Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 janvier 2015 4 22 /01 /janvier /2015 12:15

Mardi 7 décembre 2010 : Visite d’Alep

 1.-La-Grande-Mosquee-d-Alep.jpg

 

Aujourd’hui, je consacre la journée à la découverte d’Alep. A cette heure matinale, les rues sont quasiment désertes. Cela change de la cohue de la veille ! Je traverse rapidement à pied le centre-ville, pour rejoindre l’immense citadelle. Perchée majestueusement sur une colline, elle possède de nombreux bastions et tours, reliés par une longue muraille. Malheureusement, elle est fermée le mardi. Vraiment pas de bol ! Je me rends alors dans le quartier chrétien situé plus au Nord. Les principales cathédrales et églises de la ville y sont regroupées. Un vieil homme m’ouvre les portes de l’église grecque orthodoxe. Puis, c’est une dame parlant français qui me fait visiter le grand édifice catholique. Un vrai moulin à paroles ! Fort heureusement, ses explications et anecdotes sont dans l’ensemble bien intéressantes. Je rejoins ensuite les souks de la vieille ville, à l’Ouest de la citadelle. Ils sont réputés dans tout le Proche-Orient. Des milliers de boutiques sont concentrées dans un dédale de ruelles couvertes et sombres. Elles sont regroupées plus ou moins par corps de métiers. On y vend vraiment de tout ! D‘un côté, ce sont les orfèvres ou les forgerons ; de l‘autre, les épiciers, les chausseurs ou les tailleurs… Quelques vendeurs tentent bien de me racoler, mais rien n’y fait ! Les souks renferment également de nombreuses cours et des caravansérails. Ceux de Khan al Wasir et Khan al Joumrok sont les plus imposants. Plusieurs mosquées sont également disséminées dans le quartier. La Grande Mosquée possède notamment une vaste cour, avec un joli minaret. A la périphérie des souks, deux anciennes portes médiévales sont encore visibles. Après ce bain de foule, je rentre tranquillement à l’hôtel. Autour de la tour de l’Horloge, quelques magasins vendent le traditionnel savon d’Alep, réputé dans le monde entier. Je pars ensuite manger sur le pouce dans la rue. Le fait de n’avoir pas visité la citadelle me chagrine. Du coup, j’hésite à reprendre la route demain matin !3.-Enfants-a-Alep.jpg 

 

 2.-Les-souks-d-Alep.jpg 

 

 

 

Mercredi 8 décembre : Alep - Idlib (59,8 km)


1. La citadelle d'Alep 

Après avoir longuement réfléchi, je décide quand même de visiter la citadelle de la ville. Je ne tiens pas à avoir des regrets plus tard ! D’autant plus que je ne suis pas pressé ! Les portes n’ouvrant qu’à 9 h, je patiente en contemplant les mosquées et le hammam au pied de la colline. Le prix d’entrée est dix fois plus élevé pour un étranger. Pas très normal tout ça ! Un long pont enjambant le fossé permet d’atteindre un gros bastion défensif. La large cour intérieure renferme deux mosquées, un hammam et des ruines autour d’un théâtre. Située à l’étage supérieur du bastion d’entrée, la salle du trône possède un plafond magnifiquement décoré. Depuis les murailles, la vue sur Alep est splendide. Les toits plats des habitations se mêlent aux souks et aux minarets. Je rejoins ensuite rapidement l’hôtel pour déguerpir. Avec le poids du chargement, la béquille de mon vélo casse d’un coup. En vérité, j‘ai oublié de la retirer en descendant la haute bordure du trottoir. Pas vraiment malin ! Je trouve mon chemin en me fiant à mon sens de l’orientation, plutôt qu‘aux indications des citadins. Aussi, les klaxons et les signes amicaux reprennent de plus belle. A la périphérie de la ville, je pique-nique sur un banc dans une petite forêt de résineux. Trois Syriens m’invitent amicalement à boire le thé avec eux. La route traverse ensuite une vaste plaine agricole, relativement plate. De nombreuses femmes travaillent dans les champs et les plantations. J’arrive ainsi rapidement aux abords d’Idlib. A cause de l’heure tardive, je préfère ne pas traverser la ville aujourd’hui. J’installe la tente dans une plantation d’oliviers, juste derrière un bâtiment en construction. Il risque de faire bien froid cette nuit !

 2. Alep depuis la citadelle 

 

 

Jeudi 9 décembre : Idlib - Apamée (93,1 km)

 

  2. La ville morte de Sergilla 

 

La journée commence avec le traditionnel thé, en compagnie des pompistes d’une station-service. Puis, je traverse rapidement Idlib sans réel intérêt. La route grimpe dans des collines jusque 700 mètres d’altitude environ. Cela n’arrête pas de faire le yoyo à travers les immenses plantations d’oliviers. J’emprunte ensuite une route secondaire en direction d’Al Bara. Les panneaux indicateurs sont tous écrits en arabe. Du coup, il me faut souvent demander de l’aide aux villageois du coin. A chaque fois, c’est l’attroupement autour de moi ! Tout le monde veut aider le Frenchie ! Une vraie célébrité, le Vincent ! A l’approche de la petite ville, le paysage devient beaucoup plus rocailleux. Des murets en pierres séparent les champs labourés et les quelques plantations d’arbres. A Al Bara, je bifurque sur quelques kilomètres vers le site de Sergilla. Cette ville morte date du 5ème S. Elle est composée de bâtiments en ruines bien préservés. Je découvre notamment les bains alimentés par une grosse citerne, et les vestiges de l’église. Les fouilles des habitations ont également mis à jour des cuves et des pressoirs. Je mange un morceau sur un banc près du guichet, à l’ombre du soleil brûlant. Puis, je rejoins Al Bara par le même chemin. Les nombreux camions qui me dépassent ont leur benne débordant de branches d’oliviers. A la sortie de la ville, plusieurs ruines jalonnent encore mon parcours. La route descend ensuite progressivement vers Kafr Nabil dans une forêt de conifères. Quelques kilomètres plus loin, je me retrouve un peu paumé au beau milieu de vastes champs agricoles. Je soupçonne les gens de m’avoir aiguillé dans une mauvaise direction. En général, les personnes préfèrent mal me renseigner, plutôt que de faire voir qu’ils ne comprennent pas. Aussi, certains ne savent lire que l’arabe, alors que ma carte est en écriture latine. Je me fis alors au soleil pour m’orienter. A chaque village traversé, c’est toujours le même scénario. Les klaxons, les «hello» des enfants et les appels fusent de partout. Cela tourne à l’hystérie ! En cette fin de journée, cela commence à devenir agaçant ! Quelques ados me suivent même en scooter. Rien de bien méchant, mais pas moyen de pédaler tranquillement ! A l’avenir, il faudra prévoir un bras articulé sur le vélo pour saluer tout le monde ! De nombreux nomades, avec leurs troupeaux de moutons, sont également installés dans la région. A quelques kilomètres d’Apamée, je plante la tente derrière une pompe pour l’irrigation des champs. La nuit tombée, plusieurs chiens errants rôdent autour du bivouac.

  1. Femmes travaillant dans les champs 

 

Vendredi 10 décembre : Apamée -Hama (69,1 km)

 

  1.-Les-colonnes-d-Apamee.jpg 

 

Lorsque je décampe, les villageois s’activent déjà à ramasser les pommes de terre dans les champs. Je rejoins directement le site de l’antique Apamée. Il est situé à côté de l’imposante citadelle de Qalaat al Moudiq, perchée sur une colline. A l’Ouest, le djebel Ansarié se profile derrière la brume de chaleur. Une série de colonnes sont alignées en pleins champs, sur une longueur de 2 km. Vraiment impressionnant ! Certaines possèdent de superbes chapiteaux sculptés. Les thermes adjacents sont par contre en ruines. Je prends ensuite la direction d’Hama sur une nationale encombrée. Au fil des heures, le soleil matinal disparaît peu à peu sous les nuages. A part quelques petites côtes, la route ne présente pas de difficulté. J’atteins ainsi aisément Cheizar. La petite ville possède un château perché sur une falaise, dominant la plaine de l’Oronte. Le fleuve est malheureusement submergé de détritus. Bonjour la pollution ! Je pique-nique sur les berges du cours d’eau, à côté de deux norias. Il s'agit de grandes roues en bois, qui permettaient autrefois de pomper l’eau pour irriguer les champs. Je poursuis mon chemin dans un paysage plat, assez monotone. A Hama, je peine à trouver la vieille ville. Après avoir longuement tourné en rond, un jeune Syrien finit par m’indiquer la bonne direction. Je me balade alors rapidement autour du palais Azem et des norias qui bordent l’Oronte. A cause de l’heure avancée, je préfère réserver une chambre à l’hôtel Ryad, près de la tour de l’Horloge. Je file ensuite manger un morceau bien gras dans un boui-boui. Plus loin dans une pâtisserie, je ne manque pas de goûter le halawat al jibné. Il s’agit d’une crêpe fourrée de fromage blanc, trempée dans du miel. Un délice ! Un orage éclate dans la soirée. Je pense avoir fait le bon choix pour cette nuit !

  2.-La-citadelle-et-les-colonnes-a-Apamee.jpg 

 

Samedi 11 décembre : Hama - Hazzour Alseheyeh (63,2 km)

 

  1.-Les-norias-d-Hama.jpg 

 

Ce matin, il pleut encore. Quelle poisse ! Je pars quand même me balader à pied dans la vieille ville. Les majestueuses roues en bois des norias tournent encore avec le courant du fleuve. La ruelle qui borde l’Oronte renferme de vieilles habitations, un hammam et la mosquée Al Nouri. A cette heure matinale, l’édifice musulman est malheureusement fermé. Je grimpe ensuite sur le tell antique pour la vue nébuleuse sur Hama. Autrefois, une citadelle était perchée sur cette basse colline. De nos jours, il ne reste rien ! A cause du mauvais temps, je décide de visiter le palais Azem. Il possède deux jolies cours avec une fontaine centrale. L’une d’elles est agrémentée d’un splendide portique à quatre colonnes, qui précède une grande salle merveilleusement décorée. Le gardien, qui me suit à la trace, m’interdit cependant les photos à l’intérieur. Derrière un hammam, la cour de la salle de réception est dallée avec du superbe marbre. L’accalmie tant attendue n’arrivant pas, je reprends la route en direction de Missiaf. La météo est vraiment exécrable. Les averses me trempent rapidement des pieds à la tête. De plus, un vent violent souffle d’Ouest. Et forcément, je le prends en pleine poire ! Ma vitesse est par conséquent très réduite. Le paysage est complètement noyé dans un brouillard de pluie. Par endroits, les collines rocailleuses sont parsemées de champs labourés, ou boisées de conifères. Les fortes bourrasques finissent par me saper le moral. Mes doigts de mains et de pieds sont complètement engourdis. Je peste contre ce mauvais temps qui s’acharne sur moi. Frigorifié, je mange rapidement un morceau derrière un minuscule bâtiment renfermant un four à bois. Puis, les ruines du château médiéval de Missiaf apparaissent enfin. Il est perché sur un éperon rocheux, à la pointe Sud du djebel Ansarié. Le ciel gris donne un côté assez lugubre à la petite ville. Du coup, je ne m’y attarde pas ! La route en direction du Krak des Chevaliers oscille à flanc de montagnes, autour de 700 mètres d‘altitude. Les côtes sont parfois bien pentues ! Dans les villages traversés, la plupart des maisons ont leur façade peinte de la même couleur. Malgré le ciel gris, mon trajet offre de jolies vues sur la plaine en contrebas. Je bifurque ensuite sur un sentier pour installer le campement. La pluie redouble d’intensité lorsque je monte la tente. Le terrain devient vite un vrai bourbier. En plus du vent et des averses, des éclairs jaillissent de partout. C’est le déluge !

  2.-Maisons-aux-facades-bleues-d-un-village-chretien.jpg 

 

 

  

Dimanche 12 décembre : Hazzour Alseheyeh - Krak des Chevaliers (27,7 km)

 

  1.-Le-Krak-des-Chevaliers.jpg 

 

La nuit a été effroyable ! Les averses, les bourrasques, les éclairs et le tonnerre n’ont jamais cessé. Mon frêle abri patauge dans une grosse flaque d’eau. Tout est trempé ! Forcément, mes vêtements sont encore mouillés lorsque je me rhabille. La route continue de grimper à plus de 1000 mètres d’altitude, traversant quelques villages chrétiens. Les pentes atteignent parfois plus de 12 %. Ce qui me casse rapidement les jambes ! D'un coup, un chien agressif me poursuit dans la montée. Fort heureusement, un motard m’aide à le faire fuir. Une nouvelle fois, le temps est complètement pourri. L’eau de pluie ruisselle sur la chaussée. Des grêles finissent même par tomber. Elles me cinglent violemment le visage. Je pédale la tête dans le guidon, en jetant de temps à autre un coup d’œil sur le paysage embrumé. Cette route, qui devait être magnifique, devient pour moi un vrai supplice. Puis dans la descente, mes freins ne répondent plus. Les doigts gelés, je retends les câbles tant bien que mal. Un peu plus loin, je suis tout heureux d’apercevoir le somptueux château du Krak des Chevaliers, perché sur les hauteurs. Je déploie alors de gros efforts pour rejoindre l’hôtel «La Table Ronde» au pied de l’édifice. Après avoir mangé, je pars visiter la forteresse construite par les croisés. Deux immenses enceintes sont séparées par un large fossé, avec un bassin qui servait à l’alimentation en eau. Elles sont flanquées de tours et d’un donjon, servant pour la protection contre les éventuels envahisseurs. La cour intérieure renferme entre autres une vaste salle servant d’écurie, une chapelle transformée en mosquée par les musulmans, et une pièce voutée précédée d’une jolie galerie. Malgré le mauvais temps, la vue sur la trouée d'Homs depuis le sommet des tours reste remarquable. L‘heure de la fin de visite approchant, le guichetier me presse de sortir. Un peu trop expressément à mon goût ! Après quelques courses, je rejoins la chambre de l’hôtel. Malgré le manque de chauffage, j’étale quand même mes affaires pour tenter de les faire sécher. Dans la soirée, l’orage provoque une longue coupure de courant. Il pleut encore et toujours ! Demain, il me faut rejoindre Homs pour retrouver ma soeur Céline et Jérôme, qui passent une semaine de vacances en Syrie. A moins que je ne les attende au Krak !

 

 2.-Sechage-de-la-tente-dans-la-chambre.jpg 

 

 

Lundi 13 décembre : Krak des Chevaliers - Homs (49,2 km)

 

  1.-Ciel-menacant-au-dessus-du-village-du-Krak.jpg  2.-La-photo-de-l-arrestation.jpg 

 

Durant la nuit, les éclairs ne sont vraiment pas tombés loin ! L’orage a tournoyé autour du massif montagneux. Je retourne à pied à proximité de la forteresse, pour tirer quelques clichés entre deux averses. Puis, je redescends longuement vers la trouée d’Homs, sur une petite route zigzaguant dans les basses montagnes. Il vaut mieux avoir de bons freins, car les pentes sont extrêmement raides ! Je rejoins ensuite l’autoroute qui longe le Nord du Liban. En Syrie, il n’est pas interdit de les emprunter à vélo ! Je pédale sur le bas-côté, éclaboussé par les gros camions qui me dépassent. Comme si, je n’étais déjà pas assez trempé ! Pour une fois, le vent me pousse vers mon objectif. En début d'après-midi, je m’arrête dans une minuscule pinède pour casser la graine, non loin d‘une petite entreprise. A peine installé, quelqu’un vient prendre de mes nouvelles. Puis, ce sont deux autres qui rappliquent. Je bois finalement le thé en leur compagnie, bien au chaud autour d’un poêle à charbon. Il ne me reste alors qu’une bonne quinzaine de kilomètres pour atteindre Homs. A la périphérie de la ville, je tire en photo un banal camion bien décoré. Deux hommes viennent alors à ma rencontre, se prétendant être de la police. A cause de ma réticence à présenter mon passeport, ils me font voir une carte complètement délavée. J’ai bien du mal à les croire, ce sont peut-être de faux policiers ! C'est alors qu'un troisième larron me montre un fusil semi-automatique. Sous la contrainte, je finis par embarquer avec mon vélo dans leur camionnette pourrie. A ce moment, il faut admettre que je ne suis pas trop rassuré. D'autant plus que l'atmosphère est assez tendue ! Ils m’emmènent alors dans un bâtiment de la ville, protégé par des barbelés et des miradors avec des gardes armés. Après un court séjour en cellule, je passe deux bonnes heures dans un bureau à être questionné sur mon parcours, les raisons de mon séjour en Syrie… etc. Mon passeport est examiné plusieurs fois à la loupe. Un procès-verbal est même établi ! C’est complètement fou, ils me soupçonnent d’espionnage à cause de mes photos ! Un espion à vélo, on aura tout vu ! J’ai l’impression de rêver ! Finalement, ils me relâchent à la tombée de la nuit. Assez énervé de ce contretemps, je me balade autour du souk de la ville, le vélo à la main. Puis, je prends un café dans un établissement de fumeurs de narghilé, en attendant Céline et Jérôme. Après les retrouvailles, nous nous installons dans l’hôtel Raghdan. Nous finissons la soirée dans un restaurant à déguster des spécialités orientales : tabboulé, hommos, kebbé et autres. Cela fait vraiment plaisir de les retrouver, et de pouvoir enfin discuter en français !

  3.-Moi-fumant-le-narghile.jpg 

 

 

 

Mardi 14 décembre : Excursion à Palmyre 

 

 

2.-La-Grande-Colonnade-de-Palmyre.jpg 

  1.-Les-tombeaux-au-site-de-Palmyre.jpg

 

Après le déjeuner, Céline, Jérôme et moi prenons un taxi jusque la gare routière. Aujourd’hui, le vélo et les sacoches restent à l’hôtel ! Sur place, plusieurs personnes nous informent du nombre limité de car en partance pour Palmyre. Un gars nous propose de nous y amener avec son propre véhicule. Forcément, c’est beaucoup plus onéreux que les minibus ! Après de longues hésitations, nous acceptons finalement son offre. Cela nous fait gagner quand même pas mal de temps ! Notre chauffeur roule très rapidement jusqu’au site. La route traverse un désert rocailleux à la végétation basse et éparse. Quelques tentes de bédouins sont éparpillées dans cette contrée aride. Après deux bonnes heures de trajet, nous apercevons enfin la citadelle arabe perchée sur un promontoire rocheux. La visite de l’édifice n’est pas des plus intéressante, mais la vue sur le site et les montagnes depuis les remparts vaut vraiment le coup d’œil. Palmyre est bordé d’un grand oasis planté de nombreux palmiers. La ville est le principal producteur de dattes en Syrie. D’ailleurs, on ne se prive pas pour y goûter ! Nous nous rendons ensuite aux différents tombeaux, situés plus à l’Ouest. Les défunts étaient superposés dans des tours funéraires de plusieurs étages (comme le tombeau d’Elhabel), ou dans des salles souterraines (comme l’hypogée des Trois Frères). Notre chauffeur nous emmène ensuite au petit théâtre, puis au sanctuaire de Bêl. Ce dernier est le plus grand monument de Palmyre. Une vaste esplanade, où l’on sacrifiait les animaux, précède le splendide sanctuaire. Le plus énervant, c'est qu'il faut payer à chaque fois l’accès aux monuments ! Puis, nous mangeons rapidement dans un snack attrape-touristes. En effet, le patron ne s’est pas privé pour augmenter ses tarifs ! Cela devient insupportable d‘avoir l‘impression de se faire arnaquer ! Nous nous baladons ensuite le long de la grande colonnade, qui s’étend sur plus d’un kilomètre de long. Elle borde les ruines de nombreux édifices, notamment l’agora et le tétrapyle. Ce gigantesque site de Palmyre est vraiment merveilleux ! Après cette belle balade, nous retrouvons notre chauffeur pour rentrer sur Homs. Sur la route du retour, les nuages se parent des couleurs rougeâtres du soleil couchant. Vraiment magnifique ! Notre conducteur roule comme un fou, à grande vitesse et sans éclairage correct. Nous sommes ainsi tout heureux d’arriver à destination sain et sauf ! Il a même le culot de nous réclamer un bakchich ! Nous parcourons ensuite les rues de la ville, à la recherche d’un troquet pour boire une bière. Rien, pas d’alcool dans cette ville, que des boutiques de fringues ! Nous pénétrons alors dans un grand café pour fumer le narghilé. L’endroit n’est fréquenté que par des hommes. A cause du manque d’établissements, nous mangeons dans le même restaurant que la veille. Décidemment, Homs ne propose pas grand-chose ! Ce n’est pas une ville pour moi !

  3.-Celine--Jerome-et-moi-a-Palmyre.jpg 

 

 

 

Mercredi 15 décembre : Homs - Massif de Qalamoun (105,5 km)

 

  1.-Cactus-sur-le-plateau-du-Qalamoun.jpg 

 

Après le déjeuner à l’hôtel, je poursuis mon parcours à vélo en direction de Damas. Céline et Jérôme prennent le bus pour visiter Alep. Normalement, nous nous retrouverons dans la capitale syrienne dans deux jours. Je préfère emprunter l’autoroute pour m’y rendre plus directement. De plus, les larges bas-côtés sont beaucoup plus sécurisants que certains axes secondaires ! Afin de masquer le bruit du trafic routier, je pédale tout en écoutant de la musique. C’est d'ailleurs le cadeau de la famille pour mon anniversaire ! La route grimpe tout doucement dans le massif du Qalamoun, sur le contrefort oriental de l’Anti-Liban. Les sommets des montagnes sont complètement enneigés. Après une petite cinquantaine de kilomètres, je casse la croûte à l’ombre d’un bosquet de sapins. Avec l’altitude, la végétation disparaît peu à peu. Le paysage devient complètement désertique. A partir de 1200 mètres, quelques plaques de neige commencent à apparaître sur le sol pierreux. Sûrement les résidus de la tempête de ce dimanche… que je pense ! Je commence à m’inquiéter lorsqu’elles deviennent de plus en plus nombreuses avec l’altitude qui n’arrête pas de grimper. Aux alentours de 1400 mètres, le paysage est quasiment sous la neige. Et comble de malchance, le soleil est déjà couché derrière les montagnes. Malgré le froid piquant, je décide d’installer la tente au bout d’un sentier, sur une parcelle de terrain dégagée. Mes pneus de vélo ne tardent pas à se maculer de boue. Impossible d’avancer, quelle poisse ! Il me faut alors faire plusieurs allers-retours les sacoches à la main. Cette nuit, la température va certainement descendre en dessous de zéro. Il va falloir bien se couvrir !

 

 2.-Les-montagnes-enneigees-de-l-Anti-Liban.jpg 

 

 

 

Jeudi 16 décembre : Massif de Qalamoun - Damas (83,3 km)

  1.-Le-bivouac-dans-la-neige-sur-le-plateau-du-Qalamoun.jpg 

 

 

Comme prévu, la nuit fut glaciale. C’est pourquoi j’attends un bon moment avant de m’extraire de mon gros duvet ! Pendant le démontage de la tente, un arceau casse net en deux. Sûrement à cause du froid ! Après quelques bénignes réparations mécaniques, je poursuis mon chemin sur l’autoroute. Quelques kilomètres plus loin, je bifurque vers Maalouda. La route secondaire grimpe fortement de plus de 300 mètres, vers les hauts plateaux du Qalamoun. Les maisons bleues et blanches du village s’étagent sur les parois des montagnes. La population parle encore l’araméen, qui était la langue du Christ. Je pique-nique à côté d’une église, avant d’entamer la visite. Le village possède deux couvents perchés sur les hauteurs. Celui de Ste Thècle renferme une grotte, où la Sainte aurait vécu plus de 70 ans. Je rencontre ensuite trois personnes francophones m’indiquant qu’il est possible de traverser l’étroit défilé à vélo. Après plusieurs centaines de mètres, des escaliers m’empêchent de poursuivre. Du coup, j’abandonne la visite du couvent de St Serge, et fais demi-tour ! Il me reste quand même une petite soixantaine de kilomètres pour rejoindre Damas. A cause de l’heure avancée et des routes de montagne en mauvais état, je rejoins la grosse autoroute. Elle descend longuement vers la capitale. Soudain, les bas-côtés disparaissent sur quelques kilomètres. Les trous et les bosses de la chaussée manquent alors de me faire perdre le contrôle de mon vélo. Au loin, la nationale parallèle est surchargée de dangereux poids lourds. Mon choix s'est avéré judicieux ! J’atteins enfin les faubourgs de la ville, alors que la nuit commence à tomber. J’attends Céline et Jérôme de retour d’Alep, en sirotant du thé (une fois de plus !) dans un café à proximité de notre hôtel Al Haramein. Aussi, ce dernier penche dangereusement à l’étage. Puis, nous partons manger ensemble dans un restaurant de la vieille ville. Les plats servis sont à profusion. Tant et si bien que nos panses se remplissent rapidement. Malheureusement, de nombreux restes de nourriture sur les tables finissent à la poubelle. Du vrai gaspillage ! L’ambiance orientale est assurée par un petit orchestre. La musique devient vite soûlante pour nous. Par contre, elle fait danser de nombreux Syriens. Un type fait même tomber un calibre en gesticulant ! 

 

 2.-Le-village-de-Maalouda.jpg 

Vendredi 17 décembre : Visite de Damas

 

 

 

  1.-Le-palais-Azem-de-Damas-copie-1.jpg  2.-Charette-dans-les-ruelles-de-Damas.jpg 

 

Céline, Jérôme et moi partons à la découverte de la vieille ville de Damas. Les souks sont bien déserts aujourd'hui ! En effet, le vendredi est le jour de repos en Syrie. De nombreux édifices religieux ont également leurs portes closes. C’est pourquoi nous filons rapidement au palais Azem. Construite au 18ème S, cette magnifique résidence renferme deux cours intérieures ombragées. Le haremlik était réservé au pacha et à sa famille, tandis que le salemlik servait pour les réceptions. Elles sont entourées d’appartements somptueusement meublés et décorés. Nous partons ensuite dans un quartier qui renferme de belles demeures bourgeoises (bayt). Elles sont malheureusement en travaux pour devenir de riches hôtels. L’accès est interdit au public pendant un minimum de trois ans ! Avec un bakchich, le gardien nous fait pénétrer dans l’une d’elles. L’édifice est vraiment superbe. Il possède de belles boiseries décorées et divers ornements sculptés. Nous rejoignons ensuite le quartier chrétien de la ville. Quelques vestiges romains et églises se succèdent le long de la rue Droite. On a vraiment l’impression d’avoir changé de pays ! Aussi, les rues sont plus propres, et les bâtiments beaucoup mieux entretenus. Nous visitons ensuite la chapelle St Ananias, édifiée sur la demeure du Saint qui rendit la vue à Paul. Pas vraiment emballant ! Dans un petit troquet du quartier, nous mangeons sur le pouce… avec enfin de la bière ! L’addition est quand même bien salée par rapport au maigre repas servi ! A travers d’étroites ruelles commerçantes, nous rejoignons la splendide mosquée des Omeyyades dominée par ses trois minarets. Une vaste esplanade précède une grande salle des prières, qui abrite le tombeau de St Jean-Baptiste. De merveilleuses mosaïques du 8ème S décorent le côté Ouest de la cour. En ce jour férié, de nombreuses familles fréquentent le lieu. Les gamins courent partout ! A côté de l’édifice religieux, un mausolée renferme la dépouille de Saladin, grand combattant des croisés. Nous dégustons ensuite du m’hallayeh au célèbre glacier Bakdache. Il s’agit d’une sorte de sorbet sans goût, arrosé de pistaches et d’amandes grillées. Bof ! Nous fumons ensuite le narghilé avec du thé, dans un café du souk Bzouriyé. L’endroit est rendu original par la présence d’un curieux conteur arabe. Dans la soirée, nous soupons dans un petit restaurant oriental de la nouvelle ville, non loin de l‘hôtel.

  3.-Balcons-en-bois-dans-la-rue-Droite.jpg 

 

Samedi 18 décembre : Visite de Damas

  1.-La-cour-interieure-de-la-mosquee-des-Omeyyades.jpg 

 

 

Aujourd’hui, Céline et Jérôme reprennent l’avion pour la France. Nous nous quittons sous le coup des 9 h. Je me rends ensuite dans les souks de la ville, à la recherche d’un embout pour réparer l’arceau de ma tente. Pas facile de se faire comprendre lorsque l’on ne parle pas l’arabe ! Dans un petit atelier, je bricole un bout de tuyau de cuivre, et le tour est joué ! A l’inverse de la veille, les ruelles sont remplies de monde. Depuis mon entrée en Syrie, les gens se laissent plus facilement photographier. Surtout les hommes ! Je poursuis la visite de Damas par le Bimaristan al Nouri. Cet ancien hôpital du 12ème S abrite un modeste musée de la médecine. Je paye à nouveau l’entrée de la mosquée des Omeyyades, pour tirer quelques clichés sous le soleil. Je me rends ensuite à la mosquée persane Rouqayya. Sa salle de prière est décorée de miroirs, de céramiques et d’émaux étincelants. Un groupe de fidèles lancent des incantations, tout en se frappant la poitrine. Assez impressionnant ! Je déambule ensuite dans les ruelles étroites du quartier musulman pour rejoindre les souks. Par endroits, les odeurs de café et d’épices se mêlent aux parfums des plantes et des fleurs. Le caravansérail Assad Pacha possède une magnifique cour intérieure, surmontée de neuf dômes s’appuyant sur de gros piliers. Je traînaille ainsi jusque la tombée de la nuit dans la vieille ville. Certains bâtiments historiques sont toujours fermés ! Je rejoins ensuite la jolie gare du Hedjaz et le souk de l’artisanat, situés dans la ville moderne. Ce dernier est installé dans une jolie école coranique (madrasa), à côté de la takiya Soulaymania. Ce couvent de derviches du 16ème S ressemble aux mosquées turques. Il est malheureusement fermé à cause des travaux de rénovation. Je mange ensuite dans la rue, avant de rentrer à l’hôtel. Demain, je reprends la route vers le Sud de la Syrie.

  2.-Les-epices-dans-le-souk.jpg 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dimanche 19 décembre : Damas - Izra (100,8 km)

 

 1.-Le-cycliste-devant-la-mosquee-des-Omeyyades.jpg

 

Avant le départ, je discute longuement avec un couple suisse qui parcourt l’Europe et le Proche-Orient à vélo. Après une dernière photo devant la mosquée des Omeyyades, je quitte Damas sur une route encombrée de toutes sortes de véhicules. C’est vraiment la jungle ! De plus, les panneaux indicateurs sont plutôt rares. Du coup, je me retrouve sur la nationale qui part directement vers Deraa. A Kissoué, un motocycliste m’encourage à poursuivre dans cette direction pour rejoindre le site de Bosra. J’aurais préféré pédaler plus à l’Est en direction du djebel Druze, mais tant pis ! La route est complètement plate. Elle traverse dans un premier temps la coulée basaltique de la Ledja. Cependant, le sombre paysage rocailleux est masqué par une légère brume. Je pique-nique juste avant le village de Ghabaqhib, en compagnie d’un jeune Syrien intrigué. La région devient ensuite plus agricole. De nombreux bédouins campent à proximité des champs et des plantations d’oliviers. Les autochtones n’ont vraiment pas l’air heureux de me voir tirer des clichés. Un homme sort même de son camion pour me questionner. Depuis ma mésaventure à Homs, je reste assez méfiant ! C’est quand même bien pénible de se sentir constamment surveillé ! Le coin est truffé de zones militaires. En effet, le plateau du Golan en Israël n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres. En fin d’après-midi, je bifurque vers Izra plus à l‘Est. La vieille ville renferme deux belles églises bien conservées. Un habitant part chercher le curé Elias pour m’ouvrir les portes de la paroisse catholique… St Elias. J’ai même droit à une visite détaillée de l’édifice en français. Il fait presque noir, et je dois trouver rapidement un endroit pour dormir ! Après réflexion, l’homme d’église me propose de loger chez lui. Il me présente sa femme Antoinette et ses trois enfants. A l’inverse de nombreux pays, les prêtres en Syrie ont droit au mariage ! Elias doit cependant informer les autorités administratives de la présence d’un étranger dans sa demeure. Encore de la surveillance ! Mes hôtes m’offrent sandwichs, thé, café et même une petite liqueur, en guise de repas. Je pars enfin me coucher dans une pièce en face de l’habitation principale.

  2.-La-coulee-basaltique-de-la-Ledja.jpg 

 

Lundi 20 décembre : Izra - Seda (94 km)

 

  1.-Le-pere-Elias-et-moi.jpg  2.-L-amphitheatre-romain-de-Bosra.jpg 

 

A 8 h, le curé Elias vient me chercher pour assister à la messe en arabe. Il n’y a vraiment pas foule, seule une dame nous a rejoint ! Il m’invite ensuite à manger avec lui. Le déjeuner est identique au souper de la veille, mais sans la goutte ! Vers 10 h, je quitte ma famille d’accueil, en direction de l’église grecque orthodoxe St Georges. Une villageoise vient rapidement m’ouvrir les portes. L’intérieur de l’édifice religieux est de forme octogonale, enserré dans un bâtiment carré. La coupole est soutenue par les huit piliers. La plupart des bâtiments de la vieille ville sont construits avec des pierres de basalte. Ce qui rend les façades bien sombres ! J’emprunte ensuite l’autoroute pour rejoindre au plus vite le site de Bosra. Tout à coup, un camion me surprend en me dépassant. Le poids des câbles qui dépassent de la benne risque de le faire basculer à tout moment. Le chauffeur est complètement inconscient ! Je pédale alors à vive allure jusqu’à la sortie du village de Seda. La nationale qui part vers l’Est traverse de nombreuses plantations d’oliviers. Elle grimpe légèrement durant une grosse vingtaine de kilomètres. A l’approche de Bosra, un vent de face se lève d’un coup ! Cela commence à me taper sur les nerfs ! La ville possède un superbe amphithéâtre romain du 2ème S, enfermé dans une forteresse haute et sombre. Il pouvait accueillir jusqu’à 8000 personnes ! Depuis le sommet des gradins, la vue plongeante sur la scène ensoleillée est splendide. Elle possède plusieurs colonnes surmontées de magnifiques chapiteaux. Je me balade ensuite dans l’ancien village, pour découvrir de nombreux édifices en ruines. Palais, mosquées, hammams, cathédrale et basilique se succèdent le long de mon parcours. Les rues pavées sont également bordées de nombreuses colonnes debout ou couchées. L’endroit est intéressant, mais la horde de gamins qui me suit à la trace finit par être agaçant. Tous les 10 mètres, on me demande mon nom, ma nationalité, ou je ne sais quoi d’autres ! C’est juste pour poser une question en anglais, car ils se foutent complètement de la réponse ! Après avoir mangé un morceau, je reprends la même route en sens inverse. Le soleil commence déjà à disparaître sous l’horizon. Une vingtaine de kilomètres plus loin, je m‘installe dans un bosquet d‘arbres en bordure de l‘autoroute. C‘est bruyant, mais au moins je suis bien planqué !

  3.-Ombres-et-lumieres-a-Bosra.jpg 

 

Mardi 21 décembre : Seda - Thaghrat Usfur (JORDAN) (53,5 km) 

  Le-cycliste-a-la-frontiere-jordanienne.jpg 

 

 

Lors du démontage de la tente, l’arceau réparé casse à nouveau. De plus, je constate des fêlures à d’autres endroits. Cela risque de ne plus tenir très longtemps ! Il va falloir que je solutionne cela à Amman ! Du coup, je démarre l’étape plus tard qu’à l’accoutumée. Je traverse la petite ville de Deraa, afin de rejoindre la frontière jordanienne. Le prix de la taxe de sortie a bizarrement doublé. Par contre, les formalités pour l’obtention du visa jordanien sont très rapides. Comme en Syrie, il y a des affiches de leaders politiques partout ! Je pédale dans un paysage de collines désertiques, parsemées de quelques plantations d’oliviers. Au premier abord, le pays est beaucoup plus propre que son voisin. Les voitures polluantes se font également plus rares. Je pique-nique à l’ombre d’un arbre, juste avant la petite ville de Balila. Puis, la route grimpe doucement de plus de 400 mètres dans des basses montagnes. Aussi, un pompiste m’invite à m’asseoir pour discuter au bord de la chaussée. Aujourd’hui, c’est chômage forcé pour lui, car la station n’a plus une goutte d’essence. A cause de l’heure déjà bien avancée, je décide de visiter le site de Jérash demain matin. C’est pourquoi je stoppe prématurément au sommet de la montagne dominant la ville. Je plante alors la tente dans une sorte de carrière en surplomb de la route. Après le coucher du soleil, Jérash commence à s’illuminer.

 

 

Mercredi 22 décembre : Thaghrat Usfur - Amman (62,2 km)

  1.-La-rue-pavee-de-la-Grande-Colonnade-de-Jerash.jpg2.-Les-colonnes-du-temple-d-Artemis-de-Jerash.jpg 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le soleil est à nouveau au rendez-vous. Les montagnes boisées de pins baignent cependant dans une brume de chaleur. La route plonge longuement vers la petite ville de Jérash. Immédiatement, je me rends au site archéologique romain. Aimablement, la police touristique garde mon vélo durant la visite. Sereinement, je me balade à pied dans les ruines de l’antique Gerasa. Temples, théâtres et églises sont édifiés autour d’une longue colonnade pavée de grosses pierres. Elle commence à partir d’une étrange place ovale, entourée également de colonnes. Le lieu est vraiment fantastique. Par contre, le petit musée archéologique ne présente pas grand-chose. Je reprends la route sous le coup de midi. Elle continue sa folle descente jusqu’au fond de la vallée, où coule la petite rivière King Talal Dam. Avant d’entamer la remontée, je finis mes maigres restes de nourriture à l’ombre d’un olivier. La grimpette est longue, très longue ! Au départ, les pentes ne sont pas très élevées. Elles augmentent sur le final, atteignant 12 % sur certaines portions. Je reprends ainsi plus de 700 mètres de dénivelé. Naïvement, je pensais descendre sans effort jusque la capitale jordanienne. Pas du tout, la route regrimpe les collines environnantes d’Amman ! Les pentes sont terribles. De plus en cette fin de journée, les jambes commencent à devenir bien lourdes. De nombreux camions peinent tout autant que moi ! Du coup, il fait presque noir lorsque j’arrive dans les faubourgs de la ville. Je loue une modeste chambre dans l’hôtel Riviera, situé dans le quartier de Downtown. Pas vraiment génial, mais pour le prix, on ne va pas se plaindre ! Un ami du gérant m’accompagne ensuite dans la ville, afin de dégotter un embout pour mon arceau de tente. Après avoir sillonné tout le quartier, nous rentrons bredouille. Je pars ensuite manger dans un boui-boui, à proximité du théâtre antique. Sur le chemin du retour, je retrouve par hasard un cyclo belge rencontré à Damas. Je crois ensuite rêver, lorsque j’aperçois un café servant de la bière. Miracle ! Il faut dire que je suis à la diète depuis plusieurs jours ! De plus, la télévision diffuse le match de Lens face aux Bordelais dans le championnat de France de football. C’est cool !

    3.-Les-montagnes-vers-Amman.jpg 

Partager cet article
Repost0
21 janvier 2015 3 21 /01 /janvier /2015 13:30

Jeudi 23 décembre 2010: Visite d’Amman

 

 1.-L-equipe-qui-m-a-rendu-service-a-Amman.jpg 

 

Dans la matinée, je sillonne le quartier de Downtown, afin de trouver une boutique susceptible de réparer mon arceau de tente. Personne ne peut vraiment m’aider ! Pour une capitale, c’est quand même incroyable ! Pour ne pas rester inactif, je pars à la découverte de la ville. Elle possède notamment un joli théâtre romain. Malheureusement, les nombreux travaux de rénovation masquent en partie le monument. Un petit musée attenant renferme également des costumes des différentes régions de Jordanie, ainsi que quelques mosaïques. Puis, je déambule dans les rudimentaires souks d’Amman. Rien à voir avec ceux d’Alep ou de Damas qui sont beaucoup plus impressionnants ! Perchée sur le djebel Al Qalaa, la citadelle domine la ville. Les ruelles pour y parvenir sont vraiment très pentues. Bien entendu sur mon parcours, je jette toujours un coup d’œil dans les échoppes pour tenter de résoudre ce problème de tente. Finalement, un homme m‘aiguille dans un minuscule atelier avec une machine-outil. Par chance, on me fabrique des pièces sur mesure en téflon. Je n’en demandais pas tant ! De plus, l’homme m’invite à manger des mezzés avec la petite communauté. Mieux encore, après le repas, il m’emmène dans sa grosse voiture jusque la citadelle. Il me paye même l’entrée ! Vraiment sympa le gars ! La forteresse est assez dévastée. Il ne reste que quelques colonnes du temple d’Hercule, et le hall d’entrée d’un complexe palatial. Par contre, la vue sur les habitations accrochées aux djebels environnants est vraiment magnifique sous le soleil. Le site comprend également un musée archéologique. Cependant, je n’y pénètre pas pour ne pas abuser du temps de mon chauffeur. A mon retour dans l’atelier, les pièces sont terminées. Je suis ainsi plus rassuré, car je perdais confiance quant à la solidité de la tente. Puis, je poursuis la journée sur internet, et me balade dans les magasins bordant les souks. La nuit tombée, je mange sur le pouce dans la rue. Certains commerces sont pris d’assaut par les citadins, notamment une pâtisserie improvisée à proximité de l’hôtel. Le prix d’un gâteau au fromage (comme la spécialité d’Antioche en Turquie) est vraiment dérisoire. Je fais ensuite quelques réparations sur Tornado. C’est le nom que j’ai donné à mon vélo de couleur noire ! Les patins de frein sont complètement usés. A force d’attendre pour les remplacer, ils ont déjà entamé la jante. Pas très malin le Vincent ! J’espère seulement ne pas avoir de problèmes dans le futur ! Demain, je redémarre mon périple vers le Sud, sur la route des Rois.

 

 2.-Amman-depuis-la-citadelle.jpg 

 

Vendredi 24 décembre : Amman - Madaba (52 km)

 

  Les-montagnes-vers-la-valee-du-Jourdain.jpg

 

Franchement, l’hôtel n’est pas terrible ! La propreté laisse à désirer, et le quartier est très bruyant. Je quitte Amman plus tardivement que prévu. Les rues pour sortir de la capitale grimpent terriblement dans les djebels alentour. Je mouline comme un fou pour atteindre le sommet. Ce n’est vraiment pas ce qu’il y a de mieux pour démarrer la journée ! Fort heureusement, la route se stabilise par la suite autour de 700 mètres d’altitude, sur un plateau parsemé de serres pour les cultures. Le paysage devient de plus en plus désertique au fil des kilomètres. J’atteins ainsi Madaba en début d’après-midi. Avant d’entamer la visite, je pique-nique au centre touristique de la petite ville. L’église St Georges renferme une ancienne mosaïque du 6ème S, représentant la carte de la Terre Sainte. C’est quand même intéressant à voir ! A la sortie de l’édifice religieux, je retrouve un cycliste hollandais, croisé à Amman la veille. Nous décidons de pédaler ensemble jusqu’au Mont Nébo, lieu de la mort de Moïse. La campagne cède rapidement la place à des terres arides. Au sommet, le paysage est en partie masqué par une brume de chaleur. La mer Morte et la vallée du Jourdain restent quand même discernables. Aussi, l’église est en pleine restauration. Impossible d’y pénétrer ! Décidemment, on n’a vraiment pas de chance ! Nous reprenons alors la même route pour rejoindre Madaba. En effet, je décide de passer le réveillon de Noël avec Tjalf dans la ville. C’est quand même mieux que de se retrouver seul dans la tente un jour de fête ! Nous dégotons alors une chambre double à l’hôtel Madaba. Pour le repas du soir, c’est du grand luxe ! Au menu, pizza et soda dans un minuscule établissement empestant la graisse ! C’est certain, je ne garderai pas un souvenir impérissable du réveillon de Noël 2010 !

 

 

Samedi 25 décembre : Madaba - Kérak (87,9 km)

 

"Un joyeux Noël à la famille, les amis et tous ceux qui suivent mon aventure depuis mon blog" 

 

 1.-Maison-isolee-dans-une-plantation-d-oliviers.jpg 

                            

Tjalf et moi déjeunons ensemble à l’hôtel. Malheureusement, nos chemins se séparent déjà ! Il veut rejoindre la mer Morte, tandis que je préfère rallier Kérak par le «Grand Canyon» de Jordanie. En effet, j’aurai tout le loisir de me baigner dans les eaux salines, une fois en Israël. La route rejoint facilement le petit oued de Wadi al Wala. Elle descend au fond de la vallée, pour remonter aussitôt sur l’autre versant. La grimpette est assez aisée sous le soleil. Comme hier, une brume de chaleur masque légèrement le paysage. Après quelques kilomètres, je plonge vertigineusement dans le «Grand Canyon», appelé Wadi al Mujib. Le panorama est époustouflant. De hautes falaises désertiques enserrent une petite rivière coulant à travers les éboulis. Une nouvelle fois, je fais fureur avec le vélo chargé. Quelques filles asiatiques me prennent même en photo ! Je vais finir par signer des autographes si cela continue ! La route zigzaguant sur l’autre versant est assez impressionnante. Cela promet pour la suite ! Les nombreux lacets m’amènent vite au fond du oued. Le pont du barrage permet de rejoindre l’autre rive de la rivière. La remontée est terrifiante. Les pentes flirtent souvent avec les 10, 12 %, voire plus sur de courtes portions. Je me retrouve alors rapidement trempé de sueur. Fort heureusement, mes jambes tournent facilement aujourd’hui ! A chaque virage, la vue est splendide. Autant dire que je mitraille le paysage de photos ! Je reprends ainsi plus de 700 mètres de dénivelé. Pour ne pas casser mon rythme de pédalage, je mange très tardivement au sommet de la falaise. Sur le plateau, la route poursuit une douce ascension, traversant quelques villages inintéressants. A l’approche de Kérak, je tente de trouver un coin pour planter la tente. Cependant, je suis surpris de me retrouver aussi près de la petite ville. Impossible de dénicher quelque chose de discret, même avec la nuit tombée ! Du coup pour ne pas faire marche arrière, je me rends à l’hôtel Towers Castle au pied du château. Le prix de la nuitée est quand même bien élevé, beaucoup plus que dans la capitale. Bizarre ! Grosse coïncidence, je retrouve Tjalf dans l’établissement. Il a du finir son étape en taxi à cause de l’obscurité. Je pars ensuite en ville pour manger sur le pouce. Il me faut reprendre des forces, car une autre longue étape m’attend !3.-Le-cycliste-au-Wadi-el-Mujib.jpg 

 

 2.-Les-lacets-de-la-route-dans-le-Wadi-el-Mujib.jpg  

 

 

Dimanche 26 décembre : Kérak - Dana (62,5 km)

 

 1.-Le-chateau-de-Kerak.jpg 

Au matin, Tjalf et moi partons visiter la forteresse. Elle fut édifiée au 12ème S par les croisés. La vue depuis les remparts porte loin. La mer Morte reste cependant masquée par la brume. Dans l’enceinte du château, nous découvrons de nombreuses salles souterraines voûtées, ainsi que les vestiges d’une chapelle et d’un palais mamelouk. Le haut donjon carré domine majestueusement les vallées environnantes. Pourtant, la visite me déçoit un peu ! Il est déjà 11 h lorsque nous démarrons l’étape de la journée. A la place de la route des Rois, on nous aiguille sur celle longeant la mer Morte. Le temps de s’en rendre compte, et nous avons déjà dévalé un bon kilomètre ! De plus, la remontée vers le village de Kérak n’est pas vraiment facile. La route continue ensuite tranquillement son ascension jusque 1200 mètres d’altitude, dans un paysage assez monotone. D'autant plus que les villages traversés ne présentent rien d’intéressant. Je pique-nique au bord d’un monument de Mazar, tout en attendant mon compagnon. Après Al Huseiniya, nous descendons longuement dans le canyon du Wadi al Hassa. Moins profond et plus étendu que le Wadi al Mujib, il reste quand même bien impressionnant. Au fond, des plantations d’oliviers forment une sorte d’oasis dans un paysage complètement minéral. De nombreux bédouins ont installé leur campement à proximité. La remontée sur l’autre versant est moins pentue que le Wadi al Mujib, mais forcément beaucoup plus longue. Nous regrimpons ainsi plus de 700 mètres de dénivelé, avec un vent de côté. En chemin, nous retrouvons le propriétaire de l’hôtel de Madaba, qui a l’air tout heureux de nous dépasser en voiture. Les kilomètres s’accumulant finissent par nous épuiser. Au village de La’ban, nous atteignons enfin le plateau. Une nouvelle fois, j’essuie quelques jets de cailloux lancés par des gamins. Cela doit être également le sport national chez les jeunes Jordaniens ! Nous arrivons à Tafila complètement cramés. C’est pourquoi nous reprenons quelques forces dans un snack. A notre grand malheur, il n’y a pas d’hôtel dans la petite ville. Le bivouac est également exclu, car Tjalf n’a pas de matériel de camping. De plus, la nuit est tombée. Des jeunes proposent alors de nous emmener en voiture jusque Dana, pour une somme bien élevée à mon goût. Mon compagnon a l’air plus emballé que moi. Pour une fois, je déroge à mes habitudes ! Le petit groupe charge les vélos comme des brutes. Tant et si bien que la pédale de la bicyclette de Tjalf se coince dans mes rayons. On passe un temps fou à tenter de la dégager. Je prends donc les choses en main pour éviter qu’on me détruise ma roue. Quelle misère ! La voiture nous emmène ensuite jusque l’entrée de Dana, par des petites routes de campagne.  J’ai bien cru que le véhicule allait valser dans le décor, tellement le chauffard roule comme un fou. Après avoir massacré les vélos, ils cherchent à nous tuer ! Et cerise sur le gâteau, nos cocos réclament encore plus d’argent pour nous déposer devant l’hôtel Dana Tower. Franchement malhonnête ! Nous nous installons dans une chambre double très sommaire, à la propreté assez douteuse. Toutefois, l’endroit est quand même assez original ! Tout le monde se retrouve pour souper dans un local recouvert d’une toile. Je fais ensuite les réparations sur Tornado. Les rayons, le porte-bidon et le garde-boue sont pliés. Aussi, mon moyeu arrière a de nouveau du jeu. C’est sûr, je ne suis pas prêt à retenter l’expérience !

 2.-Les-montagnes-du-Wadi-al-Hassa.jpg

 

Lundi 27 décembre : Dana - Wadi Musa (Pétra) (59,4 km) 

 

 1.-Le-village-de-Dana.jpg 

Un vent violent s’est levé durant la nuit. Cela ne présage rien de bon pour l’étape du jour ! Le minuscule village de Dana est complètement isolé. Il surplombe un splendide cirque entouré de montagnes désertiques. Les habitations au toit plat sont construites avec des pierres blanches, étincelantes sous le soleil. Immédiatement, nous sommes confrontés à des pentes extrêmement raides pour rejoindre la route des Rois. Nous poussons même les vélos sur certaines portions atteignant 16 % d’inclinaison. De plus, les bourrasques nous obligent souvent à poser pied. Nous atteignons finalement le sommet après 4 km d’effort. La nationale continue à prendre progressivement de l’altitude, en oscillant dans de vastes étendues arides. Pour la seconde fois du voyage, je crève de la roue arrière. Décidemment, j’enchaîne les problèmes mécaniques en ce moment ! A Shawbak, nous reprenons quelques forces en avalant des fallafels dans une petite gargote. Le village possède un joli château médiéval, édifié par les croisés. Après un rapide coup d’œil, nous poursuivons notre chemin en direction de Pétra. L’altitude grimpe tout doucement à plus de 1500 mètres. Dans la descente, il est vraiment démoralisant de pédaler contre le vent ! Nous atteignons enfin Wadi Musa, situé à proximité du site antique. La ville est hyper touristique. Les rues principales sont bordées d’une quantité incroyable d’hôtels et de restaurants. Les prix appliqués sont également beaucoup plus élevés. Un serveur nous conseille alors l’hôtel Elgee. Nous y réservons une chambre double pour deux nuits. A la tombée du jour, nous partons en ville pour souper dans un restaurant rudimentaire, en compagnie de charmantes Hollandaises. Nous finissons la soirée à fumer le narghilé avec de la musique orientale.

 

 2.-Tjalf-et-moi-sur-la-route-de-Petra.jpg 

 

  

Mardi 28 décembre : Visite de Pétra 

 1.-Le-Khazneh-de-Petra.jpg 

Tjalf m’annonce tardivement qu’il ne compte pas visiter Pétra aujourd’hui. Je pars ainsi seul à pied jusqu’au site nabatéen. Je suis surpris du prix d’entrée, plus de 50 euros. C’est vraiment du vol ! Quelques tombeaux bordent le chemin vers l’entrée de la cité antique. Le Siq est un étroit défilé aux parois abruptes. Le grès change magnifiquement de couleur, au fur et à mesure de mon avancée. Il débouche sur le célèbre temple du Khazneh, taillé dans la roche rosâtre. Le monument est vraiment surprenant ! Malheureusement, le coin est envahi par une foule de touristes, avec chameaux et tout le tralala. Plus loin, un théâtre et plusieurs tombeaux sont creusés dans les falaises. La ville basse renferme les ruines de temples, de palais et de thermes. Je visite expressément le musée archéologique, afin de découvrir les sculptures, les poteries et une jolie mosaïque trouvées sur le site. J’emprunte ensuite le sentier qui grimpe dans la montagne jusqu’au monastère du Deir. De nombreuses personnes préfèrent monter sur des mules pour y accéder. Ce qui occasionne à plusieurs endroits quelques petits embouteillages ! Tout le long du parcours, les vues sur le cirque de Pétra sont magnifiques. Après une bonne quarantaine de minutes, j’atteins enfin le fabuleux édifice. Il est tout aussi impressionnant que le Khazneh ! A proximité, l’ascension de deux promontoires rocheux permet de jouir des panoramas sur le mont Haroun et les montagnes du Wadi Araba. Puis, je redescends par le même chemin jusque dans la ville basse. Sur le versant Ouest du djebel Al Khubtha, de monumentaux tombeaux royaux sont également sculptés dans la roche. Le soleil de fin de journée donne une jolie teinte orangée à leurs splendides façades. Je quitte alors Pétra pour rejoindre l’hôtel. Tjalf m’apprend qu’il a flemmardé toute la journée. Comme hier, nous avons rendez-vous avec nos deux Hollandaises pour souper. Nous partons ensuite dans un pub pour boire enfin quelques bières. Ce doit être le seul endroit de la ville où l’on sert de l’alcool ! Demain, je reprends la route à vélo en solo. En effet, mon coéquipier ne souhaite pas se rendre dans le désert du Wadi Rum.

 

3.-Formation-rocheuse-coloree-a-Petra.jpg 

 2.-Le-theatre-de-Petra-depuis-les-tombeaux.jpg

 

 

Mercredi 29 décembre : Wadi Musa - Désert de Wadi Rum (102,7 km)

 

  1.-Les-montagnes-du-Wadi-Araba-sous-les-nuages-gris.jpg 

 

Le ciel est chargé de nuages gris, mais le vent a considérablement faibli durant la nuit. Après le déjeuner à l’hôtel, je quitte Tjalf qui compte visiter Pétra aujourd'hui. Les pentes pour sortir de Wadi Musa sont encore bien élevées. De plus, quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Mais rien de bien méchant ! La route reprend de la hauteur en oscillant tranquillement sur un plateau de collines dénudées. Même sous le ciel gris, les vues sur les montagnes qui bordent la vallée du Wadi Araba restent magnifiques. Je mange un bout juste avant l’embranchement de la route du Désert. A plus de 1600 mètres, le faible vent me refroidit rapidement. Je descends ensuite longuement sur une sorte d’autoroute,     fréquentée par de gros camions polluants. Elle traverse un large désert de sable orangée, parsemé de gros blocs rocheux affleurant. J’avale ainsi les kilomètres assez rapidement. Dans une vétuste station-service, le pompiste regonfle mon pneu arrière comme un sauvage. Il dépasse même la limite de pression autorisée. En plus, il me réclame de l’argent ! Gonflé le type ! Je bifurque ensuite sur la petite route en direction de Rum. Le désert alentour s’embrase des lumières chatoyantes du soleil couchant. Je contemple longuement ce merveilleux spectacle naturel. Je m’imagine tel un bédouin, avec Tornado mon chameau à pédales. A l’approche de la gare de Rum, je m’enfonce dans le désert sablonneux à la recherche d’un coin pour planter la tente. D’un coup, mon pneu arrière se dégonfle complètement. Quelle poisse ! Je démonte la chambre à air sous la faible lumière crépusculaire. En fait, elle s’est déchirée au niveau de la valve, sûrement la conséquence du surgonflage ! J’installe le bivouac dans le sable ocre, derrière de gros rochers pour me mettre à l’abri des bourrasques de vent. Il recommence à pleuvoir dans la soirée. Le comble pour un désert ! J’espère quand même un meilleur temps pour demain !

 

2.-Attention-aux-dromadaires-sur-la-route-du-Desert.jpg 

 

 

Jeudi 30 décembre : Excursion dans le Wadi Rum (13,9 km)

 

 1. Le bivouac dans le désert du Wadi Rum

 

Il est tombé une pluie fine durant toute la nuit. Le ciel est toujours chargé de nuages gris menaçants. Les montagnes sont également masquées par une légère brume. Bref, ce n’est pas le meilleur temps pour découvrir le désert ! Je décampe rapidement en prenant la direction de la zone protégée du Wadi Rum. A cause de la mauvaise météo, je décide de randonner à pied, plutôt que de louer les services d’un 4 x 4. Le prix pour une personne seule est bien trop excessif pour un paysage couvert ! La petite route longe une haute falaise jusque Rum. Après quelques kilomètres, je remonte la tente au rudimentaire camping du village. Je mange ensuite un morceau, en attendant que la pluie cesse. Le sentier pédestre s’engage entre les djebels Rum et Umm Ishrin, pour joindre le puits de Lawrence d‘Arabie. L’endroit ne présente pas beaucoup d’intérêt ! Cet officier britannique a été rendu célèbre par le film de David Lean. Il a notamment participé à l’insurrection arabe contre les Ottomans, durant la Première Guerre mondiale. Le paysage est par contre vraiment grandiose. Les montagnes abruptes se dressent dans une vaste plaine sablonneuse orangée. Il est cependant dommage que le coin fasse un peu usine à touristes ! En effet, de nombreux véhicules se suivent à la queue leu leu sur les pistes. En poursuivant mon chemin, deux filles et un garçon originaires d’Espagne me proposent de monter dans leur 4 x 4 diplomatique. Une vraie aubaine pour moi ! D’autant plus qu’il se remet à pleuvoir ! Nous découvrons ensemble l’étroit canyon de Khazali, l’arche d’Umm Frouth et lointainement celui de Burdah. Pour le retour, mes compagnons se trompent de direction. Il est vrai qu’il n’est pas aisé de se repérer dans ce désert inhospitalier ! Malgré un long détour, ils me déposent aimablement au camping de Rum. Avant que la nuit tombe, je m’aventure sur le sentier du Wadi’s Bach pour jouir d’une jolie vue sur le Wadi Rum. Je jette également un coup d’œil aux ruines du palais nabatéen, à proximité du terrain de camping. Il fait alors presque noir lorsque je rejoins la tente. Un couple d’Américains et un Israélien me proposent de souper avec eux. Ils séjournent dans le coin pour escalader les parois des montagnes. Le Wadi Rum attire également de nombreux grimpeurs de tous pays. Le repas est copieux et succulent. J’ai même droit à plusieurs verres de vin rouge et de liqueur. Nous discutons ainsi longuement sous une bâche de protection. Le ciel commence à se découvrir, laissant apparaître de nombreuses étoiles.

 

2. Le désert du Wadi Rum 

 3.-Le-petit-groupe-espagnol.jpg 

 

Vendredi 31 décembre : Désert de Wadi Rum - Aqaba (77 km)

 

1.-Les-montagnes-du-Wadi-Rum.jpg 

 

Encore de la pluie cette nuit ! Au petit matin, quelques trouées dans l’épaisse couche nuageuse laissent apparaître enfin le soleil. Je quitte la zone protégée du Wadi Rum par la même route que l’avant-veille. Avec le vent dans le pif en supplément ! Je m’en serais bien passé ! Après une petite trentaine de kilomètres, je rejoins la route à quatre voies au trafic infernal. Elle descend longuement en direction d’Aqaba, à travers les montagnes rocailleuses. Cependant, ma vitesse est considérablement ralentie par ce foutu vent ! Je mange en bordure de route, dans le bruit du va-et-vient des camions. Après un étroit défilé, la ville israélienne d’Eilat apparaît soudain, coincée entre la mer Rouge et les montagnes du Sinaï. Aqaba la jordanienne est située juste en face, de l’autre côté du golfe. J’ai perdu ainsi un peu plus de 700 mètres d’altitude en une quarantaine de kilomètres ! Immédiatement, je prends quelques informations au centre touristique, avant de m’installer dans une chambre de l’hôtel Amira dans le souk. Pour le nouvel an, c’est quand même mieux que le camping ! Je suis également indécis pour une plongée sous-marine dans les eaux de la mer Rouge. Aqaba ou Eilat ? Je pars ensuite manger des fallafels en terrasse d’un snack. Encore un succulent repas de réveillon ! En guise de champagne, je me suis dégotté deux grosses bières. Un véritable exploit en Jordanie !

 

 2.-Le-cycliste-sur-la-route-du-desert.jpg 

 

 

Samedi 1er janvier 2011 : Aqaba - Eilat (IL) (34,1 km)

 

 1. La plage d'Aqaba 

        " Meilleurs vœux à tout le monde pour cette année 2011 " 

 

 

Aqaba est une station balnéaire sans grand intérêt. Elle renferme cependant quelques ruines, notamment la première église romane du 3ème S connue à ce jour. De nombreuses terrasses de café débordent sur l’étroite plage de sable envahie par la population locale. Plus loin, le petit port de pêche est bien désert en ce premier jour de l’an. Un modeste fort est édifié à proximité. Après maintes hésitations, je décide de quitter Aqaba en direction d’Israël. J’aurai ainsi du temps pour organiser la plongée du lendemain, et régler quelques problèmes bénins. En ce début d’après-midi, le soleil tape déjà bien fort. A la frontière, je négocie âprement le change de mes derniers dinars en shekels. C’est quand même assez incroyable ! Après m’être acquitté de la taxe de sortie, je passe facilement le poste frontière jordanien. Par contre côté israélien, c’est beaucoup plus difficile. Premièrement, on me fait décharger les sacs pour les passer aux rayons X. Puis, ça coince à cause du visa syrien sur le passeport. Et c’est reparti comme à Homs ! Une policière m’interroge rudement dans un bureau. Comme je ne suis pas impressionné, elle finit par prendre un ton plus calme. Et pourquoi ci, et pourquoi ça ? Cela dure pendant plus de deux heures ! Le soleil est sous l’horizon, lorsque j’obtiens l’inespéré tampon sur le passeport. J’avais pourtant demandé une feuille volante ! En effet, de nombreux pays musulmans refusent l’entrée du territoire après un séjour en Israël. Lorsque je pénètre dans Eilat, les centres de plongée et le bureau d’informations sont forcément fermés. Du coup, cela me fait perdre une nouvelle journée sur mon planning. Pour l’heure, il me faut trouver à loger ! Comme je n’ai rien dans le ventre depuis ce matin, je mange sur le pouce avant d’entamer les recherches. Au vu des prix affichés, séjourner en Israël semble beaucoup plus onéreux. Je prends alors la direction de la frontière égyptienne, jusqu’à un camping bien difficile à trouver. Il n’y a pas foule, seules deux tentes occupent le terrain ombragé. Finalement, je ne suis pas beaucoup plus avancé. Mes problèmes ne sont pas réglés, et je n’ai toujours pas de réservation pour la plongée. C’est une journée à oublier !

 

 2.-A-la-frontiere-israelienne.jpg 

 

 

Dimanche 2 janvier : Journée de repos à Eilat (16,3 km)

 

Je me rends immédiatement aux centres de plongée les plus proches, pour comparer les tarifs. Les moniteurs du Marina Dive Center sont impressionnés par mon aventure à vélo. Je décide de faire une séance de rappel dans l’après-midi, et réserve la véritable plongée pour le lendemain. En effet, mon brevet date de plus de deux ans, et je n’ai pas replongé depuis ! Force est de constater que les prix sont quand même un peu plus élevés qu’à Aqaba. Tant pis ! Je profite ensuite du temps libre pour réparer correctement la tente. Puis, je mange expressément avant d’assister à ma leçon de rattrapage. Il faut reconnaître que j’ai oublié énormément, aussi bien en théorie qu’en pratique ! Je galère surtout pour me stabiliser dans l’eau. Enfin, on verra bien demain ! A mon retour, le camping est pris d’assaut par un groupe d’étudiants venufaire la fiesta. La nuit tombée, je pars à vélo dans une petite pizzeria du centre-ville, situé à une huitaine de kilomètres. Je déambule ensuite dans les rues piétonnes à proximité de la marina. De nombreuses boutiques, et même des manèges à sensations fortes, sont aménagés pour les touristes étrangers. Durant mon séjour en Israël, il va falloir sérieusement faire attention aux dépenses. Les prix sont vraiment exorbitants ! Finalement à une heure bien tardive, je rejoins le camping dans l’obscurité.

 

 

Lundi 3 janvier : Plongée sous-marine dans le golfe d’Eilat (15,9 km)

 

Pour ne pas rester inactif toute la matinée au camping, j’emprunte le sentier pédestre tout proche, qui grimpe le mont Zefahot culminant à 278 mètres. Les montagnes complètement désertiques se dressent au-dessus du golfe d’Eilat. Il porte le nom de golfe d’Aqaba chez les Jordaniens ! L’ascension n’est vraiment pas difficile ! Par beau temps, les vues portent sur les quatre pays de la région : Israël, Jordanie, Egypte et Arabie Saoudite. Malheureusement une nouvelle fois, la brume de chaleur masque une grande partie du paysage. De plus, le soleil a bien du mal à percer la couche nuageuse grise. Après deux petites heures de marche, je rejoins le centre de plongée à Coral Beach. Comme le groupe est prêt à partir, on me demande de revenir plus tard. Cela m’arrange bien, car je n’ai toujours rien mangé depuis le déjeuner ! Vers 14 h, j’embarque dans une fourgonnette pour plonger dans les eaux claires du golfe d’Eilat. Les fonds marins sont fabuleux, quoique moins impressionnants qu’en Egypte. Une multitude de poissons multicolores évoluent dans les coraux à faible profondeur. Ce féerique spectacle est vraiment captivant. A tel point que je suis surpris qu’il faille déjà remonter à la surface. J’enchaîne de suite avec une seconde plongée, à proximité de petites grottes tout aussi spectaculaires. Après cette immersion trop rapide dans le monde aquatique, je renfourche le vélo pour souper en ville dans la même pizzeria que la veille. Je finis par changer d’établissement après plus d’une heure d’attente. Le serveur se fout vraiment de moi ! De retour au camping, c’est le gardien qui me fait des misères. Il me soupçonne de ne pas avoir payé la nuitée ! Décidemment, ce n’est pas ma soirée !

 

 Les-montagnes-vers-l-Egypte-depuis-le-mont-Zefahot.jpg 

 

 

Partager cet article
Repost0
20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 15:28

Mardi 4 janvier 2011: Eilat - Jonction de Tsikhor (101,6 km)

 

  1.-Arbre-isole-dans-le-desert-du-Negev.jpg

 

Pendant la nuit, j’ai été réveillé par le crépitement lointain d’armes à feu automatiques. Pas vraiment rassurant tout cela ! Ce matin, je décampe plus tardivement que prévu. La sombre couleur de la mer prend une magnifique teinte bleu turquoise à proximité du rivage. Cependant, les hôtels de luxe et les bâtiments industriels défigurent complètement le littoral. Eilat est une ville moderne sans réel charme. Etrangement, la piste d’atterrissage de l’aéroport est située à deux pas du centre. Les avions survolent dangereusement les immeubles, à basse altitude. Je prends la route plate en direction du Nord, dans la vallée de l’Arava. Le soleil apparaît de temps à autre dans une trouée de la couche nuageuse. Il donne des reflets de velours aux basses montagnes israéliennes. Par contre, la chaîne jordanienne à l’Est est beaucoup plus embrumée. Quelques kibboutzim et plusieurs plantations de palmiers bordent mon parcours. Je pique-nique près de l’entrée du parc de Timna, en compagnie d’oiseaux au plumage coloré. Puis, je bifurque vers l’Ouest en direction de Mitzpe Ramon. La route grimpe en lacets sur un vaste plateau désertique. Je reprends ainsi près de 400 mètres de dénivelé. Les vues sur la vallée de l’Arava sont splendides. Mon chemin traverse ensuite un terrain de manœuvre pour les chars de l’armée. Du coup, il est impossible de camper dans le coin. Je ne tiens pas à me faire écraser par un blindé, ou me faire déloger par des soldats en pleine nuit. Le problème, c’est que la fin de journée approche ! Je pédale ainsi des kilomètres et des kilomètres sans jamais voir le bout. Il fait nuit noire lorsque j’atteins la jonction de Tsikhor. Malheureusement, le coin semble encore sous surveillance militaire. Tant pis, je plante quand même la tente en bordure de route. De toute façon, je n’y vois plus rien ! Il ne me reste plus qu’à croiser les doigts pour ne pas avoir d’ennuis. Cette nuit, la voûte céleste est merveilleusement étoilée.

  2.-La-vallee-de-l-Arava-depuis-les-hauteurs.jpg

 

Mercredi 5 janvier : Jonction de Tsikhor - Mitzpe Ramon (68 km)

 

  1.-Les-briques-entassees-du-site-de-Carpentry.jpg

 

La nuit a été beaucoup plus froide qu’à Eilat. Le soleil commence à peine à réchauffer le désert, lorsque je prends la route vers Mitzpe Ramon. Elle poursuit lentement son ascension en oscillant dans un paysage complètement lunaire. Les montagnes arides du Néguev se parent de couleurs noire, blanche, ocre ou jaune. Par endroits, on se croirait dans l’Ouest américain ! Quelques coups de canon rappellent que l’armée israélienne veille sur le pays. Aujourd’hui, ce n’est pas la grande forme ! J’ai bien du mal à grimper les côtes. La fringale me guette ! De plus, il me reste très peu de nourriture pour m’alimenter. Comme un âne, je ne me suis pas suffisamment réapprovisionné pour traverser le désert ! Après plusieurs dizaines de kilomètres, j’atteins le gigantesque cratère de Maktesh Ramon. Il fait plus de 40 km de long et 8 km de large. Puis, un chemin caillouteux m’amène à une étrange formation rocheuse appelée Carpentry. Des pierres noires en forme de briques sont entassées sur un monticule élevé par la pression volcanique. La route serpente ensuite en lacets pendant plus de 4 km sur la paroi escarpée du volcan. La grimpette n’est pas facile sous la chaleur, car les pentes atteignent les 8 %. Le ventre vide, j’atteins péniblement Mitzpe Ramon, perché au bord du précipice à plus de 800 mètres d’altitude. Le panorama englobe la totalité du cratère. Le paysage désertique est d’une impressionnante beauté. Je me jette ensuite dans le supermarché du village pour enfin acheter de quoi manger. Il est déjà plus de 16 h, lorsque je reprends mon itinéraire. Pour ne pas avoir la même farce que la veille, je préfère bivouaquer à la sortie de Mitzpe Ramon, derrière un petit mont sablonneux. De plus, de vilains nuages gris commencent à couvrir le ciel. Par chance, ils traversent la région dans la soirée sans déverser de pluie. Le soleil se couche juste derrière les observatoires astronomiques postés sur une proche colline.

  2.-Le-cratere-de-Mizpe-Ramon.jpg

 

Jeudi 6 janvier : Mitzpe Ramon - Yeroham (42,5 km)

 

 1.-Le-bivouac-dans-le-desert-pres-de-Mizpe-Ramon.jpg 

La tente est complètement trempée par la rosée. Le sable est tellement fin qu’il se colle sur la toile. Fort heureusement, je démarre la journée sous le soleil. La route ondule dans les collines du plateau d’altitude. Après une vingtaine de kilomètres, j’atteins les ruines d’Avdat. Cette ville nabatéenne, fondée au 4ème S avant JC, domine toute l’étendue montagneuse. Elle était une étape sur la route des caravanes qui transportaient les épices de la péninsule arabique jusque la mer méditerranéenne, via Pétra en Jordanie. J’abandonne alors Tornado dans le bâtiment à l’entrée, le temps de la visite. Tout d’abord, j’assiste à un petit film sur l’histoire d’Avdat. Puis, j’emprunte le sentier pédestre qui grimpe jusqu’aux ruines. Une maison byzantine a été reconstruite à côté de quelques grottes troglodytiques. Plus haut, je découvre les vestiges d’un grand ensemble, composé du temple nabatéen, de la place des églises et de la ville fortifiée. A proximité, une petite tour domine le quartier romain. Lorsque je redescends, le ciel se couvre de nuages gris. Puis, je pique-nique sur une table à l’entrée du site. En redémarrant après le repas, je manque de tomber lourdement. En effet, mon pneu avant est à plat ! Après la réparation, je prends le vent en pleine face. Décidemment, ce n’est pas ma journée ! Je rejoins le kibboutz Sede Boqer bien tardivement. Du coup, j’abandonne la petite randonnée dans le parc national. Je me rends à proximité des tombes de Ben Gurion et de sa femme, pour jouir d’une splendide vue sur les montagnes enserrant le Wadi Zin. L’ancien Premier ministre israélien a vécu dans le kibboutz durant plusieurs années. Les guides qui encadrent les groupes d’étudiants sont tous armés de fusils ou de pistolets. Lorsque je repars, c’est mon compteur kilométrique qui fait des siennes ! Autant dire que tous ces problèmes techniques commencent par m’agacer ! De plus, le coin redevient zone militaire. Je profite alors d’un bosquet d’arbres pour planter la tente. De toute façon, le soleil commence à disparaître sous l’horizon !

 

 2.-Le-site-nabateen-d-Avdat.jpg

Vendredi 7 janvier : Yeroham - Neve Zohar (107,5 km)

 1.-Le-cycliste-dans-le-deser-tdu-Negev.jpg  2.-Canyon-dans-la-descente-vers-la-mer-Morte.jpg

 

Avant de démarrer, je fais quelques réglages sur le vélo, et change les patins de frein de la roue avant. La route traverse toujours et encore une zone de manœuvre militaire. Les collines sont complètement dénudées de végétation. Quelques tentes de bédouins sont installées aux abords des petites villes de Yeroham et Dimona. Depuis mon entrée en Israël, les encouragements de la population locale se font plus rares. Par contre, il est beaucoup plus reposant de pédaler sans les klaxons permanents des véhicules et les cris hystériques des enfants ! Aussi, une immense plantation de cactus s'étend aux abords de Dimona. A la jonction vers la mer Morte, la circulation devient plus dense. De plus, la route est peu intéressante. D’un côté, ce n’est qu’une succession d’usines pétrochimiques. De l’autre, des grillages ceinturent sur des kilomètres un centre de recherche nucléaire, installé en plein désert du Néguev. Puis, je me rends compte avoir perdu une pièce de mon pied photo. Comme j’ai déjà parcouru plus de 30 km, je n’ai pas forcément envie de faire marche arrière. D’autant plus que je ne suis pas certain de la retrouver ! Tant pis, je transformerai le restant en mini pied ! Plus loin, j’observe lointainement les ruines de la ville nabatéenne de Mamshit, située également sur la route des Epices. Les cratères Maktesh HaGodal et Maktesh HaKatan sont malheureusement trop à l’écart de mon parcours. Je mange alors un bout dans la caillasse, juste avant la longue descente. Le panorama est grandiose ! D’étranges formations géologiques friables sont intercalées entre la vallée de l’Araba et la mer Morte. En face, les montagnes jordaniennes sont masquées par une brume de chaleur. Il fait bien entendu très chaud ! Ce n’est pas pour narguer, mais la température avoisine les 25 °C en ce mois de janvier ! Après de nombreux lacets, j’atteins le fond de la vallée industriel. En effet, une usine de magnésium côtoie plusieurs établissements de désalinisation. Le soleil se couche lorsque j’aboutis à Neve Sohar. Je cherche dans un premier temps à me réapprovisionner en eau et en nourriture. Pas vraiment facile ! Je discute un moment avec un jeune Canadien, intéressé par mon escapade cycliste. Je rebrousse ensuite chemin sur un ou deux kilomètres, pour planter la tente dans une sorte de brèche dans les hauts rochers. Depuis le bivouac, les villages jordaniens s’illuminent les uns après les autres sur la rive opposée de la mer Morte.

  3.-Formations-salines-de-la-mer-Morte.jpg

 

Samedi 8 janvier : Neve Zohar - Ein Gedi (40,3 km)

 

1.-Ciel-menacant-sur-la-mer-Morte.jpg  2.-Le-site-de-Massada.jpg

La journée commence mal, mon pneu arrière est à plat ! Pourtant, je ne constate aucune crevaison sur la chambre à air. Après le regonflage, je rejoins la péninsule de Lashon qui coupe la mer Morte en deux. La météo est bien capricieuse. Le ciel est chargé de gros nuages gris, prêts à déverser de la pluie. En chemin, quatre soldats en Jeep m’arrêtent pour contrôler mes papiers. Ils ont bien du mal à croire que je vienne de France à bicyclette. Au détour d’un virage, la forteresse de Massada se dresse sur une montagne d’une hauteur de 400 mètres. A l’entrée de l’affreux complexe touristique, des casiers sont prévus pour les bagages. Et bien sûr, il faut payer ! On fait vraiment de l’argent avec n’importe quoi ! Après réflexion, je choisis de grimper à pied, plutôt que d’emprunter le funiculaire. Le sentier serpente longuement sur le flanc de la montagne. Au bout d'une grosse demi-heure, j’atteins enfin le sommet. Massada était la dernière position de la révolte des Hébreux contre l’occupation romaine en Judée. La fin est plutôt tragique, car les assiégés ont préféré se donner la mort, plutôt que de se rendre. Le site s’étend sur un large plateau. Au Nord, le palais d’Hérode est construit sur trois étages. Un complexe de magasins, des bains, des citernes et une synagogue sont édifiés à proximité. Quelques fragments de fresques et de mosaïques de l’époque ornent également quelques salles. Au pied de l’enceinte, on aperçoit encore les trois camps romains et le remblais qui servirent à assiéger la ville. Au centre, une église byzantine est aussi décorée de jolies mosaïques et de tessons en terre cuite. L’heure commençant à tourner, je visite plus rapidement la partie Sud, un peu moins intéressante. Par contre, les vues sur la mer Morte et les monts de Moab sont magnifiques depuis les remparts. Le soleil montre quand même le bout de son nez par intermittence. Je redescends ensuite rapidement par le même chemin. Il est déjà 14 h, et je n’ai toujours rien mangé. Lorsque je reprends la route à vélo, le temps se dégrade à nouveau. En plus du vent, il tombe quelques gouttes de pluie. Après une bonne vingtaine de kilomètres, j’atteins le kibboutz d’Ein Gedi. C’est le point le plus bas de la planète, à 411 mètres en dessous du niveau de la mer. On m’apprend que tout est fermé le samedi. En effet, c’est le jour du shabbat ! Cela m’était complètement sorti de la tête ! Rien d’ouvert avant Jérusalem ! Après avoir grignoté quelques maigres restes de nourriture, je décide de faire un plongeon dans la mer Morte. C’est bien connu, la salinité élevée de l’eau fait flotter tout corps immergé. C’est quand même une sensation bien étrange ! Par contre, je ne m’attarde pas dans l’eau, car la moindre coupure devient vite douloureuse avec le sel. Je suis cependant un peu déçu de ne pouvoir immortaliser l’évènement par un cliché. Le montage de la tente à proximité de la plage est rendu bien difficile par le terrain pierreux. Impossible de planter les sardines ! J’utilise extenseurs, tendeurs et pierres pour fixer mon frêle abri. De plus, l’arceau «bricolé» risque à nouveau de casser. La pièce en téflon n’aura pas tenu bien longtemps ! Je fais une réparation de fortune, pour la dernière nuit sous tente avant Jérusalem. J’espère seulement ne pas avoir trop de vent !

  3.-Formations-rocheuses-depuis-Masada.jpg

 

Dimanche 9 janvier : Ein Gedi - Jérusalem (81,5 km)

  Bateau-sur-la-mer-Morte.jpg

 

Toute la nuit, une colonie de chats a rodé autour de la tente. Au matin, j’en retrouve même dans le auvent ! Vraiment collants ces bestiaux ! Le vent a soufflé fortement, mais la réparation temporaire de l’arceau a tenu le coup. De nouveau, je démarre l’étape le ventre vide. J’espère quand même trouver un supermarché sur le parcours ! A ma grande surprise, la route le long de la mer Morte n’arrête pas de monter et descendre. Elle finit seulement par se stabiliser après une bonne vingtaine de kilomètres. C’est ainsi que je pénètre en Cisjordanie, territoire palestinien d’Israël. Mon itinéraire passe à côté de quelques petits kibboutzim, bordés de plantations de palmiers. Je bifurque ensuite sur la grosse nationale vers Jérusalem, encombrée de nombreux véhicules. Comme il n’y a toujours pas de magasin d’alimentation à l’horizon, j’avale un hamburger tiède peu appétissant. Le gars antipathique ne se gêne pas pour augmenter ses tarifs. Il me faut ensuite grimper les 400 mètres d’altitude pour revenir au niveau zéro, plus les 800 mètres pour atteindre la Ville sainte. Autant dire que ce n’est pas une partie de plaisir ! De plus, le soleil cogne bien fort aujourd’hui. Dans un premier temps, je traverse un paysage de collines complètement aride. En ce début d’après-midi, des nuages venus du Nord finissent par couvrir le ciel bleu. A l’approche de Jérusalem, la région devient forcément plus peuplée. Les habitations des petites villes sont accrochées aux flancs des montagnes, séparées de la route par de hauts murs. De nombreuses tentes de bédouins sont également disséminées un peu partout. Dans les derniers kilomètres, je commence sérieusement à faiblir. Après le tunnel du mont Scopus, la Ville sainte est enfin en vue. Il est vrai que je ne suis pas peu fier d’avoir atteint mon premier objectif, après plus de 8000 km à vélo. Je déambule ensuite dans la vieille ville à la recherche d’un hôtel bon marché. Un homme racolant dans la rue m’amène au Jaffa Gate Hostel dans le quartier chrétien. Comme il n’y a plus de chambre de libre, je passerai la première nuit en dortoir. Je pars ensuite souper des fallafels dans une petite bicoque du quartier arabe. Certes, j’ai bien mangé, mais le vieux patron me réclame beaucoup trop d’argent à mon goût ! Cela devient quand même bien énervant de se sentir toujours berné ! Je rejoins ensuite le dortoir que je partage avec quatre autres personnes d’origine américaine.

 

 

Lundi 10 janvier : Visite de Jérusalem

1.-L-eglise-du-Saint-Sepulcre-de-Jerusalem.jpg 

                                                                                                                                          

2.-Moine-orthodoxe-priant.jpg

Pour démarrer la visite de Jérusalem, je décide de suivre le chemin de croix du Christ à travers la vieille ville. De nombreux pèlerins font également le parcours, en entamant des chants religieux et portant de grandes croix en bois. En bordure de la Via Dolora, les boutiques vendent quasiment tous des objets en rapport avec le christianisme. Quelques individus semblent complètement illuminés. L’un d’eux me répète continuellement qu’il m’aime ! J’atteins alors la célèbre église du St Sépulcre. Elle renferme la tombe de Jésus, dernière des quatorze étapes du chemin de croix. A cause de la foule qui s’entasse dans le bâtiment, je préfère reporter la visite en début d’après-midi. Je pique-nique alors sur un banc à proximité, puis retourne à l’hôtel pour prendre possession de ma chambre. A mon retour, l’édifice religieux est beaucoup moins peuplé. L’intérieur du sobre bâtiment est illuminé par les centaines de cierges allumés par les fidèles. Comme tout le monde, je fais la queue pour approcher le tombeau sacré. Des moines orthodoxes veillent sévèrement au bon déroulement de la visite. Une chapelle souterraine a été également édifiée à l’endroit des trois croix en bois retrouvées. Je déambule ensuite dans le quartier chrétien pour découvrir d’autres édifices religieux. Dans l’église protestante, un homme me vante longuement les bienfaits de la religion sur les hommes. Une jolie fille me fait également découvrir l’entrée d’un tunnel souterrain. Puis, j’assiste rapidement à une cérémonie religieuse dans la cathédrale arménienne. L’endroit est faiblement éclairé par des lampes multicolores suspendues. L’ambiance est très solennelle. Les gens chantent à pleine voix dans leur langue natale caucasienne. Plus loin, une dame me rouvre les portes de la petite chapelle St Marc. Bien sympa ! La nuit commence à tomber, lorsque je pars me balader à proximité du Cardo dans le quartier juif. Quelques ruines bordent encore cette principale rue de l’époque byzantine et romaine. Le temps est resté instable toute la journée. D’ailleurs, il tombe quelques gouttes, lorsque je pars souper dans une petite pizzeria à proximité de l‘hôtel

 

Mardi 11 janvier : Visite de Jérusalem

 

1.-Hebreu-au-mur-des-Lamentations-de-Jerusalem.jpg 

Dans la matinée, je me dirige jusqu’au mur des Lamentations. Le coin est très sécurisé. Tout est passé aux rayons X ! Des centaines de juifs, notamment des hasidim ultra-orthodoxes, prient longuement face au large rempart. Paradoxalement, ce dernier jouxte le mont du Temple, lieu sacré pour les musulmans. Malheureusement fermé aujourd’hui ! Je longe ensuite les remparts au Sud de la ville, pour retourner manger à l‘hôtel. Bizarrement, on ne peut les parcourir que dans un sens ! Je prends ensuite la direction du mont Zion. La porte de la ville a été le théâtre d’affrontements pendant la guerre arabo-juive de 1948. Elle porte encore de nombreuses traces d’impacts de balles. Puis, je découvre la supposée tombe du roi David, ainsi que le Cénacle où le Christ a pris son dernier repas avec ses disciples. Pendant la période turque, l’église a été transformée en mosquée. Un minbar (chaire pour le sermon) et un mihrab (niche indiquant la direction de La Mecque) sont encore aménagés dans la pièce. A proximité, l’imposante église de la Dormition est le lieu où la Vierge Marie serait décédée. Dans la crypte, une effigie représente la Sainte allongée sur son lit de mort. Quelques centaines de mètres plus loin, la vallée de Kidron renferme la cité du roi David. C'est la partie la plus ancienne de Jérusalem, qui date de 3000 ans. Je découvre notamment les ruines du palais royal, les tombes du prophète et le système d’alimentation en eau par deux tunnels. A cause des travaux de rénovation, la visite ne m‘a pas vraiment emballé. Malgré la pénombre, je me rends quand même jusqu’au mont des Oliviers. Dans la petite vallée de Jehoshaphat, d’anciennes tombes sont taillées dans la roche. Je visite ensuite l’église de Toutes les Nations, lieu de l’arrestation de Jésus. La tombe de la Vierge Marie est située non loin, dans une sorte de caveau éclairé par des lampes suspendues. Depuis les hauteurs du mont des Oliviers, le soleil rougeoyant illumine merveilleusement la cité séculaire. Je rebrousse ensuite chemin vers le quartier juif, pour manger un bout dans une sorte de snack. La journée fut bien éprouvante avec tous ces kilomètres parcourus à pied !

  2.-Le-mur-des-Lamentations.jpg

 

Mercredi 12 janvier : Visite de Jérusalem

 

  1.-Le-mont-du-Temple-depuis-l-eglise-Dominus-Flevit.jpg

 

 Il fait vraiment très beau aujourd’hui ! Je retourne alors au mont des Oliviers pour   poursuivre la visite. Le chemin est vraiment raide pour atteindre les édifices religieux. De nombreux groupes de tous pays viennent y prier, et entament des chants spirituels. Depuis l’église de Dominus Flevit, le panorama sur la ville entourée de ses remparts est splendide. Le dôme doré du Rocher resplendit sous le soleil. Un vaste cimetière juif s’étend sur le flanc de la colline, jusqu’au pied des plantations d’oliviers. Plus haut, les murs du couvent de l’église Pater Noster sont couverts de la prière du «Notre Père» dans plus d’une centaine de langues. J’ai beau chercher, je n’ai pas trouvé celle en chtimi ! La mosquée de l’Ascension possède une petite chapelle, renfermant l’empreinte du pied droit du Christ dans la roche. Par contre, l’église de l’Ascension et les tombes des prophètes sont fermées ce jour. Je rejoins ensuite le quartier musulman dans la ville intra-muros. Il possède de nombreux bâtiments mamelouks du 13ème S. Malheureusement, les façades sont fortement endommagées. Dans l’ensemble, les ruelles sont également plus sales qu‘ailleurs. Je pénètre ensuite sous haute surveillance dans l’enceinte du mont du Temple. L’entrée pour les non musulmans est à l’écart des autres. La mosquée Al Aqsa semble bien petite à côté du gigantesque dôme du Rocher. L’extérieur de ce dernier est décoré de splendides mosaïques à dominantes verte et bleue. L’heure de la prière approchant, tous les infidèles se font expulser du lieu. Je visite alors les ruines des bassins de Bethesda, à côté de la sobre église Ste Anne. Ces réservoirs sont cités dans les Evangiles, lorsque le Christ guérit un infirme. Je quitte ensuite la vieille ville pour me rendre dans une lointaine agence de voyage, à proximité de la gare routière. On m’apprend qu’il faut plus d’un mois pour obtenir le fameux visa indien. Tout cela paraît donc bien compromis ! Sur le chemin du retour, je me balade dans le marché d’alimentation de Mahane Yehuda pour tirer quelques clichés. En quelque sorte, un souk plus organisé ! La nuit tombante, je pars manger dans le quartier juif. Le snack est rempli de soldats armés de fusil-mitrailleur. Pour l’heure, la décision de quitter Jérusalem n’est pas encore prise !

 

 2.-Le-mont-du-Temple.jpg    3.-Les-remparts-de-Jerusalem.jpg 

 

 

Jeudi 13 janvier : Jérusalem - Tel-Aviv (70,2 km)

 

  1.-Le-cycliste-devant-Jerusalem.jpg  2.-Bienvenue-en-Palestine.jpg

Je décide de quitter Jérusalem au matin. En effet, je compte bien atteindre Tel-Aviv dans la soirée. Pour l’heure, je retourne à vélo au mont des Oliviers pour un dernier cliché devant la Ville sainte. Pas facile de pousser le vélo dans ces pentes extrêmement élevées ! Au sommet, un petit groupe de Chinois est complètement subjugué par mon aventure. Tout le monde veut poser avec moi devant Tornado. Je prends ensuite la direction de Bethléem, situé à une petite dizaine de kilomètres dans les Territoires palestiniens. Un haut mur muni de miradors sépare l’état d’Israël de la Cisjordanie. Il est rempli de nombreux messages de paix ou de revendications d’indépendance. Un peu comme à Belfast, lors de mon premier voyage à vélo ! La ville de la naissance de Jésus est forcément tournée vers le christianisme. Toutes les boutiques autour de l’église de la Nativité proposent des icônes, des croix et bien d’autres objets religieux. Un vrai business ! Extérieurement, l’édifice est bien modeste. Il est dominé par le haut clocher du monastère arménien. Une grande salle, éclairée par des lampes multicolores, renferme de nombreuses colonnes rouges et blanches. Une belle mosaïque se trouve également au centre du dallage patiné par le temps. Les fumées dégagées par l’encens rendent le lieu encore plus mystique. La petite grotte de la Nativité, qui représente le lieu de naissance du Christ, se situe juste sous le chœur. Une autre église et un beau cloître franciscain jouxtent également le principal édifice. Je pique-nique à proximité, avant de découvrir la chapelle de Milk Grotto toute proche. Selon la tradition, une goutte de lait aurait transformé la couleur de la roche, lorsque la Vierge Marie a nourri le Divin Enfant. Finalement je quitte Bethléem par le même checkpoint. La large nationale en direction de Tel-Aviv est encombrée de nombreux véhicules. Elle descend majoritairement de 800 mètres, pour revenir au niveau zéro en bordure de Méditerranée. J’atteins alors des pointes de vitesse à plus de 70 km/h. Sans aucune indication, elle se transforme d’un coup en autoroute. Comme je n’ai pas d’échappatoire, je poursuis mon chemin sur la bande d’arrêt d’urgence. A une vingtaine de kilomètres de mon but, je me fais arrêter par une voiture de police. Je m’attends donc à avoir une amende. Pas du tout, l’agent stoppe une camionnette pour m’amener jusque la capitale administrative ! Comble de malchance, ma nouvelle béquille casse net en deux. Elle n’aura pas tenu bien longtemps ! Le chauffeur Serguei ne parle pas un mot d’anglais, et encore moins de français ! Il me dépose gentiment en bordure des plages, à proximité des nombreux hôtels luxueux. Bien trop chers pour ma bourse ! A première vue, la ville avec ses hauts buildings ne me fait pas grosse impression. La petite auberge de jeunesse Mugraby est un bâtiment assez défraîchi, mais les dortoirs sont relativement corrects. C’est surtout mon portefeuille qui a le sourire, car les autres établissements affichent des tarifs astronomiques !

  3.-L-eglise-de-la-Nativite-a-Bethleem.jpg

 

Vendredi 14 janvier : Tel-Aviv

 

 

Tel-Aviv.jpg

 

Une journée peu passionnante ! Dès l’ouverture, je me rends à l’ambassade d’Inde pour obtenir le fameux visa. Un homme m’envoie alors dans une agence de voyage, car il n’est plus possible de se le procurer dans le bâtiment diplomatique. Comme je le craignais, il me faut patienter entre deux et quatre semaines, voire plus. Ce délai incertain est bien trop long pour la suite de mon voyage ! C‘est pourquoi je décide amèrement d’abandonner cette partie du monde. Je passe ainsi un bon moment de la journée sur internet pour changer mes plans. Résultat des courses : je prendrai un avion directement pour Hanoi au Vietnam ! Les démarches sont beaucoup plus faciles. Le visa peut être normalement réservé sur le web, et tamponné à l’aéroport d’arrivée. En milieu d’après-midi, je fais réparer le moyeu de ma roue arrière dans une petite boutique. Je reste cependant bien sceptique quant au résultat ! Puis, je me balade dans le centre-ville, à proximité de l’auberge de jeunesse. Les ruelles grouillent de monde. D’un côté, un long marché couvert occupe le pavé. De l’autre, des vendeurs ambulants proposent toutes sortes de babioles. Les parfums naturels d’épices et de fruits se mêlent aux odeurs nauséabondes de graisses. Tel-Aviv est une ville hyper vivante. On dit même qu’elle ne dort jamais ! Seul le petit quartier yéménite semble bien reposant face à toute cette agitation. Cependant mises à part quelques bâtisses éparpillées, le quartier ne présente vraiment rien de bien intéressant architecturalement. Dans la soirée, je recherche longuement un billet d’avion avantageux pour ma prochaine destination. Dehors, c’est le déluge ! Il tombe des cordes, et les éclairs de l’orage jaillissent de partout.

 

 

Samedi 15 janvier : Tel-Aviv - Caesarea (70,2 km)

 

1.-La-vieille-ville-de-Jaffa.jpg 

 

Avant de prendre la route, je règle encore quelques petits soucis concernant le billet d’avion pour Hanoi. Du coup, je me rends tardivement à Jaffa, au Sud de Tel-Aviv. La vieille ville rénovée possède de beaux bâtiments en pierres, transformés en restaurants ou en galeries d’art. Le quartier est dominé par le clocher de l’église St Pierre, visitée à l’époque par Napoléon. Le petit port est blotti dans l’une des plus vieilles baies connues au monde. Elle était déjà mentionnée dans les Saintes Ecritures. Le panorama sur Tel-Aviv est également remarquable. Puis, je rebrousse chemin en direction du Nord. Le temps change soudain ! Le beau ciel bleu matinal s’encombre de nuages menaçants. D’ailleurs, il ne tarde pas à pleuvoir de grosses gouttes. Je pédale le nez dans le guidon, sans trop me soucier du paysage. De toute façon, les hauts buildings des hôtels luxueux se succèdent sur des kilomètres. Je tente donc d’emprunter les routes secondaires qui longent le littoral, afin d'éviter le trafic routier. Cependant, elles me ramènent constamment sur la grosse nationale, ou finissent en cul-de-sac. Après de nombreuses tentatives, je finis par abdiquer. La voie rapide traverse alors un paysage de dunes verdoyantes. Par chance, le soleil finit par avoir raison du mauvais temps. J’avale ainsi les kilomètres jusqu’à la tombée de la nuit. Une lumière rosâtre se reflète magiquement dans la Méditerranée. Je plante discrètement la tente dans les dunes du village de Caesarea, à proximité d’une centrale thermique illuminée.

  2.-Usine-illuminee-pres-de-Caesaera.jpg

 

Dimanche 16 janvier : Caesarea - Nesher Plant (73,7 km)

 

1.-Les-arcades-de-la-cite-des-croises-de-Caesaera.jpg 

Il a plu toute la nuit ! Lorsque je décampe, le temps menace encore. Caesarea fut une grande cité de l’Antiquité, fondée par Hérode le Grand. Ponce Pilate y aurait également vécu pendant une dizaine d’années. Le parc actuel renferme les ruines d’un bel amphithéâtre romain. Les courses de chars se déroulaient dans le large hippodrome. Les vestiges du palais et des bains comportent encore de belles mosaïques au sol. Le site archéologique est cependant un peu trop rénové à mon goût ! Au temps des croisés, le roi de France Louis IX fait édifié des fortifications avec des douves. Les tours sont encore quasiment intactes. Par contre, l’église intérieure a été détruite par les Arabes au 13ème S. Actuellement, les bâtiments ont été réhabilités en restaurants et en boutiques pour touristes. Ce qui casse complètement le charme du lieu ! La pluie se remet à tomber violemment, avec de fortes bourrasques de vent. Je me rends alors péniblement sur la petite plage voisine, pour admirer les longs aqueducs qui alimentaient la ville romaine. Je retrouve ensuite la large nationale avec sa circulation infernale. A chaque dépassement, les camions me projettent des paquets d’eau. C'est franchement désagréable ! J’atteins enfin Haifa, trempé des pieds à la tête. Après le pique-nique, les averses reprennent de plus belle. C’est du délire ! Je m’abrite un long moment en attendant une accalmie, avant d'entamer la visite. La ville basse est dominée par le mont Carmel, couronné par des tours hideuses. Aussi, les jardins bahaïs sont le principal intérêt d’Haïfa. Avec tout ce temps perdu à cause de la météo, il commence malheureusement à faire noir. De toute façon, le fameux parc du mouvement religieux indépendant est fermé par temps de pluie. Dix-neuf terrasses de fleurs et d’arbres s’étagent sur les contreforts du mont Carmel. Depuis le quartier de la Colonie allemande, les lampadaires forment une sorte de cascade de lumière du plus bel effet. Dans la ville basse, la mosquée Kebir semble perdue au milieu des hauts buildings modernes. Son minaret ressemble étrangement à une tour britannique. Cependant, je ne garderai pas un souvenir impérissable de Haïfa ! Malgré la pluie incessante, je décide de camper à l’extérieur de la ville. Fort heureusement, la route est bien éclairée. Quelques kilomètres plus loin, je m’installe dans une grande pâture. Le coin est loin d’être idyllique. En effet, le campement est coincé entre une décharge de gravats et la nationale bruyante. Au loin, j’aperçois les illuminations des nombreuses usines pétrochimiques. Vive le camping sauvage !

3.-Usine-eclairee-pres-de-Haifa.jpg

  2.-L-aqueduc-romain-de-Caesaera.jpg

 

Lundi 17 janvier : Nesher Plant - Forêt de Lavi (59,4 km)

  La-ville-de-Nazareth.jpg

 

La pluie s’est enfin calmée, mais le ciel reste couvert. Il faut cependant remettre les chaussures et les vêtements mouillés de la veille. Pas franchement génial ! La circulation est toujours aussi dense sur la nationale à quatre voies. A la bifurcation pour Nazareth, la route devient beaucoup plus agréable. Dans un premier temps, elle traverse de grands champs et diverses plantations. Puis, elle grimpe dans de basses montagnes garnies de forêts verdoyantes. Le paysage noyé dans la brume reste toutefois banal. J’atteins ainsi Nazareth, la ville où Jésus passa sa jeunesse. La basilique moderne de l’Annonciation est construite sur une ancienne église byzantine. Elle renferme une grotte supposée être la maison de Marie. Le coin est truffé d’édifices religieux chrétiens. Pourtant, la majorité de la population est arabo-musulmane. L’église catholique grecque date de l’époque des croisés. Elle est édifiée sur une antique synagogue, où Jésus venait régulièrement prier durant sa jeunesse. Une autre renferme la source où l’ange Gabriel apparut à la Vierge. Puis, je grimpe à pied les raides pentes des ruelles jusque l’église salésienne, pour jouir d’un splendide panorama sur les quartiers de Nazareth accrochés aux collines. Au bar d’une auberge de jeunesse, je goûte enfin la bière Taybeh, la seule brassée en Cisjordanie. Je discute longuement avec le jeune serveur palestinien, fasciné par mon périple. Les indications pour sortir de la ville me font tourner en rond pendant un long moment. Je suis ensuite surpris de grimper à nouveau. Depuis ce matin, j’ai repris plus de 450 mètres de dénivelé ! Puis, la route plonge longuement, traversant des petites villes arabes. Après quelques kilomètres, elle s’aplanit en prenant la direction de Tiberias. Comme il devient dangereux de pédaler dans l’obscurité, je préfère bivouaquer dans une petite forêt avant d’atteindre la ville. Bizarrement, le vent se lève d’un coup dans la soirée. J’espère qu’il ne va pas à nouveau ramener la pluie !

 

 

Mardi 18 janvier : Forêt de Lavi - Afula (83,9 km)

  1.-Les-remparts-de-Tiberias-et-la-mer-de-Galilee.jpg

 

Le beau temps est de retour ! Je poursuis mon parcours en direction de Tiberias. Après quelques kilomètres, la route plonge jusqu’aux rives de la mer de Galilée, située à plus de 200 mètres en dessous de l’altitude zéro. La ville n’a vraiment rien de bien reluisant. La petite mosquée Al Amari est complètement délabrée, et la modeste église St Pierre est fermée. De plus, les deux édifices sont enserrés par de moches buildings. D’ailleurs tout le long du rivage, ce n’est qu’une succession d’hôtels, de restaurants et de boutiques à touristes. Autant dire que je ne traîne pas longtemps dans le coin ! Je prends alors la direction de Beit Shean vers le Sud. Je rejoins ainsi la vallée du Jourdain, tout au bout de la mer de Galilée. Elle est parsemée de nombreuses serres à palmiers, qui éblouissent sous le soleil. Les montagnes jordaniennes se dressent sur l’autre rive du fleuve mythique; Le cours d'eau est malheureusement canalisé. Beit Shean possède un vaste amphithéâtre romain assez dégradé. Je casse la graine à proximité, avant de me rendre au parc national. Ce dernier renferme des vestiges romains amplement plus intéressants. Un théâtre, des bains, un temple, une fontaine et des colonnades bordent les rues pavées de grosses dalles en pierre. Aussi dans quelques bâtiments en ruines, de belles mosaïques au sol représentent des plantes ou des animaux. Je grimpe au sommet de la colline pour apprécier l’ensemble de la cité. Je décide ensuite de retourner sur Tel-Aviv par le chemin le plus court. En effet, mon idée première de rejoindre Jéricho se trouve bien compromise. La mauvaise météo de ces derniers jours m’a fait perdre un temps précieux. Et je ne tiens pas à pédaler contre-la-montre pour la fin de mon séjour en Israël ! C’est d'autant plus désolant, car j’ai entraperçu la ville lors de mon ascension vers Jérusalem, il y a une dizaine de jours. Je parcours alors une bonne trentaine de kilomètres vers Afula, dans la noirceur de la nuit. Juste avant la ville, je plante la tente derrière un bosquet d’arbres, sur un tapis de paille. Demain, étape de transition ! C’est-à-dire pédalage toute la journée pour me rapprocher au maximum de la capitale !

  2.-La-colonnade-de-Bet-S-hean.jpg

 

Mercredi 19 janvier : Afula -Herzliyya Pituach (98,2 km)

  Mon-quotidien-dans-le-Nord-d-Israel.jpg

 

Finalement, mon bivouac n’est pas trop mal situé. J’ai dormi comme un loir ! Je poursuis mon itinéraire dans une vaste plaine verdoyante, avant d’attaquer une légère grimpette vers Um al-Fahm. Je traverse ainsi quelques villes arabes accrochées aux flancs des montagnes, juste en bordure de la Cisjordanie palestinienne. La route à quatre voies est une nouvelle fois fortement encombrée par les voitures et les camions. Elle redescend ensuite jusque la petite ville industrielle d’Hardura, située sur le littoral méditerranéen. Je pique-nique tranquillement sur une table, à l’ombre d’un petit bois. Quelques étudiants apprennent curieusement à grimper aux arbres. Certainement pour leur futur métier ! Je prends ensuite la direction du Sud vers Kefar Sava. La nationale est complètement plate. Elle est tout aussi inintéressante que la grosse route côtière parallèle d‘il y a trois jours. Du coup, les kilomètres défilent très rapidement. J’atteins ainsi Herzliyya en fin d’après-midi. Les hauts buildings de la station balnéaire défigurent complètement le front de mer. Je décide cependant de rester dans le secteur pour passer la nuit. En effet, Tel-Aviv n’est qu’à une dizaine de kilomètres. Puis, je cherche vainement à me ravitailler. Décidemment quand on a besoin de quelque chose, on ne trouve jamais ! Je plante la tente au sommet d’une haute dune, à proximité du port de plaisance. Mon campement n’est cependant pas discret, car la pleine lune éclaire tout le secteur. Au loin, j’aperçois les illuminations de Tel-Aviv sur la côte.

 

 

Jeudi 20 janvier : Herzliyya Pituach - Tel-Aviv (15,2 km)

  Dernier-bivouac-en-Israel.jpg

 

Comme il me reste peu de kilomètres pour retrouver l’auberge de jeunesse, je traînaille dans la tente plus qu’à l’accoutumée. Puis, je rejoins la terrible circulation de la route côtière vers Tel-Aviv. A l’entrée de la ville, il est bien difficile de se repérer dans le dédale de nationales. Après plusieurs détours, j’arrive finalement à bon port ! Comme il y a cinq jours, je réserve un lit en dortoir pour la nuit. Par hasard, je retombe sur un jeune baroudeur Lyonnais, rencontré il y a plusieurs semaines au Wadi al Mujib en Jordanie. Mon après-midi se résume principalement à la préparation de ma prochaine aventure en Extrême-Orient. Une grosse lessive s’impose également dans une laverie, pour redémarrer avec des vêtements fleurant le propre. Donc rien de bien passionnant ! Je pars ensuite boire une bière avec Julien, dans un bar à la musique assez branchée. Cela fait deux ans et demi qu’il sillonne le monde, en empruntant les transports en commun pour se déplacer. Nous finissons la soirée dans une sorte de viennoiserie pour souper. Il me reste encore pas mal de problèmes à régler sur internet, avant de me coucher.

 

 

Vendredi 21 janvier : Tel-Aviv - Aéroport Ben Gurion (25,1 km)

 

 

La nuit fut courte et très agitée. En effet, plusieurs personnes ont braillé dans la rue durant de nombreuses heures. Aujourd’hui, c’est le grand départ ver l’Asie ! Après le maigre déjeuner de l’auberge, j’effectue les derniers préparatifs dans la matinée. Je salue définitivement Julien, avant de m’élancer vers l’aéroport Ben Gurion. A force de tourner en rond dans Tel-Aviv, je finis par emprunter la folle nationale qui part sur Jérusalem. Celle où je me suis fait arrêter par un policier à l’aller ! Après une quinzaine de kilomètres dans les gaz d’échappements et la chaleur, j’arrive enfin à destination. Il me reste plus de trois heures pour préparer les sacs et Tornado à l’embarquement. Toutes mes affaires sont examinées une première fois aux rayons X. On me demande ensuite d’ouvrir les sacoches les unes après les autres. Je dois également démonter les roues du vélo. Bref, tout y passe jusqu’aux chaussures ! De plus, je suis une nouvelle fois questionné sur mon voyage. Il est certain que le visa syrien sur mon passeport n’est pas étranger à cette mascarade ! Puis, on entasse la totalité de mon matos électronique dans des cartons scellés, pour les envoyer en soute. Et interdiction de récupérer quoi que ce soit ! Du coup, plus d’ordinateur, ni d’appareil photo ! Tout cela ne me rassure pas! Je me demande bien dans quel état je vais les retrouver à Hanoi. Après, c’est la cerise sur le gâteau ! Je suis un agent de la sécurité dans un petit local pour une fouille au corps. Il ne manque vraiment plus que le toucher rectal ! Pendant tout ce temps, mon avion de 17 h 45 a décollé. Je dois attendre le prochain prévu à 23 h 45. Fort heureusement, il n’y a aucune conséquence pour mes correspondances. Autant dire que je suis dans un état d’énervement assez poussé ! Je tourne alors en rond comme une bête sauvage dans le hall de l’aéroport, durant toutes ces heures. Pour couronner le tout, la femme à l’accueil de la compagnie aérienne Royal Jordanian m’indique que je vais devoir débourser une centaine d’euros supplémentaires pour le changement de vol. Vient ensuite l’heure de récupérer les bagages ! Et c’est le même cinéma : questions, passage du matériel aux rayons X et seconde fouille au corps. «C’est pas possible, ils se foutent de moi !».     Pour finir, tout est enregistré sans avoir à payer un shekel de plus ! A ce moment, je ne pense qu’à déguerpir au plus vite ! Israël est pourtant un magnifique pays, mais je trouve la population bien souvent dédaigneuse et peu coopérative. La première partie de mon voyage se termine bien mal, une nouvelle aventure va pouvoir commencer.

 

                                     Kilométrage total : 8548 km

  8548-km.jpg

Partager cet article
Repost0
19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 13:59

Tout d’abord, un grand merci à tout le monde pour les messages de soutien durant cette première partie du voyage.

 

 

Description du trajet d’Hanoi à Singapour

Ce second périple à vélo partira d’Hanoi au Vietnam jusque Singapour, à travers l’Asie du Sud-est. Le parcours durera entre trois et quatre mois. Toutefois, ces prévisions risquent de subir quelques changements en cours de route.

 

asieorientale12

 

A partir d’Hanoi, je réaliserai une boucle pour rejoindre la célèbre baie d’Along. Je prendrai ensuite la route vers le traditionnel Laos jusque Luang Prabang. Mon itinéraire longera ensuite le fleuve du Mékong, puis bifurquera de nouveau au Vietnam vers la cité impériale d’Hué. Après un court séjour à Saigon, je traverserai le Cambodge pour découvrir notamment les fameux temples d’Angkor. Depuis Bangkok, je prendrai la direction des plages paradisiaques de la Thaïlande du Sud et de la Malaisie. A Singapour, je déciderai de la poursuite de l’aventure vers d’autres contrées.

Partager cet article
Repost0
18 janvier 2015 7 18 /01 /janvier /2015 17:53

Samedi 22 janvier 2011: Vol vers Hanoi (Vietnam) (42,3 km)

 

En route pour l'Asie du Sud-est  

 

Après 45 minutes de vol depuis Tel-Aviv, l’avion atterrit à Amman en Jordanie. Avec tous ces déboires, le transit est beaucoup plus court que prévu. A 1 h du matin, je rembarque pour Bangkok. Cette fois, le vol dure bien plus longtemps, environ 8 heures et demie. Je patiente également plus de 3 heures dans l’immense aéroport de la capitale thaïlandaise pour ma correspondance. A 17 h 45 (heure locale), l’avion de la compagnie Thaï Airways décolle en direction d’Hanoi. Après moins de 2 heures de vol, je foule enfin le sol du Vietnam. J’obtiens très facilement mon visa grâce à la lettre d’approbation du gouvernement, reçue sur internet par l‘intermédiaire d‘une agence. Par contre, le stress augmente lorsque mes bagages tardent à arriver. En effet, je ne tiens pas à retrouver mon appareil photo et mon ordinateur détruits à l’autre bout du monde ! Finalement, tout arrive à bon port sans trop de bobos ! Je remonte Tornado et réorganise tranquillement mes sacoches, sous le regard curieux des gens. Lorsque je prends la route, il fait complètement noir. Elle est heureusement bien éclairée, avec de larges bas-côtés. De plus à cette heure tardive, il y a beaucoup moins de circulation ! Je suis cependant surpris de constater que le centre-ville est situé à une trentaine de kilomètres de l’aéroport de Noi Bai. Je traverse ainsi les faubourgs Nord de la capitale vietnamienne jusqu’au fleuve Rouge. Sans aucune carte, ni adresse, j’ai forcément beaucoup de mal à trouver mon chemin. Un jeune en scooter s’arrête spontanément pour me venir en aide. Il me propose de le suivre un moment pour m’aiguiller dans la bonne direction, vers le lac de l’Ouest. Après une petite dizaine de kilomètres, j’atteins l’immense étendue d’eau. Je cherche longuement un logement pour la nuit dans les rues désertes. Je trouve le petit hôtel Palace dans un quartier du Nord de la vieille ville. Les propriétaires sont sympathiques et souriants. Ils m’autorisent même à monter le vélo dans la grande chambre. Il est 2 h du matin, je ne tarde pas à m’assoupir !

 

 

Dimanche 23 janvier : Hanoi

 

Les illuminations sur le lac Hoan Kiem 

 

A cause du voyage et du décalage horaire, il est déjà midi passé lorsque je me lève. Je quitte l’hôtel pour me balader dans les quartiers de la vieille ville, autour du lac Hoan Kiem. L’orientation n’est vraiment pas facile dans ce dédale de ruelles grouillant de monde. Elles sont envahies par un nombre incroyable de scooters. Il y en a vraiment partout ! Et ça klaxonne sans arrêt ! Il faut d’ailleurs être bien prudent pour ne pas se faire renverser. Les nombreuses échoppes et gargotes s’entassent sur les étroits trottoirs. Des femmes vietnamiennes au chapeau conique traditionnel cuisinent dans la rue, juste à côté des magasins de vêtements chics. En plus du brouhaha, l’air est fortement pollué par les gaz d’échappement des véhicules. Bref, c’est l’Asie ! Tout en m’imprégnant de l’atmosphère d’Hanoi, je fais nettoyer le capteur de mon appareil photo pour trois fois rien. Je suis également à la recherche de cartes et de guides touristiques pour mon itinéraire à vélo. Au final, je ne trouve absolument rien sur le Laos et le Cambodge. La nuit tombée, la multitude de lanternes accrochées aux arbres enjolive les berges du lac de couleurs chatoyantes. Je soupe dans un restaurant de rue improvisé, situé dans une ruelle sombre. Tout le monde est installé sur des petits tabourets, placés tout près du passage des scooters. Le maniement des baguettes reste encore bien difficile pour moi. L’épreuve consiste à tremper la viande et les légumes dans la graisse d’un petit brasero. Il est également agréable de retrouver du vrai pain à la française. En fin de soirée, les rues ne désemplissent toujours pas. La fatigue commençant à se faire sentir, je rejoins rapidement l’hôtel.

 

 

Lundi 24 janvier : Visite d’Hanoi

 

1. Vendeur à bicyclette à Hanoi

 

Ce matin, j’ai droit à un déjeuner vietnamien. C’est-à-dire une soupe assez pimentée aux vermicelles. Pas très habituel pour un Français pour démarrer la journée ! Comme hier, la météo est bien maussade. Fort heureusement, il ne pleut pas ! Je pars alors me balader dans la vieille ville. Plusieurs établissements douteux proposent des massages de pieds ou des oreilles. Chaque rue possède sa propre corporation de métiers. Par exemple, l’une est bordée de boutiques de ferrailleurs ou de chaussures, tandis que les vendeurs de soie ou de confiseries sont installés dans une autre. Il y a toujours autant de monde, c’est vraiment fou ! Je traverse également le marché traditionnel avec ses étals de viandes, de poissons et de légumes entassés. On trouve de tout, cela va des grenouilles vivantes aux abats de toutes sortes. Des commerces sont également spécialisés dans les articles de décoration pour les fêtes. Ils vendent entre autres de faux billets de banque que les gens brûlent pour la prospérité. Quelques temples bouddhistes sont aussi disséminés entre les modestes habitations. Je visite notamment la pagode Ngoc Son située sur un îlot du lac central Hoan Kiem, ainsi qu’une belle demeure chinoise restaurée. L’après-midi étant bien avancée, je mange sur le pouce dans un restaurant de rue pour une somme modique. Je déambule ensuite au hasard, pour tirer quelques clichés de la vie trépidante d’Hanoi. Le soir venu, j’avale rapidement un bol de soupe aux nouilles chinoises dans une petite gargote, en guise de souper. Après tous ces kilomètres à pied dans le bruit et la pollution, je rejoins l’hôtel assez fatigué. Aussi, je constate que mon téléphone ne fonctionne plus. Décidemment, les petits soucis continuent à s’accumuler ! Cela commence à devenir pénible !

 

2. Vendeuse au marché d'Hanoi 

 

 

Mardi 25 janvier : Visite d’Hanoi

 

Le mausolée d'Ho Chi Minh depuis les jardins

 

Je décide de passer toute la journée en ville, pour régler définitivement mes derniers problèmes. Entre autres, les réparations de l’arceau de tente et du téléphone, ainsi que la recherche de cartes pour les prochains pays traversés. Je parcours à pied de très nombreux kilomètres dans les quartiers Ouest d’Hanoi. Les rues sont beaucoup plus larges que dans la vieille ville, mais tout aussi encombrées de scooters. Elles sont parfois bordées de jolies demeures, qui datent de l’époque coloniale française. Les gens m’aiguillent étrangement dans une sorte d’appartement délabré. Cependant, la minuscule entreprise n’a aucun rapport avec le matériel de camping. Encore un coup dans l’eau ! Par contre, je trouve enfin quelques cartes. Elles sont peu détaillées, mais cela fera l‘affaire ! Le mausolée d’Ho Chi Minh se situe sur mon chemin de retour. Le gros bâtiment cubique en marbre est gardé par des soldats en uniforme blanc. Je ne sais pour quelle raison, mais il est impossible d’approcher à moins de vingt mètres ! L’édifice est de toute façon fermé au public. Juste derrière, la pagode au Pilier Unique se situe au milieu de superbes jardins plantés d‘arbustes et de bonzaïs. Cependant, le béton de consolidation entache la beauté de l’édifice. Je rejoins ensuite la maison sur pilotis du célèbre leader vietnamien. Elle est bâtie à côté d’une grande et ancienne demeure coloniale, renfermant actuellement le palais présidentiel. Le lieu est charmant, mais la visite déçoit un peu. De plus, le coin est sous haute surveillance. Il y a un garde tous les 100 mètres. Je poursuis ensuite mes recherches dans la vieille ville. Dans le quartier des forgerons, je trouve enfin des tubes pour la réparation de l’arceau. Le vieil homme bien sympathique est tout heureux de me présenter ses scooters Peugeot, lorsqu’il apprend ma nationalité. Pour le téléphone, tous les commerçants sondés m’indiquent à chaque fois une autre adresse. Je crains qu’il ne faille en acheter un autre ! Je m’installe ensuite sur un petit tabouret au bord du trottoir, pour manger des galettes de légumes frits à l’huile de soja. Deux Parisiennes me tiennent compagnie pendant un moment. Après le repas, je ne traîne pas pour rentrer, car désormais du boulot m’attend à l’hôtel.

 

 

Mercredi 26 janvier : Visite d’Hanoi

 

1.-Vietnamienne-sur-un-rail-de-chemin-de-fer.jpg

 

Depuis mon arrivée, le déjeuner épicé vietnamien est apporté gentiment dans la chambre. Ma journée est consacrée à la découverte des lieux de culte bouddhiste qui ceinturent la vieille ville. Je commence par l’ancienne pagode Tran Quoc, située sur la rive du lac de l’Ouest. L’édifice avec sa haute tour est magnifique, mais le monastère est malheureusement fermé au public. Un peu plus loin, le temple Quan Thanh est ombragé par de hauts arbres. Il renferme une grande statue du Bouddha. Je retourne ensuite à une boutique de téléphonie mobile. Le jeune patron m’a assuré obtenir la connexion pour réparer mon appareil. Finalement, pas de pièce ! J’ai fait ce long détour à rien ! Il faut reconnaître que je m’y attendais un peu ! Les Vietnamiens veulent toujours rendre service. Ils font parfois des promesses qu’ils ne peuvent pas toujours tenir. Je poursuis alors mon circuit touristique. L’immense temple de la Littérature possède cinq cours intérieures. De nombreuses stèles sont alignées de chaque côté d’un bassin. Elles reposent sur de splendides tortues en pierre. L’architecture des bâtiments est également typique du Vietnam. A l’extérieur, plusieurs calligraphes exposent leurs œuvres sur le trottoir. Un peu plus au Sud, la pagode des Ambassadeurs (Quan Su) est beaucoup moins impressionnante. Par contre, de nombreux fidèles viennent y prier. Quant au temple Hai Ba Trung, il semble beaucoup moins entretenu. Il est de toute façon fermé aujourd’hui. Aussi, de jolies Vietnamiennes relâchent quelques poissons dans le petit lac tout proche. Scène assez cocasse ! A force de faire inutilement les boutiques de téléphone, je décide tout simplement d’en acheter un nouveau à bas prix. Comme ça, le problème est vite réglé ! Je me rends ensuite au théâtre pour assister à un spectacle traditionnel de marionnettes sur l’eau. Sur fond de musique asiatique, la représentation est vraiment divertissante. Il est dommage que je ne comprenne pas la langue ! Je bois ensuite une bière à un tarif défiant toute concurrence (4000 dongs, soit 15 centimes d’euros). Je mange à nouveau dans la rue un plat à base de riz. Par contre pour les viandes, je ne peux dire de quels animaux elles proviennent !

 

 

2.-Les-marionettes-du-theatre-sur-l-eau.jpg 

 

 

Jeudi 27 janvier : Hanoi - Sao Do (78 km)

 

1.-Les-premieres-rizieres-a-l-Est-d-Hanoi.jpg 

 

Il faut bien reconnaître que je ne suis pas motivé pour reprendre la route. Pendant la matinée, je règle les derniers problèmes techniques sur le vélo. Comme je m’y attendais, la réparation du moyeu à Tel-Aviv n’a pas tenu longtemps. Puis, je fais quelques courses en sortant de l‘hôtel. Plusieurs commerçantes n’hésitent pas à se sucrer sur le dos des étrangers. Dans ces conditions, il est plus intéressant de s’alimenter dans les petits restaurants de rue ! Je file donc dans la vieille ville pour manger dans la foule vietnamienne. Je confectionne également une béquille avec un bambou calé sous la selle. Il est déjà 13 h lorsque j’amorce l’étape de la journée. A peine démarré, je me trompe déjà de direction. Cela commence bien ! Il n’est vraiment pas facile de se repérer dans ce labyrinthe de ruelles, avec cette circulation démentielle ! Je suis constamment aux aguets pour ne pas me faire renverser. De plus, la météo est une nouvelle fois peu clémente. Le ciel grisâtre déverse un crachin balayé par le vent. Le fleuve Rouge se retrouve ainsi complètement noyé dans une brume de pluie. La plate route est également peu intéressante. Après les laids faubourgs d’Hanoi, je traverse des petites villes industrielles, séparées par des rizières et des champs labourés. Le bord de la chaussée est également rempli de détritus de toutes sortes. L’odeur est parfois répugnante. Tout cela me casse un peu le moral ! Du coup, je pédale l’esprit rêveur durant de nombreux kilomètres. Les indications ne sont pas toujours précises. Je peux cependant me repérer grâce aux bornes blanche et rouge françaises sur le bord de la route. A la tombée de la nuit, j’atteins Sao Do. Les rizières alentour ne permettant pas de camping sauvage, je trouve difficilement un hôtel dans le centre-ville. La gérante fort souriante est tout heureuse d’avoir un nouveau client. La situation est assez cocasse, car elle ne parle pas un mot d’anglais. Et moi de vietnamien ! La chambre est cependant glauque et pas très propre. Pour la douche, je passe mon tour ! Mais pour le prix, je ne vais pas me plaindre ! Puis, je pars souper rapidement dans un boui-boui tout proche. La ville n’est vraiment pas plaisante. Le trafic de la nationale qui la traverse fait un boucan du diable. Forcément, elle passe juste à côté de l’hôtel. Avec l’insonorité quasiment nulle de la pièce, cela promet une bonne nuit !

 

2.-Vietnamienne-arrosant-les-jardins.jpg 

 

 

Vendredi 28 janvier : Sao Dao - Along ( 92 km)

 

1.-Rizieres-et-montagnes-sur-la-route-d-Along.jpg 3.-Le-cycliste-devant-la-baie-d-Along.jpg

 

La nuit a été bien froide et bruyante. Avant de partir, la gentille propriétaire de l’hôtel me fait visiter fièrement sa demeure. Dans une remise, des bocaux d’alcool contiennent étrangement des reptiles. Sur la route, le vent glacial venant du Nord me frigorifie rapidement. Après quelques kilomètres, les premières montagnes calcaires commencent à s’hérisser au-dessus des rizières inondées. La circulation est toujours aussi dangereuse. Les véhicules n’hésitent pas à dépasser sur trois files. C’est complètement fou ! Je me retrouve parfois nez à nez avec une voiture, alors que je roule sur la bande d’arrêt d’urgence. D'ailleurs plus loin, une personne est étalée sur la chaussée, fraîchement renversée par un chauffard. Juste après Bieu Nghi, je pique-nique au bord de la route, mais le vent m’oblige à quitter rapidement le lieu. A la sortie du village, de nombreuses personnes vendent des ananas sur les bas-côtés. Je poursuis mon chemin jusqu’au pont de Bai Chay. Je ne peux cependant rejoindre directement ce quartier Ouest d’Along situé en contrebas, sans faire demi-tour. Il me prend alors la mauvaise idée de descendre le talus avec le vélo chargé. Le sol se dérobant sous mes pieds manque in extremis de me faire tomber. J’atteins alors dangereusement la petite route dévalant jusque la baie. Immédiatement, je me fais accoster par quelques rabatteurs qui me proposent des mini croisières. Les nombreux bateaux sont amarrés au port, prêts à embarquer les touristes de passage. Pour l’heure, je réserve une excursion pour l’après-midi de demain. Le jeune capitaine est bien arrangeant, mais le tarif est cependant un peu trop élevé. Il m’indique également l’hôtel Vieng Di pour passer la nuit. A cette époque de l’année, les restaurants et les commerces sont complètement déserts. C’est pourquoi je parviens à négocier le prix de la nuitée. Les propriétaires sont vraiment aimables. Ils m’invitent même à partager le repas avec leur fiston. Au menu, j’ai droit à des morceaux de foie et de saucisson de poulet, accompagnés de riz et de quelques légumes. J’hésite cependant à consommer les petits coquillages ramassés dans la baie. Seulement, je ne tiens pas à froisser mes hôtes ! Il est une nouvelle fois frustrant de ne pas pouvoir dialoguer. Le repas est arrosé de nombreux verres d’alcool de riz. D'ailleurs, je commence par être un peu éméché, lorsque je quitte la table pour me balader en ville. Je déguste encore une dernière bière dans un troquet, avant de rentrer à l’hôtel en pleine forme.

 

3.-Mangrove-devant-la-baie-d-Along.jpg

 

 

Samedi 29 janvier : Along - Gia Luan sur l‘île de Cat Ba (9 km) 

 

1.-Bateau-de-peche-devant-la-baie-d-Along-embrumee.jpg  2.-Stalactites-et-stalagmites-de-la-grotte-Hang-Thien-Cung.jpg

 

Je me permets une grasse matinée, car l’excursion n’est prévue qu’à midi et demi.. Une foule de touristes attend sur le quai pour embarquer. Je me retrouve avec un petit groupe d’une quinzaine de personnes. Beaucoup sont impressionnés, et me questionnent sur mon aventure. A cause des escaliers raides, je dois décrocher toutes les sacoches pour charger le vélo sur le bateau. L'embarcation appareille enfin vers la baie d’Along. Je n’ai cependant pas droit au repas du midi. Le gars qui m’a vendu le billet s’est bien foutu de moi ! Le paysage est par contre féerique. Des milliers de pitons rocheux calcaires émergent des eaux du golfe du Tonkin. La brume rend l’endroit encore plus irréel. La légende raconte que les montagnes auraient été formées par la queue d’un dragon. Puis, il aurait inondé l’ensemble en plongeant dans la mer. Après plusieurs miles nautiques, le bateau accoste sur un îlot renfermant des grottes. Un grand nombre de visiteurs attendent sur le long escalier qui permet d’y accéder. Cela fait un peu usine à touristes ! Dans la grotte Hang Thien Cung, de magnifiques stalactites et stalagmites scintillent grâce à l’éclairage artificiel multicolore. Sa voisine Hang Dau Go est beaucoup plus grande, mais moins garnie. Elle est cependant plus agréable à visiter, car peu de gens n’osent s’y aventurer. Le bateau serpente ensuite longuement entre les îlots calcaires. J’aperçois au loin un drôle de rocher fendu, complètement isolé. En fin d’après-midi, les rares apparitions du soleil illuminent merveilleusement la baie. De nombreuses personnes débarquent comme moi sur la grande île de Cat Ba. Tout le monde m’aide gentiment pour monter mes affaires sur le quai. Puis, je charge tranquillement Tornado pour reprendre la route. Je suis cependant surpris qu’il faille encore faire une trentaine de kilomètres pour joindre la petite ville de Cat Ba. Encore un truc que mon gaillard a omis de mentionner ! Comme la journée est déjà bien avancée, je m’arrête au premier village traversé, se nommant Gia Luan. Une bière du pays me fera le plus grand bien pour réfléchir ! Je décide alors de bivouaquer, plutôt que de pédaler dans la pénombre. Comme je n’ai pas d’essence pour le brûleur, je commande une soupe asiatique pour me caler l’estomac. La propriétaire essaye un moment de me faire parler vietnamien. Ce qui fait sourire le comité accueil qui m’entoure ! A la sortie du village, je plante la tente à l’écart de l’étroite route, derrière quelques arbres exotiques. De drôles de cris d’animaux rompent le silence de la nuit. C’est la jungle vietnamienne !

 

3.-La-baie-d-Along-en-contre-jour.jpg

 

 

Dimanche 30 janvier : Gia Luan - Cat Ba (33,4 km) 

 

1.-Le-cycliste-sur-l-ile-de-Cat-Ba.jpg

 

Au réveil, j’ai la grande surprise de découvrir quelques tombes autour du campement. Dans la nuit noire, j’ai malencontreusement planté la tente au beau milieu d’un cimetière ! La route étroite traverse la vallée au centre de l’île. Elle est entourée de pics rocheux embrumés, culminant aux alentours de 300 mètres. Plusieurs grottes se situent à proximité de mon itinéraire. Celle de Hang Trung Trang est malheureusement fermée. Un peu plus loin, une autre a servi durant la guerre du Vietnam comme hôpital. Une échelle en bois permet d’y accéder. Curieusement, la température intérieure dans les différentes pièces est beaucoup plus élevée. Après le village de Hai Son, une mauvaise piste caillouteuse remplace la route bitumée sur une longue portion. De plus, elle s’élève d’une petite centaine de mètres dans les montagnes. Après un court détour sur Ben Beo, je redescends sur Cat Ba situé dans une jolie baie parsemée d’îlots. Par contre, d’affreux immeubles hôteliers enlaidissent la côte. Cependant, les rues et la digue sont quasiment désertes. Plusieurs hôtels sont d’ailleurs fermés ! Je casse la graine dans un petit restaurant, avant de me renseigner pour les ferries vers Haiphong. Mon après-midi se limite à la flânerie aux abords du village. Trois plages de sable sont enserrées au pied des falaises. Les maisons lacustres du village de pêcheurs sont bâties au large, entre les gros blocs rocheux calcaire. Après réflexion, je décide de rejoindre Cat Hai par ferry, plutôt que d’emprunter le bateau rapide vers le continent. Au moment de partir, je rencontre Gilles, un Français qui voyage également à vélo. Nous discutons longuement de nos différentes aventures autour d’une bière. Du coup, je préfère changer mes plans ! Nous partageons alors une chambre à l’hôtel Huong Cang, afin de réduire les frais. Dans la soirée, nous soupons dans un resto populaire du village.

 

2.-Le-village-flottant-de-Cat-Ba.jpg

 

 

Lundi 31 janvier : Excursion en bateau autour de l’île de Cat Ba

 

1.-La-plage-de-l-ile-aux-Singes.jpg 2.-Gilles-et-moi-en-kayak-de-mer.jpg

 

La traversée en bateau depuis Along me laisse un goût amer de trop peu dans la bouche. Je décide alors de m’incruster dans un petit groupe avec Gilles, pour découvrir la région à l’Est de l’île de Cat Ba. La petite embarcation appareille sous le coup des 9 h du matin. Elle nous dépose en premier lieu sur une jolie plage de l’île aux Singes. Un court sentier pédestre permet de rejoindre le sommet de la colline, pour jouir d’une splendide vue. Une nouvelle fois, la brume a envahi les nombreux îlots alentour. Quelques rares primates vivent sur ce minuscule coin de terre. Un peu plus loin, nous faisons du kayak de mer dans les eaux limpides d’une petite crique. Puis, nous mangeons copieusement sur le bateau. L’assemblée se compose principalement de Français, de quelques Chiliennes, et d’un couple de Suisses allemands. Vient ensuite, l’épisode des grottes ! On nous empêche de pénétrer dans celle de Sung Sot, prétextant une panne de générateur électrique. Puis, c’est le même cinéma dans la Dong Me Cung. Tout le monde a bien du mal à comprendre l‘interdiction, alors que les visites sont prévues dans l’excursion. Furieux, je suis les quelques personnes qui forcent le passage. La grotte n’est pas éclairée, mais à la lueur de nos lampes, nous discernons les différentes formations calcaires. Le bateau nous emmène ensuite dans une troisième cavité. Cette fois après discussion, on finit par nous laisser entrer. L’endroit est à nouveau bien obscur. Il faut d’ailleurs bien regarder où l’on met les pieds ! La grotte est cependant assez décevante. Elle ne renferme que quelques rares stalactites et stalagmites. Il est quand même incroyable de se sentir constamment roulé ! Les Vietnamiens cherchent toujours à gagner quelques dongs sur le dos des gens. Cela devient vite très pénible ! Je ne suis quand même pas un portefeuille ambulant ! Le bateau retourne au petit port de Cat Ba dans la lumière du soir. Je pars boire une bière avec Gilles, avant de retrouver tout le monde dans un petit restaurant assez onéreux. A notre table, le français, l’espagnol et l’allemand se mélangent. La soirée est vraiment cosmopolite !

 

3.-Les-ilots-calcaire-dans-la-lumiere-du-soir.jpg

 

 

Mardi 1er février : Ile de Cat Ba (67,1 km)

 

  1.-Les-montagnes-de-l-ile-de-Cat-Ba.jpg

 

La journée est consacrée à la randonnée pédestre qui traverse l’île d’Ouest en Est. La météo n’est cependant pas vraiment favorable. Une pluie fine tombe continuellement, et le paysage est noyé dans la brume. Je prends quand même la route à vide, malgré le froid. Gilles préfère rester à l’hôtel pour se reposer. J’emprunte le même itinéraire qu’il y a deux jours. Dans la montée, la boue s’accumule rapidement sur mes pneus. Du coup, mon vélo est comme englué dans la piste. J’abandonne ensuite Tornado à l’entrée du parc. Le sentier gravit une colline à travers l’épaisse forêt tropicale. La pluie a rendu le terrain bien glissant. Un haut mirador complètement rouillé est situé sur la crête. Il n’est vraiment pas rassurant de grimper les escaliers ! Au sommet, je retrouve les deux couples de Français de la veille. La vue sur les montagnes intérieures envahies de végétation est splendide. Fort heureusement, la pluie a cessé. Nous redescendons ensemble jusque l’entrée du parc. Le gardien nous indique un autre accès pour la grande randonnée de plusieurs heures. Il faut cependant repayer. Une vraie arnaque ! De toute façon, personne ne trouve cette foutue entrée ! Par conséquent, j’atteins de nouveau Gial Luan au Nord de l‘île. A proximité du village, la grotte Hang Da Hoa (Rock Flower ?) est fermée par une grille. Décidemment, ce n’est pas ma journée ! Contrarié, j’emprunte la route pour rejoindre la côte occidentale au niveau de Hien Hao. J’en profite pour faire un aller-retour jusque l’embarcadère pour l’île de Cat Hai. Une longue digue traverse la mangrove de l’Ouest de l’île. Forcément, les horaires des ferries sont écrits en vietnamien. Et j’ai bien du mal à comprendre ! Je prends alors le chemin du retour jusqu’au village de Cat Ba par la route côtière. Elle oscille dans de merveilleuses petites criques. Du coup, cela me redonne du baume au cœur ! Je retrouve ensuite Gilles dans la chambre. Nous buvons un verre en compagnie des deux couples français. Puis, nous partons tous ensemble dans un petit restaurant, pour souper avec une bonne bouteille de pinard vietnamien. Comble de malchance, j’ai la mauvaise surprise d’apprendre que le seul départ de bateau vers Haiphong est à 5 h du matin.

 

2.-La-maree-basse-sur-l-ile-de-Cat-Ba.jpg 

 

 

Mercredi 2 février : Ile de Cat Ba - Thai Binh (90,4 km)

 

1.-La-place-de-l-opera-a-Haiphong.jpg 2.-Je-veux-un-sapin-comme-ca----.jpg

 

Comme le bateau part à 5 h 20, je me réveille une bonne heure avant. J’ai vraiment l’impression de partir au boulot ! Gilles m’accompagne à l’embarcadère. Il est bien possible que nos chemins se croisent à nouveau en Asie du Sud-est ! La traversée dure plus de trois heures. De nombreuses grues s’élèvent dans les docks du port industriel d’Haiphong. Les principales rues sont bordées de maisons coloniales. Beaucoup sont peu entretenues, seules celles qui renferment les musées sont rénovées. Avant la visite de la ville, je bois un café serré bien onéreux dans une cafétéria chic. Encore une fois, on essaye de récupérer quelques dongs à mes dépens ! Ce n’est d’ailleurs pas la première fois ! Le quartier de l’opéra est complètement décoré pour les festivités du soir. En effet, la nuit du 2 au 3 février correspond au Nouvel An vietnamien. Ce dernier est basé sur le calendrier lunaire. L’année du tigre cède donc sa place à celle du chat. La fête du Têt permet de réunir les familles dispersées dans le pays. C’est pourquoi beaucoup de commerces sont fermés aujourd’hui ! Les habitants décorent leur maison avec des petits abricotiers. Beaucoup font des offrandes dans les temples et les pagodes bouddhistes. Cela va des fleurs jusqu’aux packs de bières. «Il n'y en a même pas une petite pour moi !». D’autres se rendent aux cimetières pour inviter les ancêtres aux festivités. Une agréable odeur d’encens embaume d’ailleurs l’air ambiant. Le soleil fait son apparition en début d’après-midi. Après la visite de la pagode Du Hang, je prends la direction du Sud vers Ninh Bihn. La route traverse platement le delta du fleuve Rouge (Song Hong). Ce n’est qu’une succession de rizières durant de nombreux kilomètres. Je renoue alors avec une circulation dense. Klaxons et gaz d’échappement sont mon quotidien. A la limite de la fringale, je m’installe dans une pension du Comité populaire de Thai Binh. A cause du peu de clients, je négocie le prix de la nuitée à presque la moitié de celui annoncé. Puis, je pars manger sur le trottoir une soupe vietnamienne à base de poissons. A minuit, ça pétarade de partout ! C’est à celui qui fait le plus de bruit. Cela promet une bonne nuit, déjà que je n’ai pas dormi beaucoup ! 


3.-Mon-velo-et-moi-devant-la-propagande-communiste.jpg

 

 

Jeudi 3 février : Thai Binh - Ninh Binh  (79,2 km)

 

1.-La-pagode-Keo.jpg 

   

Avec la fête du Têt, la nuit a été forcément bruyante. Du coup, je ne suis pas complètement reposé lorsque je démarre la journée. Les rues de la ville sont bien désertes à cette heure matinale. La plupart des commerces ont leurs portes closes. Je quitte la nationale pour une route secondaire en direction de la pagode Keo. Elle traverse des villages ruraux, plantés au beau milieu des rizières. Le soleil forme une brume de chaleur voilant le paysage. De nombreuses églises sont édifiées dans la région. Le style d’architecture de certaines est carrément kitsch ! L’ensemble de la pagode est assez vaste. Le temple possède une toiture en bois finement sculptée, sur plusieurs étages. Il a été construit au 12ème S, après qu’un moine eut guéri un empereur de la lèpre. Tout compte fait, je préfère couper à travers les rizières pour rejoindre la petite ville de Nam Dinh. C’est quand même beaucoup plus agréable que la grosse route principale ! La piste caillouteuse est juchée sur une sorte de longue digue surélevée. Elle possède cependant quelques portions bitumées. Sans carte détaillée, j’ai bien du mal à m’orienter ! Je prends la direction de l’Ouest, espérant rallier la fameuse nationale. Après de nombreux kilomètres, je finis par la retrouver au niveau du pont sur le fleuve Rouge. Comme il est déjà tard, je ne traîne pas à Nam Dinh. Le long du parcours, plusieurs briqueteries avec leur haute cheminée se dressent au bord des rizières. De nombreux bambous sont également empilés au bord de la chaussée. En cette fin d’après-midi, les derniers kilomètres jusque Ninh Binh deviennent pénibles avec la fatigue. Dés mon arrivée, je rejoins l’hôtel Thanhthuy pour réserver une chambre. Je mange ensuite dans la rue une soupe bien trop épicée pour moi.

 

2.-Habitations-dans-les-rizieres-de-Nam-Dinh.jpg

 

 

Vendredi 4 février : Ninh Binh - Hanoi (111,2 km)

 

1.-Les-montagnes-proche-du-site-de-Hoa-Lu.jpg 2.-Vietnamiennes-sur-les-barques-pres-de-Hoa-Lu.jpg

   

Après de longues hésitations, je décide de rejoindre directement le site d’Hoa Lu. En effet, les grottes touristiques de Tam Coc sont un peu trop éloignées de mon itinéraire. Juste derrière Ninh Bihn, les montagnes surgissent au-dessus des champs et des rizières. Un peu comme dans la baie d’Along, sans la mer ! Comme hier, une brume de chaleur masque malheureusement le paysage. L’air ambiant est d’ailleurs bien moite ! Du coup, je me retrouve rapidement dégoulinant de sueur. J’emprunte de petites routes secondaires à travers les formations rocheuses. J‘atteins alors la pagode Ban Long, puis l’ancienne citadelle de Hoa Lu. Le vaste complexe comprend deux magnifiques temples bouddhistes, dédiés aux souverains Dinh Tien Hoang et Le Dai Hanh. Le site est cependant un peu trop touristique à mon goût. De plus, des dizaines de vendeurs harcèlent les gens pour vendre leur camelote. Et cela devient vite énervant ! A proximité, un escalier mène au sommet de la colline pour jouir du panorama sur l’ensemble des monuments. Après quelques kilomètres à vélo, je rejoins la circulation de la grosse nationale 1. Les véhicules roulent toujours comme des tarés ! Je pédale ainsi dans la chaleur et le bruit des klaxons, tout en respirant les gaz d’échappement. Je compte ainsi me rapprocher au plus près d’Hanoi. Les montagnes disparaissent petit à petit, pour laisser place à une plaine complètement plate parsemée de rizières. Juste avant Phu Ly, je mange dans une petite gargote au bord de la chaussée. Puis, la route devient vraiment monotone. Je pédale comme un robot, répondant de temps à autre aux «happy new year» et aux «hello» de la population. A tel point que je ne prête plus attention aux panneaux indicateurs ! Je me retrouve ainsi sur l’autoroute parallèle à la nationale 1. C'est fou, quelques inconscients en scooter roulent en sens inverse ! Au bout d’une dizaine de kilomètres, j’emprunte la première sortie pour quitter ce trafic routier démentiel. Malgré la nuit qui tombe, je préfère poursuivre jusque Hanoi. En effet dans les faubourgs de la capitale, la chaussée est beaucoup plus large et mieux éclairée. Je m’attable dans une rue de la ville pour souper, avec quelques bières artisanales peu onéreuses. Par hasard, je tombe sur l’hôtel Real Darling qui faisait parti de ma sélection. Le propriétaire tente de me faire payer un supplément pour Tornado. Il revient sur sa décision, en voyant mon refus de prendre la chambre. Décidemment, les Vietnamiens tentent bien souvent de gratter quelques dongs !

 

3.-Pecheur-devant-la-citadelle-de-Hoa-Lu.jpg 

 

 

Partager cet article
Repost0
17 janvier 2015 6 17 /01 /janvier /2015 12:05

Samedi 5 février 2011 : Hanoi - Hung Hoa (71 km)

 

1.-Le-cycliste-a-Hanoi.jpg

 

Avant de démarrer l'étape du jour, je traînaille dans la chambre pour régler quelques détails. Puis, je déjeune sur un banc au bord du lac Hoan Kiem. Un retraité lyonnais vient spontanément me parler. Paul parcourt l’Asie sur une longue période. La discussion s’éternisant, il finit même par m’offrir une bière. Après un coup d’œil rapide dans le temple Bach Ma, je rejoins le mausolée d’Ho Chi Minh pour faire quelques clichés. Bizarrement, un garde m’en empêche durant un bon moment. C'est complètement débile, je peux tirer des photos, mais pas avec le vélo ! Il est déjà midi lorsque je m’élance pour quitter la ville. Cette fois, je trouve facilement mon chemin. Tout à coup, un couple avec un enfant chute en scooter à quelques dizaines de mètres de moi. Apparemment rien de bien méchant, mais la femme crie comme une folle ! A la sortie d’Hanoi, la route traverse encore des rizières. Cela commence par être ennuyeux ! Klaxons, pollution, trous et ornières deviennent coutumiers. Pourtant durant ces trois derniers jours, le trafic est moins important en raison de la fête du Têt. Aussi, plusieurs jeunes en scooter se mettent à ma hauteur pour déballer les seules phrases en anglais qu’ils connaissent. D’autres me dépassent en me dévisageant du regard. En fin de journée, je n’y prête même plus attention ! A cause du temps lourd et humide, il n’est vraiment pas agréable de pédaler. La petite nationale longe à distance le fleuve Rouge en direction de l‘Ouest. Le soir venu, je repère un coin pour bivouaquer à proximité de Hung Hoa. Ce n'est vraiment pas évident dans cette région humide ! Je soupe en bordure de la nationale avant de m‘installer. Le chaleureux patron m’offre du thé et plusieurs verres d’alcool de riz. Au Vietnam, il y a bien souvent une théière et une pipe à eau à disposition pour les clients. Je monte ensuite la tente dans un grand abri construit avec des bambous et des feuilles de palmiers. Le propriétaire finit par me repérer, mais gentiment il m’autorise à passer la nuit. Il demeure dans une cabane juste à côté, en bordure des rizières. De plus, ses chiens gardent le campement. Pour une fois qu’ils ne me courent pas après, on ne va pas se plaindre ! Quoique au Vietnam, la plupart restent tranquilles ! Certainement l’habitude de voir circuler des vélos ! Pour l’heure, la chose qui me préoccupe le plus, ce sont les moustiques à cause du paludisme. En effet, mon séjour dans les tropiques dure bien trop longtemps pour prendre un traitement prophylactique. Je dois me protéger des bébêtes de manière plus classique. Tard dans la soirée, je finis par m’endormir avec le croassement des grenouilles.

 

2.-Paysage-de-rizieres.jpg 

 

 

Dimanche 6 février : Hung Hoa - Yen Binh (110,2 km)

 

1.-Le-bivouac-dans-la-cabane.jpg  2.-Briquetterie-sur-le-fleuve-Rouge.jpg

 

Je quitte le coin assez rapidement de manière à faire une grande étape. Le paysage devient de plus en plus brumeux au fil des kilomètres. A peine démarré, un homme m’interpelle en français. Monsieur Loc est membre actif du Parti communiste. Il me propose de boire un café vietnamien avec son oncle à Co Tiet, pour s’exprimer dans la langue de Molière. Après cette longue discussion fort sympathique, je reprends la route à travers les rizières vers le Nord-ouest. A cause de ma carte peu précise, je peine à trouver mon chemin. En effet, les panneaux indiquent les proches villages, plutôt que la direction des grosses villes. Du coup, je dévie un peu de mon itinéraire prévu. Avant Phu To, de nombreuses briqueteries artisanales bordent le large fleuve Rouge. Contre mon gré, les autochtones m’aiguillent vers la nationale 2. Le trafic routier devient forcément beaucoup plus dense. Les bus roulent notamment comme des cinglés. Après Doan Hung, le paysage devient plus vallonné. Cependant, la route reste relativement plate. Elle serpente entre les collines envahies d’une dense végétation tropicale. Un nombre incroyable de petites scieries jalonnent le parcours. Le coin est d'ailleurs noyé dans une épaisse fumée, provoquée par la combustion de la sciure. De nouveau, la région est trop inondée pour planter la tente. De plus, les habitations occupent la moindre parcelle plate. J’atteins alors Yen Binh en début de soirée. D’un coup, un citadin m’invite dans sa maison pour boire une bière. Faut bien se sacrifier par moments ! Je deviens rapidement l’attraction du petit groupe. Je mange ensuite une soupe, avant de partir à la recherche d’un logement. Le premier hôtel ne m’inspire cependant pas confiance. Le bâtiment glauque est tenu par des gens assez louches. Cela ressemble étrangement à une maison de passe ! Je me prépare à prendre la route dans la nuit noire, lorsqu’un jeune Vietnamien m’offre quelques mandarines et de nombreuses bananes. Bien sympa ! Par chance, à la sortie de Yen Binh, je tombe sur un second hôtel. Il est tenu par une grande famille. Tout le monde semble étonné d‘avoir un nouveau client. Il faut cependant ne pas être trop maniaque sur la propreté de la chambre ! Triste nouvelle, j’apprends le décès d’un ami de la section des supporters lensois de Wattrelos.

 

2.-Femme-travaillant-dans-les-champs.jpg

 

 

Lundi 7 février : Yen Binh - Pho Rang (90,8 km)

 

1.-Village-devant-les-rizieres-apres-Yen-Binh.jpg

 

Je démonte pour la énième fois ma roue arrière pour resserrer le moyeu. Du coup, je décampe plus tard qu’à l’accoutumée. Pour pas changer, une fine brume dissimule le paysage. La route ondule dans les basses montagnes, à une altitude comprise entre 100 et 200 mètres. A cette époque de l’année, de nombreuses personnes travaillent dans les champs et les rizières au fond des vallées. Le parcours est également beaucoup plus agréable, en raison d’une circulation plus réduite. Dans un petit hameau, je croise le cortège d’un enterrement. Les proches du défunt portent un ruban blanc sur le front. Quelques musiciens précédent le chariot mortuaire décoré. Puis, je stoppe quelques kilomètres avant Son Nhieu pour casser la croûte. Un client me conseille le bœuf et les pieds de porc caramélisés. Il m’offre même une bière durant la discussion. Je traverse ensuite des villages aux habitations construites avec des bambous et des feuilles de palmiers. Des images de films sur le Vietnam ressurgissent de ma mémoire, comme «Voyage au bout de l’enfer» de Cimino ou encore «La 317ème section» de Schoendoerffer. Au village de Hang Hoa, je croise des hmong noirs dans leur costume traditionnel. Il s’agit d’une ethnie montagnarde, installée principalement dans le Nord-ouest du pays. La route borde ensuite la rivière Song Chay jusque la petite ville de Pho Rang. En chemin, je manque de renverser un gamin qui traverse sans regarder. C‘est vraiment passé tout près ! Aussi, l’air moite empêche de faire sécher mon linge. En fin de journée, tout est encore humide ! Je soupe ensuite dans un bouis-bouis, à proximité d‘un terrain repéré pour bivouaquer. La vieille dame de la famille me propose une chambre dans sa maison. Après négociations, nous tombons d’accord sur 50 000 dongs, soit moins de deux euros. Cela ne vaut vraiment pas la peine de s’embêter à monter la tente ! De plus, on m’invite à manger quelques friandises avec du thé. Je teste aussi la pipe à eau asiatique. Elle est fabriquée avec un long bambou. On aspire la fumée en seulement deux prises. Le tabac est vraiment très fort, il me fait vite tourner la tête. Ce qui ne manque pas de faire rire la petite assemblée !

 

2.-Le-sommet-des-montagnes-dans-la-brume.jpg 

 

 

Mardi 8 février : Pho Rang - Lao Cai (82,5 km)

 

1.-Restaurant-de-viande-de-chien.jpg

 

Après Pho Rang, la route continue de monter et descendre dans un petit massif montagneux encerclé de hauts pics escarpés. Sans aucune raison, deux jeunes en scooter me crachent dessus en me croisant. La journée commence bien ! De nombreux hmong fleurs demeurent dans les villages traversés. Leur costume traditionnel est très coloré. Il est constitué de rubans aux couleurs de l‘arc-en-ciel. Je mange ma quotidienne soupe dans une petite gargote, juste à l’intersection pour Pho Lu. Bizarrement, mes jambes ne tournent plus rond ! Je ressens un gros coup de fatigue. Au bord de la chaussée, de fines planches de bois coupées en lamelles sèchent au soleil. Plusieurs femmes vendent également du manioc. Plus loin, un homme me somme de m’arrêter pour boire le thé. Il semble bien réjoui lorsque j’accepte son invitation. Au fil des kilomètres, la route s’aplanit. Le paysage de rizières au pied des montagnes est bien joli. Cependant, de nombreuses lignes électriques le dénaturent trop souvent. Je longe ensuite la large rivière Tong Gia pour atteindre Lao Cai. La ville est bâtie en bordure du fleuve Rouge, juste à la frontière chinoise. Rasée pendant la guerre sino-vietnamienne de 1979, elle ne présente que des bâtiments modernes sans aucun intérêt. Il n’est que 15 h, mais je ne me sens pas d’attaque pour l’ascension jusque Sapa. Du coup, je trouve à loger dans le petit hôtel Hong Kong. La chambre est spacieuse, et bien plus propre que les précédentes. En ville, je trouve enfin une boulangerie. C’est incroyable comme on peut se régaler avec pas grand-chose, quand cela manque depuis un moment ! Comme un peu partout au Vietnam, des hauts parleurs dans les rues vocifèrent de la propagande communiste. Je prépare à souper dans la chambre, toutes fenêtres ouvertes pour ventiler la pièce au maximum. En effet, je ne tiens pas à m‘intoxiquer avec les vapeurs d‘essence du brûleur !

 

2.-Femme-hmong-fleur.jpg

 

 

Mercredi 9 février : Lao Cai - Sapa (38,9 km)

 

1.-Les-rizieres-surplombant-la-vallee-vers-Sapa.jpg

2.-Les-rizieres-dans-l-ascension-vers-Sapa.jpg

 

Je compte rejoindre Sapa en milieu d’après-midi. C’est pourquoi je ne me presse pas pour démarrer. Les deux villesne sont séparées que de quelques kilomètres, mais avec un dénivelé de plus de 1400 mètres. L’étape s’annonce donc assez difficile ! Par contre, les conditions climatiques sont clémentes. Le soleil est au rendez-vous, et la température frôle les 29°C à Lao Cai. La petite route s’élève agréablement dans la montagne. Les vues sur la vallée du fleuve Rouge sont splendides. Elle surplombe ensuite la rivière Ngoi Dum. La pente atteint sur de courtes portions plus de 10 %. Je dégouline de sueur à cause de la chaleur. Au bord de la chaussée, je croise de nombreux hmong et dao, portant leur costume traditionnel. Ces ethnies montagnardes sont fortement implantées dans la région. Puis, je stoppe un moment pour reprendre quelques forces à l‘ombre d‘un bosquet. Tout à coup, une fille en scooter vient m’offrir une sorte de gélatine aux fruits. Le geste est bien sympathique, par contre ce n’est pas très appétissant ! Le panorama est fabuleux. Les rizières s’étagent sur les versants des hautes montagnes, dominant la tumultueuse rivière. Malheureusement, ce splendide paysage naturel risque de disparaître prochainement par la construction d’un barrage hydraulique en amont. C’est bien dommage ! Après une petite trentaine de kilomètres d’ascension, j’atteins enfin Sapa. Immédiatement, je me fais assaillir par les rabatteurs d‘hôtels. C’est vraiment fou ! Finalement, j’accepte une offre après marchandage. L’hôtel Mimosa domine la jolie vallée entourée par les hauts sommets. La ville est par contre archi-touristique. Restaurants, cafés et hôtels se succèdent dans les rues. C’est à se demander s’il reste des habitations ! Franchement, cela ne me plaît pas ! Du coup, je m’éloigne un peu du centre pour trouver un endroit plus typique pour manger.

 

 

Jeudi 10 février : Sapa - Tam Duong (50 km)

 

1.-Vietnamienne-en-costume-traditionnel.jpg 2.-Femme-de-l-ethnie-Dao-a-Sapa.jpg

 

Une épaisse couche nuageuse blanche a envahi la vallée en dessous de Sapa. Par chance, le soleil brille de nouveau sur la petite ville. En effet, le coin est réputé pour être le plus froid et le plus venteux du Vietnam. Il y a quelques jours, des touristes français m’ont mis en garde sur le mauvais temps installé depuis de nombreuses semaines. Dans la matinée, je me rends à pied jusqu’au sommet d’une petite colline, pour jouir d’un panorama à 360° sur la vallée et les montagnes alentour. Fort heureusement, les nuages se sont dissipés ! Le sentier traverse également de jolis jardins asiatiques pour s’y rendre. Lorsque j’amorce la descente, les gens commencent à affluer en masse. Je me balade ensuite au hasard des rues, pour photographier la population issue des ethnies montagnardes. Bien souvent, les femmes dao et hmong réclament de l’argent, ou tentent de me vendre leurs babioles. Comme il est déjà midi, je préfère manger au même endroit que la veille avant de démarrer l'étape. J’attaque ensuite la petite grimpette à vélo jusqu’au col de Tram Ton, situé à 1900 mètres d‘altitude. La route serpente sur le versant Nord du Fansipan, avec des pentes parfois bien raides. C’est le plus haut sommet du Vietnam, culminant à 3143 mètres ! Je découvre également sur mon chemin la haute cascade Thac Bac. Un sentier pédestre en boucle permet de l’approcher. De nombreuses échoppes pour touristes sont installées au pied de la chute d’eau. Au détour d’un virage, je discute un bon moment avec un couple d’Allemands, subjugué par mon aventure. J’atteins enfin le sommet, après une petite quinzaine de kilomètres. Le panorama serait splendide sans ces foutues lignes électriques ! Un jeune se propose pour me photographier avec Tornado. Pour une fois que je tombe sur quelqu’un qui sait cadrer une vue, je ne m’en prive pas ! La descente le long du massif du Fansipan est époustouflante. Je stoppe fréquemment pour tirer de nombreux clichés. Par contre, la route est complètement pourrie. La caillasse, les trous et les bosses ralentissent considérablement ma progression. De plus, un vent violent souffle en sens contraire. Je traverse des petits villages isolés qui semblent bien pauvres. Après de nombreux kilomètres, j’atteins la petite ville étalée de Tam Duong. Malgré la tombée de la nuit, je poursuis mon itinéraire vers Lai Chau. En cette fin de journée, je n’ai plus de jus ! J’espère ainsi trouver un endroit pour bivouaquer. A la sortie de la ville, une vieille dame dao en costume traditionnel m’invite dans sa maison. Elle vit avec son fils, sa bru et leurs deux enfants, dans une modeste maison en bois qui ressemble plus à une grange. Les conditions de vie en feraient fuir plus d’un ! La pièce est complètement enfumée. Elle est éclairée par une faible ampoule qui s‘allume par intermittence. Les poules et autres animaux peuvent facilement se glisser entre les planches. Cependant, cette charmante famille me prépare un repas copieux à base de riz et de lard, avec une sorte de beignet de riz. Les voisins viennent les uns après les autres pour voir l’invité étranger. Je dors à proximité de mes hôtes sur un sommier bien dur, protégé par une grande moustiquaire. Les cochons de l’autre côté de la mince paroi n arrêtent pas de bouger en couinant.

 

3.-La-cascade-Thac-Bac.jpg 4.-La-route-serpentant-dans-les-montagnes-depuis-le-col-de-.jpg

 

 

Vendredi 11 février : Tam Duong - Chan Nua (109,7 km)

  

2.-Sur-les-pistes-en-direction-de-Phong-Tho.jpg 1.-Paysage-avant-Lai-Chau.jpg

 

A 6 h, je suis réveillé par les pleurs du bébé. En guise de déjeuner, on m’offre les beignets de riz bien gras. Lorsque je m’apprête à partir, la vieille dame dao me réclame de l’argent. L’invitation était trop belle ! Je ne lui donne que quelques dongs pour la remercier, car je n’apprécie pas ce genre d’attitude ! La route continue de grimper jusque 1200 mètres d‘altitude. J’ai repris ainsi plus de 400 mètres de dénivelé. Elle plonge ensuite longuement jusque Lai Chau. La ville ne présente rien de bien intéressant. Par contre, elle est entourée de belles montagnes de forme conique. La route se transforme ensuite en piste défoncée. De nombreux travaux n’arrangent en rien l’état ! Les véhicules soulèvent un nuage de poussière à chaque croisement et dépassement. Après une courte grimpette, je descends durant de nombreux kilomètres jusque Phong To. A tel point que je m’inquiète de toute cette perte d’altitude ! Puis, je m’arrête dans une gargote pour casser la graine. Encore une fois, la souriante patronne essaye de me soutirer de l’argent. Pas vraiment honnête et de mauvaise foi ! Du coup, je lui claque l’argent initialement prévu, et basta ! Mon parcours longe ensuite la vallée de la jolie rivière Na. Le cours d’eau se faufile entre les hautes montagnes envahies d’une épaisse forêt tropicale. Le décor est somptueux ! La petite route n’arrête pas de monter et descendre. Un vrai casse-pattes ! De nombreux travaux dégradent cependant la beauté de la vallée. En effet, une grande partie de la région va être inondée par la construction d’un barrage hydroélectrique. Les villes ont d’ailleurs déjà changé de nom. Plusieurs dragueurs s’activent également pour retirer les gros rochers au fond de la rivière. Tout cela est bien navrant, mais une crue dans les années 1990 a causé la mort d’une centaine de personnes. En fin d’après-midi, j’atteins Chan Nua bien fatigué. Je m’installe à l’hôtel à l’entrée du village, puis mange au petit restaurant tenu par les mêmes propriétaires. Je commence à devenir un pro du marchandage ! Malgré une température dépassant les 30°C, ce fut encore une splendide journée !

 

3.-Les-rizieres-avant-Muong-Lay.jpg

 

 

Samedi 12 février : Chan Nua - Muong Cha (71,2 km)

 

1.-Les-baraquements-de-Muong-Lay.jpg 

 

La chambre ressemble plus à un baraquement pour ouvriers. Vraiment pas top ! Aujourd‘hui, le ciel est plus couvert que ces deux derniers jours. Je poursuis mon parcours le long de la rivière Na. Les travaux s’accentuent au fur et à mesure de l’approche de Muong Lay. Les piliers de soutien du futur barrage se dressent à l’entrée de la petite ville. De nombreux bulldozers ramassent les pierres dans le lit du cours d’eau. La route se transforme par endroits en piste caillouteuse. Le passage des camions soulève de gros nuages de poussière. Franchement désagréable ! Muong Lay est complètement défiguré. Une grosse partie va être engloutie sous les eaux dans quelques années. Le barrage sera alors le plus grand d’Asie du Sud-est. Puis, la route se met à monter à flanc de montagne. La forêt tropicale verdoyante s’accroche tant bien que mal aux parois escarpées. La pente n’est pas très élevée, mais je suis quand même surpris de grimper autant. Je reprends ainsi plus de 700 mètres de dénivelé. Fort heureusement, la chaussée est en bien meilleur état. Après avoir traversé quelques pauvres villages, j’atteins le sommet situé à environ 1000 mètres d’altitude. Je me laisse ensuite glisser longuement jusque Muong Cha. Il n’est que 14 h lorsque j’entre dans la petite ville. Dien Bien Phu est encore à plus de 50 km ! Ne voulant pas finir l’étape dans la nuit noire, je décide de me poser dans le petit hôtel Thanh Tung. Je passe ainsi le reste de l’après-midi à siroter quelques bières, tout en reluquant les autochtones du coin. De toute façon, il n’y a pas grand-chose à faire ! Je soupe un plat bien copieux dans un com pho (une sorte de gargote !), car je n’ai rien mangé à midi. La vieille dame m’invite à boire le thé, en compagnie de femmes de l’ethnie hmong et d’hommes à la dentition bien amochée. L’un d’eux a de nombreuses dents en or qui brillent fortement à la lueur de la lampe. A l'hôtel, le karaoké au rez-de-chaussée fait un boucan du diable. Les Vietnamiens sont vraiment friands de ce divertissement. On en trouve partout dans le pays !

 

2.-Repiquage-du-riz.jpg

 

 

Dimanche 13 février : Muong Cha - Dien Bien Phu (59,4 km)

 

1.-Le-cycliste-sur-la-borne-de-Dien-Bien-Phu.jpg

 

L’air est saturé d’humidité. L’eau dégouline partout sur le corps. C’est franchement désagréable ! Après Muong Cha, la route traverse la vallée de la petite rivière Muc, parsemée de rizières verdoyantes. Les montagnes environnantes sont fortement déboisées. Les paysans vietnamiens pratiquent encore la culture sur brûlis. Les feux dégagent d’ailleurs d’épaisses fumées voilant le paysage. Beaucoup de maisons en bois des villages traversés sont sur pilotis, empêchant les animaux d’y accéder. Puis, la route serpente dans la montagne, tout en s’élevant d’environ 400 mètres. Elle plonge ensuite longuement jusque Dien Bien Phu. Les panneaux indicateurs de montées et descentes sont parfois inversés. J’atteins ainsi la ville en début d’après-midi. La chaleur est torride, il fait plus de 30°C ! Ce qui m’oblige à me réhydrater avec de la bière vietnamienne, dans un troquet tenu par une jeune patronne bien sympathique ! Puis, je m’installe dans le petit hôtel Huang Thao, avant d’entamer la visite de la ville. Dien Bien Phu est surtout célèbre par la bataille de 1954, qui coûta l’Indochine à la France. Quelques rares vestiges sont encore visibles, notamment le bunker du colonel de Castries, plusieurs pièces d’artillerie et un vieux char français. Je me rends également au mémorial des soldats tombés durant la bataille. Mis à part cela, la ville est peu intéressante ! Je rencontre un couple de Québécois, Sophie et Philippe, qui voyage également à vélo en Asie pour plusieurs mois. Nous partons ensemble gravir les marches de la colline dominée par une haute statue à la gloire du communisme. Depuis le sommet, le coucher du soleil embrase toute la ville d’une couleur rosâtre. Je finis ensuite la soirée seul dans un com pho pour souper. Cela peut paraître crasseux pour un occidental, mais les clients n'hésitent pas à jeter les déchets par terre. Normalement demain, je devrais passer la frontière laotienne !

 

2.-Coucher-de-soleil-sur-Dien-Bien-Phu.jpg

Partager cet article
Repost0
16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 18:49

Lundi 14 février 2011: Dien Bien Phu - Suplao (Laos) (63,4 km)

 

1.-L-artillerie-de-la-bataille-au-musee-de-Dien-Bien-Phu.jpg

 

Je me décide finalement à visiter le petit musée de la ville sur la bataille de Dien Bien Phu. Même si j’ai déjà vu une quantité de documentaires sur le sujet, cela reste toujours intéressant. En plus, on me laisse rentrer gratuitement ! De nombreux objets et photos de l’époque sont exposés, notamment de vieilles armes de combat. Cependant, les commentaires glorifient un peu trop le Parti communiste à mon goût. Cela ressemble à de l’endoctrinement ! Un film est également diffusé, combiné avec une grande carte en relief pourvue de nombreuses diodes lumineuses pour situer les différentes attaques. Je me rends ensuite au cimetière des soldats vietnamiens tombés durant la bataille. Les murs extérieurs sont garnis de panneaux sculptés relatant les combats. A côté, la célèbre colline Eliane conserve encore les tranchées et les fortins de défense de l’armée française. C’était la dernière poche de résistance avant la reddition du colonel de Castries. L’heure étant déjà bien avancée, je retourne au com pho de la veille pour me remplir la panse avec un plat de poisson et de riz. Le ciel est bien nuageux aujourd’hui. D’ailleurs quelques gouttes de pluie sont tombées au matin. A la sortie de la ville, la route traverse les rizières, avant de s’élever dans la montagne pour quitter la cuvette de Dien Bien Phu. Elle serpente durant une quinzaine de kilomètres pour atteindre le poste-frontière de Tay Trang, situé à 1200 mètres d’altitude. Soit encore plus de 800 mètres de dénivelé ! Le paysage est malheureusement masqué par les nuages. Par contre, la circulation est quasi-nulle. Après ces semaines assourdissantes, il est même étrange de pédaler esseulé dans le calme naturel. Je quitte ainsi facilement le Vietnam pour le Laos. L’obtention du visa prend à peine une petite vingtaine de minutes. Curieusement, on prend ma température avec un appareil posé sur mon front. Aussi, plusieurs douaniers jouent à la pétanque derrière le bâtiment. La scène est assez cocasse ! Le froid est beaucoup plus vif à ces hauteurs. En effet, la température a chuté de plus de 15°C. J’ai d’ailleurs les doigts complètement engourdis. C’est pourquoi je m’engage expressément dans la longue descente, afin de récupérer un peu de chaleur. La piste en terre rouge vient d’être damée. Elle sera certainement goudronnée dans les prochaines semaines. Ce qui n’empêche pas les trous et les bosses ! Par conséquent, ma vitesse est fortement réduite. Les montagnes alentour sont couvertes d’une végétation tropicale beaucoup plus touffue qu’au Vietnam. Dans les villages traversés, quelques enfants courent derrière moi pour s’amuser. Après une bonne trentaine de kilomètres, j’atteins Suplao, un petit hameau juste avant Muong Lai. Je me renseigne auprès de deux jeunes ouvriers pour trouver à loger. D’origine vietnamienne, Manh Manh et Binh travaillent à la réfection de la route. Ils me proposent de passer la nuit sur une paillasse de leur rudimentaire cabane de chantier. Leur abri est fait de paille et de lamelles de bambous tressées. Nous soupons ensemble un plat de bœuf et de riz (encore un !), arrosé de bières laotiennes spécialement achetées pour la circonstance par mes hôtes. Une longue coupure d’électricité nous oblige à finir la soirée à la bougie. Emmitouflé dans mon duvet, j’aperçois une immense araignée accrochée au plafond. «Bonne nuit les petits !».

 

2.-Les-montagnes-vietnamiennes-dans-l-ascension-vers-la-fro.jpg

 

3.-Mon-velo-au-poste-frontiere.jpg

 

  

Mardi 15 février : Suplao - Muong Khua (46 km)

 

1.-Mes-hotes-et-moi-devant-leur-cabane-d-ouvrier-a-Suplao.jpg

 

Le temps est bien maussade, mais le ciel a tendance à se découvrir. Je quitte mes hôtes relativement tôt, afin de ne pas abuser de leur hospitalité. J’atteins ainsi rapidement Muong Lai pour déjeuner avec une soupe. Il ne faut pas espérer trouver du pain ou des croissants dans ce coin perdu ! Le patron est juste en train de tuer les poulets juste derrière moi. A la sortie du village, la piste se poursuit dans le lit d’une petite rivière. Je m’engage pour la franchir, lorsque j’aperçois une passerelle pour piétons. Du coup, je fais demi-tour ! Une pierre bloque ma roue avant, et fait basculer le vélo. L’eau s’engouffre dans ma sacoche de guidon, noyant mon appareil photo. Il ne faut pas plus de deux secondes pour le fusiller. Je passe une bonne heure à le sécher, mais rien n’y fait ! Il semble foutu ! J’en suis malade ! Complètement abattu, je poursuis quand même mon parcours. La piste s’élève longuement jusque 1000 mètres d'altitude, en oscillant dans les montagnes. Je reprends ainsi plus de 700 mètres de dénivelé. Les pentes atteignent bien souvent les 10 %. Dur, dur ! Mais l’envie n’y est plus ! Contrarié par l’incident, cela finit même par m’énerver. Le chemin pour Muong Khua me semble alors interminable. A cause des travaux, je me retrouve noir, ou plutôt rouge de poussière. Mon vélo commence même à faire un bruit bien inquiétant. A l’entrée du village, je discute longuement avec un Français connaissant parfaitement l’Asie du Sud-est. Après avoir franchi la rivière Nam Ou sur un bac, je rejoins un petit restaurant pour faire sécher mon matériel au soleil. Je passe ainsi l’après-midi à siroter de la bière laotienne, en conversant avec quelques touristes de passage. C’est incroyable, tout le monde semble au courant de mon arrivée à vélo ! Comme l'heure tourne rapidement, je soupe finalement au même endroit. Puis, je rejoins la petite guesthouse Singsavanh un peu plus haut. Une nouvelle fois, la chambre n’est pas d’une grande propreté ! J’ai toujours espoir que mon appareil fonctionne, sinon il me faudra acheter un nouveau boîtier.

 

2.-Les-montagnes-laotiennes-avant-Muong-Khua.jpg

 

 

Mercredi 16 février : Muong Khua - Muong La (76,3km)

 

1.-Le-bac-de-Muong-Khua.jpg

 

Avant de prendre la route, je démonte mon appareil photo pour tenter de le réparer. Sans résultat, je commence à perdre espoir ! Comme la chambre à air de la roue arrière a tendance à se dégonfler lentement depuis plusieurs jours, je la change par une ancienne déjà réparée. Je déjeune ensuite à la terrasse de la veille, en compagnie d’un jeune couple de Parisiens. Il est plus de 10 h, lorsque je démarre l’étape. Désormais bitumée, la route est bien agréable sous le soleil. Elle reste relativement plate, le long d’un paisible affluent de la rivière Nam Ou. La splendide vallée est bordée de moyennes montagnes envahies d’une dense forêt tropicale. Je traverse de nombreux petits villages agricoles, constitués de cabanes en bois. Les animaux domestiques vagabondent en totale liberté. Les porcelets décampent rapidement lors de mon passage. La scène est d'ailleurs bien amusante ! La population fait sécher au bord de la chaussée des brindilles pour la fabrication de balais, probablement du sorgho. Il y en a partout ! Les enfants me saluent aussi avec un large sourire en lançant «sabbai-dii !». C’est quand même plus sympa de dire bonjour dans la langue du pays ! D’un coup, mon pneu arrière se dégonfle à nouveau. La vieille rustine n’a pas tenu sous la pression. De plus, le tube du vulcanisateur s’est par malchance complètement vidé. Ne pouvant réparer, je suis alors obligé de remonter la chambre à air défaillante. Quelle poisse ! En fin d’après-midi, mon appareil photo commence à revivre. Et moi avec ! Certes, toutes les fonctions ne sont pas encore utilisables, mais je reprends espoir. Mon moral est alors complètement reboosté. Dans la soirée, je m’attable dans un petit restaurant de Muong La, pour fêter l’évènement avec une bière. Un client laotien semble bien intéressé par mon aventure cycliste. J’installe ensuite la tente dans un bosquet d‘arbres, à l’abri des regards indiscrets. Aujourd’hui, j’ai passé la barre symbolique des 10 000 km !

 

2.-Cabanes-sur-pilotis-en-bambous.jpg 3.-Paysan-faisant-secher-du-sorgho.jpg

 

 

Jeudi 17 février : Muong La - Udomxai (35 km)

 

1.-Mon-bivouac-dans-la-foret-tropicale-de-Muong-L-copie-1.jpg

 

Mon bivouac n’est pas franchement idéal. De nombreux détritus traînent un peu partout. L’air ambiant est de nouveau bien moite ce matin. Avec le réchauffement du soleil, la brume matinale enveloppe la jolie vallée. Après Muong La, la route quitte l’affluent de la rivière Nam Hou pour s’enfoncer dans de basses montagnes boisées. Bizarrement, j’ai bien du mal à grimper les petites côtes sur mon parcours. La fatigue commence à se faire sentir ! Je croise en chemin un couple de Bretons à vélo, Caroline et Gaël, se dirigeant vers la Chine. Nous discutons longuement de nos différents voyages sur le bord de la chaussée. Au fil des heures, la température n’arrête pas de grimper, dépassant les 35°C en début d’après-midi. J’atteins alors Udomxai, une ville sans réel intérêt. Je m’arrête dans un petit restaurant pour casser la croûte, en compagnie d’un sympathique groupe de Bruxellois. Je fouine ensuite dans les magasins, afin de trouver une nouvelle chambre à air pour Tornado. En effet, il me faut regonfler régulièrement le pneu arrière. La seconde est complètement bousillée, percée au niveau de la valve. C'est incroyable, il est impossible d’en dégotter une à la bonne taille ! C’est pourtant la plus standardisée à travers le monde ! Du coup, je perds énormément de temps. Il est déjà plus de 16 h, encore une journée de foutue ! Je décide alors de m’installer dans la ghesthouse Vilavong de la petite ville. Aussi, j’ai quand même l’espoir de retrouver Gilles, le cyclo rencontré sur l’île de Cat Ba au Vietnam. Selon son planning, il devrait se situer dans les parages. Pour ma part, je suis à deux journées de bicyclette de l’ancienne capitale Louang Prabang. J’espère seulement que ma vieille chambre à air va tenir jusque là, car je ne tiens pas à tomber en rade sur la route ! De plus, il faut sérieusement que je me remotive, car je n’ai pas beaucoup avancé sur mon itinéraire ces derniers jours. Dans la soirée, je soupe dans un restaurant un plat typiquement laotien, constitué de riz aromatisé et de porc. L’ensemble est cuit dans une feuille de bananier. Succulent !

 

2.-Maison-sur-pilotis-dans-les-champs.jpg

 

 

Vendredi 18 février : Udomxai - Pakmong (90,3 km)

 

1.-Porteuses-sur-la-route.jpg

 

Avant de démarrer l‘étape, je tente une réparation de fortune sur ma chambre à air, afin de pédaler plus sereinement. Quelques kilomètres à la sortie d’Udomxai, la route s’élève doucement dans les montagnes boisées. En chemin, je découvre la petite cascade Tat Lak Sip Et, qui se jette dans un affluent de la rivière Nam Beng. L’accès est normalement payant, mais le guichet est fermé. Je tire quelques clichés, lorsque tout à coup mon appareil se bloque à nouveau. C’est incompréhensible, tout semblait fonctionner correctement ! Du coup, je poursuis l’ascension complètement démoralisé. Après une petite vingtaine de kilomètres, j’atteins le sommet situé à 1200 mètres environ. J‘ai récupéré ainsi près de 600 mètres d’altitude. La route plonge ensuite jusque Song Cha. Je reprends quelques forces dans un boui-boui improvisé, avant de regrimper à nouveau jusque 1300 mètres. Soit 500 mètres de dénivelé ! Fort heureusement, les pentes ne sont pas très élevées. Par contre, le ciel gris rend le paysage bien triste. De plus, la plupart des montagnes alentour sont désormais en partie déboisées. Je traverse aussi de pauvres villages constitués de maisons en bois, toujours avec l’accueil souriant des enfants laotiens. Surplombant une petite rivière, je dévale les derniers lacets  jusque la bourgade de Pakmong. De nombreux tronçons caillouteux et poussiéreux ralentissent considérablement ma vitesse. C’est franchement pénible ! A l’approche de la petite ville, quelques rizières verdoyantes bordent le cours d’eau. Après avoir repéré un coin pour bivouaquer, je soupe dans un modeste restaurant mon quotidien plat de riz, arrosé de bière nationale Lao. Sous la pleine lune, je plante la tente sur le petit terrain à l’écart de la route pour Louang Prabang. J’espère trouver dans les prochains jours un magasin de photos dans l’ancienne capitale. Dans le cas contraire, il me faudra envisager de changer mon itinéraire pour rejoindre une plus grosse ville. En effet, je ne peux continuer dans ces conditions, cela bousille mon séjour !

 

2.-Les-montagnes-deboisees.jpg

 

 

Samedi 19 février : Pakmong - Louang Prabang (127,9 km)

 

1.-Pirogues-sur-une-riviere.jpg

 

L’air est saturé d’humidité. Les gouttelettes d’eau en suspension sont visibles à travers les rayons du soleil. La tente est par conséquent complètement trempée. Aussi durant la nuit, une multitude de moustiques ont élu domicile dans le auvent. Je décampe au petit matin sur une route relativement plate. Elle traverse une belle vallée entourée de basses montagnes. Il me reste encore 110 km jusque Louang Prabang. En effet, je tiens à rejoindre l’ancienne capitale pour régler le plus rapidement possible mon problème photo. C’est pourquoi je pédale à une bonne cadence, le nez dans le guidon. Seules quelques rares petites côtes ralentissent ma progression. Au fil de la journée, la chaleur devient de plus en plus lourde. La température dépasse même les 40° C ! Autant dire que les conditions ne sont pas idéales pour faire du vélo ! Je mange à l’ombre d’une petite gargote d'Houay Leuang, en compagnie de quatre vieux Laotiens un peu éméchés. Cela ne les empêche pas de m’offrir des beignets et plusieurs verres d’eau-de-vie locale lao lao. Sous le cagnard, ce n’est pourtant pas très raisonnable ! Aussi depuis mon entrée dans le pays, les gens se lavent à l’extérieur sous une douche commune improvisée. Je retrouve ensuite la rivière Nam Ou, que j’avais quittée à Muong Khua trois jours auparavant. Le paysage alentour est vraiment joli. Je suis cependant frustré de ne pouvoir tirer des clichés de meilleure qualité que mon petit compact ! Puis, je me rends compte avoir bêtement dépassé les grottes de Pak Ou. Au Laos, les indications ne sont pas souvent précises ! Je fais alors demi-tour sur environ 5 km. Un jeune couple de Français m’apprend que le site est encore à une dizaine de kilomètres en cul-de-sac, en bordure du cours d’eau. Soit, un peu trop écarté de mon itinéraire ! Des bateaux permettent de rejoindre Louang Prabang, mais comme je n’ai plus un rond…! Du coup, j’annule tout simplement la visite. En début de soirée, j’atteins finalement mon but. La petite ville s’étend entre les rivières du Mékong et de Nam Khan. Je déambule longuement dans les rues à la recherche d’un magasin spécialisé dans la photo. Malheureusement, je ne trouve absolument rien de valable ! Je m’installe alors dans une piteuse chambre de la ghesthouse Thavisouk. Il n’y a même pas de douche chaude ! Je soupe ensuite dans un petit restaurant à quelques pâtées de maisons. Deux solutions se présentent à moi. Je peux me faire parvenir un nouvel appareil via la poste, ou me rendre en bus jusque Bangkok pour en acheter un nouveau. Après cette éreintante journée, je tombe comme une masse sur mon lit, complètement habillé !

 

2.-Fileuse-dans-un-village.jpg 3.-La-riviere-Nam-Ou.jpg

 

 

Dimanche 20 février : Louang Prabang

 

Les-bateaux-sur-le-Mekong-a-Louang-Prabang.jpg

 

Au réveil, mon œil droit est complètement gonflé. J’ai dû certainement me faire piquer par un insecte hier. Ma journée n’est pas bien intéressante ! Je passe une bonne partie de la matinée sur internet, afin de trouver la meilleure façon de recevoir un nouvel appareil photo par colis postal. Je fais également le passe-passe dans les agences, pour connaître les tarifs des trajets en bus jusque Bangkok. Après avoir pesé le pour et le contre, je choisis la première solution. Certes, c’est beaucoup plus onéreux, mais cela m’évite la fatigue de courir jusqu’en Thaïlande, de repayer un nouveau visa laotien… etc. D’autant plus que j’apprends que les appareils électroniques sont plus chers qu’en Europe ! Je peux ainsi profiter tranquillement de la charmante ville de Louang Prabang durant plusieurs jours. Reste à espérer que le colis envoyé via la société postale DHL arrive à bon port, sans trop de dégâts ! Après avoir mangé dans un restaurant un peu chic, je déambule au hasard des rues pour m’imprégner de l’atmosphère et des parfums agréables de l’ancienne capitale laotienne. Elles sont bordées de charmantes maisons coloniales françaises, transformées pour la plupart en restaurants ou en hôtels. De nombreux moines vêtus de leur tenue orange occupent les dizaines de temples bouddhistes disséminés dans la ville. A proximité du marché de l’Artisanat, plusieurs femmes tiennent des stands proposant des milk-shakes de fruits, du café lao, ou de gros sandwichs à la façon laotienne. Franchement succulent ! Plus loin, plusieurs serpents et coléoptères baignent dans des bouteilles d'alcool. Toutefois, je préfère ne pas tenter l'expérience ! Aussi sur le chemin du retour à l‘hôtel, un homme me propose de l’opium à fumer. Pas sûr que les drogues dures soient tolérées de nos jours par les autorités du pays !

 

 

Lundi 21 février : Visite de Louang Prabang

 

Les-restaurants-de-rue-de-Louang-Prabang.jpg

 

Je pars visiter succinctement la ville historique, en repérage pour de futures photographies. En effet, il y a de grande chance que je fasse le même parcours dans quelques jours ! Je découvre ainsi de nombreux temples et de belles demeures entre le Mékong et la rivière Nam Khan. Louang Prabang est vraiment très agréable. Il n’y a pas de tours modernes ou d’usines qui défigurent le paysage. De plus, la circulation au centre-ville est très limitée ! Seuls les tuk-tuk et les jumbo occupent la chaussée. J’ai vraiment l’impression de me retrouver dans les années cinquante à l’époque coloniale ! D’ailleurs, de nombreuses pancartes sont encore écrites en français. Je mange une soupe pour une somme modique, en compagnie d’une Anglaise d’un certain âge qui a déjà bien voyagé. La chaleur dans l’après-midi devient vite étouffante. Elle finit par m’assommer ! Du coup, j’ai vraiment la flemme de bouger ! Dans la soirée, je soupe dans une ruelle envahie par la foule. Des stands improvisés proposent toute sorte de nourriture. Je me retrouve ainsi entassé sur un banc, à manger avec les autochtones et les touristes de passage. Cette situation inhabituelle est assez amusante pour un occidental ! Il ne faut cependant pas être trop regardant quant à la propreté des lieux ! Comme souvent en Asie, les gens n’hésitent pas à cracher dans la rue, avec un vulgaire raclement de gorge. A la longue, on finit par s’habituer !

 

 

Mardi 22 février : Visite de Louang Prabang

 

1.-Le-temple-de-Vat-Xieng-Thong.jpg

 

A mon réveil, je démonte une dernière fois l’appareil photo. De toute façon, foutu pour foutu ! Au bout d’une bonne heure, je réussis à le refaire fonctionner en manuel. C’est déjà ça ! Sans rentrer dans les détails, le bornier du faisceau qui relie l’écran à la carte d’acquisition est cassé. Je fixe l’ensemble avec un bout d’allumette, et le tour est joué ! Enfin presque, car l’écran n’est plus assez lumineux pour visualiser les clichés. Par contre, je peux sans problème faire mes réglages. Et c’est le principal ! Je repars alors joyeusement dans la ville pour une visite plus approfondie. Le temple bouddhiste Vat Mai Suvannaphumaham possède une toiture en bois sur cinq niveaux. La façade est décorée de reliefs dorés relatant contes et légendes laotiens. Derrière le bâtiment, un hangar renferme une longue pirogue qui peut contenir jusque cinquante rameurs. Je déambule ensuite le long du Mékong pour rejoindre le majestueux temple de Vat Xieng Thong. La salle d’ordination est somptueusement décorée de peintures dorées. A l’extérieur, de nombreux stupas et sanctuaires l’entourent. La chapelle rouge renferme notamment un splendide bouddha couché. Dans le complexe, je découvre également la maison du char funéraire royal. L’avant est magnifiquement décoré de plusieurs têtes de dragons. Je visite ensuite plus succinctement les temples de Vat Khili, Vat Si Bun Heuang, Vat Sirimungkhun, Vat Sop et Vat Sensoukarahm. Je discute un bon moment avec un couple d’Italiens, intéressé par mon aventure. A cause de la lourde chaleur, le temps finit par tourner. En fin de journée, je grimpe les marches de la colline de Phu Si, afin d’assister au coucher du soleil sur le Mékong. Comme il faut à nouveau payer, je reste sur la terrasse intermédiaire. Il est quand même incroyable de débourser de l’argent pour une vue ! Dans le marché de l’Artisanat, une odeur anisée familière m’interpelle. Quel bonheur, c’est du pastis ! Je n’en ai pas bu depuis le début de mon voyage ! Du coup, je prends un verre en compagnie d’un couple franco-vietnamien. L’homme d’une cinquantaine d’années a quitté la France pour travailler à travers le monde. Après avoir discuté longuement, ils finissent même par m’offrir la consommation. Bien sympa ! Puis, je réitère le repas de la veille, avant de rejoindre ma chambre d’hôtel.

 

2.-Coucher-de-soleil-sur-le-Mekong-depuis-la-colline-de-Ph.jpg

 

 

Mercredi 23 février : Visite de Louang Prabang

 

1.-Le-temple-Vat-Manolom.jpg

 

Je poursuis la visite des temples bouddhistes dans les quartiers Sud de Louang Prabang. Je découvre notamment le Vat Manolom, le Vat That Luang et le Vat Pha Mahathat, tous richement décorés. Ils sont encore occupés par de jeunes moines, qui ont rejoint l’ordre monastique pour quelques semaines. Peu de touristes s’aventurent jusque ces monuments plus excentrés. Et c’est bien plus agréable ! En contrepartie, les portes des édifices sont malheureusement closes aux heures matinales. Au fil des heures, la chaleur devient encore bien accablante. Je me rends ensuite aux jardins du palais royal, dans le centre historique. Construit au début du siècle, le grand bâtiment mélange les styles laotien et colonial français. A l’entrée du parc, un splendide pavillon renferme le char doré du Pha Bang (un bouddha debout), sorti pendant les cérémonies religieuses du Nouvel An lao. Je rejoins ensuite le Vat Visunarat, situé de l’autre côté de la colline de Phu Si. A l’intérieur, un grand bouddha est entouré de nombreuses statuettes et de pierres gravées. L’immense stupa de la Pastèque domine le sobre bâtiment de ses 30 mètres de hauteur. Au temple voisin de Vat Aham, quelques fidèles ont déposé des offrandes au pied de deux gros arbres banians. Puis, je me rends au modeste Vat Aphay, avant de monter les marches de la colline de Phu Si. Tout compte fait, je tiens à profiter de la vue sur Louang Prabang depuis les hauteurs ! En chemin, je découvre une supposée empreinte de pied du Bouddha, à proximité du Vat Pha Phutthabaht. Un peu plus loin, une grotte sanctuaire renferme plusieurs statues dorées. Au sommet, le petit temple That Chomsi domine toute la ville. La végétation masque en partie la vue, mais elle reste malgré tout assez jolie. Je redescends ensuite vers le centre historique. Au temple de Vat Nong Sikhunmeuang, un groupe de Français me conseille d’assister à la cérémonie de chants religieux bouddhistes. Chose que je programmerais dans les jours à venir ! L’heure étant déjà bien avancée, je repars manger toujours au même endroit. Il faut reconnaître que le repas de 10 000 kips n’est vraiment pas cher ! Cela fait environ un euro ! Sur le retour vers la ghesthouse, je retrouve par hasard Gilles et sa compagne Mireille, en présence d’un couple franco-suisse roulant en tandem. Nous fêtons les retrouvailles, notamment avec de la Beerlao, jusque tard dans la nuit.

 

2.-Les-barreaux-de-fenetre-du-temple-Vat-Visunarat.jpg 3.-Louang-Prabang-depuis-la-colline-du-Phu-Si.jpg

 

 

Jeudi 24 février : Escapade à la cascade de Tat Kuang Si (61,3 km)

 

1.-En-route-vers-la-cascade.jpg

 

Ce matin, j’ai rendez-vous à 9 h 30 avec les deux cyclos en tandem, Annika et Vincent, pour filer vers la cascade de Tat Kuang Si. Elle est située à une trentaine de kilomètres au Sud de Louang Prabang. La route n’est pas bien difficile. Elle oscille légèrement le long du Mékong, à travers forêts et rizières. Sans les sacoches, c’est forcément plus facile ! Quelques vieux ponts en bois délabrés jalonnent notre parcours. Nous arrivons ainsi assez rapidement à destination. Le coin est cependant assez touristique. De nombreux petits restaurants se trouvent à proximité de l’entrée du parc. On veut même nous faire payer le parking pour le tandem et Tornado ! Par principe, même si le tarif n’est pas élevé, nous préférons les attacher un peu plus loin sur une palissade. Nous mangeons ensuite un maigre repas dans une petite gargote, avant d’entamer la visite à pied. Juste après l’entrée, un enclos renferme quelques ours malais. Le chemin monte ensuite le long de la rivière pour rejoindre la fameuse chute. L’eau turquoise se déverse sur plusieurs paliers, dans les bassins calcaires envahis par la végétation tropicale. Avec la chaleur, plusieurs personnes en profitent pour se baigner. Il faut reconnaître que le cadre est assez idyllique. En amont, la haute cascade est bien impressionnante ! Vincent et moi empruntons un sentier pour atteindre le sommet de la chute. Il traverse une épaisse forêt tropicale aux troncs d’arbres assez originaux. Puis, nous reprenons la même route pour le retour vers Louang Prabang. Dans la ville, je me rends immédiatement à la poste. Comme je m’y attendais, mon colis n’est toujours pas arrivé ! Je retrouve ensuite toute la petite troupe, accompagnée d’un couple italien. Nous finissons par manger tous ensemble, dans la même ruelle sombre remplie de stands de cuisine. Gilles me donne quelques conseils pour la suite de mes aventures après Singapour. A suivre !

 

3.-Les-bassins-calcaires-de-la-cascade.jpg 2.-La-cascade-de-Tat-Kuang-Si.jpg

 

 

Vendredi 25 février : Escapade aux grottes de Pak Hou (67,2 km)

 

1.-Les-bouddhas-des-grottes-de-Pak-Ou.jpg

 

Je pars à vélo en ville pour tirer quelques clichés sous la lumière matinale. Au bureau de poste, le colis n’est toujours pas arrivé. Le gars à la réception n’est même pas foutu de me renseigner correctement. Je dois vérifier moi-même avec mon petit ordinateur sur internet. C’est quand même un comble ! En fait, le colis a transité au Nigeria à Lagos. Ces abrutis de DHL ont confondu la ville et le pays ! Ma sœur et mes parents entament les démarches depuis la France pour un éventuel remboursement. Bien énervé, je décide de pédaler jusqu’aux grottes de Pak Ou pour me calmer. Elles sont situées à une trentaine de kilomètres à l‘embouchure de la rivière Nam Ou. Je reprends alors la même route bitumée que j’avais empruntée pour arriver à Louang Prabang. Une piste caillouteuse bifurque ensuite vers les rives du Mékong. Elle oscille sans trop de difficulté jusqu’au village de Pak Ou. Une nouvelle fois, je refuse de payer le parking pour mon vélo. A l’embarcadère, on tente également de me soutirer quelques kips supplémentaires. Je traverse le fleuve dans une sorte de pirogue à moteur. Sur l'autre rive, il faut à nouveau payer pour accéder aux grottes. C’est la vraie arnaque touristique ce lieu ! La première grotte Tham Ting abrite des milliers de statuettes de Bouddha, de styles et de tailles différents. La seconde Tham Phum est creusée sur les hauteurs de la falaise. Elle est cependant beaucoup moins spectaculaire. La fraîcheur des cavités rocheuses est bien agréable, car la température extérieure avoisine les 40 °C. Puis, je retraverse le Mékong pour récupérer Tornado. Je pédale à un bon rythme sur la même route, pour atteindre Louang Prabang avant la fermeture du bureau de poste. Bien entendu, le colis n’est toujours pas arrivé ! Demain, c’est le week-end et tout est fermé ! De plus, j’ai l’impression que tout le monde s’en fout ! Je retrouve ensuite le petit groupe de cyclovoyageurs. Gilles me déleste d’une partie de mes guides touristiques que je trimballe depuis le Moyen-Orient. Bien sympa ! Comme depuis plusieurs jours, je pars manger dans le même restaurant de rue. Je vais bientôt prendre un abonnement ! Le repas ne passe vraiment pas. Il faut dire que cette histoire de colis commence sérieusement à me perturber. Attablé dans la rue, je passe la soirée sur internet, à tenter de résoudre le problème avec ma sœur et mes parents. Puis, Annika, Mireille, Vincent et Gilles finissent par me rejoindre. Au bout du compte, je vais rester une journée supplémentaire à Louang Prabang. Si le colis peut être bloqué à Vientiane, je reprendrai la route dimanche. Il est minuit, c’est l’heure du dodo !

 

2.-Les-bateaux-sur-le-Mekong.jpg

 

 

Samedi 26 février : Louang Prabang  (3,7 km)

 

1.-L-offrande-pour-les-moines-de-Louang-Prabang.jpg 

 

Je me lève très tôt pour assister à la collecte matinale des offrandes par les moines bouddhistes. La population locale distribue de la nourriture aux nombreux bonzes se présentant en file indienne. C’est vraiment curieux à voir ! Je rejoins ensuite le groupe de cyclos pour leur souhaiter bonne route. Il est possible que je rattrape Mireille et Gilles en chemin, si ce foutu colis reste à Vientiane. Je profite de leur départ pour prendre leur chambre dans la résidence de Mr Hou. Elle est un peu moins onéreuse, avec télévision et douche chaude. Alors pourquoi se priver ! Je passe ensuite une bonne partie de la journée à glaner quelques informations sur internet. Ma sœur Céline m’a franchement bien aidé sur ce coup ! Elle m’annonce par téléphone que l’appareil photo est bel et bien dans la capitale laotienne. Elle fait le nécessaire pour que le bureau de réception le conserve jusque la fin de la semaine. Ouf, je vais pouvoir enfin reprendre la route ! J'offre ensuite mon GSM défectueux à une jeune vendeuse, qui semble toute heureuse de l'acquisition. En milieu d’après-midi, je me rends au temple Vat Nong Sikhunmeuang pour assister à une cérémonie de chants religieux des moines. Les sons vocaux sont parfois bien étranges. Je soupe ensuite à la terrasse d’un petit restaurant en bordure de la rivière Nam Khan. Le plat raffiné laotien à base de poulet et de riz est vraiment délicieux. Cela me change de la cuisine des stands de rues ! Non loin, un cinéma en plein air improvisé diffuse un film d’aventure chevaleresque. Tout le monde semble captivé ! Après ce long séjour forcé dans Louang Prabang, je peux poursuivre l’aventure en direction du Sud. Il est grand temps, car je commence à avoir des fourmis dans les jambes !

 

2.-Ma-chambre-pendant-pres-d-une-semaine.jpg

Partager cet article
Repost0
15 janvier 2015 4 15 /01 /janvier /2015 17:09

Dimanche 27 février 2011: Louang Prabang - Kiewkacham (82,7 km)

 

1.-Barques-sur-la-riviere-Namming.jpg

 

Je quitte enfin Louang Prabang ! Ce n’est pas que la ville est inintéressante, bien au contraire, mais j’ai besoin de changer d’air ! Pendant une quinzaine de kilomètres, le parcours ne présente pas de difficulté majeure. Après le village de Xieng Ngeun, la route commence à s’élever progressivement jusque 1000 mètres d’altitude. Les montagnes alentour sont principalement parsemées de forêts ou de plantations de bananiers. D’agréables parfums de fleurs embaument l’air ambiant. Par contre, la chaleur est vraiment écrasante. D’ailleurs, une brume masque en partie le paysage. Mon corps dégouline de sueur ! Aussi, plusieurs gamins se postent au bord de la chaussée pour me taper dans la main. Une fillette tente même de me pousser dans la montée. Juste avant le sommet du col, je mange dans une petite gargote du minuscule village de Ban Kiewgna, tenue par une charmante Laotienne. Dans la descente, je croise deux cyclos, l’un est écossais, l’autre ouzbèk. «You’re the french guy» me disent-ils directement. En fait ce matin, ils ont rencontré Mireille et Gilles qui ont parlé de moi. C‘est incroyable, les cyclovoyageurs finissent toujours par se retrouver ! La route regrimpe ensuite en serpentant dans les montagnes. Je suis même surpris de la longueur de l’ascension. Elle atteint 1400 mètres d’altitude environ. Comme je suis complètement déshydraté, les cinq derniers kilomètres me paraissent interminables. J’atteins Kiewkacham, alors que la nuit commence à tomber. Immédiatement, je soupe à la terrasse du restaurant Duang Vichit pour me requinquer. Je m’installe dans une chambre minable à l'arrière, avec salle de bain commune à la propreté douteuse. Aujourd’hui, j’ai gravi plus de 1700 mètres de dénivelé positif. La fatigue ne tarde pas à me faire tomber de sommeil !

 

2.-Les-montagnes-dans-la-brume-vers-Kiewkacham.jpg

 

 

Lundi 28 février : Kiewkacham - Sources chaudes de Namkene (77,6 km)

 

1.-Le-cycliste-au-sommet-du-col-a-Phoukhoun.jpg 2.-Les-montagnes-embrumees-apres-Phounkhoun.jpg

 

Avant de démarrer l’étape, je démonte la fourche du vélo. Depuis quelques jours, j’ai du jeu dans la direction. Dès le départ, la route chute agréablement d’un bon 500 mètres. Malgré un ciel plus nuageux que la veille, la chaleur devient vite étouffante. Je regrimpe ensuite péniblement jusqu’à une altitude de plus de 1300 mètres. En effet, mes jambes ne tournent pas rond aujourd’hui ! J’ai bien du mal à trouver un rythme de pédalage ! A midi, je mange ma soupe quotidienne dans une petite gargote de Phakengnoi. La tenancière me sert un grand verre d’eau rosâtre. La couleur est obtenue en faisant bouillir le liquide avec des racines. Comme un peu partout au Laos, elle verse le bouillon et les nouilles dans de petits sacs plastiques pour les villageois. Pas vraiment appétissant ! Mon parcours fait ensuite le yoyo sur les crêtes des montagnes environnantes. En chemin, je croise deux couples de Canadiens à vélo, qui connaissent mon prénom. Décidemment, je commence à devenir une vraie célébrité au Laos ! Après Phoukhoun, la route descend vertigineusement en bordure du précipice durant une quinzaine de kilomètres. Malgré la brume de chaleur, le paysage est époustouflant. Les silhouettes des montagnes escarpées se dessinent à l’horizon. La petite vallée verdoyante est également envahie de nombreux roseaux aux fleurs blanches en forme de plumeau. En bas de la descente, une courte côte à 10 % me casse les jambes. Dur, dur en fin de journée ! J’atteins ainsi les sources chaudes naturelles de Namkene. Je retrouve finalement Mireille et Gilles, deux jours après s’être quittés à Louang Prabang. Nous plongeons rapidement dans l’eau, une bière laotienne à la main. Après ce moment de détente mérité, nous soupons dans un resto routier à proximité. La propriétaire loue des petits chalets en bois, surplombant le bassin alimenté par la source. L’endroit est vraiment idyllique !

 

3.-Roseaux-devant-les-montagnes-a-proximite-des-sources-c.jpg

 

 

Mardi 1er mars : Sources chaudes de Namkene - Vang Vieng (82 km)

 

1.-Les-pitons-karstiques-aux-sources-chaudes.jpg

 

Nous quittons les lieux plus tard que prévu ! En effet, le vélo de Mireille acheté à Louang Prabang n’arrête pas de dérailler. La chaleur matinale promet encore des températures bien élevées. Par contre, la route est beaucoup moins accidentée que les deux journées précédentes. Elle oscille dans un somptueux paysage de hauts pitons rocheux karstiques. Il est vraiment agréable de pédaler en compagnie de Mireille et Gilles, après ces deux jours passés seul. Les kilomètres semblent ainsi défiler plus vite ! Après une courte et facile montée, la route plonge vers le village de Somsavat coincé entre les montagnes. Nous y faisons halte pour casser la graine. Comme la température frôle les 40 °C, la reprise est assez laborieuse. Fort heureusement, l’itinéraire reste relativement plat jusque Vang Vieng. Notre vitesse moyenne augmente alors considérablement. Il n’est pas encore 16 h, lorsque nous arrivons à destination. La ville est trop touristique à mon goût. Il y a un nombre incroyable de pensions et de restaurants. Les rues sont également envahies par un flot d’étrangers, venus de tous les coins du globe. Au vu de leur comportement, certains ont dû consommer des drogues hallucinogènes. Tandis que d'autres sont entassés dans les bars pour regarder bêtement des séries américaines. Les tarifs appliqués sont également revus à la hausse par rapport au reste du pays. Nous nous installons dans la petite ghesthouse Amphone, à proximité du centre. Le bâtiment est également peuplé par quelques lézards. Nous soupons ensuite à deux pas, dans un petit restaurant de la rue commerçante. La portion de riz est vraiment insuffisante pour me rassasier. Il me faut revenir quelques minutes plus tard pour m’enfiler un sandwich. Après tous ces efforts, je suis complètement affamé !

 

2.-Les-buffles-dans-une-mare-de-boue.jpg

 

 

Mercredi 2 mars : Vang Vieng - Phonhong (89,9 km)

 

Les-celebres-bonbons-ZIZI.jpg

 

Beaucoup plus matinale, Mireille part en avant. Gilles et moi traînaillons un peu plus pour s’élancer. Il faut reconnaître que Vang Vieng n’est pas une ville qui me laissera un souvenir impérissable ! Sur le bord de la chaussée, quelques écrivains publics attendent le client. Désormais, la route quitte progressivement les montagnes karstiques. Elle reste cependant légèrement vallonnée le long de la rivière Nam Song. Contrairement aux jours précédents, le ciel est bien nuageux. D’ailleurs quelques gouttes de pluie finissent par tomber à la sortie de la bourgade d’Houay Pamon. Comme au Vietnam, de nombreux commerces sont regroupés aux intersections des routes. Nous finissons par rattraper Mireille, discutant en bordure de route avec la sympathique famille Rurus. Christelle, Nicolas et leurs trois enfants voyagent à travers le mondedurant une bonne année. L’un pédale sur un vélo classique avec une grosse remorque, l’autre sur un tandem Pino (c’est à dire couché à l’avant !). En ce début d’après-midi, le soleil finit par percer la couche nuageuse. Sur certaines portions, le goudron fond même sous la chaleur. Quelques kilomètres plus loin, nous mangeons une soupe au petit village de Pak Vang pour se caler l‘estomac. L’itinéraire en direction du Sud n’est pas bien difficile. Il s’aplanit au fil des kilomètres à l’approche de Phonhong. Le paysage devient alors plus agricole, avec de vastes rizières verdoyantes. La ville est peuplée en majorité de hmong, la même ethnie qu’au Vietnam. Seuls les costumes traditionnels ont disparu ! Phonhong se résume à une rue centrale bordée de commerces. Nous négocions un prix à l’unique pension Toukta. Puis, nous soupons copieusement dans un petit restaurant tout proche. Nous trouvons même le luxe de nous goinfrer avec de la crème glacée. Un peu de délice ne fait pas de mal !

 

 

 Jeudi 3 mars : Phonhong - Vientiane (89,6 km)

 

Laotienne-bercant-son-enfant.jpg

 

La nuit ne fut vraiment pas réparatrice, je suis encore extrêmement fatigué. Fort heureusement, le parcours n’est pas bien difficile. En effet, la route reste plate jusque Vientiane, sur une soixante-dizaine de kilomètres. Elle traverse de nombreux villages sans intérêt, entourés de vastes rizières. Nous démarrons l’étape relativement tôt, afin d’arriver en début d’après-midi dans la capitale laotienne. A nouveau, la chaleur devient rapidement écrasante. Je reste intercalé dans la roue de Gilles qui assure un bon rythme de pédalage. La circulation s’intensifie à mesure de notre avancée. Les villages prennent des noms avec des chiffres, correspondant au kilométrage les séparant de la capitale. Nous mangeons à l’ombre d’une petite gargote à une dizaine de kilomètres de notre but. A Vientiane, nous dégotons rapidement une pension bon marché à proximité du centre. Il est à peine 14 h ! Je pars immédiatement à l’ambassade de Thaïlande, pour tenter d’obtenir un visa de deux mois. Pas de bol, l’adresse indiquée sur le guide n’est pas exacte. Du coup à force de tourner en rond, le bâtiment est fermé lorsque j’arrive devant les grilles. Puis, vient la suite de l’épisode du fameux colis ! Une dame du guichet de la poste centrale m’aiguille vers le dépôt DHL, situé un peu à l’écart du centre-ville. Finalement, je récupère mon nouvel appareil photo sain et sauf. Ouf ! De plus, je suis agréablement surpris de ne pas payer de frais de dédouanement. Un grand merci à mes parents et à ma frangine pour s’être occupés des différentes démarches d’acheminement ! Je rejoins alors Mireille et Gilles pour souper dans un petit restaurant laotien à proximité de notre ghesthouse KPP. C’est la dernière soirée que nous passons ensemble, car ils rejoignent Bangkok en train demain.

 

 

Vendredi 4 mars : Vientiane

 

Mireille--Gilles-et-moi-a-Vientiane.jpg

 

Encore une mauvaise nuit ! Mon matelas est infesté de petits insectes rampants qui ressemblent à des punaises. Il est vrai que la propreté de la chambre laisse vraiment à désirer ! Après réflexion, je décide de faire une demande de visa thaïlandais plus tard dans la capitale cambodgienne, plutôt qu’à Vientiane. En effet à cause du week-end, il me faudrait attendre lundi après-midi pour l’obtenir. Comme mon visa laotien expire le 15 mars, je gagne ainsi trois jours précieux pour quitter le pays. Au petit matin, je pars déjeuner avec Gilles au bord du Mékong. Le quartier n’a rien de bien intéressant. Tout est fait pour satisfaire le touriste de passage ! Pensions et restaurants se succèdent dans les rues. Du coup, le coin a perdu toute son authenticité. Vientiane est aussi le départ de la Banana Pancake Road ! Les autochtones ont ainsi surnommée la route du Nord, à cause des nombreux falang (étrangers) qui la fréquentent. Aussi, je m’accorde une journée de repos dans la capitale. Je flemmarde toute la matinée, car la chaleur ne donne vraiment pas envie de bouger ! Puis, j’accompagne Mireille et Gilles dans une gargote typique laotienne pour dîner. Un taxi passe ensuite les prendre dans le milieu de l’après-midi. Leur voyage s’achève ainsi ! Cela a été un plaisir de pédaler ensemble durant ces derniers jours ! J’occupe ensuite ma soirée sur internet à la recherche d‘informations. Puis, je soupe dans la rue du pad thaï, un plat thaïlandais à base de soja et de nouilles. Je retrouve ensuite mon lit crasseux pour la nuit. Pas sûr que je puisse dormir correctement avec toutes ces bestioles qui grouillent sous les draps !

 

 

Samedi 5 mars : Vientiane - Naxon (74,4 km)

 

1.-Les-bouddhas-du-temple-Vat-Si-Saket.jpg

 

Tôt le matin, je déjeune «à la française» sur une table devant la pension. Je pars ensuite à vélo à la découverte des principaux monuments de Vientiane. La porte du Patuxai se situe devant un parc fleuri, au milieu d’une grande avenue. Un peu comme l’Arc de Triomphe à Paris ! Plus loin, le magnifique stupa de Pha That Luang se dresse entre deux temples. Les nombreuses flèches dorées resplendissent sous le soleil. Il est protégé par un cloître aux murs épais, percés de minuscules fenêtres. Je rejoins ensuite le centre-ville en jetant un coup d’œil au marché Talat Sao, ainsi qu'au plus ancien stupa de Vientiane, le That Dam. Au temple de Vat Si Saket, les murs intérieurs du cloître sont criblés de milliers de petites niches renfermant des statuettes bouddhiques de toutes sortes. Par contre, l’ensemble a besoin d’un gros coup de rénovation ! A proximité, le grand temple royal d’Haw Pha Kaeo est ornementé de sculptures lao. De nombreux bouddhas assis ou debout entourent l’édifice. Je longe ensuite le fleuve Mékong pour rejoindre le quartier des temples. L’entrée du Vat Mixai est gardée par deux géants assez effrayants. Plus loin, le Vat Ong Teu Mahawihan possède une jolie façade en bois. Il renferme un immense bouddha en bronze. En face, le Vat Hai Sok a une toiture sur cinq étages. Enfin, le Vat In Paeng est ornementé de splendides reliefs colorés. Je mange ensuite dans un petit restaurant, à proximité de la guesthouse. Il est déjà 15 h, lorsque je déguerpis avec le vélo chargé. Je découvre en chemin un dernier temple. Le Vat Si Muang est le plus fréquenté de Vientiane. Il renferme un pilier doré sacré, ainsi qu’une vieille statue usée bouddhique qui permet d’exaucer les vœux. A la sortie de la ville, la route devient vite surchargée de véhicules. Un gros 4 x 4 me coupe carrément la priorité. Ma roue avant touche même sa portière. Tant pis pour sa peinture ! La nationale pour rejoindre le Sud du Laos est désormais complètement plate. Elle longe à distance le Mékong, traversant de nombreux villages sans intérêt. Le parcours est par conséquent bien monotone. Après une cinquantaine de kilomètres, je stoppe dans une sympathique gargote de Naxon pour souper. A l'intérieur, quelques clients semblent bien éméchés. Les parages sont complètement enfumés à cause de l’exploitation du bois pour une usine de tapioca. Il fait nuit noire lorsque j’installe la tente dans un grand champ, en lisière d’une petite forêt. Le coin est infesté de petites fourmis noires qui pénètrent dans la tente par la moindre ouverture. De drôles de cris d’animaux accompagnent le bourdonnement des insectes qui entourent le bivouac. Ambiance tropicale !

 

2.-Le-cycliste-devant-le-stupa-Pha-That-Luang-a-Vientiane.jpg

 

 

Dimanche 6 mars : Naxon - Pakkadan (125,4 km)

 

Les fourmis ont réussi à s’introduire dans une de mes sacoches. Il y en a partout ! Elles se déplacent en file indienne pour transporter une grosse araignée morte. C’est vraiment fascinant ! Hier soir dans l’obscurité, j’ai malencontreusement planté la tente à côté de leur fourmilière souterraine. Je pars une heure plus tard que mes prévisions, car il me faut vider complètement le sac pour dégager les petites bestioles envahissantes. Complètement plate, la route suit lointainement le cours du Mékong. Seules quelques rares approches permettent d’entrapercevoir la Thaïlande sur l’autre rive du fleuve légendaire. Une nouvelle fois, le parcours est assez rébarbatif. Champs et forêts alternent le long de mon itinéraire. Je pédale ainsi machinalement le nez dans le guidon. Après plus de 70 km, je m’arrête dans un petit magasin de Gnoy Hai pour me nourrir de chips et de bières. Un vrai américain ! En ce début d’après-midi, la température atteint les 45 °C. Autant dire que je ne suis pas pressé pour me relancer ! Le paysage reste quasiment identique au fil des kilomètres. La chaleur devenant insupportable, je fais une longue pause dans la petite ville de Paksan. En début de soirée, je poursuis mon parcours jusqu‘au village de Pakkadan. Les propriétaires d’un boui-boui rallument le feu pour me préparer à souper. Sympa ! Un peu plus loin, je plante la tente dans l’obscurité sur de la paille étendue dans un champ. Epuisé, je m’endors rapidement complètement habillé.

 

Coucher-de-soleil-sur-la-route-de-Pakkadan.jpg

 

 

Lundi 7 mars : Pakkadan - Laokha (100,2 km)

 

La-riviere-Nam-Kadding.jpg

 

Le ciel est bien nuageux aujourd’hui. Je décampe rapidement sur la même nationale 13. Elle traverse encore et toujours de nombreuses forêts, entrecoupées de cultures céréalières. Comme souvent, il y a un nombre incroyable de détritus sur les bas-côtés de la chaussée. Dans la grosse bourgade de Pakkading, je déjeune avec quelques galettes de riz soufflé et du lait de soja. Pas mauvais du tout ! La silhouette de la cordillère Annamitique commence à se dessiner à l’horizon. La route s’écarte du Mékong, pour s‘enfoncer un peu plus dans les terres. Elle devient alors légèrement plus vallonnée. Les petites montagnes sont envahies d’une dense végétation tropicale. La température est également plus agréable pour rouler. Par contre vers 11h, un vent de face se lève ! Du coup, il anéantit mes espoirs de rejoindre Savannakhet en deux étapes de 150 km. Je ralentis alors ma cadence de pédalage pour éviter l‘épuisement. Au village de Thongnamy, je mange rapidement ma soupe quotidienne. De toute façon, il n’y a rien d’autre à se mettre sous la dent ! La suite du parcours n’a vraiment rien de bien passionnant. En effet, le paysage ne varie pas beaucoup. Aussi, les conducteurs de bus roulent comme des tarés. Ils traversent les localités sans même ralentir. En fin d’après-midi, j’atteins le village poussiéreux de Laokha. Je m’arrête dans un petit restaurant pour boire quelques bières et manger un morceau. Le propriétaire me regarde fixement bouffer ma soupe. La situation est quand même assez gênante ! J’effectue encore plusieurs kilomètres dans le noir, pour planter la tente en bordure d’un sentier terreux.

 

 

Mardi 8 mars : Laokha - Bang Hiang  (101,2 km)

 

1.-Les-musiciens-laotiens-dans-la-camionnette.jpg 2.-Les-maisons-coloniales-de-Tha-Khaek.jpg

 

Après les fourmis, ce sont les termites qui ont envahi le auvent de la tente. Les bébêtes ont même commencé à manger mon bandanas et mon tapis de sol. Des chiens rôdent également autour du bivouac. Ils bouffent vraiment n’importe quoi, jusqu’à mes excréments de la veille ! Ecœurant ! A peine démarré, une grosse averse me tombe dessus. Je stoppe rapidement à Phon Soung pour attendre une légère accalmie. J’en profite également pour manger un morceau. Une odeur nauséabonde de plastique cramé flotte dans l’air. Comme souvent, les villageois brûlent leurs déchets sur le bord de la chaussée. C’est pourquoi je ne m’attarde pas trop dans le coin ! Le ciel gris accentue un peu plus le paysage de désolation occasionné par le déboisement. En chemin, une camionnette me dépasse avec dans la benne un groupe de musiciens jouant des airs traditionnels laotiens. Sous la pluie, la scène est complètement irréaliste ! Après une bonne cinquantaine de kilomètres, je m‘arrête dans un simple restaurant de Chout Song. La propriétaire me fait payer plein pot le maigre repas. Pas franchement honnête ! Du coup, je poursuis mon itinéraire, très agacé. La pluie a enfin cessé, mais un léger vent de face s’est levé. Quelle poisse ! Je bifurque ensuite pour jeter un coup d’œil à la petite ville de Tha Khaek. De nombreuses maisons coloniales peu entretenues sont bâties autour de la place de la Fontaine. Puis, je longe le Mékong, afin de découvrir le temple Pha That Sikhottabong situé quelques kilomètres plus au Sud. Il possède un stupa géant vénéré par les fidèles. Le sanctuaire central, appelé sim, renferme également un impressionnant bouddha doré. Comme souvent, le vélo chargé ne passe pas inaperçu. Quelques personnes intriguées tentent de discuter avec moi. Le ciel étant bien menaçant, j’hésite à revenir sur mes pas pour louer une chambre sur Tha Khaek. D’autant plus qu’on m’annonce une pluie diluvienne sur Vientiane ! Après réflexion, je prends le risque de poursuivre le long du Mékong. Quelques kilomètres plus loin, je repère un endroit pour bivouaquer au bord du fleuve, juste après Bang Hiang. Je rejoins le centre du petit village, pour souper dans une gargote tenue par une charmante famille. Apparemment, le ciel semble plus dégagé. J’espère avoir de la chance cette nuit !

 

3.-Le-stupa-de-Pha-That-Sikhottabong.jpg

 

  

Mercredi 9 mars : Bang Hiang - Savannakhet (107,7 km)

 

1.-Barques-inondees-sur-le-Mekong.jpg

 

Je décampe rapidement pour arriver au plus tôt à Savannakhet. La route continue à longer platement le Mékong. Les villages se succèdent inexorablement les uns après les autres. De nombreux habitants partent travailler dans les champs, ou pêcher sur le fleuve. Après une bonne vingtaine de kilomètres, je stoppe à Nong Bok pour déjeuner avec quelques maigres biscuits. Les commerces ne proposent pas grand-chose. Par contre, on trouve de la soupe à tous les coins de rues ! C’est à croire que les Laotiens ne se nourrissent qu’avec cela ! Pour un cycliste, ce n’est pourtant pas bien nourrissant ! Le soleil réussit enfin à percer la couche nuageuse qui persiste depuis ce matin. Aussi, j’ai bien du mal à identifier les villages, car tous les panneaux de signalisation sont écrits en lao. Tout à coup, un gars en scooter se met à ma hauteur pour discuter. Sammy m’accompagne durant une bonne dizaine de kilomètres. Il finit même par m’offrir gentiment à boire. Après le pont sur la rivière Se Noi, la route se transforme en piste caillouteuse. Elle reste roulante, mais les véhicules soulèvent de gros nuages de poussière rouge. J’atteins ainsi facilement la bourgade de Saibuli. J'en profite pour casser la graine rapidement à l’ombre d’une petite échoppe. Puis, le bitume refait enfin son apparition sur la route de Savannakhet. Je fournis alors un rythme plus soutenu jusque l’ancienne ville coloniale. En chemin, un groupe de personnes me stoppe pour m’épingler une fleur sur l’épaule. Je dois ensuite piocher un bout de papier dans un panier en osier. Comme c’est écrit en laotien, je n’y comprends pas grand-chose ! Apparemment, c'est en rapport avec la journée internationale de la femme. A Savannakhet, je visite immédiatement le large temple Vat Sainyaphum richement décoré. Dans les rues du centre, les bâtiments modernes se mêlent aux anciennes demeures françaises. Je m’attable ensuite en bordure du Mékong pour me désaltérer avec de la bière. Plusieurs personnes jouent à la petang (pétanque en laotien) à proximité. Un peu plus au Sud, je trouve à loger dans la ghesthouse Saisouk pour une somme modique. Après toutes ces nuits à la sauvage, une bonne douche s’impose ! Même s’il n’y a pas d’eau chaude ! Je retourne ensuite au bord du fleuve pour souper sur le trottoir. Un petit brasero alimente une sorte de soupe de légumes et de nouilles. Il faut alors tremper les œufs, les morceaux de bœuf et de poissons pour les cuire dans le bouillon. En somme, un plat typiquement asiatique !

 

2.-Mon-velo-sur-la-piste-de-Saibuli.jpg

 

 

Jeudi 10 mars : Savannakhet - Houay Peain (124,3 km)

 

Le-marche-flottant-de-Savannakhet.jpg

 

Ma nuit a été une nouvelle fois perturbée par les piqûres des moustiques. Je pars déjeuner en ville, car le consulat de Thaïlande n’ouvre qu’à 9 h. Au guichet, on m’apprend qu’il faut deux jours ouvrés pour obtenir le fameux visa de deux mois. Ce qui ne m’arrange pas vraiment ! Celui du Laos expire dans cinq jours, et il me reste encore pas mal de kilomètres jusque la frontière cambodgienne. En fait, mon itinéraire initial est complètement modifié, car un nouveau projet me trotte dans la tête. Je le dévoilerai dans les prochaines semaines s’il venait à se concrétiser ! Pour gagner un peu de temps, je ne retournerai donc pas au Vietnam. De plus, la route N° 1 est bien trop dangereuse pour les cyclistes. Tant pis pour les villes d’Hué et de Saigon ! Pour l’heure, j’espère rejoindre Pakse en deux longues étapes. Avant de démarrer, je jette un coup d’œil rapide au large temple Vat Rattanalangsi. Il est déjà plus de 10 h, lorsque je m’élance sous le cagnard. Dès le départ, un vent violent souffle de pleine face. Ma vitesse est par conséquent fortement réduite. Ce qui me casse rapidement le moral ! La route s’écarte du Mékong pour traverser forêts et champs. Je retrouve alors la petite nationale 13 dans la bourgade de Lak 35. Je profite d’une petite boutique pour marquer une pause. La propriétaire, qui fait la sieste, ouvre à peine un œil. Elle appelle sa fille pour me servir. Puis, elle se rendort sans avoir bougé le petit doigt. Difficile la vie de commerçante au Laos ! Par chance, le vent s’est un peu calmé. Je peux ainsi rouler plus sereinement. Par contre, les bornes s’affolent ! Elles prennent d’un coup plus d’une vingtaine de kilomètres ! Fort heureusement, ce ne sont que des erreurs de marquage ! De nombreux animaux domestiques errent dans les rues des villages traversés. Les chiens me courent après, tandis que les vaches au beau milieu de la chaussée ne se soucient guère des véhicules. Je pédale alors jusque la tombée de la nuit pour atteindre Houay Peain. Puis, je mange une soupe bien garnie dans la seule gargote du village. Je plante ensuite discrètement la tente à la lisière d’une petite forêt aérée. Il me reste encore environ 130 km pour Pakse, cela semble jouable pour demain !

 

 

Vendredi 11 mars : Houay Peain - Pakse (141,6 km)

 

1.-Le-bivouac-au-lever-du-soleil.jpg

 

Je décampe très rapidement, pour tenter de rejoindre la petite ville de Pakse avant la tombée de la nuit. La longue étape ne présente cependant pas de difficulté majeure. La route reste plate le long du parcours. Il me faut cependant une bonne dizaine de kilomètres, avant de trouver mon rythme de «croisière». Les villages se succèdent le long de la petite nationale. Les locaux m’interpellent sans arrêt. Même si c’est bien souvent amical, cela finit par devenir lassant ! Ils se pressent sur le bord de la chaussée, juste pour me crier «hello ou sabbai-dii !» C’est à croire qu’ils n’ont que cela à faire de la journée ! Un gamin à vélo tombe même dans le fossé, en tentant de me rattraper. Fort heureusement, pas de bobo ! Comme de nombreux habitants ne savent ni lire, ni écrire, quelques pancartes expliquent les méfaits de la drogue grâce à de naïfs dessins. La route s’intercale ensuite entre les petits massifs montagneux de Ban Nuan et Phu Xieng Thong. Je grignote rapidement au village d’Huay Xao, en compagnie d’autochtones bien bruyants. Moi qui recherchais un peu de calme, c’est plutôt raté ! Puis en tirant une photo sur un pont, mes notes tombent au beau milieu de la rivière. Je pense les avoir perdues définitivement, lorsqu‘une fille m’apporte le papier bien gentiment. Aussi, la chaleur de l’après-midi est à la limite du supportable. Le soleil tape méchamment sur ma pauvre carcasse de cycliste. De nombreux villageois en profitent pour faire sécher du manioc au bord de la route. A une quinzaine de kilomètres de mon but, je discute en anglais avec un petit vieux, tout en m’enfilant quelques bières. Un vrai moulin à paroles ! Il tente même de me marier avec sa belle-sœur ! Forcément, l’heure tourne et le soleil commence à disparaître sous l’horizon. Une nouvelle fois, j’arrive à destination dans le noir. A l’approche de Pakse, la nationale est heureusement éclairée ! Je cherche rapidement à loger au centre-ville, dans une ghesthouse pas trop onéreuse. Je suis complètement exténué. Sport, chaleur et bières ne font pas bon ménage ! Du coup, je n’ai vraiment plus envie de bouger. Je me traîne alors jusqu’au petit restaurant jouxtant mon logement. Je m’effondre ensuite sur mon lit pour un dodo réparateur. Du moins, je l’espère !

 

2.-Paillote-sur-la-route-de-Pakse.jpg

 

  

Samedi 12 mars : Pakse - Maessang (84,1 km)

 

Vendeuse-a-l-etalage-sur-le-bord-de-la-route.jpg

 

Je m’accorde une grasse matinée, après ces longues distances parcourues durant ces derniers jours. Aujourd’hui, j’ai les jambes en compote ! Pendant le déjeuner, je retrouve un couple de motards anglais rencontré la veille. Je pars ensuite à la découverte de Pakse. La ville n’est pas très attrayante. Du coup, je ne compte pas traîner dans le coin ! De nombreuses affiches publicitaires présentent le billet de 50 000 kips, qui correspond à la monnaie la plus élevée du Laos. C’est-à-dire à peine 5 euros ! Je démarre tardivement sous le coup de midi, juste après avoir mangé. La route reste assez ennuyeuse. Il n’y a vraiment pas grand-chose à se mettre sous la dent ! Seul le temple khmer de Champasak mérite le détour. Il est situé sur l’autre rive du Mékong, à une quinzaine de kilomètres de mon parcours. Cependant, mes jours au Laos sont désormais comptés. De plus, j’ai grandement besoin d’une journée de repos sur l’île de Don Khong. Après réflexion, je me rends quand même à l’embarcadère pour tenter le coup. Malheureusement, le bateau est amarré sur l’autre rive. A cause de l’heure avancée, il devient quasi-impossible de visiter le site aujourd’hui. Tant pis, j’abandonne ! Il m’aura manqué juste une à deux journées ! Encore merci à DHL ! Je fais alors demi-tour pour rejoindre ma fameuse nationale 13. Je pédale longuement de manière à écourter au maximum l’étape de demain. Cependant, la chaleur m’oblige à m’arrêter fréquemment. La température flirte quand même avec les 45 °C ! Puis, je sympathise avec le propriétaire d’une petite gargote, qui s’intéresse à mon aventure. Il m’offre même des morceaux de pastèque. Je poursuis ensuite mon chemin jusque Maessang. Des festivités sont prévues autour de la rue principale pour le week-end. Je dois cependant faire plusieurs établissements pour que l’on daigne me servir une simple soupe. C’est quand même incroyable, je suis normalement censé pouvoir manger dans un restaurant ! Au lieu de cela, tout en esquissant bêtement un large sourire, on me propose n’importe quoi, mais pas de repas ! Je plante ensuite la tente derrière un bosquet d‘arbustes, juste à la sortie du village. La musique assourdissante d’un orchestre parvient à mes oreilles jusque tard dans la nuit.

 

 

Dimanche 13 mars : Maessang - Muang Khong (76,2 km)

 

Mon-velo-sur-l-embarcadere-pour-l-ile-Don-Khong.jpg

 

Je démarre l’étape journalière dès l’aube, de manière à profiter d’une après-midi supplémentaire de repos sur l’île de Don Khong. Pas de bol, le vent souffle de face ! La route traverse un paysage complètement ravagé. Les forêts ont été volontairement incendiées pour préparer le sol aux cultures sur brûlis. La population locale est en train de détruire l’une des fabuleuses richesses du Laos. Pauvre nature ! Après une soixantaine de kilomètres, je bifurque vers l’embarcadère d’Hat Xai Khun. On me propose de franchir le Mékong pour l’île de Don Khong sur de frêles pirogues à moteur. Peu rassuré pour mon vélo, je préfère poursuivre mon chemin jusqu’au bac, situé quelques kilomètres plus loin. En effet, Tornado n’a pas encore appris à nager ! Les passeurs tentent de m’arnaquer, en me proposant un tarif prohibitif. Finalement à quelques dizaines de mètres, un gars me fait traverser pour moitié prix sur une sorte de petit catamaran en bois. Je pédale ensuite tranquillement jusqu’au village de Muang Khong. L’île est super calme ! Il n’y a quasiment pas de circulation, un vrai havre de paix ! Quelques minuscules îlots verdoyants parsèment les eaux claires du fleuve. Je m’installe dans une confortable chambre de la pension Souk Sabay. Je rencontre ensuite Chloé et Mathieu, un couple de jeunes Bruxellois bien sympathique. Nous passons la soirée ensemble en compagnie d‘un autre Français. Demain, je compte bien flemmarder sur l’île !

 

 

Lundi 14 mars : Balade sur l’île de Don Khong (41,9 km)

 

1.-La-foret-tropicale-a-la-grotte-Tham-Phu-Khiaw.jpg 2.-Les-rizieres-sur-l-ile.jpg

 

J’occupe ma matinée à diverses taches peu passionnantes : lessive, classement des photos, alimentation du blog... Comme je ne peux rester inactif trop longtemps, je pars sillonner le coin à vélo en début d’après-midi, juste après avoir mangé. Au Nord du village principal de Muang Khong, le temple Vat Jom Thong est le plus ancien de l’île. Peu intéressant et complètement délabré, il possède cependant de jolis volets sculptés. Un peu plus loin, j’abandonne Tornado pour emprunter un sentier pédestre qui grimpe jusque la grotte Tam Phu Khiaw, à travers la forêt tropicale. L’endroit est assez décevant. Seules deux petites statuettes de Bouddha sont nichées dans une sorte de faille rocheuse. Je poursuis ensuite mon chemin jusque la pointe Nord. De nombreux buffles se rafraîchissent dans les eaux du Mékong. En effet, il fait encore très chaud aujourd’hui ! De basses collines à la végétation luxuriante occupent le centre de l‘île, tandis que la partie Ouest est parsemée de rizières verdoyantes complètement inondées. Cela change des plantations et des cultures complètement brûlées des derniers jours ! L’air est par endroits complètement saturé d’humidité. Les villageois font également sécher des feuilles de tabac entre les piliers de soutènement de leur maison en bois. La route restant plate, j’atteins sans peine le village de Muang Saen. Je me désaltère avec de la bière, lorsque je me rends compte ne pas avoir les clés de la chambre. Du coup, je pédale à grande allure sur la route traversant l’île jusque Muang Khong. Je suis quand même rassuré de constater que la porte de la chambre est fermée. Les clés sont restées malencontreusement à l’intérieur. Dans la soirée, je soupe à la terrasse de la ghesthouse qui surplombe le Mékong. Les lampes attirent un nombre incroyable d’insectes volants. Finalement, je tombe comme une masse sur mon lit. J’ai peut-être un peu trop forcé sur la bibine ce soir ! Demain, je quitte le Laos pour le Cambodge.

 

3.-Barques-en-contre-jour-sur-le-Mekong.jpg

Partager cet article
Repost0
14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 19:09
Mardi 15 mars 2011: Muang Khong - Dong Gralau (Cambodge) (56,5 km)
 

1.-Les-chutes-de-Khon-Phapheng.jpg 2.-Mon-velo-a-la-fontiere-lao-cambodgienne.jpg

 

A nouveau, je traînaille toute la matinée. Une journée de repos supplémentaire n’aurait pas été de trop ! Seulement, mon visa expire aujourd’hui ! Il est quand même déjà 13 h, lorsque je démarre l’étape. Au Sud de l’île, le village d’Huay possède un ancien temple assez délabré. Je rejoins ensuite l’embarcadère pour traverser le Mékong. Les tarifs sont vraiment aléatoires. Le passeur a l’air de se contenter du billet de 10 000 kips que je lui tends. C’est-à-dire la moitié par rapport à l’aller ! La chaleur ne motive vraiment pas à pédaler. De plus, la route reste toujours aussi monotone. Au village de Thakho, j’emprunte une courte piste pour me rendre aux cascades de Khon Phapheng. Un gars m’interpelle pour me faire payer l’accès. Je refuse catégoriquement de sortir le moindre kip. De toute façon, il ne m’en reste plus assez ! Je lui fait comprendre mon mécontentement, lui expliquant les difficultés de se déplacer à vélo. Je commence à faire demi-tour, lorsque le gaillard m’appelle pour me laisser passer gratuitement. Les chutes sont assez impressionnantes. L’eau du Mékong se précipite sur les rochers en formant de puissants rapides. Je poursuis ensuite la dizaine de kilomètres qui me séparent du Cambodge. Les deux postes-frontières sont en rénovation. En effet, je suis accueilli dans des bâtiments assez délabrés. Côté laotien, on me taxe deux dollars de plus, prétextant l’heure avancée. Le visa cambodgien n’est qu’une simple formalité. Par contre, le douanier n’hésite pas à me réclamer également un dollar supplémentaire. Pas franchement légales toutes ces démarches ! Je discute un moment avec Eric, un jeune Français qui voyage à travers le monde depuis plusieurs années. Puis, je donne mes premiers coups de pédale au Cambodge. Les forêts au bord de la chaussée ont été récemment incendiées. D’ailleurs, de nombreux foyers sont encore allumés. Les fumées de combustion irritent fortement les yeux. Elles dégagent de surcroît une odeur bien désagréable. Comme je ne tiens pas à planter la tente dans les cendres, je rejoins le minuscule village de Dong Gralau pour trouver à loger. L’unique hôtel de la Green Sea Agriculture Office vient d’être fraichement ouvert. Par contre, le prix est un peu trop élevé pour ma bourse ! De plus, le gérant ne veut rien lâcher ! A cause de la tombée de la nuit, je finis quand même par m’installer dans la luxueuse chambre. Je mange ensuite dans une petite gargote à proximité, après avoir essuyé plusieurs refus dans d‘autres établissements.

 

 

Mercredi 16 mars : Don Gralau - Chralang (86,5 km)

 

Les-forets-calcinees-le-long-de-la-route.JPG

 

Je déjeune dans un petit commerce du village avant de m’élancer. Le paysage reste semblable à celui de la veille. Les forêts sont brûlées sur une bonne centaine de mètres de chaque côté de la chaussée. La route plate suit lointainement le cours du Mékong jusque la petite ville de Stung Treng. Cette dernière est située au confluent du fleuve et de la rivière Tonlé San. Le centre renferme un marché trépidant avec de nombreuses échoppes. Pour trouver le calme, je préfère m’installer en terrasse d’une pension sur les berges du cours d’eau. La chaleur étouffante ne donne vraiment pas envie de repartir. C‘est pourquoi je flemmarde un long moment avant de manger. En début d’après-midi, le ciel se couvre de nuages gris menaçants. Le vent souffle également beaucoup plus violemment. Et bien sûr, je l’ai en pleine poire ! J’emprunte alors une petite route secondaire délabrée pour sortir de Stung Treng. Il faut bien reconnaître que je ne suis plus certain d’être sur le bon chemin ! Après une courte distance, elle finit quand même par rejoindre la nationale principale. Avec les kilomètres accumulés, le vent contraire m’épuise rapidement. Mon moral en prend d’ailleurs un sacré coup ! Il y a des jours où l’on a vraiment envie de tout arrêter ! Je fais alors régulièrement des pauses pour me remotiver. J’avance ainsi péniblement, pestant contre cette météo qui s’acharne sur moi. De plus, quelques chiens me coursent dans les villages traversés. Ras le bol ! Il est à peine 17 h 30lorsque je m’enfonce dans un sentier juste après Chralang, pour planter la tente derrière un talus. Les alentours sont à nouveau noirs de cendres, mais une petite parcelle pour le bivouac n’est pas calcinée. Je prépare à souper avec quelques maigres restes, avant de tomber rapidement de sommeil. J’espère une meilleure journée pour demain !

 

 

Jeudi 17 mars : Chralang - Kratie (113,1 km)

 

1.-Moine-bouddhiste-sur-la-route.jpg

 

A 4 h 30, deux voitures se garent juste à côté du bivouac. Je reste sur mes gardes, mais apparemment les conducteurs n’ont pas de mauvaises intentions. Bien au contraire, ils semblent se reposer dans leurs véhicules. D’autres individus, habillés de guenilles, attendent que je démonte la tente pour mettre le feu au coin. C‘est complètement fou de vouloir tout brûler ! Durant de nombreux kilomètres, la route traverse des forêts calcinées. Le ciel grisâtre matinal accentue un peu plus la désolation du paysage. D'un coup, le vent qui se lève dissipe l’épaisse couche nuageuse. Il ramène ensuite de petits cumulus blancs moutonneux, qui contrastent joliment sur le fond bleu. Je mange juste à la sortie de Srê Sbov, dans un boui-boui tenu par une famille sympathique. Tout le monde essaye gentiment de discuter avec moi. Par contre, le repas n’est pas fabuleux. Le riz est servi avec de la viande séchée bien difficile à mâcher. Je poursuis inexorablement mon parcours à travers de récentes plantations en bordure de route. La partie du Mékong qui va de Kratie au Laos abrite quelques rares dauphins. Des embarcations pour touristes sont d’ailleurs prévues pour tenter de les observer. En cette saison, le niveau de l’eau est particulièrement bas. De plus, il ne subsiste plus qu‘une cinquantaine de mammifères s‘étalant sur plus de 200 km. L’espèce est malheureusement en voie de disparition. Autant dire que j‘ai très peu de chance d‘en apercevoir ! Du coup, je décide de poursuivre directement sur Kratie. En chemin, je retrouve le couple de motards anglais rencontré au Laos. Décidemment, on ne se quitte plus ! A cause de la lourde chaleur, ils me laissent gentiment leur bouteille d’eau. Le temps se dégrade à nouveau lorsque j’atteins Kratie. Je discute un moment avec une dame originaire de Lens, intriguée par le blason du Racing sur Tornado. A proximité du marché, un gars me convainc de loger dans la guesthouse You Hong. Je pars ensuite à l’écart du centre pour souper dans un agréable restaurant. Les serveuses sont souriantes, les tarifs sont doux, et le repas est succulent. Par contre, la bière n‘est pas très fraîche ! En Asie du Sud-est, la population la boit régulièrement avec des glaçons. C’est quand même mieux qu’une mousse tiède ! Pour une fois, je sors du bâtiment la panse bien remplie. A proximité de la pension, deux ruelles sont bloquées pour des festivités de mariages. Les musiques des groupes de chanteurs se mêlent dans un brouhaha assourdissant. Ce joyeux vacarme se poursuit tard dans la nuit.

  

riziere

 

 

Vendredi 18 mars : Kratie - Krouch Chhmar (85,6 km)

 

1.-Charrettes-a-boeufs-sur-le-Mekong.jpg

 

La petite ville de Kratie ne me fait pas grosse impression. Les bâtiments d’architecture française sont complètement délabrés. Le temple est également en pleine rénovation. De plus, une odeur désagréable flotte tout autour du marché. A la banque, il est impossible de retirer quelques riels. Le mélange de la monnaie locale avec les dollars américains fait bizarrement tourner l‘économie du pays. Je discute encore un bon moment avec plusieurs personnes, avant de m’élancer bien tardivement. La petite route borde agréablement la rive Est du Mékong. Elle traverse de nombreux villages qui s’étalent de part et d’autre de la chaussée. Je n’arrive d’ailleurs pas à discerner les noms des localités, car il n’y a aucune limite distinctive. La route se transforme ensuite en piste caillouteuse et poussiéreuse, pendant une bonne dizaine de kilomètres. Les nombreux travaux font penser qu’elle sera très prochainement goudronnée. La circulation reste toutefois assez dangereuse. Les taxis roulent comme des cinglés. La poussière rouge qu’ils soulèvent se colle à la peau dégoulinante de sueur. Puis par malchance, je crève de la roue arrière. Ce n’est franchement pas le bon moment ! Je m’isole à l’ombre d’un temple pour changer la chambre à air. Je me retrouve alors rapidement entouré de jeunes moines qui me dévisagent fixement. A l‘entrée de Chhlong, je renoue enfin avec le bitume. Blotti au bord du fleuve, le petit bourg possède de nombreuses maisons sur pilotis en bois, ainsi que quelques bâtisses datant de l‘époque française. Je casse ensuite la croûte dans une gargote au bord de la chaussée, en compagnie de sympathiques clients. Finalement, je décide de poursuivre le long du Mékong, plutôt que d’emprunter la nationale qui rallonge mon parcours. J’espère seulement rester sur le bitume pour pédaler ! Pas de bol, après une bonne quinzaine de kilomètres, la piste refait son apparition ! Tous les dix mètres, j‘ai droit à un «hello» de la part des enfants et des villageois. En fin de journée, il faut bien avouer que cela me tape sur le système ! J’ai même l’impression que les vaches et les chiens s’y mettent également ! Je soupe ensuite au village de Krouch Chhmar, avant de m’enfoncer dans les champs à l’intérieur des terres. Il fait nuit lorsque je plante la tente, mais la pleine lune éclaire le terrain. Une musique lointaine parvient jusqu’au campement. Décidemment, cela devient une habitude !

 

2.-Paysan-conduisant-sa-charrette-a-boeufs-sur-la-piste.jpg 3.-Barques-sur-le-Mekong-dans-la-lumiere-du-soir.jpg

 

 

Samedi 19 mars : Krouch Chhmar - Trapeang Preah (72,5 km)

 

1.-Femmes-ramassant-le-tabac-a-proximite-du-bivouac.jpg 2.-Musulmans-de-Trea.jpg

 

A l’aurore, de nombreux paysans travaillent déjà dans les champs pour récolter le tabac. Les feuilles sont coupées manuellement avec une sorte de serpe, puis entassées dans des charrettes en bois tirées par des bœufs. Deux hommes viennent à ma rencontre, intrigués par mon bivouac. Ils me regardent sagement démonter la tente, encore mouillée par les petites pluies nocturnes. D’ailleurs, le ciel reste bien couvert ce matin ! Je rejoins ensuite la piste bordant le Mékong. Au premier coup de pédale, les «hello» fusent déjà ! La plupart des villages traversés possèdent un temple bouddhiste. Certains sont par contre à majorité musulmane, comme Trea. Les maisons sur pilotis en bois sont groupées autour des petites mosquées. Plusieurs femmes sont voilées de noir, de la tête aux pieds. Je découvre également une modeste église sans clocher. Sur certaines portions, la piste est en bien mauvais état. Elle ressemble plus à un chemin de campagne, avec de nombreux trous et ornières. Tout à coup, un serpent de couleur verte tombe d’une branche d’arbre juste devant ma roue. Il file rapidement se cacher dans les fourrés. Vers 10 h, le soleil montre enfin le bout de son nez ! Aussi, plusieurs motocyclistes ont des chargements bien originaux. L’un transporte d’immenses meubles, tandis que d’autres sont chargés de grandes cages renfermant des porcelets ou des centaines de poussins. Plus loin, un type à moto me propose gracieusement un verre de jus de palme. En réalité, je n’ai pas tout compris car mon cambodgien est très limité ! Au bout d’une cinquantaine de kilomètres, j’atteins enfin le phare français de Kampong Cham. Un grand pont enjambant le Mékong permet d’atteindre la ville. Finalement, cet itinéraire m’a permis de découvrir la vie rurale de cette région du Cambodge. Tornado et moi sommes par contre dans un état poussiéreux lamentable. Je mange ensuite correctement dans un restaurant à proximité du marché. Les rues du centre sont bordées d’anciennes maisons coloniales françaises. Au Sud, un long pont en bambous, qui semble bien fragile, permet aux véhicules de rejoindre l’île de Koh Paen. Chaque année, il est reconstruit pendant la saison sèche. Après un long moment d’hésitation, je préfère poursuivre mon chemin, plutôt que de loger dans Kampong Cham. La circulation sur la nationale redevient infernale. Vingt kilomètres plus loin dans un boui-boui de Trapeang Preah, je mange une soupe aux morceaux de viande douteux. Le tenancier insiste lourdement pour apprendre quelques mots d’anglais. Je m’enfonce ensuite dans un sentier pour planter la tente dans une rizière asséchée. Une fiesta se déroule à proximité. La musique augmente progressivement au fil des heures. Il est vrai que c’est samedi ! De plus, un gars assez louche a repéré mon campement. Je ne suis pas certain de fermer l’œil bien longtemps cette nuit !

 

3.-Pas-toujours-facile-les-photos-sur-pied--.jpg 4.-Le-pont-en-bambous-a-Kampong-Cham.jpg

 

 

Dimanche 20 mars : Trapeang Preah - Phnom Penh (109 km)

 

1.-Recolteur-de-jus-de-palme.jpg

 

La nuit fut horrible. Vers minuit, mon gaillard revient de la fête complètement éméché. A mon avis, il n’y a d’ailleurs pas que l’alcool ! Il me réveille en secouant violemment la tente. Je tente alors de le calmer en lui offrant une cigarette. Après d'interminables discussions pas toujours compréhensibles, il finit par rentrer sans embêtement, en titubant à travers les rizières. Une heure plus tard, la musique cesse enfin ! Mais à 3 h 30, elle reprend de plus belle, me réveillant en sursaut. C’est complètement insensé ! De plus, des milliers de petites fourmis se sont introduites dans la tente, attirées par l‘odeur du pain. Moi qui me faisais un plaisir de pouvoir déjeuner à la «française», c’est plutôt raté ! Au lever du jour, quelques hommes grimpent habilement au sommet des palmiers alentour, pour récolter le jus des feuilles. Je rejoins ensuite le trafic routier de la nationale pour Phnom Penh. Le ciel est bien gris, mais la chaleur est toujours présente. La journée n’est pas bien passionnante ! Je pédale machinalement durant la centaine de kilomètres qui me séparent de la capitale cambodgienne. Au bord de la chaussée, plusieurs femmes et enfants vendent à l’étalage des fruits exotiques (noix de coco, litchis, mangues et beaucoup d’autres qui me sont inconnus). Lorsque je stoppe pour manger au village de Roka Kaong, mon compteur affiche presque 70 km. La route rejoint ensuite le Mékong. Elle longe le fleuve à distance jusque Phnom Penh. A l’entrée de la ville, le vent me projette la poussière soulevée par les nombreux véhicules. Vraiment désagréable ! J’atteins enfin le centre de la capitale, en empruntant le pont enjambant la rivière Tonlé Sap. Je m’installe rapidement dans une chambre de la guesthouse Okay, un peu plus au Sud. Puis, je mange à proximité dans une sorte de snack façon asiatique. Les tarifs appliqués sont quand même beaucoup plus élevés que dans le reste du pays !

 

2.-Moto-chargee-sur-la-route.jpg 3.-Fruits-exotiques-sur-le-bord-de-la-chaussee.jpg

 

 

Lundi 21 mars : Visite de Phnom Penh

 

1.-La-pagode-d-Argent-a-Phnom-Penh.jpg 2.-Fleur-de-nenuphard.jpg

 

Après avoir fait quelques photos d’identité, je me rends rapidement à pied à l’ambassade de Thaïlandepour obtenir un visa de deux mois. Le délai d’attente pour l’avoir gratuitement est de quatre jours, mais on peut se le procurer plus rapidement auprès des gardiens avec quelques dollars glissés dans leurs poches. Mais comme je ne suis pas pressé ! Je déambule ensuite dans les rues alentour du monument de l’Indépendance. Il a été érigé pour commémorer la fin du protectorat français au Cambodge. Au milieu d’un rond-point, le mémorial n’est vraiment pas mis en valeur. Je discute ensuite longuement avec deux Thaïlandaises bien sympathiques, en vacances à Phnom Penh. Elles me laissent gentiment leurs coordonnées à Bangkok. Au bord du quai, je découvre le splendide palais royal se dressant derrière un mur d’enceinte. Les bâtiments sont entourés de superbes jardins luxuriants. Cependant, plusieurs endroits restent interdits d’accès. La salle du Trône est utilisée pour les cérémonies officielles du roi. A l’intérieur, la visite est très limitée. Des barrières empêchent d’approcher les différentes sculptures et peintures qui ornent le fond de l’édifice. Par contre, la pagode d’Argent est beaucoup plus intéressante. Le sol est constitué de milliers de dalles d’argent, avec des motifs représentant la fleur de lys. Elles sont recouvertes d’un grand tapis pour les protéger. Le bouddha d’Emeraude en cristal de Baccarat se dresse au milieu de la pagode. Il est entouré d’autres bouddhas en argent, en or ou en bronze. L’un d’eux est ornementé de milliers de diamants, dont un de 25 carats. A l’extérieur, le mur d’enceinte est décoré d’une splendide fresque relatant un récit cambodgien. Des tombeaux de roi, des bibliothèques et des pavillons entourent également harmonieusement la pagode. Je poursuis la balade au hasard des rues. Je cherche dans les librairies des cartes et un guide sur la Thaïlande, pour la suite de mon aventure. Etrangement, il y a beaucoup plus de choix qu’à Hanoi ! Je soupe ensuite dans un petit restaurant à l’écart du centre. Sur le chemin du retour, après quelques égarements, je me laisse tenter par une grosse noix de coco vendue à l‘étalage par une charmante dame. Je rentre finalement bien tard à la pension !

 

3.-Bouddhas-couches-du-temple.jpg 4.-La-noix-de-coco-pour-finir-la-soiree--.jpg

 

 

Mardi 22 mars : Phnom Penh

 

1.-Offrandes-aux-moines-dans-les-rues-de-Phnom-Penh.jpg

 

Au réveil, je ne me sens vraiment pas bien ! J’ai passé une bonne partie de la nuit sur les toilettes. Une grosse fatigue générale et des courbatures me clouent au lit. Même si cela paraît peu probable, j’espère une simple tourista, plutôt qu’une maladie tropicale. Je préfère alors sortir dans les rues de la capitale pour m‘aérer un peu. Ce n’est certainement pas le meilleur remède, car la chaleur écrasante et la pollution ont raison de moi. Je découvre quand même quelques magasins d’art khmer, situés dans des petites ruelles. Au niveau du marché Psar Thmei, je m’endors littéralement sur la table d‘un café. C’est pourquoi je ne finis même pas le parcours pédestre initialement prévu. Je préfère rentrer directement en tuk-tuk jusque la guesthouse. A midi, je me jette sur mon lit, avec les ventilateurs tournant au maximum. Ma journée ne se limite ainsi qu’à une piètre visite matinale.

 

2.-Le-serpent-khmer-devant-le-monument-de-l-Independance.jpg

 

 

Mercredi 23 mars : Visite de Phnom Penh

 

1.-Photos-des-victimes-des-khmers-rouges-au-camp-S-21.jpg 2.-Les-batiments-du-S-21.jpg

 

Il est 5 h du matin lorsque je me réveille. J’ai passé plus de 17 heures à dormir ! Mon état s’est amélioré, mais ce n’est toujours pas la grande forme. Par chance, la température ambiante a chuté durant la nuit. Après avoir déjeuné asiatique dans la rue (c’est-à-dire du riz !), je me rends directement au musée Tuol Seng. Cet ancien lycée devint la prison de haute sécurité 21 des khmers rouges, entre les années 75 et 78. Après avoir essuyé les bombardements américains durant la guerre du Vietnam, la population cambodgienne a vécu une période sanglante sous le régime de Pol Pot. Une méticuleuse épuration fit des millions de morts. Les villes furent vidées de leurs habitants, pour les faire travailler durement dans les champs. Beaucoup périrent de maladie ou de famine. Les intellectuels, les artistes, les religieux et les anciens dirigeants furent exécutés. Plusieurs immeubles symboliques, comme celui de la banque nationale, ont été détruits. Les bâtiments du camp sont entourés de barbelés. Ils renferment encore les salles de détention et de torture des prisonniers. De nombreuses photos de détenus, avant et après les atrocités, sont exposées. Après cette visite morbide, je prends la direction du marché Psar Thmei, situé dans un édifice Art déco. Le large dôme et ses cinq ailes renferment principalement des échoppes de bijoux et de vêtements. Le marché proprement dit est plutôt situé aux abords du bâtiment. Je file ensuite au temple Vat Phnom, perché sur la seule colline de la ville. Il est entouré de différents stupas et pavillons. Malheureusement, le lieu de culte est en grande partie masqué par les échafaudages pour la rénovation. Sur le chemin du retour, je mange un morceau dans un modeste restaurant de quartier. Encore du riz ! Puis, je me balade au bord de la rivière Tonlé Sap sans trop m’attarder. En effet, le temps commence à tourner. Le ciel se charge de gros nuages noirs bien menaçants. Je rentre ainsi expressément à la guesthouse. Une pluie diluvienne ne traîne d'ailleurs pas à tomber. C’est le déluge ! Dans la soirée, j’attends une légère accalmie pour mettre le nez dehors. Je me rends dans une pizzeria sur le quai, pour changer de la nourriture asiatique bon marché. Désormais, je compte varier plus régulièrement mes habitudes culinaires pour ne pas faire une rechute !

 

3.-Le-marche-Psar-Thmei-de-Phnom-Penh.jpg

 

 

Jeudi 24 mars : Excursion au musée de Choeung Ek (53,2 km)

 

1.-Le-stupa-du-musee-de-Choeung-Ek.jpg

 

Au réveil, je me sens beaucoup mieux ! Seuls quelques soucis d’ordre intestinaux continuent de m’importuner. Je réitère le déjeuner de la veille à proximité de la guesthouse, en compagnie de policiers en uniforme. Puis, je pédale jusqu’aux charniers de Choeung Ek, afin de me replonger dans l’horreur du régime de Pol Pot. Ils sont situés à une quinzaine de kilomètres au Sud-ouest de la capitale. Les indications n’étant pas une spécialité cambodgienne, je passe mon chemin sur quelques kilomètres. Comme au Laos, le gardien veut me faire payer le parking pour Tornado. Et comme au Laos, je refuse de sortir le moindre riel ! Le site renferme les charniers des 17 000 détenus du S-21. Les khmers rouges n’hésitaient pas à matraquer hommes, femmes et enfants pour économiser les munitions. Un arbre servait même à fracasser les bébés. Quelques vêtements sortis des fosses sont disposés dans une sorte de boite transparente. Un haut stupa du Souvenir a été érigé en 1988, au milieu de ce verger bien paisible de nos jours. Des milliers de crânes humains sont disposés derrière les vitres du monument. J’assiste ensuite à un petit film en anglais, retraçant cette période douloureuse du pays. La visite terminée, je rebrousse chemin jusqu’au centre de Phnom Penh, et mange dans petit resto tenu par des Vietnamiens. Il est ensuite temps de récupérer mon passeport à l’ambassade de Thaïlande, avec le visa tant convoité. Comme je circule à vélo dans la capitale, je ne suis plus importuné par les appels incessants des motocyclistes et des conducteurs de tuk-tuk. Le soir venu, je m’attable dans un petit resto du quai pour prendre un repas à la «française». A la guesthouse, je discute longuement avec trois filles suisses qui voyagent en Asie du Sud-est à vélo. Les murs de la salle commune sont tapissés de petits lézards qui se faufilent partout. Mais le must, c’est le gros rat qui se balade et que personne ne semble avoir vu !

 

2.-Les-cranes-humains-des-charniers.jpg

 

 

Vendredi 25 mars : Phnom Penh - Takeo (94,1 km)

 

1.-Les-pagodes-sur-le-lac-Tonle-Bati.jpg

 

Je quitte enfin cette guesthouse qui ne me plaît guère. Après avoir déjeuné au même endroit que les jours précédents, je me rends dans un magasin de cycles pour acheter une nouvelle chambre à air. En effet, mon pneu arrière était presque à plat lors du chargement des sacoches. La jeune vendeuse est vraiment charmante. Elle est toute heureuse de m’annoncer sa victoire dans une course cycliste. Elle me tire même en photo avec Tornado. Je prends la direction du Sud pour sortir de la capitale. Je compte effectivement réaliser une boucle sur plusieurs jours, afin de découvrir la côte cambodgienne. Le trafic routier est complètement fou ! Les motocyclistes doublent n’importe comment, et roulent souvent à contresens. Après Takhmau, je me trompe déjà de route à cause du manque de signalisation. Cela commence vraiment par m’énerver ! De plus, le ciel gris ne présage rien de bon pour la journée. Par contre, le vent souffle majoritairement dans ma direction. Une nouvelle fois, la route n’est pas très passionnante. Elle reste plate, traversant de nombreux villages plantés au milieu des rizières asséchées. Pendant le dîner à Khlaeng Sambath, le jeune serveur essaye de discuter en français avec moi. C’est pourquoi il est déjà bien tard lorsque j’emprunte la courte piste jusqu’au petit lac de Tonlé Bati ! Deux temples se dressent à proximité de l’étendue d’eau. Le sombre Ta Prohm est en ruines, envahi d’une abondante végétation. Ce qui fait d’ailleurs son charme ! La grisaille du ciel ne le met cependant pas en valeur. Les nombreuses personnes qui m’assaillent pour vendre leurs babioles sont vraiment collantes. Ce qui gâche fortement la visite ! De taille beaucoup plus modeste, le Yeay Peau semble banal en comparaison. Il est construit dans l’enceinte d’un temple moderne et coloré. Puis, je poursuis machinalement mon chemin sur la nationale. En fin de journée, quelques gouttes de pluie finissent par tomber. J’arrive enfin à Takeo, juste avant la tombée de la nuit. Je m’installe dans une chambre de la guesthouse Boeung Takeo, avec vue sur le grand lac. La petite ville semble complètement morte à cette heure. Seul le quartier autour du monument de l’Indépendance possède encore quelques modestes restaurants ouverts. Dans une sorte de cantine, je mange un plat copieux, mais pas fort appétissant. De toute façon, je n’ai pas beaucoup de choix !

 

2.-Le-temple-Ta-Prohm.jpg

 

 

Samedi 26 mars : Takeo - Kep (108 km)

 

1.-Le-lac-de-Takeo.jpg 2.-Elephant-avec-ses-maitres-sur-la-route.jpg

 

Avant de démarrer, je déjeune asiatique à proximité de la pension. Cela commence par devenir une habitude ! Durant de nombreux kilomètres, mon itinéraire traverse un paysage qui ne varie pas beaucoup par rapport à celui de la veille. Pour une fois, le vent soufflant du Nord me pousse agréablement. Fort heureusement, je n'emprunte la nationale 3 que pour une courte distance. En rénovation, elle est couverte de gravillons que les véhicules filant à vive allure projettent dangereusement. A l’approche de Tani, quelques basses montagnes éparpillées font leur apparition dans la platitude habituelle cambodgienne. Je mange ensuite dans un petit restaurant du village de Banteay. Il est rempli par de nombreux hommes qui s’excitent devant les combats de boxe thaïe diffusés à la télévision. En effet, beaucoup lancent des paris verbaux. Les billets de banque ne tardent pas à circuler de main à main. L’ambiance générale me fait sourire, car elle me rappelle un peu les matchs de football de Lens au café des supporters. Sans les paris bien entendu ! Le soleil éclatant du matin disparaît peu à peu sous les nuages gris ramenés par le vent. Après quelques dizaines de kilomètres, je bifurque sur Kep. La station balnéaire est blottie au bout d’une petite péninsule dans le golfe de Siam. Elle fut pratiquement détruite par les khmers rouges dans les années 70. Sur le front de mer, quelques villas témoignent encore de cette époque. Abandonnées, les murs sont encore noircis par les incendies. Un peu plus loin, je m’installe dans la guesthouse Ponle Chner Tra Cheak Chit, après avoir négocié le prix. La chambre est propre et spacieuse, avec télévision, eau chaude et climatisation. Le luxe pour un cyclovoyageur ! Dans la soirée, je mange en compagnie d’une Française de la région parisienne. Corinne a déjà bien bourlingué à travers le monde, notamment en Inde. Il faudra quand même à l’avenir que je m’organise un petit voyage dans ce pays, pour ne pas rester frustré éternellement !

 

3.-La-plage-de-Kep-en-contre-jour.jpg

 

 

Partager cet article
Repost0
13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 17:32

Dimanche 27 mars 2011 : Kep - Kampot (44,5 km)

 

1.-Jeunes-pecheurs-sur-la-route-de-Kampot.jpg

 

Dès 8 h, je déjeune au marché aux poissons de la petite ville. Manger des calamars en brochette au petit matin est vraiment particulier pour un occidental ! Aujourd’hui, le temps est bien maussade. Le ciel est grisâtre et le vent souffle terriblement. Du coup, je n’ai vraiment pas envie de pédaler ! La route longe lointainement la côte du golfe de Siam. A quelques kilomètres de Kampot, j’emprunte une piste à travers les rizières asséchées, pour rejoindre la grotte de Phnom Chhnok. Les enfants qui se proposent pour faire le guide sont assez collants. La petite caverne se situe sur les hauteurs d’une colline. Elle renferme un temple en briques du 7ème S et d’étonnantes formations minérales, comme une stalactite représentant la silhouette d’un éléphant. Deux cheminées au plafond abritent également une colonie de petites chauves-souris. La visite terminée, je reprends le même chemin en sens inverse. En début d‘après-midi, j’atteins Kampot, célèbre pour son poivre noir. La chaleur se fait de plus en plus lourde. A cause du manque de motivation, je préfère rester sur place pour m’imprégner un peu plus de la ville. Les rues du centre sont bordées de maisons coloniales françaises. Elles sont malheureusement encombrées par de nombreux travaux poussiéreux. Je mange dans un petit restaurant de rue, tenu par une bien aimable dame. Par contre, le repas à base de riz et d’abats n’est pas fameux ! Je flemmarde ensuite dans la ville, et règle différents problèmes anodins qui traînent depuis quelques temps (blog, photos…). Puis, je m’installe dans une rudimentaire chambre de la guesthouse Kampot pour une somme modique. Le soir venu, je soupe à proximité dans une gargote improvisée, à l’ambiance plus occidentale qu‘asiatique. Je sympathise avec trois Anglais qui m’ont aperçu sur le vélo durant la journée. Ils sont complètement admiratifs de mon aventure. Finalement, la pluie se met à tomber épisodiquement.

 

2.-Le-temple-de-la-grotte-Phnom-Chhnork.jpg

 

 

Lundi 28 mars : Kampot - Chamkar Luong (110,2 km)

 

1.-Village-sur-pilotis-de-Preak-Thot.jpg

 

Tout d’abord, je sillonne rapidement les rues de Kampot à la recherche de clichés. L’inspiration ne venant pas, je finis par laisser tomber ! Le vent souffle toujours aussi violemment du Nord-est. Dès le départ, le soleil jette ses rayons brûlants sur ma maigre carcasse de cycliste. La route traverse d’agréables villages côtiers, au pied de basses montagnes. Les nombreux bateaux de pêche sont amarrés aux maisons sur pilotis, fabriquées de bois et de tôle. Fort heureusement, la force du vent diminue progressivement au fil de mon itinéraire. Après plus de 60 km, j’atteins enfin l’embranchement de Veal Renh vers midi. Je m’installe alors à la terrasse d’un petit restaurant, pour me désaltérer et casser la graine. Le repas est copieux et succulent. Cependant, la propriétaire en profite pour rehausser ses tarifs. Cette fois-ci, je ne me laisse pas faire ! Ras-le-bol de se sentir un portefeuille ambulant ! Je réussis à récupérer quelques riels, même si globalement cela reste toujours bien cher. Après réflexion, je décide ne pas me rendre à Sihanoukville qui m’oblige à un aller-retour de plus de 100 km. De plus, la grosse station balnéaire ne propose que des plages à touristes. Du coup, je poursuis mon chemin en direction des montagnes Eléphant, situées plus au Nord. Plusieurs plantations de palmiers et de cocotiers bordent la chaussée. Le vent réapparaît soudainement, ramenant des nuages gris qui couvrent rapidement le ciel bleu. Et bien sûr, je le prends en pleine face ! Ce qui ralentit considérablement ma cadence de pédalage. Je rejoins ainsi péniblement l’embranchement de Chamkar Luong. Après une courte pause, je poursuis mon parcours jusqu’au prochain village, afin de dénicher un endroit pour manger et dormir. Comme je ne trouve absolument rien, je finis par faire demi-tour. A mon retour, un groupe d’hommes attablés m’offre généreusement une bière au passage. Bizarrement, il est à nouveau bien difficile de dégoter un resto qui sert encore à manger. Finalement, un vieux couple me prépare un plat de riz avec quelques restes de poissons. Il fait nuit noire lorsque je plante la tente dans une prairie à la sortie du village.

 

2.-Poulets-sur-le-toit-d-un-vehicule.jpg

 

 

Mardi 29 mars : Chamkar Luong - Kompong Speu (99,4 km)

 

Les-montagnes-Elephant-sur-la-route.jpg

 

Ce que je craignais est arrivé ! Le vent souffle violemment du Nord-est. Du coup, je vais l’avoir en pleine poire toute la journée ! Les rafales sont extrêmement violentes. Une vraie tempête ! Ma vitesse est par conséquent très réduite. Je pédale comme un robot, avec l’idée de faire un maximum de kilomètres dans la journée. De plus, le ciel gris ne laisse rien présager de bon. La route s’enfonce rapidement dans les montagnes Eléphant. Après quelques dizaines de kilomètres, elle s’élève sans difficulté d’une bonne centaine de mètres à travers la forêt tropicale. Je m’attendais à un col bien plus élevé ! De plus, les arbres me protègent agréablement du vent durant la courte ascension. Malgré le ciel nuageux, la vue au sommet reste assez jolie. A cause du nombre important de petites pagodes au bord de la chaussée, je suppose que le col doit être un lieu de pèlerinage. J'apprendrai plus tard qu'il s'agit du sanctuaire de Yeay Mao sur la montagne de Pich Nil. Les voyageurs de passage offrent généralement bananes, argent et encens pour s'assurer la protection de la divinité. Quelques centaines de mètres plus loin, je mange dans un petit resto pour routiers. La suite du parcours est sans grand intérêt. Il traverse de banales rizières asséchées. De plus, le trafic est complètement démentiel. Je respire toute la journée les gaz polluants des véhicules. Autocars et camions m’obligent parfois à emprunter les bas-côtés terreux. Ils se prennent vraiment pour les rois de la route ! Ils klaxonnent sans cesse pour avoir le passage libre. Certains n’hésitent pas à me faire une queue-de-poisson ! Dans le milieu de l’après-midi, le vent faiblit enfin. J’ai cependant déjà parcouru la majorité de la distance. Après une courte pause, j’arrive enfin à Kompong Speu. Je m’attable alors en terrasse d’un restaurant pour boire quelques bières, et manger un morceau. Un vieil Américain me tient compagnie. Il me propose de partager sa chambre pour amortir le prix. Cependant, son état d’ébriété me fait longuement hésiter. Il place un «fuck» tous les trois mots ! On croirait le sketch de la Télé des Inconnus ! Du coup, je préfère m’installer dans la petite guesthouse Thmortrachak à proximité.

 

 

Mercredi 30 mars : Kompong Speu - Kompong Chhnang (112,1 km)

 

1.-Les-collines-d-Umong-dans-la-campagne.jpg

 

Le vent souffle sans cesse. Encore une journée qui risque d’être bien éprouvante ! Avant de démarrer l‘étape, je déjeune quelques sandwichs épicés dans une gargote à proximité de la pension. La route en direction de Phnom Penh est toujours aussi encombrée. Juste devant moi, un chien se fait percuter mortellement par une camionnette. Cela fait quand même froid dans le dos ! Au village de Damnak Ampil, je bifurque vers le Nord en direction de Kompong Chhnang. La circulation est beaucoup moins importante. Camions et cars ont quasiment disparu. A cause du vent de face, je pédale le nez dans le guidon. Après quelques dizaines de kilomètres, les deux collines de Phnom Udong s’élèvent au loin au-dessus des palmiers de la campagne environnante. Elles sont parsemées de nombreux stupas et temples. La petite ville fut l’ancienne capitale du Cambodge du 17ème au 19ème S. Je mange ensuite mon bol de riz quotidien dans un petit restaurant improvisé, à l’embranchement avec la nationale 5. Il n’y a vraiment plus grand-chose à se mettre sous la dent ! Du même coup, le trafic routier resurgit. Durant de nombreux kilomètres, je roule contre une météo exécrable et dans une cacophonie de klaxons. Cela commence sérieusement à me gonfler ! En fin de journée, la fatigue commence à se faire sentir. Je rejoins alors difficilement Kompong Chhnang. La ville est divisée en deux quartiers distants : le centre et les quais sur la rivière Tonlé Sap. A cause de l’heure avancée, je soupe aussitôt dans une sorte de cantine populaire. Je m‘installe ensuite dans la guesthouse Metapheap à proximité du monument de l‘Indépendance. J’espère que le vent va enfin cesser demain !

 

2.-Tornado-a-trouve-un-copain--.jpg

 

 

Jeudi 31 mars : Kompong Chhnang - Pursat (99,7 km)

 

Les-poteries-de-Kompong-Chhnang.jpg

 

Je déjeune mon plat de riz au restaurant de la guesthouse. Mises à part dans les villes touristiques, il est bien difficile de s’alimenter à l’occidental le matin ! Je quitte Kompong Chhnang par la même nationale, sous un beau soleil. Le vent du Nord a considérablement faibli par rapport aux deux jours précédents. De plus, la route s’incurve progressivement vers l’Ouest. Par conséquent, il est un peu moins gênant ! Pour m’isoler du vacarme de la circulation, je pédale avec les écouteurs sur les oreilles. De toute façon, la journée n’est pas vraiment passionnante ! La nationale traverse encore et toujours des rizières asséchées. Je mange une soupe plus tôt qu’à l’accoutumée au village de Ponley. Je ne tiens pas à me retrouver avec quelques restes de nourriture à grignoter comme hier ! Juste avant Krakor, un jeune motocycliste se met à mon niveau. Nous discutons ensemble durant quelques kilomètres. Pas franchement sécurisant avec le trafic routier ! Puis, nous nous donnons rendez-vous à Pursat. Je poursuis ainsi seul mon chemin jusque la petite ville. La silhouette des montagnes de Cardamones se dessine à l’horizon Sud. A mon arrivée, je soupe dans un modeste resto, tout en attendant mon gaillard. Ne le voyant pas arriver, je finis par m’installer dans la guesthouse Pursat en bordure de la nationale.

 

 

Vendredi 1er avril : Pursat - Battambang (125,3 km)

 

Le-marche-couvert-de-Battambang.jpg

 

Bonne nouvelle, le vent a disparu ! Après avoir déjeuné dans un restaurant de rue, je parcours rapidement Pursat à vélo. Comme souvent en Asie, le marché du centre grouille de monde. Au beau milieu de la rivière qui traverse la petite ville, les berges de l’île Koh Sampovmeas sont aménagées comme une coque de navire. Pas vraiment esthétique ! Je retrouve ensuite la grosse circulation de la fameuse nationale 5. Elle longe une voie de chemin de fer qui semble complètement désaffectée. Depuis mon entrée au Cambodge, je n’ai d’ailleurs vu aucun train qui circulait ! La route traverse une région campagnarde complètement plate. Rizières et champs se succèdent sur des dizaines de kilomètres. Par conséquent, l’itinéraire est encore assez monotone. A mi-parcours, je mange copieusement dans une cantine populaire de Moung Russei. Depuis ce matin, le ciel est couvert par une épaisse couche nuageuse grise. La température de l’air a bien chuté ces derniers jours, mais le thermomètre affiche tout de même la trentaine de degrés. C’est beaucoup plus agréable pour pédaler ! Au milieu de l’après-midi, j’atteins enfin Battambang. Je visite rapidement la quatrième ville du Cambodge. Elle renferme plusieurs jolies demeures coloniales françaises au bord de la rivière Stung Sanker, ainsi que quelques maisons de négoce d‘époque. La gare ferroviaire est totalement à l’abandon. Les wagons rouillent sur les rails envahis par la végétation. Plus loin, les jardins de la belle résidence du gouverneur sont malheureusement fermés au public. Trois temples bouddhistes de style khmer sont également dispersés dans la ville. Je soupe dans un petit restaurant assez touristique, avant de m’installer à l’hôtel Asia. Pour le prix, la chambre est plus que correcte ! Demain matin, je prends le bateau pour Siem Reap à 7 h. La nuit risque d’être courte !

 

 

Samedi 2 avril : Battambang - Siem Reap ( 19,6 km)

 

1.-Le-cycliste-sur-le-bateau-en-direction-de-Siem-Reap.jpg 2.-L-eglise-d-un-village-flottant-sur-la-riviere.jpg

 

 

Je me lève relativement tôt, afin de déjeuner dans un petit restaurant de quartier avant l’embarquement. Les raides marches qui descendent jusqu’au bateau m‘obligent à décrocher tous les sacs, et donc à faire plusieurs allers-retours. Vers 7 h, la soi-disant navette rapide appareille. A la sortie de Battambang, les berges de la rivière Stung Sangker sont truffées de détritus en tous genres. La population locale n’hésite cependant pas à se baigner dans l’eau souillée. Je monte sur le toit en compagnie d’un petit groupe, pour apprécier au mieux la croisière. Le cours d’eau serpente ensuite dans la campagne environnante. Le niveau est tellement bas, que le bateau touche par endroits le fond. Une grosse collision a même failli faire basculer tout le monde par-dessus bord. Plus loin, l’embarcation stoppe pour réparer l’hélice du moteur. Il faut dire que le conducteur ne ménage pas la mécanique. C’est plein gaz ou au ralenti ! Il n’y a pas de demi-mesure ! Les maisons des villages traversés sont construites sur des sortes de radeaux flottants en bambous. Preak Toal possède de nombreuses infrastructures : commerces, restaurants, écoles et même une église. De larges filets pour la pêche sont également tendus grâce à de grandes perches. Après une seconde panne moteur, nous atteignons le vaste lac Tonlé Sap. En ce milieu d’après-midi, la chaleur devient de plus en plus lourde. Après avoir traversé l'étendue d'eau, nous atteignons le village flottant de Chong Kneas, qui se situe à l’embouchure de la rivière Preaek Banteay Kum. L’étroit cours d’eau permet de rejoindre le débarcadère de Siem Reap. Une vraie autoroute ! En effet, de nombreux bateaux de touristes se suivent à la queue-leu-leu. Il y a tellement de monde que notre navette s’échoue par deux fois sur un banc de boue. La croisière devient vraiment folklorique ! Finalement, nous arrivons à bon port après plus de neuf heures d’expédition. Soit près de deux heures de retard ! L’appontement est encore situé en contrebas. En plusieurs fois, je monte péniblement mes bagages et mon vélo sur l’escalier pentu. Je suis ensuite surpris de la distance qui me sépare de Siem Reap. Sur la route, un jeune Français basque prénommé Charlie me conseille la guesthouse Orchidea au centre-ville. Après m’y être installé, je mange rapidement une sorte de barbecue à la mode khmer dans une ruelle voisine. Il est déjà bien tard lorsque je rentre me coucher.

 

3.-Le-bateau-echoue-sur-un-banc-de-boue.jpg

 

 

Dimanche 3 avril : Visite des temples d’Angkor ( 39 km estimé)

 

1.-Le-temple-d-Angkor-Vat.jpg 2.-Les-visages-sculptes-du-Bayon.jpg

 

Une fois n’est pas coutume, je déjeune «à l’occidental» dans la guesthouse. Je prends ensuite rapidement la route pour les temples d’Angkor. La plupart sont regroupés à une dizaine de kilomètres au Nord de Siem Reap. La journée débute bien ! Au premier poste de contrôle, le gardien me fait rebrousser chemin jusque la billetterie située sur la nationale parallèle. Les droits d’entrée sont cependant un peu excessifs à mon goût. D’autant plus qu’ils ne concernent que les étrangers ! Chaque visiteur est tiré en photo pour obtenir son forfait. La grandeur du temple d’Angkor Vat frappe au premier coup d’œil. Le mur extérieur est entouré d’une large douve. Une longue allée permet de rejoindre le monument central construit sur trois étages. Devenant trop dangereux, le dernier niveau est malheureusement fermé au public. De jolies tours d’angles sont édifiées autour du haut dôme central. De magnifiques bas-reliefs sont sculptés dans une galerie, tout autour de l’édifice. Ils relatent notamment plusieurs batailles de rois khmers et de divinités hindouistes. Je mange à proximité dans une modeste gargote, après avoir négocié le prix du repas à presque la moitié. Comme le coin est archi-touristique, les locaux en profitent pour augmenter les tarifs ! Le soleil fait de rares apparitions, perçant la couche brumeuse dégagée par la chaleur. Un peu plus loin, je visite le célèbre Bayon. Extérieurement, le temple ressemble plus à un amas de pierres. De raides escaliers mènent au troisième niveau. Pas moins de 54 tours sont parées de quatre visages sculptés souriants ! Une galerie à la base de l’édifice renferme également des bas-reliefs, entre autres un splendide panneau représentant une bataille navale entre khmers et chams. Lorsque je récupère mon vélo, mon compteur kilométrique a disparu. Il n’aura pas fallu longtemps pour me le faire chaparder ! Et bien sûr, le gardien n’a rien vu ! Agacé, je déambule à pied dans la cité fortifiée d’Angkor Thom. Je découvre successivement le temple pyramidal du Baphuon avec son mur en forme de bouddha couché, le palais délabré de Phimeanakas, et le petit temple de Preah Palilay ombragé par de gigantesques arbres. Devant le complexe, la longue terrasse des Eléphants servait autrefois pour les cérémonies royales. Long de 350 mètres, le mur de soutènement est décoré de magnifiques sculptures. A quelques kilomètres, le temple central du Preah Khan n’occupe qu’une petite partie du site étendu. Il est traversé par d’étroits couloirs voûtés, en direction des points cardinaux. Aussi, deux arbres mêlent leurs racines avec les pierres du mur de la porte Est. Puis, le jeune gardien en scooter m’accompagne un moment sur le chemin du retour. A Siem Reap, je mange sur le pouce dans un petit restaurant de rue. Je bois ensuite quelques bières dans le quartier touristiqueen compagnie de Charlie. De retour à la guesthouse. Puis, j’écoute les commentaires à la radio de la rencontre de football entre Lens et Marseille, via internet. Encore une défaite, cela commence à sentir la Ligue 2 ! Avec le décalage horaire, tout cela me fait coucher bien tard. Il est plus de 4 h du mat !

 

3.-Le-temple-du-Baphuon-d-Angkor-Thom.jpg 4.-Couloir-du-temple-de-Preah-Khan.jpg

 

 

Lundi 4 avril : Visite des temples d’Angkor (52,6 km)

 

1.-Le-temple-de-Pre-Rup.jpg 2.-Sculptures-dans-les-racines-au-temple-de-Ta-Som.jpg

 

La nuit fut bien courte. Après le déjeuner, je remonte mon ancien compteur kilométrique. Puis, j’enfourche Tornado pour poursuivre la visite. J’emprunte la petite route à l’Est d’Angkor Vat pour découvrir des temples moins réputés. Le Prasat Kravan possède cinq tours en briques, qui renferment des bas-reliefs représentant Vishnou. Deux sont cependant fermées pour rénovation. Le Banteay Kdei est beaucoup plus imposant. Le monastère bouddhique est malheureusement assez délabré. A proximité, le Sra Srang est un vaste bassin d‘ablutions qui servait pour la famille royale. De forme pyramidale, le Pre Rup comporte cinq grandes tours en briques. Certaines sont étayées à cause du risque d‘effondrement. Le Mebon oriental est une sorte de réplique miniature du Pre Rup. Il est édifié au centre du Baray, un ancien réservoir d’eau aujourd’hui asséché. Le Ta Som est également un temple bouddhique qui mérite un petit crochet. Puis, je négocie le repas du midi dans une gargote installée à l’écart de la route. Tout proche, le temple de Preah Neak Pean comprend un grand bassin carré, avec en son centre un îlot agrémenté de statues. Il communique avec quatre petits réservoirs disposés en croix, grâce à de jolies gargouilles d’animaux ou d’homme. A cause de l’heure qui tourne rapidement, je me rends directement au célèbre temple du Ta Prohm. La végétation luxuriante a pris le dessus sur la construction humaine. Les racines des hauts arbres enserrent les murs effondrés de l’édifice. Les pierres obstruent bien souvent le passage dans les étroits couloirs voûtés. Des arbustes poussent même au sommet des tours et des porches. L’endroit est vraiment magique ! D’autres temples bordent le chemin du retour, notamment l’imposant Ta Keo avec ses cinq tours en briques, et le plus modeste Thommanon dédié aux divinités bouddhistes. Plus loin, je grimpe à pied la colline du temple de Phnom Bakheng, afin d’assister au coucher du soleil. Tout comme moi, une grosse foule attend les derniers rayons de la journée. A cause du ciel trop brumeux, le spectacle n’est malheureusement pas à la hauteur de mes espérances. Je rejoins ensuite Siem Reap dans la pénombre, et mange au même endroit que la veille. A cause de la fatigue, je ne m’attarde pas trop en ville !

 

3.-Arbre-envahissant-au-temple-de-Ta-Prohm.jpg 4.-Coucher-de-soleil-depuis-la-colline-du-temple-de-Phnom-B.jpg

 

 

Mardi 5 avril : Repos à Siem Reap (14,5 km)

 

Le-cycliste-devant-Angkor-Vat.jpg

 

La journée est assez banale. Afin d’avoir un déjeuner occidental plus consistant, j’effectue quelques achats pour manger en terrasse d’une petite gargote. J’occupe ensuite mon temps libre à faire quelques recherches sur internet, mettre à jour une partie de mes photos… Bref, rien de bien passionnant ! Après avoir dîné en ville, je profite de mon dernier jour de forfait pour tirer quelques clichés du temple d’Angkor Vat. Il faut reconnaître que faire l’aller-retour pour trois ou quatre photos ne me motive pas des masses ! En début de soirée, j’accompagne Charlie et Daniel, un sexagénaire québécois qui bourlingue à travers le monde, pour faire quelques parties de snooker. De jolies filles replacent les billes sur le tapis et comptent les points. Malgré les erreurs, c’est quand même bien plaisant ! Peut-être un exemple à suivre pour les amis qui tiennent la salle de billard que je fréquente à Mouscron ! Je pars ensuite à proximité du marché de nuit pour souper du boeuf lok lak, un plat traditionnel khmer. Plus loin à la terrasse d'un petit resto de rue, je discute longuement avec une sympathique Réunionnaise qui voyage en Asie du Sud-est. Puis, je retrouve Charlie pour s’enfiler une paire (ou plutôt plusieurs paires) de bières dans Pub Street. La rue est bordée de cafés et restaurants pour touristes. Fréquenté par d’étranges énergumènes occidentaux, le coin ne me plaît pas vraiment. Il est passé 5 h au matin, lorsque nous rejoignons la guesthouse.

 

 

Mercredi 6 avril : Repos à Siem Reap

 

La nuit fut bien courte, à peine plus de trois heures ! Comme la pension est convenable, je m’accorde une seconde journée de repos ! En effet, il me reste une masse de choses à faire pour être à jour avant de repartir. De plus, la compagnie agréable de Charlie et Daniel me change un peu de mon train-train habituel ! Je flemmarde ainsi toute la matinée, allongé sur un hamac. En début d’après-midi, la chaleur devenant beaucoup plus lourde, nous décidons de «retâter les queues de billard». En effet, la salle climatisée nous redonne un bon coup de fraîcheur. En soirée, Charlie et moi retournons autour de Pub Street, pour s’abreuver de boissons à base d’orge et de houblon. Aussi, nous jugeons bon de souper dans une crêperie pour changer nos habitudes alimentaires. Je commence sérieusement à saturer du riz et de la soupe asiatique ! A ce rythme, je vais finir par avoir les yeux bridés ! Par contre, le repas est forcément beaucoup plus onéreux. Mais pour une fois, on se lâche ! Dans un café voisin, nous faisons la connaissance d’un Suédois qui n’est pas à sa première bière. Nous finissons par le suivre dans un autre établissement bondé de filles aguichantes. Malgré l’ambiance assez glauque, la situation est bien amusante. Je ne me suis jamais senti autant aimé ! Sur le chemin du retour, les conducteurs de tuk-tuk et de motos deviennent vraiment pénibles. Certains suivent nos moindres faits et gestes. Cela finit par m’énerver ! A chaque coin de rue, on nous propose prostitués ou différentes drogues illicites. «Tuk-tuk…, marijuana…, opium…, boom-boom…!» Il est encore bien tard, lorsque nous rejoignons gaiement nos chambres respectives. La reprise de la route demain semble bien compromise !

 

 

Jeudi 7 avril : Repos à Siem Reap

 

Stupas-devant-un-temple-de-Siem-Reap.jpg

 

Il faut bien reconnaître que je ne suis pas motivé pour prendre la route. Je décide de prolonger mon séjour à Siem Reap. Du coup, je passerai moins de temps à Bangkok ! J’occupe ma matinée à organiser la suite du voyage, et régler les derniers petits problèmes qui subsistent. Puis, je pars manger en ville avec Charlie dans un stand de restauration. Le centre est archi-touristique. Les rues sont bordées de vieilles maisons coloniales aménagées en bar ou en restaurant. Nous passons une bonne partie de l’après-midi à discuter à la terrasse d’un café. C’est incroyable ce que l’heure peut tourner vite ! En début de soirée, nous soupons le barbecue khmer proposé dans les restaurants de rue. Il se compose de différentes viandes à cuire, agrémentées de riz, de légumes et de pâtes dans un bouillon. Comme chaque jour, de nombreux enfants font la manche. Une petite fille bien maigrichonne se balade avec son petit frère âgé d’à peine un an. La tête du gamin bascule régulièrement en arrière comme un pantin désarticulé. A ces heures nocturnes, ils devraient déjà être au lit depuis bien longtemps ! La misère pousse les parents à faire n’importe quoi, aux dépens de leurs propres enfants. Vraiment inconscients ! Comme de coutume, nous finissons la soirée dans un bar à boire de la bière. Il est plus de 4 h, le réveil risque d’être bien difficile demain !

 

 

Vendredi 8 avril : Repos à Siem Reap

 

Charlie-le-basque-et-Daniel-le-quebecois.jpg

 

A mon réveil, une pluie torrentielle s’abat sur Siem Reap. L’orage dure pendant une bonne partie de la matinée. Cela dégouline de partout ! Pour ne pas rester à rien faire, je classe toutes les photos du voyage. Même si le temps semble virer au beau, je décide de rester une journée de plus. Après avoir dîné à la guesthouse, je me rends dans un cybercafé pour graver mes clichés. Pas moins de quatre DVD sont nécessaires ! Du coup, la réalisation de la copie prend un temps fou. Plus de 40 minutes chacun ! Je perds ainsi toute mon après-midi ! Au soir, j’accompagne Daniel et Charlie à la terrasse d’un restaurant proche. Nous nous enfilons plusieurs pichets de bière, dans une ambiance musicale typiquement khmer. Nous rejoignons ensuite le centre touristique de la ville, pour souper à un stand de restauration installé sur le trottoir. A minuit, nous rentrons à la guesthouse. Je suis complètement épuisé ! Demain, c’est le départ quoiqu’il arrive !

 

 

Partager cet article
Repost0