ce problème épineux résolu, je peux embarquer sereinement pour un vol de plus de 13 heures en direction de Los Angeles aux Etats-Unis. Malgré ma nuit blanche, je n’ai vraiment pas sommeil ! Avec le décalage horaire positif de 7 heures et le vol dans le sens de la rotation de la Terre, j’atterris le même jour à 6 h 45 au matin, plus tôt qu’au décollage. Cela peut paraître étrange, mais pour bien comprendre, il faut relire le roman d’aventures de Jules Vernes « Le tour du monde en 80 jours ». Le temps de transit à L.A. pour San Salvador va durer encore 19 heures. La fatigue et l’éloignement de l’aéroport me font renoncer à une visite express de la mégapole américaine. Je ne tiens vraiment pas à rajouter du stress pour attraper ma correspondance ! J’erre alors de terminal en terminal pour tuer le temps durant cette très longue journée. Dans la nuit (donc du mercredi au jeudi !), l’Airbus de la compagnie Taca décolle pour l’Amérique Centrale à 2 h du mat.

 

 

Jeudi 14 juillet : Vol vers Lima

Le-cycliste-au-Perou.jpg

 

Le vol jusque San Salvador dure un peu moins de 5 heures. Mon transit devait normalement être très rapide, mais l’avion de la même compagnie est retardé jusqu’en début d’après-midi. Il me faut encore patienter un très long moment dans le petit aéroport international. De toute façon, je ne suis plus à quelques heures près ! La connexion internet étant gratuite, j’en profite pour mettre à jour mes différents pépins informatiques. Aussi, je discute longuement avec Marco, un Péruvien qui retourne au pays. Avec plus de 6 heures de retard, j’embarque enfin pour ma destination finale. Il est environ 14 h 30, si l’on rajoute la petite heure de décalage positive par rapport à Los Angeles ! « Pas de panique, je commence par m’y perdre aussi ! ». Encore un bon 5 heures de vol… et l’Airbus atterrit enfin au Pérou à presque 21 h (encore une heure de décalage horaire !). Après ce parcours du combattant, le soleil ne m’a pas attendu pour se coucher. Et rallier à vélo le quartier touristique de Miraflores dans le noir ne me rassure pas du tout ! En effet, Lima n’est pas une ville très sécurisante. De plus, le temps de récupérer les bagages et de remonter le vélo, il est déjà minuit passé ! Du coup, je décide de passer la nuit dans l’aéroport. Apparemment, c’est chose routinière car plusieurs individus somnolent complètement affalés sur les sièges. C’est pourquoi je n’hésite pas à sortir le matelas pour m’installer. Interloquées par le vélo chargé, quelques personnes viennent à ma rencontre. Un citoyen américain se propose de veiller sur Tornado pendant une courte absence, tandis qu’un Péruvien me tend généreusement de l’argent lorsqu’il apprend mon aventure. Bien entendu, je décline l’offre !

 

 

Vendredi 15 juillet : Lima (23,6 km)

1.-Les-falaises-a-Lima.jpg

 

Ma courte nuit fut peu réparatrice. Elle a été de surcroît perturbée par les agents de nettoyage de l‘aéroport. Encore à moitié assoupi, je prends la direction du quartier de Miraflores vers 8 h au matin. Après de longs mois, je retrouve très rapidement mes repères de conduite à droite. La circulation routière me tire rapidement de ma somnolence. C’est complètement fou ! Les véhicules doublent n’importe comment, et changent de direction sans prévenir. Les plus dangereux sont encore les minibus pour le transport public. Ils n’hésitent pas à me couper la route, pour freiner quelques mètres plus loin. L’air est également rendu suffocant par les gaz d’échappement. Après une vingtaine de kilomètres de frayeur, j’atteins le quartier touristique situé en bordure de l’océan Pacifique. De petites falaises abruptes bordent le littoral noyé dans la brume. Peut-être d'ailleurs à cause de la pollution ! Au loin, les silhouettes des montagnes sont à peine perceptibles. Une impudique statue, représentant l’acte sexuel d’un couple, trône au milieu du parc de l’Amour. De nombreux amoureux viennent d’ailleurs poser pour la photo. « Si c’est pas mignon tout ça ! ». En cette fin de matinée, je pars à la recherche d’un logement. Les habitations sont comme barricadées. Toutes les portes et fenêtres possèdent des grillages ou des barreaux de fer. Tout cela n’est pas très rassurant ! Après une recherche peu fructueuse, je pose mes sacoches dans une chambre de la maison de Lex Luthor, l’ennemi juré de Superman. « Non, je ne suis pas encore saoul ! » Cette modeste guesthouse est tenue par Victor, un homme souriant et aimable. Je déambule ensuite à pied dans les rues commerçantes de Miraflores. C’est certainement la proximité de l’océan qui a rendu touristique le quartier, car les bâtiments sont d‘une banalité déconcertante ! Dans un petit snack, je goûte à la célèbre papa. En effet, la pomme de terre, originaire d’Amérique du Sud, est préparée dans de nombreux plats péruviens. Mon après-midi n’a rien d’exceptionnel ! J’erre tranquillement de commerce en commerce, tout autour du parc central. Un peu de repos ne fait pas de mal ! La musique, notamment la salsa, émane agréablement des restaurants et des bars. La fatigue commençant à peser, je préfère rentrer à la guesthouse dans la soirée. J‘espère récupérer rapidement du manque de sommeil de ces dernières nuits, avant d‘attaquer l‘ascension des Andes.

2.-La-statue-du-parc-de-l-Amour.jpg

 

 

Samedi 16 juillet : Visite de Lima

1.-La-cathedrale-de-Lima.jpg 

A cause de la fatigue et du décalage horaire, je me lève beaucoup plus tard que prévu. Le centre de Lima est situé à plus de 8 km de la guesthouse. Après réflexion, je décide quand même de m’y rendre à pied. Je longe ainsi le grand boulevard Arequipa jusqu’au parc de la Culture. Ce petit havre de paix dans l’assourdissante agglomération renferme quelques jolis pavillons dispersés dans les jardins. Mon parcours se poursuit jusqu’à la plaza San Martin, entourée de grands bâtiments austères du début du 20ème S. Un peu plus loin, la massive cathédrale domine la place principale, ornée d’une jolie fontaine en bronze. Je ne peux malheureusement visiter l’intérieur de l‘édifice, car un mariage y est célébré. Juste à côté, le palais de l’Archevêché possède de splendides balcons en bois sculpté. D’autres bâtiments bordent la place, comme le sobre hôtel de ville, et le palais du Gouverneur de style baroque. Aussi, une procession religieuse se déroule autour de l’esplanade. Des hommes portent sur leurs épaules des grandes statues de Saintes, disposées sur des brancards. Un bon nombre de croyants catholiques (et de curieux comme moi !) assistent au long cortège musical. La population en Amérique du Sud est encore très pratiquante ! Puis, je mange sur le pouce dans un petit resto, avant de me balader autour de la place pour découvrir les autres édifices religieux et les anciennes maisons coloniales. L’église de Santo Domingo, peinte tout en rose, renferme les crânes de San Martin de Porres et de Santa Rosa de Lima. Celles de la Merced et de San Agustin ont de splendides façades sculptées de style baroque. Le monastère de San Francisco possède également d’impressionnantes catacombes, mais l’heure tardive me fait renoncer à la visite. Je découvre encore rapidement de jolis monuments, notamment le reposant sanctuaire de Santa Rosa de Lima, les églises San Pedro et Nazarenas, ainsi que la magnifique maison coloniale Palade Torre Tagle avec ses balcons en bois ajourés. Finalement, le centre de Lima, sans être exceptionnel, est quand même assez intéressant à découvrir ! Ce samedi, la population locale est plutôt préoccupée par le match de football, opposant la Colombie au Pérou pour la Copa America. En effet, de nombreuses personnes se massent devant les écrans de télévision des commerces alentour. J’assiste d’ailleurs aux prolongations dans un troquet. L’ambiance devient survoltée, lorsque le Pérou marque le second but, signe de qualification pour les quarts de finale. J’ai l’impression de me voir au stade Bollaert de Lens ou au café des supporters, avec quasiment les mêmes réactions que ces gens ! Puis la nuit commençant à tomber, je prends le même chemin pour retourner à Miraflores. Après une bonne heure et demie de marche, je pars récupérer les DVD de mes photos, commandés la veille. Le gars se fout de moi ! Non seulement rien n’est fait, et il me fait payer plus cher ! Vraiment malhonnête le type ! Il me faut alors encore patienter une bonne heure, avant de retourner à la guesthouse pour me reposer. 3.-L-eglise-et-le-monastere-de-San-Francisco.jpg

2.-Procession-religieuse-au-centre-de-Lima.jpg

 

 

Dimanche 17 juillet : Lima - Chosica (50,7 km)

 Confection-de-taureaux-en-papier-dans-la-banlieue-de-Lima.jpg

Je traînaille une bonne partie de la matinée. Du coup, je quitte la guesthouse tardivement vers les 11 h. Durant le vol, mes deux compteurs kilométriques et ma montre ont rendu l’âme. Vraiment bizarre, peut-être l’altitude ou les rayons X ! Bref, je n’en sais rien ! Par contre, je commence sérieusement par en avoir marre de tout ce matériel onéreux qui ne fonctionne plus ou qui casse sans raison ! Et dire que je me suis fait expédier un nouveau, spécialement pour avoir l’altitude dans la Cordillère ! Vraiment rageant ! Avant de m’élancer, je retourne manger au snack de l’avant-veille pour me remplir l’estomac. Je discute encore un bon moment avec un type prêchant la bonne parole… et mon aventure Sud-américaine peut enfin commencer ! La circulation est toujours aussi dangereuse. En plus du trafic routier, je dois éviter les trous et les bosses qui jalonnent la chaussée. Ma vitesse est également fortement ralentie par les minibus. Ils n’hésitent pas à me couper la route pour ramasser quelques passagers. De vrais cinglés ! De plus, l’air est toujours aussi irrespirable à cause de la pollution. Je traverse ainsi les quartiers pauvres de la périphérie, pour prendre la direction de Chosica. Les habitations en briques sont délabrées, pas toujours achevées. Sur le bord de la route, quelques personnes en costume traditionnel chantent et dansent au son d’un orchestre. D’autres confectionnent des taureaux, décorés de papiers et de rubans colorés. Tout cela me redonne un peu de baume au cœur sur cette route désagréable. Sur mon parcours, les villages qui se succèdent sont poussiéreux et très sales. Plusieurs habitations modestes s’entassent sur les proches versants montagneux. Après une trentaine de kilomètres, la brume commence à se dissiper avec l‘altitude, laissant apparaître la rivière Rimac et les hautes montagnes arides alentour. J’atteins alors Chosica en fin d’après-midi. La petite ville est envahie par les mototaxis qui n’arrêtent pas de klaxonner. Dans un troquet, un homme m’invite à boire de la bière. Cela ne se refuse pas ! Je passe un long moment à tenter une discussion hispano-française avec le pseudo-policier Fernando. Je m’installe ensuite à l’hôtel El Paraiso pour un tarif trois fois moins cher qu’à Lima. Puis, je finis la soirée dans les rues animées, bordées de nombreuses boutiques et restaurants. Pendant le repas du soir, je goûte à la limonade nationale Inca Kola, de couleur jaune fluo. Son goût chimique ne me plaît vraiment pas ! Chosica est déjà situé à une altitude d’environ 900 mètres. Je n’ai vraiment pas eu l’impression d’avoir grimpé autant ! Aussi avec ces histoires de compteurs, j’ai oublié de tirer une photo en souvenir de mon passage à Lima !

 

 

Lundi 18 juillet : Chosica - San Mateo (63 km)

 1.-Les-toits-en-tole-de-Chosica.jpg

Comme je me suis rendormi, le levé est encore bien tardif ! Les nombreux toits de tôle ondulée des habitations de Chosica s’étalent abondamment dans la vallée. La route poursuit son ascension le long de la rivière Rimac. Quelques plantations céréalières commencent à apparaître au bord du cours d’eau. Les hautes montagnes désertiques alentour dominent la mignonne petite vallée. Le paysage est vraiment sublime ! D’autant plus que soleil matinal a complètement dissipé la brume de la veille. L’ennui vient du passage des nombreux camions et bus qui empruntent cet itinéraire. La succession de plots de ralentissement disposés sur la chaussée rend également le trajet assez pénible. Après une quarantaine de kilomètres d‘ascension, je casse la croûte pour un tarif dérisoire, dans un petit resto à l‘entrée de Matucana. Puis, ça continue de grimper encore et encore ! La route s’enfonce longuement dans d’étroites gorges creusées par la rivière. Cela devient même inquiétant pour le bivouac du soir ! En effet, il est impossible de planter la tente sur les parois raides des montagnes rocailleuses. La grimpette n’est pas trop difficile, mais les kilomètres s’accumulant rendent les jambes bien lourdes. Aussi sur le parcours, une grosse usine d’embouteillage d’eau détourne le cours d’eau de son lit. Depuis le début de journée, les conducteurs n’arrêtent pas de klaxonner pour m’encourager. Certains me tirent même en photo ! Finalement, j’atteins le village de San Mateo culminant à plus de 3000 mètres. La fin de journée étant proche, je décide de loger dans un petit hôtel improvisé du centre. L’accueil n’est pas des plus charmants ! La propriétaire dédaigneuse tarde même à me rendre ma monnaie. Je la soupçonne d’ailleurs de l’avoir fait exprès ! La minuscule chambre n’est pas franchement propre. Elle est de plus remplie de bric et de broc, réduisant l‘espace vital. Dans un bar typique du village, deux gars déjà bien ivres m‘invitent à leur table pour boire quelques bières. Leur compagnie est sympathique, mais je ne comprends pas grand-chose de leur charabia espagnol. L’alcool y est pour beaucoup ! Du coup, je hoche bêtement la tête en signe d’acquiescement. Aussi, la coutume péruvienne veut que l'on se passe le verre à tour de role. L’urinoir, installé dans la même pièce, dégage une odeur malsaine. Il ressemble d’ailleurs plus à un grand lavabo. Vraiment bizarre ! Je soupe ensuite dans un petit resto, avant de regagner ma misérable chambre.

2.-La-vallee-de-la-riviere-Rimac.jpg

 

 

Mardi 19 juillet : San Mateo - La Oroya (86,2 km)

 1.-Les-pics-enneiges-sur-la-route-de-La-Oroya.jpg

Pas besoin de réveil, il y a un boucan d’enfer dans le couloir ! La famille de la propriétaire braille sans se soucier des gens qui dorment. Jusqu’à présent, c’est l’hôtel le plus inhospitalier de tout mon voyage ! Par chance, je réussis à réparer mon vieux compteur. C’est toujours mieux que rien ! Le ciel est couvert de nuages gris qui rendent le paysage morose. La route poursuit son ascension dans la montagne, toujours le long de la rivière Rimac. Elle croise de temps en temps la ligne de chemin de fer, reliant Lima à La Oroya. Les pentes s’accentuent lorsque le cours d’eau serpente dans d’étroites gorges. Les premiers sommets enneigés font enfin leur apparition. Aussi, la circulation est un moment interrompue à cause d’un éboulement. De nombreuses femmes travaillent également à la rénovation de la chaussée, n’hésitant pas à piocher ou creuser. Au bout d’une quinzaine de kilomètres, j’ai déjà les jambes bien lourdes. La journée risque d’être difficile ! De plus, je me fais attaquer par une meute de chiens. L’un d’eux a bien failli me croquer une sacoche. Ils déguerpissent rapidement à la vue de mon bambou. Les klaxons ont également repris de plus belle ! Bien souvent, ce sont des encouragements ; mais à la longue, cela me casse les oreilles ! Au-dessus de 3000 mètres, il faut prendre garde au mal des montagnes qui peut être fatal. Dès les premiers symptômes, il est préférable de redescendre pour s’acclimater. Plus loin, un camion renversé dans un virage bloque le passage pendant plusieurs heures. Du coup, j’en profite pour manger un morceau sur le bord de la chaussée. Comme rien ne bouge, je dépasse la longue file de véhicules pour forcer le passage. C’est un des avantages de voyager à vélo ! Ma respiration est de plus en plus difficile, à cause de la raréfaction de l’oxygène avec l’altitude. Du coup, je m’essouffle beaucoup plus vite ! Sur fond de pics enneigés, les montagnes environnantes sont parées de couleurs diversifiées. Cela va du noir au jaune, en passant par le rouge et l‘orange. J’atteins enfin le sommet du col Abra Anticona, culminant à 4818 mètres. De toutes mes aventures de cyclovoyageur, c’est de loin le plus haut que j’ai gravi ! C’est également la station de chemin de fer la plus élevée au monde. Il m'aura fallu donc grimper plus de 140 km pour vaincre ma première difficulté andine. Le temps se dégrade un peu plus. Le vent ramène des nuages noirs qui déversent de la pluie et de la grêle. J’attaque alors expressément la raide descente dans le froid. La route borde de jolis lacs d‘altitude, avant de plonger de plus de 1000 mètres vers La Oroya. Après de longues recherches dans la petite ville, je monte les sacs et le vélo dans une chambre de l’hôtel Mister. Le propriétaire et son fils me donnent aimablement un coup de main. Alors que la pluie s’est mise à tomber, je mange dans une petite gargote en compagnie de deux Péruviennes un peu éméchées. Je finis la soirée dans un troquet, pour visualiser la fin du match de football qui voit la défaite du Pérou face à l’Uruguay. De nouveau, quelques clients me proposent de trinquer avec eux. Nous picolons plusieurs cervezas jusque tard dans la soirée.3.-Lacs-d-altitude-apres-le-col.jpg

2.-Le-cycliste-au-sommet-du-col.jpg

 

 

Mercredi 20 juillet : La Oroya - Huancayo (127,1 km)

2.-L-eglise-bleue-de-Muruhuay.jpg

 1.-La-vallee-de-la-riviere-Mantaro.jpg

Dans les rues, quelques stands ambulants proposent des boissons chaudes revigorantes à base de plantes, de céréales, et même de tubercules sucrés comme la maca. La grosse ville industrielle de La Oroya est tournée vers la métallurgie. Elle ne présente pas vraiment d’intérêt, mais elle me plaît bien ! Le temps est idéal pour pédaler. Le ciel est complètement dégagé, et un léger vent me pousse dans le dos. De plus, la route descend tout doucement jusque Huancayo. Elle s’enfonce dans la vallée escarpée de la rivière Mantaro. Au départ, les montagnes rocailleuses sont dépourvues de végétation. Le paysage est totalement minéral. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, elles s’arrondissent, revêtues d’une herbe jaunie par le soleil. Le coin est splendide ! Je croise plusieurs bergères habillées d’une sorte de poncho multicolore, qui emmènent leurs moutons paître. Puis, de modestes villages se succèdent sur mon parcours. A la terrasse d’un petit restaurant juste avant Jauja, je mange copieusement une grosse assiette de bœuf accompagné de plusieurs variétés de pomme de terre, le tout cuit au feu de bois. Je suis cependant surpris de devoir manger avec les doigts ! La musique andine diffusée rend l’endroit vraiment enchanteur. Sans carte précise, j’emprunte la route à l’Ouest de la rivière, malheureusement beaucoup plus passante. La vallée devient alors plus agricole en s’évasant. Quelques paysans s’affairent à couper les grandes tiges de maïs desséchées. Après plus de 120 km, j’atteins Huancayo en fin d’après-midi. La ville est fortement polluée par les gaz d’échappement. C’est également reparti pour la cacophonie de klaxons ! Vraiment saoulant ! Je m’installe ensuite dans l’hôtel Villa Rica pour un tarif raisonnable. Cependant, Tornado doit rester dans une remise cadenassée au rez-de-chaussée. Cela ne me plaît pas vraiment, mais je ne tiens pas à refaire la tournée des hôtels ! A cette heure tardive, la rue principale et les quartiers adjacents grouillent de monde. De nombreux commerces sont d’ailleurs encore ouverts. Après avoir soupé maigrement dans un resto, je retourne dans ma chambre pour un repos bien mérité.4.-Paysan-sur-la-route-d-Huancayo.jpg

3.-Le-village-de-Matachico.jpg

 

 

 

 

 

Jeudi 21 juillet : Huancayo - Izcuchaca (73,7 km)

1.-La-cathedrale-d-Huancayo-en-contre-jour.jpg

 

Ma nuit a été fortement perturbée par le vacarme de la rue. Fort heureusement, je récupère Tornado sain et sauf ! Je démarre la journée en me baladant dans les rues autour de la cathédrale. Le bâtiment massif domine une grande place fourmillant de monde. De nombreux enfants de diverses écoles sont vêtus de costumes colorés. Ils défilent au rythme d’une musique andine jouée par un orchestre, notamment le célèbre El Condor Pasa. Tout proche, la constitution péruvienne a été approuvée en 1839 dans la modeste église de La Merced. Je me renseigne auprès de plusieurs personnes pour quitter la ville en direction du Sud. Les propositions sont assez contradictoires. Tant et si bien qu’il me faut prendre une piste caillouteuse pour rallier la bonne route ! Je tombe alors en plein marché à Huancan. Il y a un grand nombre de paysannes qui vendent différentes variétés de pommes de terre étalées sur le sol. Après le village de Huayucachi, la route monte doucement dans les montagnes arrondies. Elles sont parsemées à leur base de champs récemment labourés. A nouveau, l’accès est payant pour les véhicules. Par contre pour les vélos, cela ne coûte pas un sol ! Je grimpe ainsi à plus de 3800 mètres d'altitude, en traversant de mignons villages typiques.Ce qui correspond à un dénivelé approximatif de 600 mètres ! Malheureusement, le soleil matinal a tendance à disparaître derrière de gros nuages blancs moutonneux. Une très longue descente m’amène ensuite dans le gros bourg d’Acostombo. Je mange du lomo saltado (émincés de bœuf accompagnés d’oignons, de pommes de terre et de tomates) dans un minuscule restaurant aux murs défraîchis. Le repas est succulent, mais il vaut mieux ne pas voir la cuisine ! Les clients m’assaillent de questions que j’ai bien du mal à saisir. La longue descente continue en zigzaguant jusqu’au fond de la vallée de Mantaro. J'ai perdu ainsi presque 900 mètres de dénivelé ! Plusieurs blocs rocheux des parois abruptes sont tombés sur la chaussée, rendant certains passages assez délicats. Je longe ensuite facilement la paisible rivière jusque Izcuchaca. Le joli village possède un pont colonial, datant selon la légende de l’époque inca. En cette fin d’après-midi, le vent se lève d’un coup ! De plus, il y a de grossières erreurs de kilométrages sur ma carte routière. Et forcément, c’est en ma défaveur ! Tout cela me sape littéralement le moral ! Je préfère poursuivre mon chemin le lendemain, en espérant que le vent cesse. Je m’installe alors dans une pitoyable chambre de l’hôtel Plaza sur la petite place. En fait, l‘habitation de la vieille dame sert à l’occasion d’hébergement, afin d’arrondir ses fins de mois. Après avoir soupé dans une gargote, je me balade un moment dans les rues sombres du petit village. 3.-Paysage-champetre-dans-les-montagnes-apres-Huancayo.jpg

2.-Marche-a-Huancan.jpg

 

 

Vendredi 22 juillet : Izcuchaca - Huancavelica (81,2 km)

1.-Le-pont-d-Izcuchaca.jpg

 

Comme je ne connais pas le kilométrage exact jusque Huancavelica, je préfère décamper relativement tôt. Par chance, le soleil est une nouvelle fois au rendez-vous. La route s’élève immédiatement, offrant de splendides vues sur la vallée de la rivière Mantaro. Elle s’enfonce ensuite dans les montagnes jusque Huando. Par le plus grand des hasards, j’assiste à la fiesta del pueblo. Plusieurs personnes en costume traditionnel coloré défilent dans la rue principale, en dansant sur des airs joués par une fanfare. Quelques musiciens soufflent dans d’impressionnants cornets allongés. L'ascension devient ensuite beaucoup plus douce, pour flirter au final avec une altitude estimée à 3800 mètres. J'ai ainsi repris près de 900 mètres depuis Izcuchaca ! Puis, la route descend d'un bon 200 mètres dans une petite vallée, pour regrimper de plus belle sur l’autre versant. En chemin, je traverse le village de Cachi Alta, aux maisons joliment décorées de couleurs vives. Pendant l’ascension, je suis stoppé par une famille péruvienne circulant en voiture. Ils me posent un tas de questions sur mon aventure. Tout finit par une photo de groupe avec Tornado ! J’atteins alors le village d’Ayaccocha au sommet. Je profite d’un petit restaurant pour dîner sur le pouce. La route se stabilise pendant quelques kilomètres, puis tombe dans une autre jolie vallée. Elle s’élève encore rapidement de l’autre côté, jusqu‘à un col estimé à plus de 4000 mètres. Comme un peu partout au Pérou, un chien de berger me course sur une longue distance. Aussi, j’aperçois enfin mes premiers lamas. Je plonge ensuite à grande vitesse vers Huancavelica, situé près de 400 mètres plus bas, par d’interminables virages. La chaussée est par endroits très abîmée à cause d’une faille géologique. En effet, la cordillère des Andes est encline à de nombreuses secousses sismiques. Après quelques derniers efforts le long de la rivière Ichu, j'atteins enfin la petite ville. Je la visite expressément, afin de profiter des derniers rayons du soleil pour les clichés. Puis, je m’installe à l’hôtel Senor de Oropesa à côté de la gare, avant de souper dans une sorte de cantine populaire pour moins d'un euro. Cette étape m’a complètement usé, j’ai les yeux qui ferment tout seul !les-champ3.-Murets-dans-s-avant-Huancavelica.jpg

2.-Fete-a-Huanda.jpg

 

 

Samedi 23 juillet : Huancavelica - Environs de CCochaccasa (57,6 km)

 1.-Huancavelica-et-sa-cathedrale.jpg

Ma nuit a été fortement perturbée par le bruit de la fête en ville. La musique et les claquements des pétards ont duré jusqu’aux aurores. Je consacre une bonne partie de la matinée à la découverte de Huancavelica. Entourée de montagnes escarpées, la ville possède plusieurs charmantes placettes et de jolies églises. La massive cathédrale du 17ème S domine la grande place d’Armes, au cœur de la cité. Les autres édifices religieux sont dispersés dans les rues animées tout autour. Malheureusement, soit les portes sont closes, soit un office est célébré ! Je me rends alors aux sources minérales perchées sur les hauteurs, afin de jouir d’une belle vue d’ensemble sous le soleil. Malgré de nombreuses habitations délabrées, Huancavelica me plaît bien ! C‘est pourtant la ville la plus pauvre du Pérou ! Je prends la route vers 10 h, en direction de Lircay. A mon grand étonnement, je me retrouve immédiatement sur une mauvaise piste. Elle grimpe méchamment dans la montagne pour s’échapper de la vallée encaissée. Les pierres saillantes font sauter régulièrement les roues du vélo. Il est bien difficile de garder une allure de pédalage régulière dans ces conditions ! Le paysage qui m’entoure est sublime, mais je garde les yeux rivés sur le chemin tellement cela secoue. Je pousse même le vélo sur les parties les plus difficiles. Du coup, je ne progresse pas beaucoup. Il me faut plus de 3 heures pour grimper la petite vingtaine de kilomètres jusqu’au col estimé à près de 4300 mètres, soit 600 mètres de dénivelé environ. Malgré les encouragements des rares conducteurs, je n’arrête pas de pester ! Plusieurs personnes m’avaient annoncé une courte montée. A mon avis, les distances européennes et péruviennes ne sont pas les mêmes ! Au sommet, je pique-nique rapidement avec de maigres restes de nourriture. La courte, mais périlleuse descente n’est pas beaucoup plus rapide. Je dois zigzaguer sur la piste, car mes roues n’arrêtent pas de déraper. Tant et si bien que je finis par chuter ! Comme ma vitesse est au ralenti, je m’en sors avec quelques égratignures. Dans ces conditions, il m’est difficile d’atteindre Lircay dans la journée. Un gars m’avait pourtant indiqué 5 heures à vélo. « Il n’a jamais pédalé de sa vie, ce n’est pas possible ! ». De plus, cela n’arrête pas de monter et descendre à plus de 4000 mètres. Toutefois après 35 km, la piste devient caillouteuse. Certes, elle est plus poussiéreuse, mais surtout plus roulante. Je décide alors de poursuivre ma route jusqu’à la tombée de la nuit, afin de me rapprocher au maximum de la petite ville. Deux gamins m’accompagnent durant quelques kilomètres après le village minier de Machaycucho. Puis, je pousse encore le vélo dans le noir à l'aveuglette, à la recherche d’un coin pour bivouaquer. Je finis par trouver une parcelle plate au bord de la piste à proximité de CCochaccasa, situé à une vingtaine de kilomètres de Lircay. Que je pense, car je suis un peu déboussolé ! La température devient glaciale, cela ne change pas beaucoup de mes nuits australiennes !3.-Paysage-de-montagnes-desertiques-apres-Huancavelica.jpg

2.-Les-lamas-dans-la-montee-du-col.jpg

 

 

Dimanche 24 juillet : Environs de CCochaccasa - Ayacucho (63,8 km)

2.-Les-lacets-dans-la-montagne-apres-Lircay.jpg

 1.-Le-bivouac-sur-le-plateau.jpg

La toile de tente est complètement givrée. La température nocturne est passée une nouvelle fois sous la barre des 0°C. Fort heureusement, le soleil matinal la sèche rapidement. La piste descend longuement dans la vallée de Lircay, située 1000 mètres plus bas, en zigzaguant sur plus d‘une vingtaine de kilomètres. Cela semble vraiment interminable ! A chaque virage, le paysage est époustouflant. Je bombarde d’ailleurs le coin de nombreux clichés ! La petite ville déborde de commerces en tout genre. Du coup, j’en profite pour déjeuner avant de poursuivre mon parcours. La traversée de Lircay est rendue bien difficile par les nombreux travaux pour la réfection des rues. La piste grimpe ensuite légèrement le long d’une tranquille rivière, encaissée dans de jolies gorges. Elle monte ensuite en lacets sur le flanc de la montagne pendant plus d’une vingtaine de kilomètres, jusqu’au petit hameau de Buenavista. Pendant mon pique-nique au bord du chemin, un couple de Péruviens me prédise encore une dizaine d’heures de pédalage jusque Ayacucho. Ce qui me paraît peu probable ! De toute façon, la distance et le temps varient énormément d’une personne à l’autre. Je poursuis mon chemin dans une large vallée relativement plate, avant de monter sur l’autre versant en zigzaguant. Après une quarantaine de kilomètres d‘efforts depuis Lircay, j‘atteins le sommet qui doit avoisiner les 4500 mètres. Soit près de 1200 mètres de dénivelé positif ! Comme le soleil ne va pas tarder à se coucher, je m’habille chaudement avant d’attaquer la folle descente jusque Ayacucho. D’après mes prévisions, il ne me reste plus qu’à me laisser glisser pendant environ 35 km. Aussi, je sais pertinemment que je n’atteindrai pas la ville avant la tombée de la nuit. A peine démarré, trois ouvriers dans un pick-up proposent de m’emmener. Après quelques hésitations, nous chargeons Tornado à l’arrière du véhicule. Auparavant, ils doivent faire quelques mesures de prise de terre sur un groupe électrique hybride solaire-éolien, situé sur les hauteurs. Mes compagnons de route sont très sympathiques, mais le retour me semble bien long. Les heures tournent, et je n‘aperçois toujours pas de ville illuminée. Cela devient extrêmement inquiétant, lorsque nous empruntons des pistes isolées et complètement défoncées. Je me retrouve ainsi avec trois individus inconnus, au milieu de nulle part. Après de longues heures de doute, nous rejoignons enfin la route bitumée en direction d’Ayacucho. Ouf ! En fait, le chauffeur s’est tout simplement trompé de chemin. A l’entrée de la ville, un groupe de jeunes tente d’arrêter le véhicule en jetant de gros cailloux. Franchement pas rassurant ! Comme il est déjà 22 h, je descends au même hôtel Yanez que Luis et Mario. Le tarif est bien élevé, mais j’ai besoin d’une bonne douche chaude après toutes ces journées poussiéreuses. Par contre, le chauffeur retourne à sa maison. Nous partons ensemble souper dans un petit restaurant. Je suis même invité par mes deux compères ! Puis, nous finissons dans une boite de nuit, à la musique latino-américaine. Je suis d'ailleurs le seul gringo présent ! De même, Luis et Mario refusent que je paye ma tournée. Du coup, je n’ai pas dépensé un sol de la soirée ! Après plusieurs bières, nous rentrons joyeusement à l’hôtel. Il est déjà presque 3 h du matin !

4.-Paysage-juste-avant-le-sommet-du-col.jpg

3.-Le-cycliste-sur-la-piste.jpg

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
<br /> Salut,<br /> on voit que t'es bien arrivé en Amérique du Sud.<br /> Profite bien<br /> A+<br /> Sam & Nat toujours en Oz, mais plus pour très longtemps...<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Sois pas pressé de rentrer, Lens est dernier de la Ligue 2 ! ;o) J'ai pas tout pigé aux histoires de décalages horaires entre l'Australie et l'Amérique du Sud, faudra qu'on en reparle ! 8D Bon<br /> courage pour la suite de tes aventures, tes photos superbes, bravo ! @ plus, Luc.<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> tu avances, tu avances...super !! viva América Latina !<br /> besos<br /> <br /> <br />
Répondre